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Les promesses d'un Colibri: Roman
Les promesses d'un Colibri: Roman
Les promesses d'un Colibri: Roman
Livre électronique100 pages1 heure

Les promesses d'un Colibri: Roman

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À propos de ce livre électronique

Dans un village isolé de l'hexagone, l'équipe municipale doit faire face à un événement qui, s'agissant d'un besoin majeur, ne peut rester sans réponse.
Il faudra innover, changer les habitudes, croire au collectif quand la société pousse à l'individualisme... Déjà, une première lettre anonyme tombe sur le bureau du Maire...

À PROPOS DE L'AUTEUR

Claude Marmounier est retraité de l’éducation nationale.Soucieux des enjeux environnementaux qui secouent la planète et interrogent nos sociétés, ses histoires naissent d’événements empruntés à l’actualité et font intervenir des personnages attachants, parfois atypiques que le lecteur pourrait côtoyer dans son quotidien.
LangueFrançais
Date de sortie6 mars 2020
ISBN9791037706997
Les promesses d'un Colibri: Roman

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    Aperçu du livre

    Les promesses d'un Colibri - Claude Marmounier

    Monsieur Jamaistroptard

    C’était aussi improbable qu’une bonne nouvelle au journal télévisé du soir. Au village, en toute honnêteté, personne ne l’avait vu venir. Pas même le maire, pourtant très concerné par le besoin de préserver un cadre de vie agréable à ses administrés… Autant le dire tout de suite, ce village-là avait la fibre écolo et comme l’équipe était à son deuxième mandat, nul doute que les concitoyens appréciaient, dans leur majorité, les projets dans les tuyaux. Important pour la suite… On pourrait penser qu’une municipalité n’a pas à se préoccuper du quotidien d’une entreprise privée. Qu’elle soit gérée par une direction emportée par l’appât du gain ou soucieuse de paix sociale, son avenir ne se joue pas dans la salle de réunion d’un conseil municipal… Et pourtant, c’était le cas ! Il faut dire que si la fermeture d’un magasin ne peut guère être une surprise de nos jours, ses modalités de reprise pouvaient l’être, elles… ! Et, en l’occurrence, elles l’étaient !

    Les voici, annoncées en quelques mots par le maire Gilbert Marcillant lors de la dernière réunion du conseil :

    — Notre Caribou fermera ses portes l’an prochain, j’en suis officiellement informé depuis quelques jours. Malgré la certitude de trouver facilement un repreneur, son propriétaire, souhaite donner la priorité de rachat à notre commune pour prendre la suite, à la condition expresse que tous les produits proposés soient issus d’une agriculture saine, véritablement bio, sans produits chimiques, favorisant les petits producteurs en circuits courts ! Je vous livre ses propres paroles pour mesurer à quel point sa détermination est forte : « La cause première de mortalité est aujourd’hui la mauvaise alimentation ! On marche sur la tête ! »

    On se regarde, sourcils froncés, lèvres dédaigneuses, des index pivotent sur les tempes… « C’est quoi ça encore ? »

    Le Caribou en question, c’est le seul magasin d’alimentation de ce village. Une « moyenne grande surface », disons, pour fixer les idées. Il existe, dans sa forme actuelle, depuis plus de dix ans et son taux de fréquentation est très élevé compte tenu, en premier lieu, de sa situation de monopole, grâce ensuite à son accès facilité par la place centrale, tellement plus simple pour se garer… mais également par la qualité des produits qui y sont proposés : foi d’utilisateurs. Il faut, pour comprendre l’enjeu de cette fermeture annoncée, tenir compte de la situation géographique de ce village-là, perché à six cents mètres d’altitude, accessible par une route sinueuse qui monte tranquillement à l’assaut des premières collines, puis, mêlant brutalement virages en épingle et fortes déclivités, oblige le conducteur à la plus grande prudence. Surtout l’hiver. La ville la plus proche est à vingt kilomètres ! Bonjour l’angoisse pour qui n’est pas motorisé ! Alors, y a-t-il un risque de voir ce magasin fermer définitivement et laisser les habitants à leur triste sort ? Certainement pas ! Simple changement de propriétaire, rien de plus… sûr qu’ils se bousculeront les repreneurs… alors ? Où est le problème ? Bonne question à laquelle une réponse est donnée dès les premières pages du livre que monsieur Adelgrand, le propriétaire du Caribou a écrit et intitulé : « Grande distribution… Grosse aberration ».

    « Je suis né dans un village de campagne, sur les bords de la Saône. La chance m’a été offerte de grandir au contact de la nature et des animaux grâce à mes grands-parents maternels chez qui j’ai passé toutes mes vacances jusqu’à l’adolescence. Je n’ai pas été bon élève, apprendre par cœur m’ennuyait. À travers les grandes fenêtres de la classe, je rêvais, je voyageais en nuages, je volais avec le vent dans les arbres… je n’aimais que la récréation ! Je voulais que la plus belle école, l’école de la Vie, soit la Nature. Mes parents étaient maraîchers et j’ai tout naturellement continué ce métier qui correspondait bien à mes aspirations les plus sincères. Vers la trentaine, par souci de rentabilité, d’appât du gain, j’ai plongé dans la grande distribution. Pendant vingt ans, j’ai couru, cherché, sélectionné, contraint, obligé les producteurs à se plier aux exigences du marché. J’ai attiré, flatté, poussé, ficelé, endormi le client consommateur pour assurer la pérennité de l’entreprise… et j’ai gagné de l’argent. Ce que je souhaitais ! Un peu plus tard, à la suite de quelques déboires cuisants et grâce à quelques lectures heureuses, j’ai réalisé avec quel mépris j’avais piétiné mes aspirations d’adolescent sur fond de réussite sociale… Jacques Brel disait "On passe sa vie à essayer de réaliser les rêves que l’on a faits en étant gamin…" Cette vérité m’a sauté au visage à l’approche de la cinquantaine : en quoi avais-je, ma vie durant, servi cette Nature, fruit de ma passion d’adolescent ? Certainement pas en sélectionnant les produits du Pérou, ni en favorisant des légumes remplis de produits chimiques, non plus en étranglant les petits producteurs avec des prix dérisoires… sans compter le ballet des camions d’approvisionnement ! »

    On devine la prise de conscience, tardive mais solide, qui a alimenté les réflexions de cet homme sincère et sans doute aussi hanté durablement ses nuits. « On ne vient pas au monde écologiste : on le devient ! » Le problème qui se pose donc aux habitants de ce village-là, isolé dans ses hauteurs, ne sera pas de constater le changement mais de le faire vivre en relevant le défi de sa gestation ! Vœu de monsieur Jamaistroptard ! Sinon ? Sinon, il ne vendra pas, le magasin fermera… Peut-être un peu « d’intox » … Non… Allez savoir ? Vu que c’était devenu, pour lui, une question d’éthique !

    À la fin de cette réunion de conseil à marquer d’une pierre blanche, chacun était rentré chez soi avec pour consigne d’y réfléchir, d’en parler, de se documenter, de se projeter dans un an, de rêver… On n’avait pas été élu conseiller municipal pour attendre que les décisions soient prises plus haut, on était acteur de la vie locale. Évident !

    Parmi les conseillers, il y a Maxime Lamoret, cinquante ans, professeur de musique en collège, fier d’appartenir à une équipe où chacun peut s’exprimer, concevoir des projets, apporter dans le domaine qui l’intéresse. Le sujet Caribou lui a tout de suite parlé. Un nom de reprise du magasin résonnait déjà dans sa tête en espoir d’adhésion : Colibri. Beau défi à relever. Original. Mais il était, comme ses camarades, loin d’imaginer les évènements que cela entraînerait dans le village et encore moins qu’il allait falloir, par deux fois, faire une marche d’adieu derrière un corbillard…

    Agroécologie…

    Maxime Lamoret s’apprêtait à sortir de chez lui, quand son voisin se présenta au portail, le doigt sur la sonnette.

    — Oh, Max ! Je voulais te parler, t’as une minute ?

    — Oui, oui ! Pas de problème. Qu’est-ce qui t’amène ?

    — C’est au sujet du Caribou, j’ai eu des échos, c’est une connerie d’acheter ! D’abord, on ne sait pas combien, s’endetter ce n’est pas rien, et pour en faire quoi ? Vous avez déjà décidé ? Vous allez le transformer en logements sociaux à ce qui paraît, faire

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