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Le Rôle divin de l’eau: Littérature blanche
Le Rôle divin de l’eau: Littérature blanche
Le Rôle divin de l’eau: Littérature blanche
Livre électronique189 pages2 heures

Le Rôle divin de l’eau: Littérature blanche

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À propos de ce livre électronique

Cette année encore Julien avait pris la route du sud pour rejoindre son oncle Maurice, maire de Sursenet, petit village perdu dans le Haut Vaucluse.
Le maire l’attendait de pied ferme, bien décidé cette fois à dévoiler à son neveu le mystère qui entourait la source qui sourdait dans la propriété familiale et abreuvait largement tout le village.
Un début d’été prometteur si ce n’était l’intérêt pressant d’une multinationale des eaux aux ambitions douteuses.
L’enjeu était de taille car ce que la source avait révélé au maire dépassait l’entendement.
David contre Goliath !
Mais quel secret cachait donc Maurice ? Quel rôle jouait Emeline, l’amie d’enfance de Julien ? Quel pouvoir méconnu détenait l’eau ; l’eau la survie de l’humanité ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Alain TYTGAT est né en 1949 au Congo. Juriste de formation, il a fait carrière dans la publicité. Passionné d’histoire, de littérature et de musique, il partage aujourd’hui son temps entre l’écriture et les voyages. Il a publié deux romans aux éditions Le Cri : Le Prof d’histoire (2005) et Les Liaisons infinies (2008).
LangueFrançais
ÉditeurLe Cri
Date de sortie11 août 2021
ISBN9782871066866
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    Aperçu du livre

    Le Rôle divin de l’eau - Alain Tytgat

    I

    Le coupé cabriolet bleu métallisé s’échappait à présent du centre de Carpentras pour emprunter la départementale 7, dernière ligne droite menant aux pieds des Dentelles de Montmirail, que Julien apercevait enfin devant lui. Encore quelques villages prestigieux à traverser comme Beaumes-de-Venise, Vacqueyras, Gigondas, avant d’arriver à destination. Détendu, le jeune homme conduisait lentement afin d’apprécier davantage le paysage étalant de part et d’autre de la route des alignements de pieds de vigne qui faisaient la renommée des célèbres crus des Côtes du Rhône.

    — Est-ce encore loin ?

    Laure, à ses côtés, montrait quelques signes d’impatience. Malgré un foulard de tête, ses longs cheveux noirs serpentaient follement dans le vent.

    — Une quinzaine de kilomètres et nous joignons Sursenet.

    La femme soupira. Sablet, Séguret ou Sursenet peu importe le patelin ! La perspective de passer deux semaines chez l’oncle de Julien ne l’enchantait guère ! Quelle mouche l’avait donc piquée d’accepter de se rendre dans cette bourgade recluse, à l’ouest du mont Ventoux ! Elle préférait de loin la mer et ses plages chaudes, aux monts et ses forêts pentues.

    Tu verras, le village perché sur les contreforts est surprenant et la vue sur la plaine Comtadine, tout simplement extraordinaire.

    L’enthousiasme de Julien n’améliora en rien l’humeur de Laure qui se renfrognait au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient de la localité. Ne devait-elle pas être en ce moment avec sa cousine, allongée sur les galets brûlants de la plage d’Antibes ?

    La seule pensée de se faire reluquer en bikini par des machos au slip tendu, lui donna chaud au corps. Elle regarda Julien du coin de l’œil, il n’avait rien d’un étalon des plages. Néanmoins ses yeux bleus et intenses, sous une abondante tignasse prématurément grise, son sourire avenant et surtout ses belles mains, le rendaient plutôt séduisant. Laure appréciait particulièrement les mains douces et soignées.

    Regarde à droite, on aperçoit Gigondas !

    Derrière de vieux remparts moyenâgeux, se dressait le village pittoresque et son château en ruines, rien d’exaltant à ses yeux, pas plus que son séjour dans le Haut Vaucluse ! Seulement voilà, elle avait accepté. Ces messieurs avaient été très convaincants et la somme d’argent était plutôt rondelette

    Nous y sommes ! s’exclama Julien.

    Accroché sur un éperon calcaire, avec les dentelles en toile de fond, Sursenet se livrait soudainement au regard du couple. Julien coupa le moteur pour savourer cet instant. À chaque fois qu’il venait dans le Comtat Venaissin, l’apparition de ce village de 980 âmes, abrité derrière une ancienne enceinte fortifiée, le remplissait d’un émoi délicieux, celui des vacances d’été, des fragrances de lavande, l’émoi des premiers amours, des promenades entre l’olivier et l’amandier, l’émoi du mistral, froid, sec, l’émoi du…

    Et moi ? Tu m’oublies ? J’ai un besoin pressant !

    Julien lui sourit.

    On y va. La maison de mon oncle se trouve à la sortie du village.

    Le cabriolet s’engagea sous l’un des deux portails de l’ancienne cité et par des ruelles abruptes, déboucha sur une grande place autour de laquelle s’organisait le centre commercial du village. À l’ombre des platanes centenaires, des habitants assis sur des bancs de bois regardaient se faufiler la voiture.

    Ces gens étaient singulièrement souriants, pensait Laure. Étonnant pour de pauvres bougres qui ne devaient pas avoir une vie très exaltante dans ce trou perdu. Julien interpella et salua au passage quelques personnes réjouies de le revoir.

    On dirait que tu es apprécié ici, ou accueille-t-on plutôt le neveu du maire ?

    Julien ne perçut pas la pointe d’ironie dans cette question.

    Bien avant la mort de mes parents, mon oncle Maurice m’invitait déjà chaque année à venir à Sursenet. Tu sais, il est le seul membre de ma famille qui me reste.

    Laure le savait bien. « Maurice Tarbadon, maire socialiste de Sursenet, réélu à chaque fois à la majorité des voix. Anticlérical, célibataire, une sœur aînée — la mère de Julien — morte avec son époux dans un accident de voiture, il y a vingt ans… Elle avait lu tout cela dans le dossier de ces messieurs… propriétaire du domaine de la Bastide, ancienne ferme fortifiée attenante aux remparts, d’où émerge la source approvisionnant tout le village… »

    Julien immobilisa le véhicule dans la cour intérieure du domaine, prenant garde aux va-et-vient d’un chien turbulent.

    — Hudôr ! Viens ici !

    Une femme les attendait à l’entrée principale.

    — Laure, je te présente Clémentine.

    La femme aux cheveux blancs prit Julien dans ses bras.

    — Mon petit bonhomme ! Comme je suis heureuse !

    Elle l’embrassa bruyamment sur les deux joues.

    — Venez, venez ! Ne restons pas là, je vais vous montrer votre chambre. Hudôr, hors des pieds ! C’est ton oncle qui sera content de te voir !

    — Il n’est pas là ?

    — Il est descendu à Vaison-la-Romaine y faire quelques emplettes. Il rentrera pour le dîner. Je suis enchantée de vous connaître, mademoiselle.

    — Moi de même, madame.

    — Oh là ! Appelez-moi Clémentine. Il n’y a pas de madame qui tienne ici.

    La gouvernante s’empara d’une valise et les précéda dans la demeure.

    — Je vous ai installés dans la chambre lilas, vous avez ainsi tout l’étage à votre disposition.

    L’étage en question se composait d’une chambre spacieuse avec deux lits jumeaux, d’une immense salle de bain contiguë et d’un salon gracieusement enrichi de meubles anciens. Au milieu de la pièce, Laure apprécia la table ornée d’un surtout éclatant et son aiguière d’eau sur un bassin d’argent.

    À travers de hautes fenêtres à meneaux, l’appartement donnait sur un jardin coloré avec en toile de fond les Dentelles Sarrasines ciselées par l’usure du temps.

    Laure ne put s’empêcher d’exprimer son émerveillement.

    — Quel calme ! Quelle beauté sauvage !

    Le spectacle montueux se découpant sur fond d’azur faisait toujours le même effet auprès des hôtes de la Bastide. Clémentine regardait tendrement Julien.

    — Vous êtes chez vous.

    La jeune femme sourit à Clémentine, décontenancée par tant de sollicitude.

    « … Clémentine Gorelier, née à Avignon en 1940, veuve de José Cortasse, ébéniste à Sorgues, employée de maison chez Maurice Tarbadon depuis 1975.

    Sans enfants… »

    Le rapport ne mentionnait pas si elle avait des relations plus intimes avec le maire.

    — J’espère que tu te sentiras bien ici, dit Julien en s’affalant sur un lit.

    — Pour un endroit paisible, c’est un endroit paisible. Répondit-elle en évitant la main tendue du jeune homme.

    — Je vais prendre une douche et me changer pour le dîner.

    Laure s’enferma prestement dans la salle de bain.

    Dommage, pensait Julien, il aurait bien fait avec elle quelques galipettes, la fenêtre ouverte, sous la caresse d’un petit vent frais et le chant strident des cigales.

    Il se remémora leur première rencontre ou plus exactement leur premier accrochage. Elle l’avait tamponné dans un parking à Paris. Ils avaient rempli les papiers d’assurance sur la terrasse d’un café où il lui arracha une promesse à déjeuner dans la semaine et elle tint parole.

    Tous les deux étaient libres. Après un mois de rendez-vous galants, Julien, lui proposa de passer quinze jours avec lui dans la propriété de son oncle.

    À sa grande surprise, elle accepta directement.

    Le jeune homme observait les nuages à travers l’œil-de-bœuf de la chambre à coucher.

    Qu’avait-elle de si attirant ?

    Un doux mélange de réserve et de sensualité, une subtile combinaison de crédulité et de certitude, faisait de Laure une femme mystérieuse.

    Il comptait bien la découvrir davantage durant ces vacances d’été.

    — Je descends voir Clémentine. Prévint Julien

    — Parfait, je te rejoindrai plus tard ! répondit-elle à travers la porte de la salle de bain.

    Clémentine vaquait à son ouvrage quand Julien entra dans la cuisine.

    — Tiens, voici de l’eau.

    Julien but une longue rasade et remplit un second verre.

    — Ah ! Il y avait longtemps que je n’avais plus bu une telle eau.

    Clémentine hocha la tête en signe d’approbation. L’eau venait de la source ; celle qui prenait naissance dans la propriété et alimentait en eau potable tous les habitants de Sursenet.

    — Je l’ai puisée ce matin à la fontaine du village.

    Julien la taquina.

    — Tu n’as toujours pas la permission d’accéder à la source elle-même ?

    La femme haussa les épaules.

    — Tu connais ton oncle ! Personne n’a le droit d’aller fourrer son nez sous la borie !

    Julien, de la fenêtre pouvait apercevoir cette ancienne cabane de quinze mètres de long, construite en pierre plate, qui servait à l’origine de grange et qui recouvrait à présent la résurgence de l’unique source pérenne du village.

    Depuis toujours, il incombait aux différents propriétaires de la Bastide l’obligation de veiller à la bonne distribution de l’eau pour tous les autochtones.

    L’oncle Maurice, dès 1975, procéda lui-même aux réaménagements du captage de la source en fonction du type de terrain et des besoins des habitants.

    La tête de l’ouvrage était préservée sous la borie qu’il avait fait allonger en conséquence afin d’éviter tous risques de dégradation. Il s’en réservait seul l’accès, prenant ce devoir très au sérieux. L’eau à usage domestique et l’eau pure ne bénéficiaient pas du même traitement sous la borie.

    C’était donc à la fontaine du village que Clémentine devait quérir l’eau pure comme tout un chacun, ce qui faisait l’objet de plaisanterie entre elle et Julien.

    — Comment la trouves-tu ?

    — De quoi parles-tu, mon Julien ?

    — De Laure.

    — Cette jeune fille est superbe. Ne dirait-on pas qu’elle sort d’un magazine de mode ?

    — Mais encore ?

    — Pour davantage, il est un peu tôt d’en parler, attends quand même que nous fassions plus ample connaissance.

    Le regard fuyant de Clémentine échappa à Julien.

    — Ah ! Voici ton oncle qui arrive.

    II

    Maurice Tarbadon, un vigoureux.

    L’homme avait garé son vieux pick-up dans la cour, et les bras chargés de commissions, se dirigeait vers la porte extérieure de la cuisine que Clémentine lui tenait ouverte.

    — Alors ? Le grand couillon est arrivé ?

    Les deux hommes s’embrassèrent chaleureusement.

    — Tu nous as amené une petite de Paris ?

    Un sourire espiègle erra sur les lèvres de l’oncle. À ses yeux, rien ne valait une fille saine aux hanches pleines du Comtat à ces Parisiennes benoîtes que son neveu lui amenait de temps à autre.

    — Oui Maurice, et j’espère que tu vas bien te tenir cette fois. Rétorqua le neveu.

    — Oh ! Du moment qu’elle apprécie l’eau, moi…

    Laure apparut dans la vaste cuisine.

    — Bonjour ! Vous n’auriez pas un Coca au frais ?

    — Maurice, intervint Julien, je te présente mon amie Laure.

    — Enchanté, mademoiselle, enchanté !

    Soyez la bienvenue au domaine ! Julien ne manquera pas de vous le faire visiter au fil des jours. Quant à la boisson, vous ne trouverez que de l’eau et du vin par ici.

    Viens Hudôr, viens brave bête !

    Maurice suivi du chien, quitta la pièce, laissant une Laure perplexe.

    Diverses tartes aux légumes accommodèrent le repas qui fut à la hauteur de la réputation culinaire de Clémentine. Laure fut impressionnée par la taille et la saveur des fruits. Une carafe d’eau et une bouteille de côtes du rhône Villages trônaient sur la table dressée sous un imposant lustre à pendeloques.

    La fille remarqua que l’oncle buvait le vin avec modération.

    Ce dernier, d’une voix forte et timbrée relatait à Julien les derniers événements du village. Lui et Clémentine avaient cet accent de Provence qui vous transposait directement dans une pièce de Pagnol.

    — Sais-tu qui est revenue au village ?

    Julien attendit la réponse.

    — La petite Émeline !

    Tout en débarrassant la table, Clémentine le reprit.

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