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La voix du sang
La voix du sang
La voix du sang
Livre électronique240 pages3 heures

La voix du sang

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À propos de ce livre électronique

Pour certains, décembre représente la magie de Noël.
Pour d’autres, ça signifie la perte, la vengeance, le chaos.
Une fête comme vous ne l’avez pas rêvée et un couple à vous faire frémir.
La voix de la raison pourrait-elle devenir la voix du sang ?



LangueFrançais
Date de sortie4 oct. 2022
ISBN9782383850380

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    Aperçu du livre

    La voix du sang - Anne Lejeune

    La voix du sang

    Lydia Bigot et Anne Lejeune

    Thriller

    Images : Pixabay

    Illustration graphique : Graph’L

    Art en Mots éditions

    Prologue

    24 décembre 1983

    En plein milieu d’une nuit glaciale d’hiver, éclairé par seulement quelques guirlandes colorées sur la toiture de sa maison, un homme est à genoux au bout de son jardin, en train de recouvrir un trou à mains nues. Ses sanglots, accompagnés d’un flot de larmes, sont déchirants. Il se dit que cette femme mérite mieux comme sépulture, que si leur passé n’avait pas été si sombre, elle y aurait eu le droit.

    Son hurlement n’atteint que le silence et pourtant, l’homme ne cesse de demander pardon encore et encore.

    Déboussolé, le cœur brisé, il s’excuse avec plus de virulence, tandis que la terre est repoussée pour combler peu à peu l’espace. Il peut toujours voir une main fine, mais froide. Dans un élan de panique, sachant qu’elle va disparaître à jamais, il la tire, ramène le corps entier de la jeune femme brune contre lui. Il l’enserre de ses bras, comme pour la retenir près de lui. 

    — Je ne peux pas te laisser, pas maintenant…

    De ses doigts, aux ongles maculés de terre dure à cause du gel, il dégage les cheveux pour embrasser le front au teint cadavérique.

    Sous ses paupières closes et trempées de larmes, il revoit la scène, son pire cauchemar. Elle défile sous ses yeux et, comme un drogué en manque de sa dope, il observe celle qu’il tient fort contre sa poitrine vivre ses derniers instants…

    Il se remémore le moment précis où, dans leur propre maison, un jeune qu’ils ne connaissaient même pas, armé d’un long couteau a atteint l’abdomen de sa fiancée. Celle-ci s’était rapidement effondrée et sa bouche se remplissait de sang. L’instant où le visage de sa douce s’était figé à jamais, à peine quelques minutes plus tard, alors que lui, trop choqué par l’action, n’avait pas eu le temps de réagir pour la sauver.

    — Pardonne-moi, mon amour. Pardonne-moi de ne pas avoir été à la hauteur…

    Son buste secoué de sanglots bascule d’avant en arrière, berçant ainsi la jeune femme dans ses bras, sans cesser de penser à l’assassin. Après celle qu’il aime, son tour était venu. L’agresseur s’était jeté sur lui dans un seul et unique but. Ce n’est qu’au prix d’un immense effort qu’il s’était battu et l’avait assommé. Seulement, le mal était déjà fait…

    — Je n’ai pas été à la hauteur, répète-t-il doucement. Mais je vais me rattraper… 

    Les lèvres de l’homme parcourent le visage inerte et glacé de la jeune femme, avant de rouvrir les paupières et de fixer les yeux livides. Les paumes encadrent les joues de celle qui aurait dû devenir sa femme. Il lui promet d’une voix empreinte de détermination.

    — Je lui prendrai tout ce qu’il a de plus cher au monde. Il souffrira, mon amour. Je te le jure sur mon âme…

    Il se lève, rentre dans la maison et s’approche du meurtrier encore étendu sur le sol.

    — Tu n’aurais pas dû me prendre ce que j’avais de plus cher…

    Chapitre 1

    5 décembre 1984

    Dans la pénombre de la nuit, vêtue d’un costume de Père-Noël, une silhouette scrute avec attention à travers la fenêtre d’une maison, un couple en train de dîner. M. Davis et Melle Fox. Une lueur d’anticipation brille dans ses yeux. On pourrait penser qu’il attend de distribuer des cadeaux, car il transporte sur son dos un sac rouge, qui laisse penser à une hotte légèrement remplie. Seulement, au vu de son expression, le doute n’est pas permis. Il est bel et bien là pour accomplir une tâche précise et il est peu probable que les résidents l’apprécient.

    Après une longue observation et afin de ne pas être encombré, il pose sa hotte derrière l’une des haies qui masque le vis-à-vis du quartier.

    Un rictus sardonique étire ses lèvres quand il sent que le moment est arrivé.

    Ce soir, le début de son souhait va se concrétiser.

    Décembre est le mois où tous les rêves se réalisent, pense-t-il alors que son sourire s’agrandit.

    Contournant la petite maison, dont quelques décorations ornent déjà la toiture sans aucun éclairage, il se poste devant la porte arrière. De son emplacement, il peut voir le jeune couple d’une vingtaine d’années évoluer dans leur cuisine, se chercher et s’embrasser longuement, heureux en cet instant. Le Père-Noël grimace à cette vue. Ses poings gantés de blanc se ferment dans une tentative de conserver le contrôle, afin de ne pas foncer tête baissée.

    Bientôt, nous serons réunis, ma douce…

    Lorsque la jeune femme s’éclipse de la pièce, qu’elle laisse son compagnon placer des verres dans le lave-vaisselle, Santa Claus décide de passer à l’action. Ouvrant son manteau, il en extirpe un sucre d’orge d’un bon mètre de hauteur, factice et surtout rigide. L’objet fermement tenu à deux mains, l’homme pousse doucement le battant, avant de s’engouffrer dans la demeure. À pas légers, l’intrus avance au plus près du conjoint toujours occupé à sa tâche. Il l’accomplit avec minutie, si bien qu’il ne perçoit pas les mouvements dans son dos ni le coup qui s’effondre lourdement sur son crâne. Son corps s’affaisse sur le sol, accompagné du bruit d’une assiette se brisant sur le carrelage. Les yeux écarquillés du jeune homme se remplissent d’incompréhension. Sa main masse son cuir chevelu douloureux, M. Davis découvre du sang sur ses doigts et a tout juste le temps de voir le second coup arriver, avant de sombrer dans l’inconscience. La voix de Melle Fox se fait entendre depuis l’autre pièce.

    — Chéri ? Tu vas bien ?

    Celle-ci a dû être alertée par le bruit de vaisselle brisée. L’homme en costume se positionne en retrait, le bâton relevé, prêt à frapper une nouvelle fois. Son impatience transparaît autant dans son regard diabolique, allant de la porte au sucre d’orge, que dans sa fébrilité apparente, les joues rouges d’excitation.

    — Chéri ?

    La porte battante laisse entrevoir une jeune femme blonde. Les cheveux noués en une longue natte tombent sur ses formes arrondies. À ce moment précis, ce n’est pas le regard de son compagnon qu’elle croise, mais celui d’un inconnu et ce qu’elle voit lui fait froid dans le dos. Puis ses yeux se posent sur la silhouette étendue sur le sol. Inerte…

    Pendant un instant, son regard passe de celle-ci au Père-Noël, avant de se fixer sur la sortie qui se trouve à quelques pas à peine. Son corps est trop menu, elle ne fera pas le poids si elle tente de se battre. Se résoudre à abandonner celui qu’elle aime est impensable. Ses doigts touchent la bague de fiançailles à son annulaire, se remémorant, l’espace d’une seconde, la manière dont il a fait sa demande.

    La voix de l’intrus la ramène à la réalité.

    — Viens ici de toi-même et je te promets de ne pas te faire de mal…

    En signe de bonne foi, le Père-Noël abaisse son sucre d’orge. La jeune femme jette un nouveau coup d’œil à son compagnon, puis malgré sa terreur, esquisse un pas, puis un autre. À chaque centimètre parcouru, l’homme jubile de plus en plus. Sa proie est bientôt là et il a bien l’intention de ne pas la laisser filer.

    Lorsqu’elle est suffisamment près, il lève le bras et lui assène un coup sur la tempe. Éva Fox titube, se rattrape au plan de travail, renversant ainsi une partie des objets utile à sa vie quotidienne disposés dessus. Prise de vertiges par la douleur lancinante dans son crâne, Éva chancelle encore un peu avant de s’évanouir non loin de son futur époux.

    Le Père-Noël prend quelques instants pour contempler son œuvre, puis ressort afin de récupérer sa hotte remplie de « surprises » pour ses « hôtes ».

    Environ trente minutes plus tard, le couple est réveillé brutalement par de l’eau froide qu’ils reçoivent en plein visage. Leur souffle se coupe quelques secondes. Si Sam Davis met un petit moment à réaliser ce qui se passe, Éva, elle, tire sur les liens faits de guirlandes électriques de toutes les couleurs et qui l’immobilisent à une chaise. Elle observe chaque recoin, jusqu’à poser les yeux sur son compagnon positionné dans un face-à-face. Si pendant les premières secondes, elle est soulagée de le voir en vie, bien qu’il semble hagard, elle se rend compte ensuite que lui aussi a les mains liées. Sa panique s’accentue et ses larmes se mettent à couler, se mêlant à l’eau qui dégouline sur ses vêtements et le sol. Elle regarde encore chaque recoin de sa salle à manger, devenu l’endroit de sa peur, pour s’assurer d’être seule avec son Sam. L’état apathique de son fiancé l’inquiète terriblement.

    Elle essaie de se défaire de la corde. Néanmoins celle-ci est trop serrée.

    — Sam ! Regarde-moi !

    Sa voix est basse et angoissée. Le concerné lève les yeux à moitié ouverts dans sa direction, mais il garde le silence.

    — Sam ! On doit se sortir de là !

    Affolée par son manque de réaction, Éva craint le pire. Pourtant elle n’abandonne pas et redouble d’efforts en les ponctuant d’encouragements personnels, tels que « Allez » « Vas-y, tu peux le faire ». Ses poignets s’écorchent sur les pointes qui recouvrent les petites ampoules. Ce qui ne l’arrête pas pour autant. Les dents serrées, pour tenter d’atténuer la douleur, elle tire, tourne et retourne ses mains dans tous les sens. Les minutes passent sans pouvoir se déloger. Au bout d’un moment, elle est obligée d’admettre son impuissance. Ses épaules s’affaissent en même temps que son dernier espoir disparaît. La tête basse, elle s’interroge : « qu’est-ce qui les attend ? »

    Pourquoi les réveiller pour disparaître ensuite ? D’ailleurs, est-ce que leur agresseur est encore là, dans leur propre maison où est-il parti après avoir pillé leurs affaires ? Trop de questions sans réponse. Éva aimerait pouvoir se détacher, ne serait-ce que pour utiliser son téléphone…

    Quand la voix de Sam lui parvient enfin, elle croit avoir rêvé et ose à peine le regarder pour s’en assurer. Finalement, elle cède à ce besoin désespéré et urgent, car son prénom retentit à plusieurs reprises à ses oreilles. Des larmes de joie maculent ses joues, lorsqu’elle s’aperçoit qu’il est vraiment là, que les coups qu’il a reçus ne l’ont pas tué comme elle le craignait.

    — Sam !

    L’envie de se libérer pour le rejoindre est plus forte.

    — Est-ce que ça va ?

    — Ça va, juste un bon mal de crâne, lui répond-il, dans une grimace. Et toi, tu n’es pas blessée ?

    La jeune femme secoue la tête, tandis que Sam essaie de se libérer à son tour, sans succès. Puis il l’interroge, tout d’abord, pour avoir des informations qui pourraient leur être utiles. En second, parce qu’il a besoin de comprendre comment et pourquoi ils en sont arrivés là. Sam Davis et Éva Fox ne sont pas un couple hors du commun. Ils souhaitent juste remplir leur vie de bonheur, travailler, avoir des enfants. Une vie simple, en soi…

    — Il t’a dit ce qu’il voulait ? Pourquoi il nous fait ça ?

    — Rien… il m’a assommée… Sam, j’ai peur…

    À cette révélation, le cœur de l’intéressé se serre. Il a clairement entendu l’émotion dans la voix de sa fiancée et savoir qu’il ne peut rien y changer lui fait mal. Il essaie donc de la rassurer autant que possible.

    — C’était peut-être juste un cambrioleur et il nous a attachés le temps de nous voler.

    — En costume de Père-Noël !?

    Le ton de la jeune femme est empli de doutes. Elle ne désire rien d’autre que d’y croire, mais elle a croisé le regard de cet homme et ce qu’elle y a vu l’a angoissée au plus haut point.

    — Chérie, s’il nous voulait du mal, il avait tout le loisir quand nous étions inconscients. Or, nous sommes toujours en vie.

    Les propos de son compagnon se veulent rassurants et sonnent juste. Elle souhaite de tout cœur qu’il ait raison, pourtant, quelque chose cloche. Elle le sent. Sinon pourquoi cet homme aurait-il pris la peine de les réveiller ? Ça ne colle pas. Éva fait part de ses soupçons à Sam.

    — Ce n’est peut-être qu’un jeu pour lui…

    Après tout, ça doit faire au moins une dizaine de minutes qu’ils ont ouvert les yeux et personne n’est réapparu.

    — Ça va bien se passer ma chérie. Si l’on n’arrive pas à se détacher, ta sœur ou ma mère finiront bien par s’inquiéter. Et alors, tout ça ne sera plus qu’un mauvais souvenir.

    — J’espère…

    Lui-même a du mal à y croire, mais comment expliquer l’absence de celui qui les a agressés, autrement ? Il essaie donc de lui changer les idées, de détourner ses pensées vers un sujet plus heureux.

    — Et ensuite, nous préparerons notre mariage.

    Les paroles de son futur mari la rassurent quelque peu.

    — On pourrait même fixer la date pour Noël de l’année prochaine. Qu’en penses-tu ?

    — Je doute que vous soyez encore de ce monde, intervient une voix masculine, les laissant interdits.

    Ils espéraient réellement ne plus rien avoir à craindre.

    Éva est incapable de contrôler les tremblements de son corps. Elle était certaine qu’il était encore là et pire, son impression lui affirmait que ce n’est pas juste un cambriolage.

    — En revanche, je peux t’épouser dès demain. Tu n’as qu’un mot à dire…

    En lâchant ces mots, Santa Claus dépose sa hotte à ses pieds avant de l’ouvrir. Une voix féminine, que lui seul entend, retentit dans sa tête.

    « Tu penses vraiment qu’elle peut convenir ? »

    — Possible…

    Sa réponse est à peine audible.

    — Que nous voulez-vous ?

    L’homme ignore la question posée par le plus jeune et fouille dans son sac en sifflant l’air de la chanson « Merry Christmas », montrant clairement qu’il n’a pas l’intention de dévoiler ses plans.

    — Si c’est de l’argent, nous ne sommes pas riches, mais nous avons quelques économies…

    Plus aucun bruit ne leur parvient, pas même l’air de Noël. Celui qui les retient, depuis un moment maintenant, semble figé, dos à eux. Voyant qu’il a capté son attention, Sam poursuit même si son intonation n’est pas assurée.

    — Nous vous donnerons tout ce que nous avons…

    Le sifflement reprend, juste avant que l’inconnu ne se tourne vers eux. À la main, il tient une boule de Noël, dont une guirlande est glissée dans le crochet, pour servir d’attache. Son regard intéressé reste braqué sur Éva à chaque mouvement qu’il effectue. Puis il se dirige vers Sam.

    — Je vais te poser une question et quand j’aurai…

    — Laissez-la !

    Tandis qu’il prononce ces paroles, Sam se débat autant que ses liens le lui permettent, pour éviter que ce tordu n’aille plus loin dans son jeu malsain.

    Cependant, le bonhomme de Noël, avantagé par la situation, ne tarde pas à le réduire au silence.

    Au moins partiellement…

    Le bâillon sur la bouche empêche les paroles de Sam d’être cohérentes.

    — C’est plus festif, vous ne trouvez pas ?

    En lâchant ces mots, l’agresseur s’avance vers la jeune femme, si effrayée que ses lèvres restent scellées. Un rictus déforme la bouche de l’inconnu, ce qui le rend d’autant plus terrifiant. Il laisse glisser un bâillon identique aux pieds de la jeune femme.

    — À présent que le calme est revenu, où en étions-nous ? Tu peux me le dire ?

    Éva baisse le menton, espérant trouver un moyen de fuir loin d’ici, mais l’inconnu s’en saisit entre son pouce et son index, puis il l’oblige à croiser son regard.

    — Où en étions-nous ?

    Il insiste, une expression froide sur le visage.

    — Vous… vous avez… vous avez parlé… d’une question… murmure-t-elle, comme si prononcer ces mots plus forts rendrait tout ça bien réel.

    Son bégaiement efface le sourire de l’homme. Il tient à ce qu’elle prenne la bonne décision, c’est sûr, néanmoins, il ne veut pas qu’elle ait peur de lui.

    Enfin, pas complètement…

    Santa Claus fait glisser ses doigts sur la joue de sa prisonnière, comme pour la récompenser, puis ils descendent jusqu’à ses lèvres légèrement entrouvertes, qu’elle referme aussitôt.

    Le geste déplacé met Sam hors de lui. Il tente une nouvelle fois de se libérer, dans un effort désespéré et vain. Des insultes sortent de sa bouche, mais sont incompréhensibles. Il culpabilise d’être impuissant, incapable de secourir sa compagne.

    — Donc, je disais que j’allais te poser une question et que la suite dépendrait de ta réponse. Est-ce que tu comprends ?

    Toujours maintenue par le menton, la jeune femme ne peut acquiescer, alors elle répond juste par un « oui » si faible qu’il en est quasiment inaudible.

    — Très bien.

    Ces deux mots paraissent satisfaire l’inconnu, car un véritable sourire vient illuminer ses traits. Il se détourne et recommence à fouiller dans son sac.

    — Tu ne le sais pas encore, mais je pourrais prendre soin de toi.

    Durant quelques secondes, il la fixe droit dans les yeux pour jauger sa réaction. Voyant que la jeune femme l’observe avec incompréhension, il enchaîne.

    — Une femme comme toi a besoin d’un homme, un vrai.

    À nouveau devant elle, il lui montre ce qu’il tient à la main. Une perruque brune. Éva a du mal à assimiler où il veut en venir, alors elle prend son courage à deux mains et ose prendre la parole.

    — Pourquoi ? elle déglutit. Pourquoi moi ?

    L’inconnu dans son costume gratte sa fausse barbe un court instant.

    — Pourquoi pas ? finit-il enfin par dire, tandis que la jeune femme pensait qu’il ne répondrait plus.

    Une paume rugueuse englobe avec douceur une partie de son visage, d’un geste tendre, presque affectueux, plutôt étrange au vu du contexte.

    — Tu lui ressembles. Même morphologie, la forme et la couleur de tes yeux. Kate avait également les yeux marron.

    Son regard se perd dans le vide l’espace d’un instant. D’un geste brutal, il empoigne la chevelure blonde d’Éva, ce qui lui laisse présager le pire.

    — Il n’y a que ça. Sa couleur était bien plus foncée que la tienne, mais rassure-toi, ça peut s’arranger…

    L’inconnu lève la perruque plus haut, avant de la tenir correctement à deux mains et de la déposer sur le crâne de la jeune femme, dont les larmes se remettent à couler. Il ignore son désarroi et lisse les cheveux de ses mains, avec adoration.

    — Si tu savais comme tu m’as manqué…

    Ses caresses et sa force ne lui autorisent aucune échappatoire. Le sang d’Éva se glace. Elle voudrait plonger dans les prunelles de son homme, qu’il lui dise

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