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Un mal mystérieux frappe un village sibérien.
Température, difficultés à respirer, saignements des yeux. Ces symptômes se sont répandus comme une traînée de poudre parmi les habitants. Face aux menaces de contagion, les autorités locales ont décidé de creuser une tranchée afin de dissuader toute entrée ou sortie du village. Des épidémiologistes sont attendus sur les lieux dans les prochaines heures.
L’information frappe Léo tel un uppercut. Il redoute de savoir. Il reste un long moment immobile à tenter d’évaluer toutes les conséquences de cette nouvelle, quand sa réflexion est interrompue par la sonnerie de son téléphone.
— C’est Marie. On annonce une contamination dans… — Je sais, l’interrompt Léo.
Son ton était un peu brutal. Il s’en veut. Marie est sa muse, celle qu’il aime aussi. Ils se sont rencontrés deux ans plus tôt alors qu’il était étudiant aux Beaux-Arts et qu’elle terminait une thèse en épidémiologie. Un coup de foudre physique, mais aussi intellectuel. Très vite, ils ont jeté des passerelles entre leurs deux mondes, ont partagé leurs rêves. Également leurs craintes de voir l’humanité disparaître sous l’effet du réchauffement climatique. Leur peur que la fonte des terres gelées de Sibérie et d’Alaska libère des bactéries et des virus enfouis depuis des dizaines de milliers d’années, et qui pourraient s’avérer mortels.
— Je ne pensais pas que ça arriverait si vite, dit-elle. — Moi non plus.
— Et c’est pire que ce que je pensais. Tu dois abandonner ton projet.
Léo prend quelques secondes avant de répondre à l’injonction de Marie. Il jette un coup d’œil à son atelier, à toutes ces toiles qu’il a commencé à peindre et pour lesquelles il lui a manqué du souffle pour les terminer. Il ne sait pas s’il les reprendra un jour.
Face à lui, un pan de mur vide. Il ferme les yeux, revoit le tableau qui l’ornait il y a encore quelques heures. Ce n’était pas un simple tableau. Plutôt une œuvre, ou bien un cri. Celui de Marie, auquel il a mêlé le sien. Un cri adressé au monde, pour alerter les consciences et peut-être faire bouger les choses.
— Léo, tu m’entends? Tu DOIS stopper ton projet. Comme il ne répond pas, elle insiste :
— Léo, tu es toujours là? Il faut tout arrêter, c’est trop dangereux.
Sa voix exprime la peur et le doute. Marie ne va pas tarder à comprendre. Alors, il devance ses mots :
— C’est trop tard. Elle est venue chercher le tableau ce matin.
Cette fois, c’est Marie
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