La vie rêvé de Leïla B.
De loin, cela ressemble au Nouvel Hollywood. Dans une rue du quartier parisien de Belleville, les couleurs vives des épiceries asiatiques donnent des allures new-yorkaises à la ville. Leïla Bekhti prend la pose.
Elle n’économise ni son sourire, jamais forcé, ni son énergie. Plan large sur le siège passager d’une Lancia jaune et comme une impression de rejouer dans un monde véritablement d’après. Avant, la séance photo avait commencé entre les murs kitsch du plus célèbre karaoké de la capitale. Un endroit hors du temps et des modes où c’est à se demander quel genre de romance urbaine aurait pu y inventer un John Cassavetes, un Jim Jarmusch, voire une Sofia Coppola. Difficile de savoir si Leïla Bekhti, fille de la banlieue sud qui se destinait au départ « à travailler dans le social », se sent à sa place dans toute cette cinématographie en décor naturel. Depuis qu’elle s’est imposée dans ce métier avec ce mélange toujours insensé d’éclectisme, de travail forcené, de curiosité aux autres et de pragmatisme, elle évolue partout à bonne distance. Entre deux prises de vues, elle arpente, béquilles à la main depuis une mauvaise chute, cette venelle reliant l’agitation de la rue de Belleville aux HLM voisins. Avec enthousiasme et ce « respect des choses bien faites et des gens qui veulent juste travailler avec toi dans des conditions agréables », elle accepte encore quelques portraits, les derniers. Entre nous, le tutoiement s’est imposé au fil des années et des interviews, inutile de le cacher. Avec celle qui possède aujourd’hui une des filmographies parmi les plus populaires, spontanées et intelligentes de l’époque – et récemment –, le temps ressemble de plus en plus une contrainte créative, qui pousse aux choix de plus en plus justes. Peut-être que les comédiens auraient à gagner en traversant le
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