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Un peu de l'imparfait
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Un peu de l'imparfait
Livre électronique62 pages50 minutes

Un peu de l'imparfait

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À propos de ce livre électronique

Un récit autobiographique qui relate des événements glanés du champ de ma vie.
LangueFrançais
Date de sortie5 juil. 2016
ISBN9782312045122
Un peu de l'imparfait

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    Aperçu du livre

    Un peu de l'imparfait - Jilali Lemnini

    978-2-312-04512-2

    Chapitre I

    Un défi au féminin

    En général, pendant les années cinquante, dans certaines campagnes, les habitations étaient rudimentaires telles que les chaumières, les huttes et les masures dont l’aspect extérieur reflétait la misère qui éreintait les ruraux. Sauf quelques maisons dont la toiture en tuile rouge brique reflétait une vie rustique mécanisée. Mais certains campagnards autochtones osaient autrefois construire quelques rares logis en imitant presque ce style occidental. Quand j’étais enfant, presque à l’âge de sept ans, j’accompagnais mon père à la campagne dans sa voiture jaune 4 chevaux. La maison où mon père habitait avec sa femme et mes demi frères et mes demi sœurs se caractérisait par son vaste salon qui, différent d’autres qui étaient oblongs comme des cercueils, était doté d’une cheminée et d’une terrasse qui avait un plancher de céramique blanc et noir et des arcades qui donnaient sur une cour plantée de grenadiers. Celle-ci était ceinte par un mur qui était badigeonné de blanc. Il était hérissé de tessons et de culs de bouteilles. Quand j’avais dix ans, je posais souvent la question à ma mère comment mon père se faisait bâtir une maison actuelle. Elle me répondait toujours éloquemment : « Ton père était scolarisé. Adulte, il négociait bien dans diverses affaires. Il s’associait des Français pour des cheptels bovins, calcination du calcaire dans des fours à chaux et camionner divers matériaux pour le bâtiment des édifices. Au début de sa carrière, ton père amassait de l’argent. Mais, à un certain moment donné de sa vie, il n’est pas comme ceux qui s’évertuent à améliorer leur situation pécuniaire, ton père se laissait dériver vers ses passions. Ton père n’était pas un vrai partisan du système mercantile. Il vivait au jour le jour. » Dans une situation pareille, ma mère n’arrivait point, après maintes vaines tentatives, à tenir en bride, comme certaines femmes disent, un mari effréné. Comme elle contrariait ses désirs, ma mère devint un obstacle agaçant. Leur vie conjugale se transforma en un heurt continuel. Alors leur cohabitation encourait un risque éventuel. Ma mère se plaignait à ma grand-mère paternelle les déboires conjugaux qu’elle subissait. Comme elle était vieille et incapable d’agir sur mon père pour endiguer ses désirs, elle lui conseilla un remède très efficace est d’être armée de patience. Répudiée, Almiloudia, ma mère se trouva contrainte d’aller s’établir à la ville avec comme compagnon son fils âgé de deux ans. C’était moi. Elle me considérait tel un don divin. En effet, j’étais fils unique. Autrefois d’horribles épidémies décimaient impitoyablement un bon nombre de corps frêles. Cette paysanne croyait à une seule idée, c’est me protéger de tout malheur. Par ailleurs, elle voulait gagner sa vie et être indépendante des hommes. Pour justifier ce choix et chasser tout reproche persécutant, elle ne cessait de réitérer fermement un slogan réconfortant :

    « Je n’ai rien à regretter là-bas. Moi, je n’ai que mon chaton facile à saisir par la nuque. »

    Parfois je l’interrompis comme pour m’assurer de son choix :

    – Mais maman, certaines femmes confirment que tu étais belle !

    Elle répondit, ses joues devenant rouges, avec une voix attendrie.

    – J’ai décidé de ne pas me remarier pour ne pas être dispensée de la tutelle.

    Ce fut un matin. Elle monta sur un âne qu’on lui emprunta pour fuir définitivement ce bled. Elle me plaça devant elle en me serrant fortement contre sa poitrine. Dans un bât, une malle contenait des vêtements et des babouches. Dans l’autre partie du bât, se trouvaient des couvertures de laine qu’elle avait tissées et choisies leur couleur fauve. La bête prit le sentier qui menait à la ville. Ma mère jeta un dernier regard d’adieu sur des figuiers dépouillés, sur des cactus formant un mur qui entourait maison et des chaumières avoisinantes. Ce malsain closeau, dépourvu d’un minimum d’humain, avait en soi toutes les caractéristiques inhospitalières. Pour assister à ce départ émouvant, non seulement un acte consolatoire prenant part aux souffrances de la congédiée, mais aussi pour conjurer la récidivité de ce sort, des femmes et des enfants surgirent de nulle part. Ils formèrent un groupe de corps figés. Ils demeuraient silencieusement plantés. Leurs visages entièrement terreux semblaient dire un éternel hommage. Abruptement, son beau-fils qui l’aimait tant, interceptant le cours de cette léthargie, se détacha lestement

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