Au début de l’été, les Cottin reçurent leur nouvelle affectation, et partirent pour le faubourg Boutonnet. L’École normale avait retrouvé sa vocation première. De 1914 à 1917, elle avait servi d’hôpital militaire. À présent, elle était prête pour recevoir les soixante élèves-maîtres à la rentrée d’octobre. Madame Cottin était nommée à l’école maternelle de la place Marcel-Godechot. Ils n’auraient pas trop de tout l’été pour préparer leur déménagement. Marie était très inquiète, c’était la première fois qu’elle allait vivre en ville, elle se sentait gauche, très ordinaire. Mathilde lui remontait le moral, lui promettait toute l’aide dont elle aurait besoin :
– N’oubliez pas que mon amie Camille sera heureuse de vous recevoir, de vous accompagner dans votre installation !
Quelques jours avant la fin des classes, ma mère avait reçu elle aussi une lettre de l’inspection d’académie : elle obtenait le poste de Raoul Cottin, ce qui équivalait à la direction de l’école de Cassagnac, une jeune fille fraîchement sortie de l’École normale viendrait la seconder.
Après quatre années dans notre pigeonnier, nous allions pouvoir jouir d’un local plus grand, plus confortable, quatre belles pièces à feu, avec de grandes fenêtres, une vraie cuisine avec une pompe sur l’évier, tout cela repeint de frais par les employés de la mairie. Quel drôle d’été que celui de 1919 !
Pendant ces semaines estivales, nous passions d’un appartement à l’autre. Nous chargions des caisses, des malles pour la famille Cottin et nous partagions de belles soirées nostalgiques sous le préau.
Et était arrivé le dernier jour. Mathilde et Marie tombèrent dans les bras l’une de l’autre. Louise n’arrêtait
