Suspicion

20 – RÉSUMÉ : Face à ce père qui lui tombait du ciel, Jenny ne manifesta qu’une indifférence glacée. Elle préférait de beaucoup Herbert et aurait aimé l’avoir comme confident. Plus le temps passait, plus elle était convaincue d’une chose : Elipher avait tué sa mère. Il lui fallait d’urgence se rendre chez Aury MacDonald. Ce dernier ne refuserait pas de l’aider quand elle lui aurait fait part de ses soupçons. Tandis que la maisonnée vaquait à ses occupations, Jenny se rendit chez Aury. Il n’y avait personne. La jeune fille s’enhardit et entra dans la maison. Elle n’entendit pas l’homme arriver et bondir sur elle comme un fauve sur une proie. Après s’être débattue, Jenny s’évanouit. L’homme ne tenait plus entre ses bras qu’une poupée de chiffon. (Voir Veillées n^os 3491 et suivants.)

De ce qu’il venait de faire, il prit seulement conscience quand il entendit dans la cour le bruit d’un moteur, d’une portière qui claquait. Affolé, il rajusta son pantalon, enfila en hâte sa veste en peau de mouton… En quelques enjambées il se perdit dans les bois. Aussitôt il se mit à courir. À cause de la neige, la police allait facilement suivre ses traces, pensait-il à mesure que la conscience prenait le pas sur sa folie.

Il décida donc de brouiller les pistes, de se rendre au village, d’y faire au besoin quelques courses. Ensuite, il n’aurait plus qu’à revenir tranquillement par le bus. Ce serait un excellent alibi. Quand il pensa que Jenny avait vu son visage, il regretta de ne pas l’avoir achevée d’un coup de fusil, comme l’autre. L’autre ? N’était-ce pas la même ? Les images se brouillaient dans sa tête. Le passé et le présent menaient en son esprit une sarabande infernale.

Cependant, il réussit à se contrôler suffisamment pour affronter toutes les personnes qu’il croiserait sans gêne aucune. N’avait-il pas toujours eu le don de dissimuler ses sentiments?

Chapitre 8

commissaire Redgrave avançait à pas lents. Quand l’horrible spectacle apparut à ses yeux, il ne put