Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

L'émissaire - Tome 1: Face à son destin
L'émissaire - Tome 1: Face à son destin
L'émissaire - Tome 1: Face à son destin
Livre électronique264 pages4 heures

L'émissaire - Tome 1: Face à son destin

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Format poche, 10 ans et +

La déesse au chien noir est dorénavant emprisonnée et isolée de ses fidèles. La Prophétie doit pourtant se réaliser et il faut trouver l’Émissaire.

Très loin de toutes ces considérations divines, un jeune berger s’occupe de ses moutons près d’une montagne bien particulière. Un jour, ses parents l’informent du danger mortel qui plane sur le village.

Pourquoi devrait-il abandonner son village à son destin et laisser derrière lui tous ceux qu’il aime ?

Découvrez la plume de l’auteure SP Jeanne dans son premier de roman de fantasy !







LangueFrançais
ÉditeurLo-Ély
Date de sortie1 mai 2024
ISBN9782898550416
L'émissaire - Tome 1: Face à son destin

Auteurs associés

Lié à L'émissaire - Tome 1

Titres dans cette série (1)

Voir plus

Livres électroniques liés

Pour les enfants pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur L'émissaire - Tome 1

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    L'émissaire - Tome 1 - SP Jeanne

    PROLOGUE

    Il a œuvré dans l’ombre sans relâche depuis des temps immémoriaux.

    Il a attendu ce jour avec impatience en plaçant minutieusement tous ses pions.

    Aujourd’hui, il jubile en son for intérieur : il est si proche de son but. Il lui manque seulement une dernière information et tout va basculer enfin en sa faveur. Un grand corbeau rouge, installé sur son épaule, croasse de joie. L’homme, confortablement assis dans un large trône noir, lui caresse la tête de sa main gantée. Il est seul dans la pièce.

    — Bientôt, mon ami… Encore un peu de patience. Dès qu’elle aura parlé, nous achèverons notre œuvre et nous pourrons régner sur cette misérable terre. Mais avant cela, il faut qu’elle nous donne le renseignement dont nous avons besoin ! Viens, allons la voir une nouvelle fois…

    Il s’enfonce alors dans les profondeurs de son domaine pour narguer la prisonnière. La faible clarté qui règne à l’extérieur fait rapidement place aux ombres denses alors qu’il descend l’escalier de pierre. Les bougies, installées dans des niches à intervalles réguliers, éclairent à peine les marches. Des gémissements lointains le font sourire, mais ce ne sera pas sa destination aujourd’hui. Il longe des cellules vides et s’approche avec hâte de celle du fond.

    La porte du cachot s’ouvre devant lui, révélant une femme attachée au mur. Ses longs cheveux cuivrés tombent en cascade le long de son visage émacié. Ses vêtements, autrefois immaculés, sont maintenant couverts de boue et de sang. On peut voir sur sa peau blanche les marques du fouet. Certaines de ses blessures sont encore à vif. Ses beaux yeux mauves sont cernés et elle semble à bout de force. Elle ne relève même pas la tête en entendant son geôlier arriver.

    Elle sait ce qui va se passer.

    Elle sait ce qu’il va dire.

    Et elle sait aussi ce qu’elle va lui répondre.

    Elle se contente de plonger ses yeux dans ceux de son chien, attaché à ses pieds. Il est amaigri par les longues années de captivité, mais sa fidélité lui est éternelle. Elle puise un peu de force dans cet échange muet et s’apprête à affronter son antagoniste.

    — Eh bien, ma chère sœur, comment se passe cette merveilleuse journée ? Heureuse d’être encore en vie ? Mais suis-je bête ! C’est vrai que tu ne peux pas mourir…, tout comme moi d’ailleurs. Cependant, il y a des états pires que la mort, n’est-ce pas ?

    La jeune femme ne daigne pas répondre ; elle regarde avec obstination son compagnon à quatre pattes.

    — Tu as raison d’économiser tes dernières forces… Et si nous reprenions là où je t’ai laissée la dernière fois… Ah oui ! Je t’annonçais avec joie que j’avais finalement retrouvé, grâce à mes sbires, la famille de grands-prêtres que tu avais cachée à Aarde. Je dois bien avouer que leur guide a essayé de brouiller les pistes et les a vaillamment défendus jusqu’à la fin. Mais avec une armée entière à ma disposition face à une poignée de fidèles, il faut dire que la partie a été facile pour moi. Tu ne devrais pas leur donner ce signe aussi distinctif, mais bon. Tout le monde fait des erreurs…

    Comme à chacune de leurs rencontres, l’homme espère une réaction de la part de sa sœur. Il déteste son calme apparent et ses paroles toujours douces. Il ne sait pas s’il la touche ou non avec ses mots. Sachant que ses partisans tombent un à un ces dernières années, elle devrait réagir ! Agacé, il s’approche et la gifle. La tête cogne durement contre le mur de pierre sombre et un filet de sang coule sur le front de Mirësi. Le corbeau s’envole et se perche sur une solive.

    — Idiote ! Dis quelque chose ! Tu sais que si je gagne, tu vas tout simplement disparaître et ton plan va échouer. Tu ne pourras jamais les amener au but que Père t’a demandé. Tu vas finir seule avec ton bâtard de chien et tu t’évanouiras dans les brumes éternelles. Tu n’existes que parce qu’ils croient en toi ; tu t’en souviens, n’est-ce pas ? Tu te rends compte que depuis que j’ai réussi à te capturer et à te garder ici, ton souvenir se dissipe dans l’esprit des humains ? Pour ceux qui sont forts et te restent fidèles, tout va bientôt changer aussi. La peur et l’oppression les feront s’éloigner de ta doctrine ridicule. Je vais gagner, Mirësi, et plus personne ne se souviendra de toi. Je serai le seul maître et mon emprise sur les hommes sera totale !

    L’homme éclate d’un rire sinistre. S’approchant d’elle, il lui prend le menton avec rudesse et l’oblige à soutenir son regard ; puis il continue son monologue.

    — Dis-moi où tu le caches… Ne me prends pas pour un imbécile, Mirësi, je suis au courant de la Prophétie. Tu as éparpillé tes serviteurs un peu partout sur cette minable planète en espérant qu’ils gardent brûlante la flamme de la foi. J’en ai éliminé beaucoup, mais il m’en manque encore, et particulièrement l’Émissaire. Si je le supprime, plus rien ne me barrera la route. Alors, dans quelle famille l’as-tu envoyé ? Sur quel continent ? Réponds-moi !

    La jeune femme sourit faiblement et réplique d’une voix douce :

    — Mon pauvre Zezak, tu penses sincèrement que je vais te le dire ? Tu ne gagneras jamais. La Prophétie est en route et quoi que tu fasses, la lumière finira par triompher. C’est ce que Père nous a toujours enseigné et je ferai tout pour que l’Émissaire se révèle au bon moment.

    Avec un cri de rage, l’homme la frappe de nouveau. Cette fois-ci, la violence du choc lui coupe le souffle et la femme s’effondre.

    Le chien gronde, le corbeau croasse. Les animaux s’affrontent du regard. Depuis la nuit des temps, depuis que les hommes sont sur cette terre, ces dieux se battent, chacun pour sa propre idéologie. Mais la femme au chien noir est en train de perdre l’avantage ; habituellement, ses alliés l’aident, mais elle ne peut pas les contacter depuis cet endroit sinistre. Son frère, avec son corbeau rouge sang, ricane en la regardant s’écrouler. Il n’éprouve aucune pitié pour la faiblesse de son aînée. Il tient enfin sa revanche.

    Sa sœur, gémissant, lance un ultime appel dans l’univers.

    Cette fois, Zezak s’arrangera pour que personne ne réponde. Il continuera de détruire ses messagers un à un et il réservera un traitement particulier à cet émissaire.

    Il a œuvré dans l’ombre sans relâche depuis des temps immémoriaux.

    Il a attendu ce jour avec impatience en plaçant minutieusement tous ses pions.

    Aujourd’hui, il jubile en son for intérieur : il est si proche de son but. Il lui manque seulement une dernière information et tout va basculer enfin en sa faveur. Un grand corbeau rouge, installé sur son épaule, croasse de joie. L’homme, confortablement assis dans un large trône noir, lui caresse la tête de sa main gantée. Il est seul dans la pièce.

    — Bientôt, mon ami… Encore un peu de patience. Dès qu’elle aura parlé, nous achèverons notre œuvre et nous pourrons régner sur cette misérable terre. Mais avant cela, il faut qu’elle nous donne le renseignement dont nous avons besoin ! Viens, allons la voir une nouvelle fois…

    Il s’enfonce alors dans les profondeurs de son domaine pour narguer la prisonnière. La faible clarté qui règne à l’extérieur fait rapidement place aux ombres denses alors qu’il descend l’escalier de pierre. Les bougies, installées dans des niches à intervalles réguliers, éclairent à peine les marches. Des gémissements lointains le font sourire, mais ce ne sera pas sa destination aujourd’hui. Il longe des cellules vides et s’approche avec hâte de celle du fond.

    La porte du cachot s’ouvre devant lui, révélant une femme attachée au mur. Ses longs cheveux cuivrés tombent en cascade le long de son visage émacié. Ses vêtements, autrefois immaculés, sont maintenant couverts de boue et de sang. On peut voir sur sa peau blanche les marques du fouet. Certaines de ses blessures sont encore à vif. Ses beaux yeux mauves sont cernés et elle semble à bout de force. Elle ne relève même pas la tête en entendant son geôlier arriver.

    Elle sait ce qui va se passer.

    Elle sait ce qu’il va dire.

    Et elle sait aussi ce qu’elle va lui répondre.

    Elle se contente de plonger ses yeux dans ceux de son chien, attaché à ses pieds. Il est amaigri par les longues années de captivité, mais sa fidélité lui est éternelle. Elle puise un peu de force dans cet échange muet et s’apprête à affronter son antagoniste.

    — Eh bien, ma chère sœur, comment se passe cette merveilleuse journée ? Heureuse d’être encore en vie ? Mais suis-je bête ! C’est vrai que tu ne peux pas mourir…, tout comme moi d’ailleurs. Cependant, il y a des états pires que la mort, n’est-ce pas ?

    La jeune femme ne daigne pas répondre ; elle regarde avec obstination son compagnon à quatre pattes.

    — Tu as raison d’économiser tes dernières forces… Et si nous reprenions là où je t’ai laissée la dernière fois… Ah oui ! Je t’annonçais avec joie que j’avais finalement retrouvé, grâce à mes sbires, la famille de grands-prêtres que tu avais cachée à Aarde. Je dois bien avouer que leur guide a essayé de brouiller les pistes et les a vaillamment défendus jusqu’à la fin. Mais avec une armée entière à ma disposition face à une poignée de fidèles, il faut dire que la partie a été facile pour moi. Tu ne devrais pas leur donner ce signe aussi distinctif, mais bon. Tout le monde fait des erreurs…

    Comme à chacune de leurs rencontres, l’homme espère une réaction de la part de sa sœur. Il déteste son calme apparent et ses paroles toujours douces. Il ne sait pas s’il la touche ou non avec ses mots. Sachant que ses partisans tombent un à un ces dernières années, elle devrait réagir ! Agacé, il s’approche et la gifle. La tête cogne durement contre le mur de pierre sombre et un filet de sang coule sur le front de Mirësi. Le corbeau s’envole et se perche sur une solive.

    — Idiote ! Dis quelque chose ! Tu sais que si je gagne, tu vas tout simplement disparaître et ton plan va échouer. Tu ne pourras jamais les amener au but que Père t’a demandé. Tu vas finir seule avec ton bâtard de chien et tu t’évanouiras dans les brumes éternelles. Tu n’existes que parce qu’ils croient en toi ; tu t’en souviens, n’est-ce pas ? Tu te rends compte que depuis que j’ai réussi à te capturer et à te garder ici, ton souvenir se dissipe dans l’esprit des humains ? Pour ceux qui sont forts et te restent fidèles, tout va bientôt changer aussi. La peur et l’oppression les feront s’éloigner de ta doctrine ridicule. Je vais gagner, Mirësi, et plus personne ne se souviendra de toi. Je serai le seul maître et mon emprise sur les hommes sera totale !

    L’homme éclate d’un rire sinistre. S’approchant d’elle, il lui prend le menton avec rudesse et l’oblige à soutenir son regard ; puis il continue son monologue.

    — Dis-moi où tu le caches… Ne me prends pas pour un imbécile, Mirësi, je suis au courant de la Prophétie. Tu as éparpillé tes serviteurs un peu partout sur cette minable planète en espérant qu’ils gardent brûlante la flamme de la foi. J’en ai éliminé beaucoup, mais il m’en manque encore, et particulièrement l’Émissaire. Si je le supprime, plus rien ne me barrera la route. Alors, dans quelle famille l’as-tu envoyé ? Sur quel continent ? Réponds-moi !

    La jeune femme sourit faiblement et réplique d’une voix douce :

    — Mon pauvre Zezak, tu penses sincèrement que je vais te le dire ? Tu ne gagneras jamais. La Prophétie est en route et quoi que tu fasses, la lumière finira par triompher. C’est ce que Père nous a toujours enseigné et je ferai tout pour que l’Émissaire se révèle au bon moment.

    Avec un cri de rage, l’homme la frappe de nouveau. Cette fois-ci, la violence du choc lui coupe le souffle et la femme s’effondre.

    Le chien gronde, le corbeau croasse. Les animaux s’affrontent du regard. Depuis la nuit des temps, depuis que les hommes sont sur cette terre, ces dieux se battent, chacun pour sa propre idéologie. Mais la femme au chien noir est en train de perdre l’avantage ; habituellement, ses alliés l’aident, mais elle ne peut pas les contacter depuis cet endroit sinistre. Son frère, avec son corbeau rouge sang, ricane en la regardant s’écrouler. Il n’éprouve aucune pitié pour la faiblesse de son aînée. Il tient enfin sa revanche.

    Sa sœur, gémissant, lance un ultime appel dans l’univers.

    Cette fois, Zezak s’arrangera pour que personne ne réponde. Il continuera de détruire ses messagers un à un et il réservera un traitement particulier à cet émissaire.

    Ses sbires sont déjà en place et aucun ne laissera la Prophétie s’accomplir…

    CHAPITRE 1

    Une nouvelle journée commence dans cette région reculée du monde. Le soleil se lève et éclaire de ses doux rayons le paysage contrasté. Petit à petit, la nature s’éveille et se pare de mille couleurs au fur et à mesure que l’astre doré étend ses traits éclatants. Des animaux ouvrent les yeux tandis que leurs congénères nocturnes vont se coucher. Les êtres de l’ombre fuient la progression de la lumière du matin.

    Un point minuscule traverse les cieux dégagés. Un faucon plane tranquillement au-dessus du paysage de ce grand territoire éloigné de tout. Il vole parmi les nuages, savourant la chaleur qui revient petit à petit en cette période de l’année. Il apprécie la caresse du soleil sur ses plumes : le climat hivernal a été rude, beaucoup de ses congénères n’ont pas survécu.

    La vallée est bien grande pour un être comme lui, mais il sait très bien où il se dirige. Sa compagne l’attend patiemment au nid, tout en couvant leurs œufs. Le silence règne dans le ciel et tout est calme ici. L’oiseau aperçoit un clan de tigresses des steppes, paressant près du cours d’eau, puis d’autres animaux sauvages les contournant pour venir s’abreuver en cette belle matinée. Ils sont bien nerveux cette année, ces prédateurs redoutables. Mais le volatile ne s’en soucie pas, il continue sa route paisiblement, totalement hors d’atteinte. De son œil perçant, il distingue sous lui la grande rivière. Elle serpente lentement à travers cette vallée entourée de montagnes. C’est une grande étendue d’herbes sauvages, entrecoupée de petits bosquets. Le vert tendre des jeunes pousses fera bientôt place au vert soutenu des hautes herbes. La forêt se dessine un peu plus loin. Elle n’est pas très grande, environ une journée de marche de profondeur, mais elle fournit le bois et le petit gibier aux humains qu’il voit y travailler tous les jours. Tout en volant, il entend des troupeaux de moutons ; ça aussi, il en a l’habitude. Chaque année, en ce temps-ci, ils ressortent vers les pâturages des montagnes de l’Ouest. Le faucon s’amuse souvent à les observer de son regard acéré lorsqu’ils paissent dans les alpages. Depuis la dernière neige, tous les jours, c’est la même scène qui se déroule devant ses yeux. Cela va durer quelques mois ; puis, quand le manteau blanc reviendra couvrir la vallée, les animaux domestiques seront rentrés dans les bergeries, bien au chaud.

    Le faucon a remarqué récemment que l’un des humains avait tendance à délaisser les habituels herbages de l’Ouest pour s’aventurer plus vers la montagne du Nord. De toute la chaîne, c’est celle qui est la plus haute. On la voit de loin dans la vallée. Le rapace, lui, ne s’en approche plus depuis plusieurs jours. Il sait que sa famille n’y sera pas en sécurité. Il le sent dans toutes ses plumes, sans se l’expliquer vraiment. Le faucon décide de faire une petite pause avant de rentrer. Il se pose sur une branche de pommier dans l’un des vergers du village. Les boutons de fleurs apparaissent déjà.

    Il n’existe qu’un seul endroit dans toute la vallée où il y a des humains : ce petit village d’une centaine de maisons qui est là depuis longtemps. Il est situé entre la forêt et la montagne du Nord. Les habitations se ressemblent toutes, avec un beige uniforme pour les murs et des toits de chaume. La majorité des demeures est regroupée autour de la place centrale, mais quelques-unes ont été construites plus proches de la forêt. Une autre maison se dresse, isolée, sur un promontoire vers l’est. Le faucon n’y passe jamais non plus ; celui qui y habite le tuerait aussitôt.

    L’oiseau tourne sa tête… Vers le sud, au plus près de la forêt, se trouve un logis un peu différent. La famille qui l’occupe a quelque chose de vraiment spécial, un don de la nature elle-même. Pourtant, ils agissent comme tous les autres humains.

    La routine de cet endroit lasse le rapace, qui décide qu’il a assez observé les bipèdes. Il est maintenant temps de retourner au nid. Son périple a été plus long que prévu ; il veut rentrer rejoindre sa compagne avant que les derniers rayons du soleil ne disparaissent et ne plongent ce monde dans la noirceur.

    CHAPITRE 2

    L’après-midi tire à sa fin. L’air doux du printemps embaume des fleurs nouvellement écloses. Le jeune paysan ramène sereinement son troupeau vers la ferme, un peu plus tôt que d’ordinaire. Il marche d’un bon pas au rythme des cloches de ses moutons. De taille moyenne, le garçon porte ses longs cheveux roux en queue de cheval derrière son dos. Son visage carré est doux et ses yeux bleus pétillent de gaieté. Sa peau, un peu blanche au sortir de l’hiver, va bientôt se piqueter de taches de rousseur, dont il se serait volontiers passé. Il a une constitution robuste du fait de son travail de berger, cependant sa personne dégage une impression de douceur.

    L’adolescent s’accorde une pause pour respirer profondément, tout en admirant un faucon voler dans le ciel. Il a l’impression de ressentir le désir du rapace de rejoindre son nid. Il sourit à cette idée ridicule. Plus loin devant lui, il distingue les toits des habitations du village d’Ytir. Il aime ce moment de calme et de solitude, où il peut vraiment se détendre des labeurs de la journée. Un coup de museau le ramène soudain à la réalité du moment. Sa chienne Nala le rappelle à l’ordre, une nouvelle fois.

    Les bêtes avancent d’un commun accord, pressées d’arriver, elles aussi, à la bergerie. Roan a passé la journée avec ses moutons et ils se sont aventurés un peu plus loin que prévu vers le nord. Le jeune homme fronce les sourcils à ce souvenir. Il a cru que… Mais non, ça ne peut pas être ça. Il chasse rapidement les sombres pensées qui essaient de s’infiltrer dans son esprit et anticipe avec un sourire la soirée qui s’annonce : la raison pour laquelle aujourd’hui, il doit rentrer plus tôt.

    Avec leur petit groupe d’amis, ils ont organisé la première fête du printemps du village. Après les corvées habituelles du jour, tous vont se retrouver sur la place centrale pour se régaler de la nourriture que les femmes ont préparée et se détendre au son de la musique. Son amie Tia, fille du chef de village, en a donné l’idée il y a plusieurs semaines et depuis, elle n’a cessé de harceler son père pour qu’il accepte. En riant, il a finalement donné son accord, non sans avoir consulté son chaman pour s’assurer que cela ne perturbait pas les astres.

    Le groupe d’adolescents s’est donc réparti les tâches et a passé les soirées suivantes à faire la décoration et à supplier les femmes du village de faire leurs meilleurs plats pour l’occasion. Roan a été soulagé que Tia ne lui ait confié que l’organisation du concert. Il lui a suffi de parler uniquement à son père, Lazar, qui connaît les musiciens du village, et c’est ce dernier qui a fait le gros du travail. Le jeune homme soupire : pourquoi a-t-il tant de mal à communiquer avec les gens autour de lui ?

    Tout en continuant à marcher à l’arrière de son troupeau, il se rappelle la première fois où il est allé à l’école. Tout le monde le connaissait comme étant le seul enfant du village avec des cheveux roux, il s’est donc vite retrouvé l’objet de moqueries des autres camarades de classe. Il est rentré en pleurs chez lui à la fin de la journée et a déclaré à ses parents qu’il partait vivre dans la montagne, avec son grand-père. Lazar et Térésa

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1