Mon ami Gus pleura de joie à l’annonce des résultats, il allait ainsi pouvoir entrer au service de monsieur Vallier et connaître des jours meilleurs. Avec sa mère, épuisée par son dur labeur de lavandière, ils purent s’installer dans l’appartement promis. Deux jours après, il dépensa ses pauvres économies pour offrir à ma mère un flacon de parfum bien ordinaire, qu’elle garda sur sa table de toilette comme un trésor inestimable.
Il faut dire que Mathilde n’avait pas ménagé sa peine. Chaque soir, elle avait gardé les candidats pour les faire travailler avec acharnement, les problèmes de robinet, les règles de grammaire, les départements, les dates historiques et les dictées, rien n’échappait à ses leçons particulières. Elle n’avait pas oublié les récitations et les chansons que chaque candidat se devait de connaître, et pour les épreuves d’éducation physique, elle s’était fait aider par le fils du facteur, ancien cycliste amateur qu’une forte myopie avait réformé.
Tous ces efforts furent payants et quand la carriole revint chargée des lauréats riant et chantant, elle ne passa pas inaperçue. Mathilde, qui les avait accompagnés, n’avait pas pu retenir un petit sourire de fierté. Pour sa première année d’enseignante et dans des conditions difficiles, obtenir un tel