Les sourires d'inconnus
Par Jacqueline Rozé
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À propos de ce livre électronique
Avec ce nouvel ouvrage, Jacqueline nous conte, non sans humour et poésie, quelques anecdotes marquantes et décisives des expériences de sa vie. Des instants parfois drôles, parfois tristes, mais toujours riches de significations.
À travers chacun d’eux, se dessine un fil conducteur : celui du respect, de la considération et de l’Amour.
Le simple sourire d’un inconnu, et alors se profile un nouvel espoir.
Jacqueline Rozé
Après avoir vécu plusieurs années à Chartres, quelques autres dans le Midi, où elle a exercé l’activité de magnétiseuse, Jacqueline Rozé est venue s’installer à Nantes où elle s’est lancée dans l’écriture. Elle a ainsi publié une dizaine d’ouvrages, des livres qui racontent sa vie, des romans inspirés de situations croisées, mais aussi des romans policiers inspirés de faits réels, et un recueil de poésies. « Le Chemin magnétique autour de la Terre » est son douzième ouvrage, un travail basé sur les études du docteur Franz-Anton Mesmer, chercheur alors fort décrié à son époque.
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Aperçu du livre
Les sourires d'inconnus - Jacqueline Rozé
Je dédie ce livre à toutes les personnes
qui m’ont tendu la main dans des moments très difficiles
et sans rien attendre en retour.
À mon Maître qui m’a permis de devenir ce que je suis,
à ceux de la médecine, professeurs et médecins
qui m’ont fait confiance.
Et puis, à ma mère, qui n’a connu que soumission
sans se plaindre et à l’insu de tous.
Mon attachement pour elle est d’autant plus fort.
Sommaire
Préambule
Partie I: Souvenirs de jeunesse
Le Cellier - 1949
L’Avare
Nantes, qu’est devenu ton passé ?
La cruauté de l’être humain
Je n’avais que 14 ans...
Roger et sa chère Monique
Ah ! Ce Pain Quotidien !...
Une prison pour petites filles
Noël 1961
La Beauce et ses blés d’or
Partie II: Vie de femme
Juin 1973
Une confiance trahie - 1980
Allons à Paris !
Un sourire, c’est peu de chose, et pourtant...
La méchanceté humaine
Partie III: Le don de soi
Qui était-il ?
Nuit d’épouvante
Les disparus
Les enfants des rues
Enfants battus
René
Partir comme un prince
Petit homme, tu deviendras grand
L’innocence détruite par l’argent
L’espoir, la vie, la mort !
Note de L’auteur
PRÉAMBULE
J’ai écrit ce livre car je désirais partager mes histoires. Certaines vous paraîtront invraisemblables et pourtant...
Vous vous êtes sûrement un jour interrogé sur la raison de votre présence ici : Qui suis-je ? Quel est mon destin ?
Une chose est sûre, nous sommes Maîtres de notre vie, car en réalité, c’est nous-mêmes qui créons consciemment ou inconsciemment les situations que nous vivons.
Pour ma part, j’ai tenté plusieurs fois de changer ma destinée, mais je suis toujours revenue à la case départ.
Alors que je n’avais que dix-huit ans, un homme m’a prédit ce que serait ma vie.
J’ai chaque jour une pensée pour ce capitaine au long cours en retraite.
Je vous souhaite une bonne lecture et tiens à affirmer que tout ce qui suit est véridique.
Partie I
Souvenirs de jeunesse
Le Cellier - 1949
Clermont-sur-Loire - 1955
En ce mois d’août 1949, une chaleur écrasante s’abattit sur la France. La Loire n’avait jamais été aussi basse. Les pêcheurs qui guettaient le poisson s’occupaient d’éteindre les petits feux qui se propageaient dans les herbes du halage au passage des trains qui roulaient au charbon.
Il advint qu’un jour dans le courant de ce mois, la terre était déjà si chaude au Cellier que les herbes s’enflammèrent en quelques secondes et le feu se propagea à une vitesse phénoménale. Très vite, un énorme brasier se forma et les flammes reprirent de plus belle en direction du château qui ne se trouvait qu’à une cinquantaine de mètres de la voie ferrée. De grandes personnalités y avaient vécu, telles que madame de Maupassant, ainsi que sa nièce, Jeanne de Barthélémy qui épousa plus tard Louis de Funès, réputé pour filmer tout ce qui l’entourait !
Les pompiers de Nantes et d’Ancenis arrivèrent rapidement sur les lieux, mais les tuyaux étaient trop courts et la Loire trop basse pour servir de réserve d’eau. Le tocsin sonnait sans interruption tandis que le feu continuait à détruire tout sur son passage. Il finit par atteindre la route et se rapprocha de la propriété de madame la baronne des Jamonières.
Alors que les villageois combattaient les flammes au péril de leur vie, les personnes présentes au château observaient depuis leur terrasse le brasier qui approchait dangereusement. Les uns prenaient le thé en discutant, tandis que d’autres filmaient la scène. La baronne, quant à elle, se trouvait aux côtés des villageois, tentant désespérément de freiner la progression de l’incendie. Le château fut finalement vidé de ses occupants et chacun tenta de participer comme il le pouvait.
Le vent qui venait de se lever dirigeait les flammes vers le bourg du village et les premières maisons devinrent bientôt une fournaise, ce qui obligea leurs occupants à évacuer les lieux. Sous la directive du prêtre, tout le monde se mit à genoux sur le chemin et l’on commença à prier. Personne ne voulait partir et abandonner ainsi le peu qu’il possédait. Comme les autres, je restai agenouillée malgré la chaleur de plus en plus insoutenable. Du haut de mes quatorze ans, j’étais terrifiée par ce brasier et, l’espace d’un instant, la pensée que nous allions tous mourir encerclés par les flammes me traversa l’esprit.
Après quelques minutes qui nous semblèrent durer une éternité, le vent tourna brusquement, ce qui eut pour conséquence de freiner le feu qui repartit sur ses traces, et engendra l’effet d’un contre-feu. Un miracle ! Le château et le village furent ainsi épargnés. Plus tard, à la suite d’une enquête minutieuse sur ce phénomène, l’on découvrit qu’en fait, la direction du vent n’avait pas changé…
Ce château était bien connu de nous, les habitants du Cellier car, habituellement, pour nous éviter un long détour, madame la baronne nous permettait de couper à travers sa propriété et de descendre jusqu’à la Loire pour rejoindre Clermont-sur-Loire. Nous lui en étions tous reconnaissants et la discrétion était le mot d’ordre lors de la traversée du parc.
Mes parents nous interdisaient de regarder du côté du manoir ou de ramasser quoi que ce soit dans le parc en cours de route.
Cette gentille femme occupait sa demeure toute l’année. De situation assez modeste, pour se chauffer l’hiver, elle ramassait du bois mort dans son parc.
Pour ma part, le logement que j’occupais avec ma famille était un véritable taudis et j’aimais passer mes journées dans le bourg où je me sentais vraiment chez moi. Après la guerre et les bombardements, la maison fut envahie par les rats de Loire qui tentaient d’y pénétrer par tous les moyens pour trouver de la nourriture. Nous avons vécu ainsi jusqu’en 1957, après quoi nous fûmes relogés dans un appartement neuf pour des raisons d’hygiène !
Le jour de notre déménagement, ma mère, qui avait le don de pressentir ce qui allait se produire, supplia les employés municipaux de ne loger personne dans la maison que nous quittions, ne serait-ce que pour une seule nuit. Ses suppliques furent ignorées et la municipalité y plaça le jour même une femme et son petit garçon de deux ans, dans l’attente de leur trouver un logement. Le lendemain matin, ma mère se rendit sur place, aux marches de l’abreuvoir, et découvrit une ambulance devant notre ancienne demeure. L’enfant avait été mordu par les rats au niveau de la joue et de l’oreille au cours de la nuit…
Suite à cet incident, ma mère fit une terrible dépression dont elle ne se remit jamais vraiment.
Je me souviens encore du calvaire enduré à cause de ces maudits rats. On avait beau mettre de la mort-aux-rats dans chaque pièce, elle se mélangeait à l’eau qui filtrait des canalisations percées. Les rats buvaient ce mélange et devenaient fous! Nous les entendions se battre la nuit, sous le plancher du rez-de-chaussée, ils poussaient des cris à faire froid dans le dos!
Quitter ce logement pour s’installer au Cellier pendant les vacances fut donc un véritable soulagement.
En 1955, la guerre d’Algérie battait son plein et la traite des blanches, dans le but de divertir nos pauvres soldats, était monnaie courante.
Le grenier de notre immeuble avait été aménagé en appartement et une mère et sa fille y vivaient. Elles venaient de Saint-Nazaire où elles avaient tout perdu lors des bombardements. Même le mari de cette femme n’en avait pas réchappé. Anne-Marie, sa fille, était une magnifique jeune femme de vingt ans, d’une douceur et d’une gentillesse infinies. Elle était vendeuse dans la bijouterie de la rue Crébillon, tandis que sa mère travaillait pour l’entreprise des biscuits Lu à Nantes.
Un jour, invitée à un mariage, Anne-Marie rencontra un jeune homme dont elle tomba amoureuse. Dans les jours qui suivirent, elle rompit avec son fiancé, le fils d’un conducteur de bus, et entama une relation avec son nouveau prince charmant. Ils se fréquentèrent deux mois durant, et l’homme lui promit monts et merveilles.
Quelque temps après, ma mère et moi la vîmes descendre les marches de l’abreuvoir, la démarche chancelante, soutenue par son compagnon.
– Que lui arrive-t-il? m’exclamai-je en la voyant dans un tel état.
– Elle est peut-être malade, suggéra ma mère. Les virus courent les rues en ce moment…
Le soir même, lorsque la mère d’Anne-Marie rentra du travail, elle trouva un mot sur la table de la cuisine, l’informant que sa fille avait été enlevée et qu’il était inutile de se lancer à sa recherche.
L’inspecteur Didier, connu de tous les Nantais, vivait dans le quartier du Bouffay. Nous avions sympathisé au cours de nos innombrables parties de pêche et, du plus loin que je me souvienne, il avait toujours été là pour m’aider à attirer le poisson ou me donner des conseils.
Ce jour-là, les hameçons restaient désespérément immobiles.
– Ça