« Narcos » version française
Exotique, Pablo Escobar, les cartels et les sicarios ? Ce que décrit la série Narcos en Colombie ou au Mexique se passe aussi à notre porte. Et même de plus en plus, puisque la France est considérée comme un eldorado d’avenir par les trafiquants, à l’inverse du marché américain, jugé saturé. Le journaliste et écrivain Frédéric Ploquin, spécialiste des affaires de police, s’est plongé dans cet univers souterrain. Il en a rapporté une radiographie édifiante et des témoignages saisissants, rassemblés dans un livre à paraître mercredi. Extraits.
Comme dans l’économie officielle, on croise sur le marché de la drogue des PME florissantes et d’autres qui tirent la langue, des distributeurs millionnaires et des petites mains qui triment, des ouvriers payés au lance-pierres et des caïds aux poches pleines, sans oublier les derniers venus, toujours les plus mal lotis : les jeunes migrants, corvéables à merci et sans papiers. On « croise » aussi Chris… enfin le mot n’est pas le plus adapté puisque ce jeune garçon joufflu […], encore mineur, est d’un naturel fuyant. Il finit cependant par se présenter au rendez-vous et accepte de dévoiler, dans un débit verbal proche de celui de la mitraillette, des bribes de sa vie au milieu de ces tours et de ces barres qu’il connaît comme sa poche, au cœur de la Seine-Saint-Denis.
LES NARCOS FRANÇAIS BRISENT L’OMERTA FRÉDÉRIC PLOQUIN, ALBIN MICHEL, 352 PAGES, 19,90 EUROS (EN LIBRAIRIES LE 3 FÉVRIER).
S’est-il un jour demandé s’il devait opter pour le trafic ou une autre voie pour gagner sa vie ? S’est-il interrogé sur le fait de basculer du bon ou du mauvais côté du chemin ? « Faut y aller, tranche Chris. On n’a À quel âge a-t-il opté pour le côté obscur ? [en d’autres termes : un braquage]. Dès lors qu’il avait fait ses preuves, il était bon pour le service aux yeux des cadres.
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