«Gna gna gna, Chânie, quand est-ce que tu te bouges les fesses pour trouver un stage ? Gna gna gna, Chânie, faut te prendre en main. » En cette matinée de janvier 2050, c’est en ruminant les mots de ses parents que la jeune lycéenne pousse rageusement la porte de l’agence « Premier Stage-Taf » de son quartier. « Bon… alors, soupire-t-elle en arrivant face au panneau des petites annonces, il y a quoi aujourd’hui ? Comme d’habitude, celui dédié aux mobilités douces déborde d’offres.
« Voilà qui est plus cool que ce que suggèrent mes parents : “Trouve un stage de vendeuse de voitures” », qu’ils répètent en boucle. Ils sont vraiment à côté de la plaque ! », pense Chânie. À croire qu’ils sont restés bloqués dans le passé. À leur décharge, le monde a bien changé depuis leur époque, dans les années 2020. »
En effet, les rapports des experts du climat étaient de plus en plus alarmants : températures en hausse, écosystèmes en souffrance, intensification des événements climatiques extrêmes… Les pays ont tardé à réagir mais ils ont fini, contre toute attente, par prendre des mesures drastiques pour limiter le réchauffement sous 2 °C. Incroyable mais vrai, la France est parvenue à atteindre la neutralité carbone en 2050 : désormais, le pays émet autant de gaz à (voir p. 21) qu’il en absorbe. Et on ne vit pas si mal, même si le monde n’a pas grand-chose à voir avec celui dépeint dans les vieux films de science-fiction. Ici, pas d’embouteillages de voitures volantes : le moyen de transport star de 2050 est plutôt… ce s’interroge-t-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour mieux voir une annonce collée tout en haut du panneau dédié à l’économie circulaire.