Voilà huit ans qu’il fait pulser la maison Paco Rabanne, injectant de l’énergie et de la poésie, offrant des silhouettes flirtant parfois avec le mysticisme mais marquées aussi par une radicalité moderniste bluffante. Julien Dossena, passé par l’École de La Cambre puis ayant travaillé de longues années auprès de Nicolas Ghesquière chez Balenciaga, est un garçon qui aspire « à s’inscrire dans une singularité ». Comme les créateurs phare des années 90, qui l’inspirent par leurs personnalités affirmées – il aime citer Gaultier, Alaïa, Kawakubo, Lang et les autres –, il veut garder son cap, rêver à sa guise. Ses égéries, dit-il, ne se trouvent pas sur les red carpets mais sur le bitume du nord-est parisien qu’il parcourt à pied. Rencontre, dans ses bureaux parisiens, avec un créateur volubile et cérébral à la parole affûtée.
Comment avez-vous traversé ces derniers mois?
Je crois que ça a été une violence universelle et une montagne de questionnements : un peu comme si tout le monde allait voir un psy au même moment ! (Rires.)
À titre personnel, pour vous qui êtes un créateur pris dans un rythme trépidant, cela a dû être une période étrange…
Oui, je n’étais plusMaintenant, j’éprouve une grande joie à retrouver les gens, à pouvoir partager, toucher et reconstruire des choses ensemble.