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La Ride du lion: Les enquêtes de Kévin Langlet
La Ride du lion: Les enquêtes de Kévin Langlet
La Ride du lion: Les enquêtes de Kévin Langlet
Livre électronique129 pages1 heure

La Ride du lion: Les enquêtes de Kévin Langlet

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À propos de ce livre électronique

Kévin Langlet, détective privé à Lille, reçoit un soir l'appel d'une cliente mystérieuse. Elle refuse de donner son nom, et veut le rencontrer dans un parc, à l'autre bout de la ville, à la nuit tombée.

Mais sur les lieux du rendez-vous, le détective fait une découverte macabre. Et croise le regard cruel d'un homme dont il n'oubliera pas le visage. Un homme ayant une ride épaisse entre les deux yeux. La ride du lion…

Pris dans un engrenage infernal, Kévin Langlet devra lutter pour défendre ceux qui lui sont chers. Et simplement survivre.

« La Ride du lion » est un roman policer court et rapide, dans la grande tradition des détectives privés durs à cuire. Un roman à ne pas manquer pour tous les fans d'enquête, de mystère et d'action !

LangueFrançais
Date de sortie29 mai 2023
ISBN9798223350262
La Ride du lion: Les enquêtes de Kévin Langlet

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    Aperçu du livre

    La Ride du lion - Fabien Delorme

    CHAPITRE 1

    Àtravers la fenêtre poussiéreuse de mon bureau, je voyais la nuit tomber sur la ville. Les lampadaires s’allumaient, diffusant un halo jaunâtre sur la rue, se reflétant dans les flaques d’eau en contrebas, nichées dans les nids de poule du macadam défoncé, leur reflet se brisant tandis que la bruine tombait, inlassablement. Une de ces petites pluies fines et glaciales qui n’ont l’air de rien mais qui réussissent à s’immiscer à travers toutes les couches de vos vêtements et vous trempent les os avant même que vous ne compreniez ce qui vous arrive. Celles qui viennent après plusieurs jours de temps sec, qui viennent laver les routes et les rendre bien glissantes. Je les déteste. Je préfère les bonnes grosses averses, bien franches, celles qui annoncent tout de suite la couleur, plutôt que ces petites bruines hypocrites.

    Nous étions au début du mois de février, une période qui me déprimait profondément. L’hiver était là depuis bien longtemps déjà, et il n’était pas prêt de laisser la place au printemps. Moi qui aimais tant le soleil, je rêvais de fuir la grisaille et l’humidité, de fuir Lille et le nord du pays, et de me réfugier quelque part, dans le sud, là où il fait bon vivre, où le soleil brille toute l’année, le regard posé sur la mer.

    Mais pour l’instant, ça n’était qu’un rêve. Et ça le resterait sans doute un bon moment. Tant que mes finances ne s’amélioreraient pas, je serais coincé ici. Dans ce bureau minuscule, au parquet usé et couvert de taches de café, qui puait le moisi tant l’air y était humide, au beau milieu de ce quartier sordide de la banlieue lilloise. À tenter de me réchauffer avec ce minuscule radiateur d’appoint qui faisait un boucan d’enfer et soufflait un air à peine tiède. Même pas suffisant pour compenser le courant d’air froid qui s’immisçait à travers la fenêtre mal isolée.

    Pas possible de faire réparer le radiateur à gaz du local, ou de faire changer les huisseries. Je n’en avais pas les moyens. Les factures s’accumulaient, les affaires ne s’enchaînaient pas, et si ma malchance ne tournait pas rapidement, ce serait bientôt la faillite.

    Je trouvais cela particulièrement ironique, vu le métier que je faisais. En tant que détective privé, ma spécialité, c’était la recherche des mauvais payeurs. Les entreprises qui prennent des tas de crédits et deviennent miraculeusement insolvables juste après. Ou celles qui oublient de payer leurs salariés et leurs fournisseurs. Ou plus simplement, les gens qui s’endettent largement, et disparaissent dans la nature avec le magot, pensant qu’on ne les retrouvera jamais. Mais moi, je finis toujours par les retrouver.

    Et bientôt, si je ne trouvais pas rapidement une affaire sur laquelle travailler, c’était à mes trousses qu’on enverrait un détective ou un huissier chargé de recouvrer mes dettes.

    Dehors la nuit continuait de tomber, et la pluie aussi. Il était bientôt dix-huit heures. Par acquit de conscience, même si j’étais complètement désœuvré, je restai devant mon ordinateur, un vieux coucou bruyant sur le point de rendre l’âme lui aussi, et j’attendais qu’il soit l’heure. En tant qu’indépendant, je n’avais pas d’horaire à respecter, mais je m’imposais de rester sur place jusqu’à dix-huit heures, quoi qu’il arrive. C’était l’heure que j’avais indiquée sur mon site internet, ainsi que sur toutes mes annonces en ligne. On ne sait jamais. Un client qui arrive à la dernière minute. On peut toujours rêver.

    Mais il n’y avait plus que quelques instants à attendre. Quelques minutes, et je pourrais enfourcher mon vélo, traverser sous la pluie les cinq cent mètres qui me séparaient de la maison, et rejoindre ma fille Jade, qui devait déjà être rentrée du lycée, la veinarde. Pourvu qu’elle ait déjà fait ses devoirs. Je n’avais pas envie de me coltiner une leçon sur les auteurs romantiques de je ne sais quel siècle, ou un chapitre d’Histoire sur la couleur des sous-vêtements de Marie-Antoinette. Bah. Elle était autonome. Elle saurait se débrouiller. Peut-être même que, le temps que je rentre, elle aurait commencé à préparer le dîner, qui sait ?

    Bon, j’en avais assez d’attendre. J’éteignis l’ordinateur, coupai le radiateur d’appoint et enfilai mes vêtements de pluie, prêt à affronter les éléments quelques instants avant de rejoindre la douce chaleur de mon foyer. Mais, alors que je venais tout juste de refermer la fermeture éclair de ma parka, mon téléphone vibra dans ma poche.

    Je pensais que c’était Jade qui voulait que j’aille faire une course quelconque, mais un numéro inconnu s’affichait à l’écran. Je décrochai et une voix de femme, que je devinais jeune, me demanda, sur un ton qui manquait cruellement d’assurance :

    « J’espère que je ne me suis pas trompée de numéro. Vous êtes bien Kévin Langlet, le détective privé ?

    — Effectivement. En quoi puis-je vous aider ?

    — C’est à propos de mon mari. »

    Pas trop ma spécialité ce genre de choses. Mais je n’étais pas en situation de faire la fine bouche quant aux contrats qu’on me proposait. Aussi je répondis :

    « Je vois. Une histoire d’adultère ?

    — Non. C’est compliqué. Mais je ne peux pas en parler au téléphone. On pourrait se voir ?

    — Voyons voir… J’ai une disponibilité demain en milieu de matinée, si vous le souhaitez, dis-je en faisant semblant de consulter un agenda chargé. Vous savez où se situent nos locaux ? »

    J’utilisais le pluriel pour donner de l’importance à ma petite entreprise. « Nos locaux », c’est tout de suite plus chic que « mon bureau minable où je travaille seul parce que je n’ai de toute façon pas les moyens d’embaucher qui que ce soit, et que personne n’a voulu se lancer dans cette galère avec moi en tant que coéquipier ». Mais peut-être que je me berçais d’illusions, là encore. Les clients n’étaient sans doute pas dupes. Ils venaient chez moi parce que mes tarifs étaient raisonnables, rien de plus.

    Mais mon interlocutrice répondit :

    « Non. Demain ce sera peut-être trop tard. C’est vraiment urgent. Maintenant, ce serait possible ? S’il vous plait… »

    Je soupirai. Ma soirée tranquille avec Jade se voyait subitement raccourcie de plusieurs heures.

    « Normalement, nos bureaux ferment à dix-huit heures. Mais si vous faites vite, peut-être que…

    — Non. Pas dans vos locaux non plus. Écoutez… Pourrions-nous nous retrouver au parc de la Citadelle d’ici une heure ? »

    Je manquai de m’étouffer.

    « Le parc de la Citadelle ? En cette saison ? Par ce temps ? À cette heure-ci ? Mais pourquoi ? Écoutez, si vous voulez que nous nous rencontrions dans un endroit à l’abri des oreilles indiscrètes, je connais quelques bars très accueillants dans les environs de la citadelle. Nous y serons beaucoup mieux pour bavarder et…

    — Non. Il faut que ce soit à la Citadelle. C’est plus discret. Je suis désolée, je… je vous expliquerai là-bas. »

    Cette histoire commençait déjà à m’agacer.

    « Bon, admettons. Mais où exactement ? C’est grand la Citadelle, vous savez.

    — Vous voyez, le monument Trulin ? »

    Je voyais vaguement. Léon Trulin, un jeune homme abattu là-bas pendant la Première Guerre Mondiale, ou quelque chose comme ça, exécuté dans un fossé, entouré par d’immenses murs de briques orange. Charmant, comme lieu de rendez-vous avec une jeune femme. Elle ajouta :

    « C’est discret, là-bas. Nous serons à l’abri des regards. Vous ne pourrez pas me rater. J’aurai un parapluie rose. À dix-neuf heures. Je vous y attendrai. »

    Et elle raccrocha.

    Cette drôle d’histoire ne me paraissait pas du tout engageante, et sortait légèrement de mon champ de compétence habituel. Mais peut-être qu’il fallait que j’apprenne à sortir des sentiers battus que j’avais moi-même tracés, en fin de compte.

    Le téléphone toujours dans la main, je soupirai et composai le numéro de Jade, la boule au ventre.

    Je savais d’avance que ma fille allait m’assassiner.

    CHAPITRE 2

    J’étais en train de remonter le boulevard de la Liberté, mon vélo se faufilant entre les voitures immobilisées par la circulation dense de cette fin de journée, tandis que la pluie n’en finissait pas de tomber.

    Mais j’allais devoir la supporter. J’étais enveloppé dans une parka imperméable avec des banches réfléchissantes, le genre de vêtement que je ne portais jamais quand j’étais en planque, mais qui était bien pratique pour se faire voir des automobilistes par temps de pluie. À vélo, en ville, on se sent toujours en danger de mort à chaque virage, à chaque intersection. On n’est jamais à l’abri d’un automobiliste fou furieux, trop pressé, ou trop occupé à répondre à ses SMS pour faire attention à ceux qui l’entourent. J’avais un ami qui avait perdu la vie, comme ça, quelques années plus tôt. Fauché par un automobiliste qui n’avait même pas pris le temps de s’arrêter.

    Mais, même si j’avais aussi une voiture pour des raisons professionnelles, j’aimais beaucoup trop mon vélo et le sentiment de liberté qu’il me procurait pour me soucier de tout ça. À voir tous ces gens, coincés dans leurs cages de métal, le regard exaspéré, klaxonnant à tout va comme si cela allait changer quoi que ce soit, au milieu de la lumière crue des phares se reflétant sur l’asphalte humide et gras, je me dis que j’avais fait le bon choix.

    J’arrivai au parc de la Citadelle quelques instants plus tard. À cause de la pluie, ou peut-être grâce à elle, les rares badauds encore dehors à cette heure-là se dirigeaient en trottinant vers le parking. Bientôt, ils grossiraient les rangs des automobilistes piégés dans la circulation, jouant

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