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Rivaux et représailles
Rivaux et représailles
Rivaux et représailles
Livre électronique375 pages4 heures

Rivaux et représailles

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À propos de ce livre électronique

Jessie Gillmansen a encore des ennuis et cette fois elle en sera quitte pour le combat de sa vie ainsi que celle de Pietr ! Comme la dangereuse meute de loups de Marlaena met plus de pression sur la famille Rusakova, le changement est inévitable et quand il surviendra cela amènera un lourd prix qui forcera Alexi à agir afin de sauver le coeur, la tête et la vie de son frère cadet. Dans cette sensationnelle conclusion de cette populaire série paranormale, deux familles de loups-garous luttent pour obtenir le contrôle de la petite ville de Junction, luttent entre eux et, combat encore plus insaisissable, luttent pour eux-mêmes.
LangueFrançais
Date de sortie20 mai 2020
ISBN9782898084645
Rivaux et représailles
Auteur

Shannon Delany

Auteure américaine et ancienne enseignante, Shannon Delany est passionnée par l’histoire et les légendes. Elle a déjà fait des recherches sur des phénomènes paranormaux.

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    Aperçu du livre

    Rivaux et représailles - Shannon Delany

    mienne.

    PROLOGUE

    Cinq heures plus tôt à Junction

    La fille entre dans la grange, puis se faufile entre les bottes de foin et une pile de seaux. C’est l’une des rares fois de l’hiver où le foin lui rappelle le parfum du printemps, apportant une odeur et une sensation d’espoir. La différence de température entre l’intérieur de la grange et les vives montées et chutes d’air de l’extérieur est saisissante ; Jessie ôte son bonnet de tricot, laissant tomber sur ses épaules ses cheveux bruns. Elle enfonce ses gants dans ses poches, défait sa veste et se prépare à se vider l’esprit en s’adonnant à du bon vieux travail manuel.

    Elle ne se dérobe jamais au travail. Elle n’est pas du genre à se croire trop belle pour se faire des callosités aux mains, ou des muscles aux épaules et au dos qui s’assortiraient à ses jambes et ses bras robustes. Peu de gens l’ont qualifiée de belle, mais seule l’opinion de peu de gens lui importe.

    Et les gens dont l’opinion compte véritablement ? Il s’agit de son père, sa mère, maintenant décédée depuis plus de six mois, sa meilleure amie Amy et son petit ami ancien loup-garou russo-américain, Pietr Rusakova.

    Pietr la trouve belle.

    Et pour une adolescente coincée dans une situation extrêmement compliquée, c’est tout ce qu’il faut parfois pour tenir le coup.

    Jessie prend la fourche. Mais elle suspend son geste, la main tendue, figée à mi-chemin. Son esprit s’embrouille d’images, retournant vers la fois où Pietr et un autre garçon de son école sont entrés dans une bagarre épique ici, s’écrasant dans les bottes de foin et roulant dans l’enclos extérieur, chacun se servant de ses habiletés paranormales pour se battre afin de réclamer Jessie : Derek pour posséder son corps et aspirer son énergie, et Pietr pour protéger et gagner son cœur.

    Sa tête bourdonne un avertissement, son cuir chevelu picote, comme si Derek était encore tout près.

    Une part de lui est tout près, elle le sait. Il y a une part de lui qui subsiste, libre et errant dans sa tête, même après son horrible finale qui a connecté Jessie, Sophia et la fille qu’Amy appelle la meilleure ennemie de Jessie, Sarah.

    C’est ici que Derek a tenté de tuer la plus grande fierté de Jessie, sa meilleure amie à quatre pattes, sa jument marron, Rio. Il avait utilisé la fourche.

    Frissonnant à ce souvenir, Jessie écarte l’instrument de sa main et prend plutôt la pelle toute proche.

    Rio est toujours le premier cheval à l’apercevoir et s’ébroue lorsqu’elle la reconnaît. Les autres chevaux répondent tous à leur façon, en agitant la crinière, en hochant la tête ou en donnant un coup de sabot sur le sol, désireux d’être les premiers à attirer l’attention de Jessie.

    Mais il n’y a pas de compétition. Rio gagne toujours. Quand il semblait que plus personne n’était là pour Jessie, Rio était sa fidèle compagne, son amie loyale. Elle écoutait toutes ses plaintes, ses pleurs, ses cris et ses trépignements avec à peine un cillement d’oreille, et après chaque moment de rage ou de découragement de Jessie, Rio poussait son museau dans le dos ou l’épaule de Jessie et faisait avancer de nouveau la jeune fille.

    Plus qu’un cheval et plus qu’un animal de compagnie, Rio est un membre de la famille de Jessie, une famille dont le nombre de membres a diminué après la mort soudaine de la mère de Jessie. Jessie appuie la pelle contre le mur et saisit la brosse suspendue à la porte de Rio.

    — Hé, ma fille, dit-elle en ouvrant la porte de sa stalle et se glissant à l’intérieur afin de se tenir près de la jument, une main sur la joue de Rio, qu’elle descend sur son cou bien musclé pour caresser doucement ses épaules et son dos gracieux.

    Jessie pose sa main sur la cage thoracique de la jument, la brosse douce suivant les motifs soyeux et subtils formant sa mince robe.

    — Je ne sais simplement plus quoi faire, confesse Jessie. Il est différent. Changé.

    Rio frappe le sol ; du foin craque sous son sabot.

    — Je sais, il était censé changer, afin de ne plus être ce mi-homme, mi-loup, qui mourait aussi vite qu’il pouvait vivre. Je m’attendais à ce changement…

    Jessie se déplace vers la tête du cheval et se met à brosser sa crinière sombre.

    — Je m’attendais à une victoire, dit-elle lentement, fatiguée. Mais je n’aurais jamais cru qu’une simple victoire pouvait ressembler autant à une défaite.

    Rio s’éloigne, martelant le sol de son sabot. Jessie chuchote pour l’apaiser, se rendant compte qu’elle a tiré trop fermement sur sa crinière. Elle était trop centrée sur elle-même, encore.

    — Désolée, ma fille, chuchote-t-elle, ajustant soigneusement sa poigne et sa pression. J’avais simplement des attentes différentes. J’ai cru que j’aurais toute la chaleur et tout le feu de Pietr, mais sans le danger qu’il soit pourchassé parce qu’il était un loup. J’ai cru que j’aurais la passion, mais sans les restrictions. Mais c’était un marché passé avec le diable. Peut-être était-ce le destin, qu’il soit seulement Pietr, ce garçon studieux, ou Pietr, le loup-garou mourant rapidement. Peut-être ne puis-je pas avoir le meilleur des deux.

    Elle se concentre à séparer une mèche rebelle, déterminée à ce qu’aujourd’hui, au moins une chose se passe bien.

    — Le problème est que je lui ai dit que jamais je ne le laisserais. J’ai promis de rester avec lui… Et quand je l’ai dit, je le pensais. Mais c’est plus difficile que je croyais. Il est tellement différent. Ce n’est pas du tout le Pietr que j’ai connu. Comme s’il n’était pas le Pietr que je voulais.

    Elle sursaute au moment où son portable vibre dans sa poche, et elle le sort. En voyant le visage de Pietr, elle marque une pause.

    C’est la première fois qu’elle laisse quelqu’un en plan. Et même si elle croit encore l’aimer, il est libérateur de savoir qu’elle peut s’éloigner pour s’éclaircir les esprits. Elle a encore suffisamment d’indépendance pour prendre quelques heures et penser à autre chose qu’aux loups-garous, à la mafia et à la folie qui, si récemment, tourbillonnaient autour d’elle.

    Il est rassurant de savoir qu’il tient suffisamment à elle pour remarquer qu’elle n’est plus là.

    À moins qu’il téléphone pour une autre raison…

    Elle soupire, pas encore prête à faire face à une réponse qu’elle craint, et elle éteint son portable pour reporter son attention sur Rio.

    La robe de la jument étincelle et Jessie s’avance vers la porte de la stalle. Elle se fige, remarquant qu’une étrange et soudaine immobilité est tombée sur la grange. Tous les chevaux ont tourné leur attention vers une direction, tous les yeux sont fixés sur un endroit.

    Un jeune homme élancé se tient près de l’entrée, ses courts cheveux roux contrastant avec ses traits vifs et pâles, ses narines dilatées. En captant l’odeur de Jessie, ses minces lèvres se tordent en un sourire portant quelque chose de terrifiant.

    Gabriel l’a trouvée.

    La plupart des filles reculeraient, crieraient ou courraient, en proie à une panique aveugle en découvrant qu’un loup-garou d’une nouvelle et dangereuse meute les avait traquées jusque chez elles et qu’elles se trouvaient seules, mais Jessie n’est pas comme la plupart des filles.

    Elle ne peut se permettre d’être autre chose qu’elle-même. Alors elle prend une respiration, redresse le dos et recule les épaules.

    — Hé ! dit-elle avec un courage feint. Est-ce que je peux t’être utile à quoi que ce soit ?

    — Oui, répond Gabriel en s’avançant. Oui, je crois que tu peux m’être utile à quelque chose, Jessica.

    Les yeux de Jessie étudient ses choix. En sortant par l’arrière, elle arriverait dans l’enclos principal et dans le pâturage. Par l’avant, elle se retrouverait presque nez à nez avec Gabriel.

    Décision, décision…

    — À quoi puis-je t’être utile ? Si tu veux apprendre à monter, je peux t’enseigner, mais je ne donne pas de leçon impromptue.

    — Sors et nous pourrons discuter d’horaire, suggère Gabriel, son sourire se transformant en un rictus.

    — Je suis très bien où je suis, dit Jessie, son estomac se contractant et ses pieds restant immobiles sur le foin de la stalle.

    Les lèvres de Jessie se pressent en une ligne frustrée et elle se réprimande mentalement. Elle sait, depuis qu’il l’a sentie dans les couloirs de l’école, qu’il pourrait la retrouver n’importe où. Elle s’attendait à des ennuis et, malgré tout, elle est là, prise au dépourvu. Encore.

    — Alors, quand serait-ce un bon moment pour toi pour revenir et commencer tes leçons ? demande-t-elle, les yeux balayant l’endroit à la recherche d’armes potentielles.

    Son regard se pose sur la brosse qu’elle tient et elle sourit en coin à sa propre pitoyable chance.

    Compte tenu de tout ce qu’elle a perdu, la chose que Jessie Gillmansen a réussi à garder malgré tout est son sens de l’humour. Il est évidemment devenu plus sombre et plus caustique, mais au moins elle l’a encore.

    Elle jauge son opposant, heureuse d’avoir poursuivi son entraînement corps à corps avec le seul membre n’étant pas un loup-garou de la famille Rusakova, Alexi. Il lui a enseigné comment être rapide et rusée. De tromper avec son langage corporel.

    Et s’il y a bien une chose à laquelle Alexi est bon, c’est dans l’art de la tromperie. Les plus grands traîtres de l’histoire ? Judas Iscariote ? Benedict Arnold ? Ils n’étaient rien comparés à Alexi. Sa vie entière est un mensonge.

    Mais les faits demeurent, peu importe à quel point elle est bien entraînée ou que son bras de fille de ferme est robuste, elle va affronter un loup-garou. Et cela fait pencher toutes les probabilités contre elle.

    Il se tient à la porte de la stalle, la main sur la poignée, son visage près des barreaux.

    — On dirait qu’il y a un horaire ici, un quelconque calendrier, dit-il. Nous devrions le regarder ensemble. Je ne supporterais pas de déterminer une heure pour me rendre compte plus tard qu’elle ne convient pas.

    — Comme c’est aimable.

    Il hausse les épaules, son sourire s’étendant jusqu’à faire briller malicieusement ses yeux.

    — Je fais de mon mieux.

    Jessie fait glisser sa main le long de sa hanche, fouillant subtilement dans la poche de son jean pour sortir son portable, mais Gabriel voit son geste et ouvre la porte d’un coup sec, puis il bondit dans la stalle.

    — Je ne ferais pas cela, grogne-t-il, attrapant son poignet pour l’attirer vers lui.

    — Aïe !

    — Je pourrais dire que je suis désolé, Jessica, mais je ne le suis pas. Tu es un moyen pour atteindre un but, pour moi. Tu es le plus beau cadeau que je pourrais offrir à une personne. La chose étrange est que je ne sais même pas pourquoi tu as tant de valeur pour elle. Enfin, je comprends que tu as un lien avec la cure des loups-garous. Mais nous ne voulons pas de la cure. Nous sommes heureux d’être ce que nous sommes. Et c’est quelque chose que la plupart des gens ne peuvent jamais dire.

    Il fait une pause et recule afin de la tirer davantage.

    — Et le fait que tu fréquentes Pietr ? Je m’en fous complètement. Mais tu vas m’aider à atteindre mes objectifs. Et j’aime beaucoup atteindre mes objectifs. Alors, viens avec moi, comme une gentille fille et fais exactement ce que je vais te dire.

    — Tu parles !

    Son pied botté s’écrase sur sa cheville et son coude le frappe au ventre.

    Il a à peine le souffle coupé.

    Elle se libère de lui, passe derrière Rio, et tombe contre la porte menant au pâturage. Le froid soudain cingle son visage lorsqu’elle ouvre la porte, mais il la saisit par la taille et la plaque au sol. Rio s’ébroue et s’éloigne, faisant de son mieux pour ne pas marcher sur Jessie alors qu’elle se débat sous son assaillant sur le sol couvert de foin.

    D’une rapide pirouette, Rio les enjambe, passe en trombe et sort dans le froid. La porte se balance d’avant en arrière en grinçant. Jessie frappe le visage et la poitrine de Gabriel de toute la force de ses bras et de ses mains, et toute sa colère s’agite en elle ; colère contre lui et colère contre elle-même de devoir encore endosser le rôle de la victime.

    La prochaine fois, se promet-elle, je serai prête la prochaine fois.

    Le seul problème est qu’elle doit survivre à cette fois afin qu’il y en ait une prochaine. Elle se met à le frapper de ses genoux et de ses pieds, cognant et criant.

    Il n’est pas impressionné.

    Elle le mord.

    Il crie de douleur tandis que du sang s’écoule de la morsure laissée dans sa joue en lambeaux, et il roule loin d’elle.

    Avec ses traits pointus et tendus, il n’est probablement pas considéré comme beau, mais maintenant cette probabilité est encore plus mince.

    Mais il guérit. Rapidement.

    Cela est une bénédiction si vous êtes amoureuse d’un loup-garou enclin au danger, comme Pietr l’était avant qu’il prenne la cure, mais c’est une malédiction si vous essayez d’en combattre un et que vous n’êtes qu’un humain. Si vous n’êtes qu’une fille normale.

    Mais Jessie n’est plus normale depuis un moment et ce qu’elle a appris sur ce qui rôde dans la petite ville de Junction lui a fait reconsidérer à plusieurs reprises son style de vie et ses choix.

    Elle qui avait toujours cru que Junction n’était qu’une autre petite ville morne, sans agitation. En cet instant, une partie d’elle souhaite qu’elle ait eu raison.

    Elle plonge vers la porte de l’autre stalle, la force à s’ouvrir et saisit la pelle appuyée contre le mur.

    Gabriel bondit sur ses pieds et sort de la stalle derrière elle, juste à temps pour qu’elle balance la pelle et rate sa tête de peu.

    — Merde !

    — Allez, invite-t-il en ouvrant grand les bras.

    Il remue ses doigts près du mur, une distraction que Jessie a vu Pietr et son frère aîné Max utiliser quand ils se disputaient.

    Alors quand son autre main s’avance vers elle, elle réfléchit à une différence importante entre les loups-garous et les étoiles de mer. Autre que d’être couvert de fourrure. Ou de vivre dans l’eau salée.

    Et elle le frappe ; la lame de la pelle immobilise sa main contre le mur pendant une fraction de seconde. Emprisonné, il se démène un moment avant de se libérer en un geste rapide de confusion empli de panique et de rage.

    Dans un bruit sourd, deux de ses doigts tombent dans la botte de foin en dessous.

    Contrairement aux étoiles de mer, les loups-garous ne peuvent pas régénérer des parties qui se font couper. Comme un majeur et un annulaire. Bien sûr, contrairement aux loups-garous, les étoiles de mer n’ont pas de doigts…

    — Finies les connerrries, grogne-t-il, son visage se tordant tandis que ses dents s’allongent en pointes ivoire dangereuses et incurvées.

    Bien sûr, s’il a été beau dans le passé, il n’a rien de beau maintenant.

    En grognant sous l’effort, Jessie libère la lame de la pelle du mur et la balance de nouveau ; elle heurte l’épaule de Gabriel en même temps que son poing heurte le côté de la tête de Jessie.

    Elle s’effondre mollement sur le foin près de la pelle.

    Ensanglanté et tout sourire, Gabriel se penche par-dessus son trophée.

    Elle se réveille dans le noir, les mains coincées dans le dos, un bâillon sur la bouche.

    Elle teste ses liens et grimace quand les poils fins de ses poignets s’arrachent lorsqu’elle les tord.

    Elle se concentre sur son environnement et essaye de détecter des indices sur l’endroit où elle se trouve.

    Dans les films, une héroïne intelligente peut se sauver de ses ravisseurs si elle en apprend suffisamment sur sa location et l’utilise contre eux. Mais ce n’est pas un film. C’est la vie réelle de Jessie.

    Avec des loups-garous.

    Gabriel est rapidement de retour et la remet de force sur ses pieds. Sans explication, il la pousse dans la brise, la faisant tituber, aveuglée par des flocons de neige, avant de la bousculer juste assez pour qu’elle tombe.

    Puis il abandonne Jessie, cherchant sa véritable proie, la femelle alpha de la meute qu’il considère comme sa famille, Marlaena. Elle se trouve au deuxième étage du motel miteux dans lequel ils habitent ; un motel miteux, oui, mais déjà bien mieux que leurs quartiers habituels.

    Les longs cheveux de Marlaena, quelques nuances plus sombres que les siens, tombent sur ses épaules et encadrent son visage, accentuant ses hautes pommettes et sa bouche féroce et faisant un rideau embrasé qui menace constamment d’assombrir ses yeux malicieux. Il s’arrête pour reprendre son souffle, pour reprendre la maîtrise de son esprit et de sa bouche. Il a risqué beaucoup en agissant ainsi et il est sur le point de découvrir si cela en a valu la peine.

    S’il va enfin gagner le rôle d’alpha.

    Et la fille, Marlaena.

    Elle est appuyée sur celui contre qui il rivalise habituellement pour attirer son attention, le solide et basané gars du Sud, Gareth. Le doux gentleman de la bande qui agit plutôt comme un amant que comme un combattant, mais Gabriel l’a vu sortir ses griffes et dévoiler ses dents.

    Marlaena a voulu Gareth dès le moment où elle l’a vu sous la chaleur accablante du Mississippi. Il venait d’être libéré de prison pour bonne conduite. Une bonne conduite était la dernière chose à laquelle Marlaena s’attendait de la part d’un membre de son espèce.

    Ils s’attiraient comme des antipodes le font toujours.

    Et Gabriel a détesté Gareth dès le moment où il a compris…

    Il s’éclaircit la gorge et attend.

    Rien ne se passe.

    Il s’éclaircit la gorge à nouveau.

    Gareth se retourne pour lui faire face, ses paupières tombantes au-dessus de ses iris violets lui donnant l’air endormi. Ses rastas bougent et Gabriel aperçoit les billes que les autres filles ont récemment ajoutées aux pointes de ses cheveux.

    Il déteste Gareth un peu plus pour ça.

    — Est-ce qu’on peut t’aider ? demande doucement Gareth.

    Il remarque la main que Gabe s’est hâtivement pansée et le morceau de peau manquant sur son visage.

    — Ça va, mec ?

    Marlaena jette un regard dans sa direction, remarquant enfin l’existence de Gabe.

    — Ouais. Ça va. Et non, tu ne peux pas m’aider, répond Gabe à Gareth. Seulement Marlaena, précise-t-il. Je dois te parler. Seul.

    Elle plisse les yeux en l’observant, constatant enfin le sang le maculant. Pendant un instant, son cœur s’emballe et il croit qu’elle va s’inquiéter pour lui. Mais ses espoirs sont brefs. Elle soupire.

    — Immédiatement ?

    — Oui.

    Elle a un jour hésité à s’asseoir sur le siège arrière avec lui pour l’aider à contenir son saignement après qu’on lui eut tiré dessus… Alors pourquoi la veut-il encore ? Pourquoi garde-t-il encore espoir ?

    Il répète « oui » et « maintenant » pour faire bonne mesure, se demandant pourquoi, après tout ce qui s’est passé, il rampe et la supplie encore de lui accorder une miette d’attention.

    — Tu m’attends ici ? demande-t-elle à Gareth.

    — Je suis encore de garde, Laena, dit-il avec un sourire.

    Gabriel étouffe un grognement et tamponne sa joue de sa main bandée. Il a été le premier à l’avoir surnommée Laena. Il était son numéro un avant même que Gareth soit découvert. Il a établi des précédents dont Gareth tire des bénéfices.

    — Garde, garde, garde, glousse-t-elle en caressant le menton de Gareth.

    Gabriel se retourne et se dirige vers l’endroit où il a planqué Jessie, faisant un seul geste par-dessus son épaule pour que Marlaena le suive.

    Après avoir descendu les marches, il la mène vers une zone non loin du motel.

    Elle le fusille du regard, déjà fatiguée de toute cette agitation inutile.

    — Que se passe-t-il, Gabe ? Pourquoi tout ce mystère ?

    Encore une fois, il s’éclaircit la gorge et prend son courage à deux mains.

    — Tu es pas mal plus compliquée que la majorité des filles avec qui je suis sorti, admet-il, frottant son poing sur son front.

    Déjà, il bluffe. Il n’est pas sorti avec tellement de filles, alors tout ce qu’il débite par la suite n’est qu’un mélange de théories et d’hypothèses.

    — Certaines filles aiment les bonbons, d’autres les fleurs ou les bijoux, mais tu sembles ne t’intéresser à aucune de ces choses.

    Les mains de Marlaena se posent sur ses hanches, et ses doigts forment un poing. Elle incline la tête pour l’examiner ; il perçoit qu’elle n’est pas certaine où cela va la mener, mais qu’elle est certaine de ne pas aimer cela.

    — Mais on ne sort pas ensemble, n’est-ce pas ?

    — Certainement pas, réplique-t-elle.

    — Et il semble qu’il n’y ait rien que je puisse faire pour changer cela…

    Il la regarde du coin de l’œil, pesant les choses et se balançant d’un pied à l’autre.

    Sa bouche bouge maladroitement avant qu’elle réussisse à extirper trois petits mots.

    — Je suis désolée ?

    — Ouais. Eh bien. Je ne sais même pas quand est ton anniversaire, tu te rends compte ? Personne ne le sait. C’est dire à quel point tu es distante. Mais je te côtoie depuis plus d’une année, alors j’ai dû la manquer. Je trouve que cela est nul, manquer un anniversaire. Nous n’en avons pas beaucoup, alors on devrait fêter chacun d’eux.

    — Gabriel.

    Il lève brusquement la tête en entendant son nom sur ses lèvres, mais l’étincelle dans ses yeux s’évanouit quand elle poursuit.

    — Je ne veux rien de toi.

    — Je sais. Tu es incroyablement autosuffisante. Mais comme tu l’as toi-même indiqué, les besoins et les désirs sont des choses différentes. Et j’ai remarqué quelque chose dont tu as besoin.

    Elle cligne des yeux.

    — Je l’admets, je n’ai pas pu avoir exactement ce dont tu avais besoin, mais j’ai trouvé un moyen d’atteindre mon but. Ce cadeau que je m’apprête à t’offrir…

    Les narines de Marlaena se dilatent, aspirant les odeurs environnantes, et ses yeux s’écarquillent en signe de reconnaissance.

    Les odeurs de chevaux, de foin et d’un simple déodorant au parfum floral envahissent le nez de Marlaena.

    — … te procurera une manière d’obtenir la chose dont tu as vraiment besoin.

    Il jogge sur quelques mètres et ramène Jessie. Il sourit en voyant l’expression sur le visage de Marlaena.

    Jessie grogne, une grosse ecchymose décolorant un côté de son visage, là où Gabe l’a frappée, et il en ajoute en la traînant devant la fille qu’il essaye désespérément d’impressionner.

    Il la poussa davantage, mais Marlaena recule et se laisse tomber sur les genoux ; les yeux de Jessie roulent sous le choc.

    — Alors, demande Gabriel, aimes-tu ton présent ?

    Les yeux de Marlaena passent de lui à la fille se tortillant à ses pieds, les rouages dans sa tête tournant rapidement. Elle s’incline pour ébouriffer les cheveux de Jessie, souriant lorsque sa prisonnière se débat à son contact.

    — C’est parrrfait. Je ne l’aime pas, je l’adorrre. Et je sais exactement ce que je vais en faire.

    CHAPITRE 1

    Alexi

    Je pliai le journal du matin et le déposai sur la table de la cuisine ; le gros titre du journal disait « Les actions de la Corporation Wondermann montent en flèche ». Même si j’étais plutôt intrigué par ce qui avait fait quadrupler la valeur des actions de l’entreprise résolument dangereuse de M. Wondermann au cours de la nuit, les bêtises de mes frères et sœur, Max, Cat et Pietr, ainsi que de la petite amie de Max, Amy, retenaient davantage mon attention immédiate.

    — Alors je lui ai dit, commença Max en pointant Pietr, « je croyais qu’elle était avec toi ». Nous étions séparés pour un petit…

    Cat, transportant encore un sac de leur plus récente sortie au centre commercial, intervint.

    — Et j’ai dit « tu veux dire que tu as perdu Jessie ? ».

    Elle fusilla Max du regard avant de tourner les yeux dans ma direction.

    — Il parvient à perdre ses baskets et un bas de presque toutes ses paires, et je ne parle même pas de la manière dont il parvient à zapper la zappette chaque fois qu’il l’utilise, mais perdre complètement une personne ?

    — Je ne l’ai pas perdue ! gueula Max, fusillant Pietr à la place.

    Je m’éclaircis la gorge, et tous les yeux se tournèrent vers moi, grâce à ma place de frère aîné et d’ancien alpha.

    — Sommes-nous tout à fait certains que Jessie n’est pas simplement rentrée chez elle ?

    Ils se jetèrent tous des regards.

    — Sérieusement ? Tu crois vraiment que je n’ai pas essayé de lui téléphoner ? me demanda Amy. Elle ne répond pas à son téléphone portable.

    — Est-ce qu’elle répond toujours à son téléphone portable ?

    — J’ai demandé à Pietr de l’appeler avec le sien, dit Amy, comme si c’était la seule réponse dont j’avais besoin — et ça l’était. Jessie répondrait toujours à un appel de Pietr.

    — Qui était responsable de Jessie en dernier ? demandai-je.

    — Assure-toi qu’elle ne t’entende jamais parler ainsi, lâcha Amy. Elle te botterait le cul.

    — Ton langage, avisa Cat en reniflant.

    Je haussai les épaules.

    — Elle a un don pour s’attirer des ennuis.

    Amy braqua son regard sur moi.

    — Pietr est responsable d’énoncer les évidences. Et

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