En eaux libres
Schneider dans La Piscine, Marilyn Monroe dans Something’s Got to Give de Georges Cukor ou d’autres légendes que le cinéma a immortalisées au bord du chlore. Non, quand on regarde l’actrice de 28 ans s’amuser du décor, ou plaisanter avec les agents de sécurité venus protéger les pièces de haute joaillerie signées Bulgari, on pense à Burt Lancaster. Oui, Burt Lancaster. Dans The Swimmer, superbe film de Frank Perry et Sydney Pollack sorti en 1968, l’acteur hollywoodien interprète un homme décidé à rentrer chez lui à la nage, de piscine en piscine, et de plonger dans chaque bassin se trouvant sur son passage. Début d’un long voyage initiatique le long de ce qu’il appelle une « rivière » faite de rencontres, de découvertes et de doutes.
Neuf ans après le choc de La Vie d’Adèle, Adèle Exarchopoulos est aujourd’hui incontournable. Cette année encore, elle présentait deux films à Cannes, où elle a successivement connu le triomphe avec Abdellatif Kechiche et Léa Seydoux, le tollé avec The Last Face de Sean Penn et la polémique avec Bac Nord de Cédric Jimenez. Plus rien ne semble pouvoir l’atteindre. Quelques jours après ce shooting aquatique, elle nous retrouve dans un café parisien où elle a ses habitudes. Spontanée, elle passe rapidement au tutoiement, sans doute parce que nous avons le même âge et un souvenir encore vivace du film de Kechiche. Alors on brûle de remonter avec elle la rivière des neuf années écoulées depuis la Palme d’or, pour comprendre comment elle s’est doucement installée au firmament du cinéma français, une piscine après l’autre.
Aujourd’hui, tu as à peu près l’âge de Léa Seydoux au moment de La Vie d’Adèle...
En la voyant au bord d’un bassin de la piscine Molitor, dans le XVIe arrondissement de Paris, il serait facile d’évoquer Romy
Ah oui ? Je la voyais plus mûre à l’époque. Est-ce que j’ai sa maturité ? Je ne sais pas. Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’elle a été ultra-protectrice avec moi. Avec le recul, je comprends qu’elle m’a laissé vivre le moment sans essayer d’anticiper ce qui allait arriver, en partageant ma naïveté. Je ne connaissais rien au monde du cinéma, je ne savais pas du tout qu’une journée à Cannes, c’était huit heures d’affilée à répondre
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