Nous avons tant à partager
La voiture quitta la route peu avant l’entrée du village pour s’engager sur un chemin caillouteux. De chaque côté, de grands arbres étiraient leurs branches feuillues pour former une voûte touffue percée de quelques rayons de soleil. Une centaine de mètres plus loin, posée au cœur d’un tapis d’herbes folles et camouflée sous un manteau de lierre grimpant, la maison apparut enfin.
– Waouh ! Une chaumière de conte de fées, fit Colette admirative.
– C’est un peu ça… Héritage de ma grand-mère. Personne n’en voulait. J’ai hésité, et puis son côté perdu dans la nature et un peu sauvage m’a attirée, répondit Pauline en garant sa voiture sur le côté.
Elles sortirent leurs sacs et les courses du coffre, et se dirigèrent vers la porte. – En fait, c’était la garçonnière de ma grand-mère, grande bourgeoise mais aussi grande séductrice. Elle y recevait discrètement ses amants pendant que mon grand-père vaquait à ses affaires, dit Pauline en sortant une clé de son sac.
Elles entrèrent en riant dans un salon, ouvrirent les volets et ôtèrent les draps recouvrant les meubles rustiques. Colette balaya les lieux d’un regard satisfait. Elle ne regrettait pas d’avoir accepté l’invitation de sa nouvelle amie, rencontrée il y a quelques semaines à son club de gym. Autant Colette était gaie et expansive, autant Pauline était réservée et un rien fragile. Pourtant, le courant était passé très vite entre les jeunes femmes.
Dès qu’elle avait aperçu Pauline, Colette avait pensé au Petit Prince. Avec son corps nerveux tout en longueur, sa crinière blonde et courte, ébouriffée, ses traits fins et harmonieux, et son regard un peu sauvage qui semblait dire « Apprivoise-moi », Pauline avait tout du jeune héros de Saint-Exupéry.
A l’opposé, avec sa crinière sombre, ses formes pulpeuses, son teint mat et ses traits pleins et sensuels, Colette ressemblait à une de ces beautés méditerranéennes gorgées de soleil.
– Génial, fit Colette en se laissant choir sur le canapé posé à côté d’une cheminée à l’âtre noirci par des décennies de flambées.
Pauline saisit un sac de provisions et se dirigea vers
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