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Sept jours dans le temps: Roman
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Livre électronique435 pages6 heures

Sept jours dans le temps: Roman

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À propos de ce livre électronique

À la suite d’une faille temporelle initiée par un savant fou, Enguerrand de Hautecour, sa compagne Patricia et deux de leurs amis se retrouvent prisonniers du temps durant sept jours, en décembre 1811. Faite prisonnière et accusée d’espionnage, l’élue de son cœur, dont la police est convaincue qu’elle veut assassiner l’Empereur, est vouée à une issue fatale. Risquant la mort, mais risquant surtout de manquer la fenêtre temporelle leur permettant de réintégrer leur époque, Enguerrand se lance alors à corps perdu dans une course effrénée contre la montre. Naufragé, en cette époque hostile, il n’a qu’un mince espoir, gagner à sa cause le chef de la Sûreté, le légendaire Vidocq et avec lui, élaborer un plan, afin de noyauter les mouvements royalistes hostiles à Napoléon. Coincé entre les contre-espionnages français et britannique, il va tout mettre en œuvre afin d’innocenter Patricia et regagner son vingtième siècle naissant dans une histoire haletante l’on a le souffle court de la première à la dernière page.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Marseille à la fin des années 60, Nicolas Nasica a baigné durant toute son enfance dans la littérature et le cinéma d’aventures. Inspiré par Bob Morane, Indiana Jones, mais aussi par San Antonio et Michel Audiard, c’est tout naturellement qu’il est devenu archéologue, sans doute avec le secret espoir de vivre des aventures tout droit sorties de l’esprit de Steven Spielberg. Revenu de ses chimères archéologiques, il va retoucher terre durant près de vingt années en se partageant entre le marketing et l’informatique. Insatisfait d’une situation pourtant confortable, il arrête tout pour ses quarante ans et se lance à corps perdu dans l’écriture. Une période qui va être riche en rencontres et dans laquelle il va nouer de vraies belles amitiés parmi les gens de théâtre pour lesquels il écrit et plus tard dans le monde littéraire. Un monde où il va tout naturellement trouver sa voie, point final d’un cheminement artistique pleinement assumé et arrivé à maturité. Après plusieurs ouvrages alternant le polar et le roman d’aventures, il nous livre ici une histoire échevelée. Un récit digne des meilleurs page-turners américains et qui se lit comme on regarde un film. Sans s’arrêter et en faisant courir ses yeux sans trop respirer., 3eme roman,
LangueFrançais
Date de sortie14 avr. 2020
ISBN9782379880056
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    Aperçu du livre

    Sept jours dans le temps - NASICA

    d’Azur

    Chapitre 1

    Tout commença par une nuit de frustration. Par l’une de ces nuits, dont on ressort exténué sans pourtant avoir rien fait…

    « Si tu as peur de perdre, jamais tu ne gagneras ». Cette phrase, Enguerrand l’avait entendue sortir de la bouche de son père, à maintes reprises. D’abord obscure, elle s’était petit à petit révélée à lui et il lui avait fallu plus de deux décennies avant de l’apprivoiser et d’en percevoir toute la portée. Elle était aujourd’hui partie intégrante de son être et lui permettait d’accepter l’échec. Cet échec, dont il était persuadé qu’il était nécessaire à l’homme, même s’il n’était pas agréable. Indispensable à sa progression naturelle, mais surtout salvateur, malgré l’amer goût qu’il pouvait laisser dans un premier temps, l’échec devait permettre à chaque homme sur terre d’emmagasiner de l’expérience, de rebondir et d’y puiser une force suffisante pour repartir de l’avant. Tous les revers n’étaient cependant pas égaux à l’aune du renforcement de soi et le dernier qu’avait subi Enguerrand de Hautecour n’était pas un modèle d’expérience bénéfique. Non seulement il le ressassait depuis des semaines entières, mais cela faisait plusieurs nuits, qu’il venait maintenant le hanter, le privant d’une partie de son sommeil. 

    Pilote de chasse émérite de la guerre de 14 et explorateur africain réputé, il s’était toujours relevé des multiples épreuves auxquelles il avait été confronté. Celle-ci différait cependant des autres. Elle l’avait ébranlé au plus profond de ses croyances et c’était peut-être là pour lui, le plus difficile à digérer. Nuit après nuit, il répétait sans cesse l’échec de sa dernière expédition africaine. Une mission cauchemardesque qui lui avait été confiée par le milliardaire Amaury de Pierrefeu, afin qu’il retrouve son fils, perdu au Soudan. 

    Suivant un timing éprouvé, il ne s’endormait qu’une fois la nuit bien entamée et cette nuit-là ne dérogeait pas à la règle. Absorbé par des scénarios qu’il avait joués et rejoués à maintes reprises et dans lesquels il retrouvait le fils de Pierrefeu, il n’entendit pas les deux coups que frappa l’horloge quelques secondes avant que l’on vienne violemment tambouriner à la porte d’entrée. Allongée à ses côtés, sa compagne sursauta.

    — Tu as entendu ? 

    Enguerrand se fit la réflexion qu’un sourd en aurait ressenti les vibrations. Il marqua un silence de plusieurs secondes et ne répondit pas immédiatement à Patricia. La jeune femme qui partageait sa vie depuis maintenant plusieurs mois était inquiète. Ses nuits n’étaient pas non plus des modèles de sérénité et elle enchaînait les insomnies avec régularité. Elle était cependant le seul élément positif qu’il avait retiré de son expédition soudanaise. Embarquée avec lui dans la recherche du fils perdu, cette Américaine pure crue avait su gagner le cœur de pierre d’Enguerrand. Il se décida à lui répondre. 

    — Faudrait être comateux pour y échapper.

    Au rez-de-chaussée, tandis que personne ne lui avait ouvert, le mystérieux visiteur continuait à frapper la porte en redoublant d’intensité. 

    — Qui ça peut être ? 

    Les mots qu’avait prononcés son compagnon ne l’avaient manifestement pas rassurée et l’on percevait une forte inquiétude à l’intonation de sa voix. La succession de martèlements commençait à irriter Enguerrand.

    – Je n’en sais rien, mais je vais lui passer l’envie de réveiller les honnêtes gens à deux heures du matin !

    La jeune femme savait pertinemment que ni lui ni elle n’avaient été réveillés par les coups sur la porte. L’ironie pointa au travers de son fort accent américain. 

    – Réveiller… Tu ne trouves pas que tu exagères un peu ?

    – Ça, ce n’est pas son problème ! Et qu’est-ce qu’il fait ce Firmin de malheur ?

    S’il était dans le même état d’esprit qu’elle, Patricia songea que leur majordome devait être tétanisé à l’idée d’aller répondre à ces coups dans la nuit.

    – Il est peut-être effrayé, en tous cas moi…

    Tout en enfilant sa robe de chambre, Enguerrand lui expliqua en quelques mots bien sentis, ce qu’il attendait de son employé.

    – S’il n’a pas les nerfs assez solides, il n’a qu’à s’engager dans la maréchaussée. Chez eux, on tire en premier et on a peur ensuite.

    Enguerrand franchit le seuil de leur chambre et commença à descendre les escaliers menant au vestibule, lorsqu’il entendit son majordome ouvrir la porte à l’étage inférieur.

    – Monsieur Charles ? 

    À la voix de Firmin, on ressentait autant d’étonnement que de soulagement. Charles était l’ami intime de son employeur, ce qui ne semblait pas lui conférer aux yeux du majordome, le droit de se présenter à une heure si indue. 

    – Mais qu’est-ce qu’il vous arrive, vous n’avez pas vu l’heure ? Mon maître dort.

    D’un ton impérieux, Charles balaya la remarque. Il était aussi surexcité, qu’un-arrêtable.

    – Je sais parfaitement quelle heure il est, mais il faut que je voie Enguerrand tout de suite ! 

    – Charles ? Mais qu’est-ce qui se passe ?

    Charles regarda son ami par-dessus l’épaule de Firmin. Arrivé au bas des escaliers, Enguerrand avait décidé de prendre les choses en mains et de l’interroger lui-même.

    – Plein aux as à besoin de toi !

    Plein aux as était le surnom affectueux, dont Charles affublait son ancien patron Amaury de Pierrefeu. Ayant été son majordome durant des décennies, il avait été « affranchi », comme il aimait à le dire, à la suite de l’expédition qui donnait des cauchemars à Enguerrand. Pierrefeu lui avait ainsi offert une fortune, en récompense d’une fidélité qui était allée bien au-delà de ce que l’on pouvait attendre d’un simple valet de pied.

    – Et ça ne peut pas attendre ?

    – À l’en croire, les secondes nous sont comptées. Dépêche-toi, je t’attends dans la voiture ! 

    – J’enfile un pantalon et j’arrive !

    En homme d’action qu’il était, Enguerrand ressentait lorsqu’il pouvait perdre du temps et lorsqu’il ne le pouvait pas. Il était manifeste que les palabres seraient pour une autre fois. Il remonta les escaliers quatre à quatre, tandis que Charles ressortait déjà.

    Lorsqu’Enguerrand déboula dans sa chambre, il trouva Patricia qui avait visiblement tout entendu et qui était en train de s’habiller. Surpris, il s’en étonna.

    – Et tu comptes aller où à cette heure-ci ? 

    L’Américaine n’était pas du genre à tourner autour du pot. Elle avait une manière de parler dans laquelle on percevait toute sa volonté. Une intonation qui tranchait avec celle beaucoup plus feutrée de la première femme d’Enguerrand, tragiquement emportée par la maladie. Elle lui répondit du tac au tac. 

    – Au même endroit que toi. Pour une fois que j’ai l’impression qu’on va pouvoir s’amuser…

    – Recouche-toi ! Si ça se trouve, ce n’est rien qu’une…

    – Je suis Américaine, pas une de ces petites Françaises soumises, qui courent les rues !

    – Les Françaises ne sont pas soumises, tu dois confondre avec tes… 

    Enguerrand n’avait rien de Don Quichotte et tenter de faire entendre raison à Patricia revenait à ferrailler contre le vent. Il abdiqua.

    – Bon ça va, mais ne me fais pas perdre de temps !

    – Moi ? Mais je suis déjà prête ! Prends plutôt ça !

    Patricia lui tendit son pistolet automatique, un Ruby qu’Enguerrand avait personnellement fiabilisé à sa convenance. Tout en se saisissant machinalement de son holster, il marqua comme un sentiment de défiance à l’égard de l’arme.

    – Qu’est-ce que tu veux que je fasse de ça ?

    – Prends-la, on ne sait jamais avec ce diable de Pierrefeu. Imprévisible comme il est…

    Enguerrand acquiesça et mit dans sa veste cinq chargeurs supplémentaires. Quitte à emporter son arme, autant avoir de quoi l’alimenter. Il finit alors de s’habiller et suivi de Patricia, gagna la voiture de son ami dans la rue. Charles lança son bolide à vive allure, contraignant ses passagers à s’accrocher aux sangles prévues à cet effet. Entre deux secousses, Enguerrand l’interrogea, afin d’en savoir plus.

    – Dis-moi, tu n’en sais vraiment pas plus que ça ?

    – Je sais qu’il travaille depuis quelques semaines avec une espèce d’illuminé italien, mais sur quoi, il ne m’a rien dit.

    – Un Italien. J’espère que ce n’est pas encore un de ces aventuriers à la mie de pain dont ce pays a le secret.

    – Lemoncini a tout de même donné sa vie pour nous.

    Sonnant tel un reproche, la phrase avait été prononcée par Patricia. Le dénommé Lemoncini avait fait partie de leur échec africain. Enguerrand l’avait longtemps tenu pour un pleutre et son sacrifice n’avait pas suffi à clouer le bec à l’idée reçue qu’il nourrissait à l’égard des Italiens. Il nuança. 

    – Lemoncini était une exception.

    Le silence retomba et tous eurent une pensée pour leur ami décédé, compagnon héroïque qui avait donné sa vie, afin de les sauver lors de leur précédente aventure. 

    Charles conduisait sa voiture avec une grande maestria et sa Citroën avalait les pavés avec un appétit vorace. Bien qu’ils fussent tous brinquebalés au grès des virages et que les pneus crissaient à chacune des attaques, Enguerrand n’éprouvait aucun sentiment d’insécurité. Tout lui semblait parfaitement contrôlé et la technique de pilotage de Charles l’impressionnait.

    – Et dis-moi Charles, cette nouvelle vie ? 

    Sans perdre sa concentration, Charles répondit, en restant bien focalisé sur ses trajectoires.

    – À la vérité pas si différente d’avant, sauf qu’aujourd’hui je n’agis plus par nécessité, mais par amitié !

    Charles était l’ancien majordome du milliardaire Pierrefeu. Il avait été lui aussi de l’expédition soudanaise et même si celle-ci avait été un fiasco, son ancien patron l’avait richement récompensé pour avoir risqué sa vie en plusieurs occasions. Bien qu’il ne fût pas encore milliardaire comme son irascible ancien maître, il était maintenant millionnaire et vivait de ses rentes. Reconnaissant, Charles avait cependant eu du mal à rompre avec ses précédentes habitudes et il avait un temps continué à exercer ses fonctions auprès de Pierrefeu. Vouée d’avance à l’échec, la situation n’avait pas duré très longtemps, tant le rapport de dominant à dominé qu’il y avait entre les deux hommes s’était équilibré. Les deux rentiers avaient maintenant des préoccupations similaires, qui, même si elles différaient par leurs proportions, étaient devenues assez semblables. Aussi bien, Charles en était arrivé à la conclusion évidente qu’il ne pouvait plus faire le larbin, alors qu’il aurait pu s’en payer toute une batterie. Les deux hommes avaient continué à se voir, bien que plus rien ne les y obligeait et leurs rapports s’étaient naturellement transformés en une amitié solide dont l’origine remontait à la déconfiture soudanaise. À l’heure qu’il était et alors qu’il ne se sentait plus du tout redevable de Pierrefeu, Charles s’était fait un point d’honneur d’aider son ancien maître et nouvel ami à retrouver son fils.

    – C’est quand même une drôle d’histoire qui t’est arrivée là ! Passer de majordome à ami intime, tu avoueras que…

    – La vie est parfois facétieuse et sur ce coup-là, je ne vais sûrement pas m’en plaindre.

    Enguerrand songea que bien des hommes auraient apprécié de bénéficier d’une telle manne. Sans doute autant d’ailleurs, que ceux qui se seraient défilés à la première menace. Il regarda la route devant lui et réalisa la vitesse à laquelle ils déboulaient dans les rues de Paris. Cette voiture était très impressionnante. Il en fit le compliment à Charles.

    – En tous cas, elle est chouette ta caisse. 

    – C’est un vrai bolide, figure-toi que j’ai déjà participé à deux courses automobiles avec elle.

    – Des courses automobiles ? 

    – C’est ma nouvelle passion, j’avoue que la mécanique m’a toujours un peu effrayé, mais maintenant que je m’y suis penché, ça n’est plus aussi obscur que ça peut en avoir l’air, vu de l’extérieur.

    – C’est comme tout, dès qu’on est initié… En tous cas, tu manies cet engin comme un chef.

    – Venant d’un pilote comme toi, je prends ça comme un compliment.

    – Tu peux.

    Charles continua à enrouler les virages avec dextérité, puis, dix minutes plus tard, ils arrivèrent enfin. Ayant arrêté sa voiture au beau milieu de la cour sans même se donner la peine de la ranger soigneusement, les trois occupants se ruèrent au-dehors. Partant au pas de course vers une annexe de la propriété, Charles les invita à lui emboîter le pas.

    – Suivez-moi ! 

    – Qu’est-ce qu’il y a là-bas ? 

    Sans se retourner, Charles répondit à Patricia.

    – Son labo, mais je n’en sais pas plus !

    Charles tapa à la porte et quelques secondes plus tard, Pierrefeu apparut. Leur hôte était dans un état d’excitation comme jamais encore Enguerrand ne l’avait vu.

    – Ah ! Mes amis, je ne vous espérais plus, dépêchez-vous, le temps nous est compté.

    Sans attendre de réponse, Pierrefeu les invita à le suivre tandis qu’il se jetait dans les escaliers menant à la cave.

    – Mais où va-t-on ? 

    – Venez ! Je vous expliquerai tout lorsque nous serons en bas !

    Au bas des escaliers, Pierrefeu ouvrit une porte qu’il franchit sans perdre de temps. Suivis de ses invités, ils pénétrèrent tous dans la cave. Une pièce assez grande, à laquelle la lumière artificielle conférait une atmosphère étrange. L’endroit faisait quinze mètres de large sur dix de long et était truffé d’instruments bizarres qui crépitaient dans tous les sens. Au centre, trônait une espèce de compartiment cubique, tout en acier. L’objet qui devait bien faire deux mètres cinquante de côté, était hermétiquement clos et chacune de ses faces était pourvue d’un hublot rond. À sa vue, Enguerrand ne put s’empêcher de questionner le maître des lieux sur sa fonction.

    – Qu’est-ce que c’est ? 

    – Le dottore Federico d’Ambroglio l’a appelée la machina Dell tempo, mais je préfère nommer ça, le véhicule temporel !

    – Le dottore Federico d’Ambro quoi… ? Qui c’est celui-là ?

    – C’est moi ! 

    Avec une voix de stentor, la réponse cingla depuis un pupitre de commande. Dans la pénombre se révéla un petit chauve bedonnant d’environ soixante-dix ans dont le fort accent italien trahissait les origines. Absorbé par sa tâche, il demeura focalisé sur son but. 

    – Il vous reste une fenêtre de trente-huit minutes Signore Pierrefeu. Après, il faudra attendre sept mois. 

    Enguerrand comprenait les mots, mais pas leurs significations. Il répéta ces données sans manifestement les saisir.

    – Sept mois, trente-huit minutes ?

    – Trente-sept le reprit le savant.

    – Mais de quoi on parle ? 

    Pierrefeu comprit qu’il ne pouvait plus faire l’économie d’une explication, s’il voulait obtenir le plein et entier concours d’Enguerrand. Ne sachant pas vraiment par quel bout attaquer son exposé, il grimaça, l’air embarrassé.

    – C’est un peu compliqué. 

    – Dans ce cas, intervint Charles, il me semble qu’il te reste moins de trente-sept minutes pour nous éclairer sur cet engin !

    Pierrefeu prit une grande inspiration et se lança.

    – Lorsque j’ai monté chacune des expéditions qui devaient retrouver la trace de mon fils, je l’ai fait avec l’espoir de le retrouver… Comment dire, de le retrouver mort ou vif.

    L’idée de le découvrir mort faisait partie des hypothèses qu’il n’avait pas évacuées. Il avait cependant honte de l’envisager lorsque d’autres parents l’auraient nié jusqu’à la dernière extrémité. Il reprit mal à l’aise.

    – Ce à quoi j’aspirais, c’était de pouvoir lui donner une sépulture chrétienne. Il m’était insupportable de m’imaginer son corps laissé en pâture à des charognards du bout du monde.

    Percevant le malaise de Pierrefeu, Enguerrand tenta de soulager sa conscience. 

    – Le fait qu’il soit mort a toujours été une hypothèse envisageable.

    – Peut-être, mais aujourd’hui je ne veux plus envisager cette éventualité. Je veux qu’on me rende mon fils. Je veux qu’on me le rende vivant, je veux pouvoir lui dire tout ce que je n’ai pas su lui dire et surtout qu’il n’entende pas ce que j’ai pu lui dire.

    Ces quelques mots étaient inattendus dans la bouche de Pierrefeu. Il y avait là une nouvelle approche qui semblait faire fi de ce que la logique aurait dû commander. Une sorte de refus de l’évidence qui étonna Charles.

    – J’avoue que je ne comprends pas où tu veux en venir… 

    – C’est que vois-tu, les derniers mots que je lui ai dits ne sont pas ceux qu’un père doit dire à son fils.

    – Je me souviens que vous vous êtes quittés sur une engueulade, mais c’est fait et rien ne pourra jamais effacer ça. Je ne vois vraiment pas ce qu’on pourrait y faire.

    Pierrefeu grimaça. Il savait que ce qu’il allait leur dire serait difficile à accepter, mais si eux ne l’aidaient pas, sa nouvelle tentative serait vouée à l’échec. Il se lança.

    – L’idée, ce serait d’arriver quelques jours avant son départ et de le convaincre d’y renoncer.

    Arriver quelques jours avant son départ ! répéta Enguerrand. Dites, la démence vous guette ! J’espère que ce n’est pas pour ça que vous m’avez sorti du lit à deux heures du matin.

    – Non. Il y a quelques mois, j’ai lu un article sur un savant italien qui prétendait être capable de mettre au point une machine qui permettrait de voyager à travers le temps...

    – À travers le temps ? Mais on est en plein délire, là ! 

    Même si la vie l’avait confronté à des situations extraordinaires, tout ce qu’Enguerrand avait croisé jusque là avait eu une explication rationnelle et logique. Il s’adressa à Charles. 

    – Il débloque complètement, faudrait qu’il se repose.

    – Je ne délire pas ! C’est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Le dottore d’Ambroglio prétendait qu’avec les fonds nécessaires, il serait capable d’aboutir.

    – Et ces fonds, vous les avez engloutis dans cette boite. Si ça, ce n’est pas la preuve de quelqu’un qui ne tourne pas rond !

    – Qu’un autre ait du mal à accepter ce genre de concept, je comprendrais, mais pas vous ! Pas avec ce que l’on a vécu vous et moi.

    Pierrefeu faisait référence à leur dernière aventure et à l’époustouflante technologie à laquelle ils avaient tous été confrontés. Enguerrand n’en fut pas pour autant convaincu. Il répondit avec scepticisme.

    – J’ai peur qu’on parle plus ici de magie que de science.

    – Absolument pas ! L’idée c’est que le temps n’est pas unique, mais composé d’une infinie quantité de canaux parallèles où chaque seconde de la création possède son vecteur et où l’on peut sauter de l’un à l’autre aussi sûrement qu’il est possible d’ouvrir et de refermer n’importe quelle porte.

    – Tu prétends que tu t’es laissé convaincre qu’on peut remonter le temps ?

    – Ou le descendre. Oui Charles. Et nous y avons réussi.

    – Non ! 

    – Comment-ça non ? Je sais ce que je dis tout de même.

    Enguerrand ne semblait pas du même avis. Il répéta sa négation avec conviction en pointant le savant italien du doigt.

    – Non ! Il a réussi. Il a réussi à vous en convaincre et à vous étouffer je ne sais trop quelle somme en échange d’une boite en acier !

    Étonnement, Pierrefeu resta calme à cette assertion calomnieuse. Il répondit avec une assurance qui tranchait avec ce qui venait d’être dit.

    – Nous l’avons déjà testée ! 

    — Comment ça, vous l’avez déjà testée ? demanda Patricia qui sortait enfin de son silence.

    – D’abord avec un chien.

    – Un chien ?

    – Oui, nous l’avions mis dans la machine et nous l’avons envoyé un jour plus tard. Puis il est revenu.

    À ces mots, Enguerrand explosa, tant l’énormité de la chose le mettait hors de lui.

    – Il n’est pas plus revenu que vous et moi. La vérité, c’est qu’il n’a jamais quitté la boite votre Médor.

    Avec l’assurance de celui qui sait, Pierrefeu apporta aux sarcasmes d’Enguerrand les éléments permettant de le convaincre.

    – Absolument !

    – Ah !

    – En fait c’est la machine qui a disparu. Elle disparaît tout le long du voyage et tout ce qu’il y a dedans avec.

    Patricia semblait moins hermétique à ce que Pierrefeu exposait. Elle demanda des précisions.

    – Et elle a disparu longtemps ?

    – Pendant dix minutes.

    – Dix minutes, mais vous avez dit un jour ?

    – On l’a envoyé un jour plus tard, mais on l’a fait revenir seulement dix minutes après son départ. On fait ce qu’on veut, c’est nous qui décidons. 

    – Et donc le chien a disparu ?

    – Durant dix minutes, mais ça, nous le savions déjà. En fait, on avait déjà réalisé des tests avec des objets, qui s’étaient tous révélés concluants. La seule chose dont nous n’étions pas sûrs, c’était de pouvoir revenir vivant du voyage.

    Le peu de scepticisme qui habitait Patricia diminuait au fur et à mesure que Pierrefeu abattait ses atouts. Elle continua à l’interroger. 

    – Et le chien est revenu vivant ?

    – Et en pleine forme.

    Enguerrand ne voulait pas partager l’enthousiasme naissant de sa compagne. Tout cela lui apparaissait délirant, même si ce qu’il entendait était troublant. Il essaya de s’extirper du doute qui commençait à poindre en lui.

    – Et c’est le chien qui vous a dit qu’il avait fait un bond dans le temps ?

    – Non, répondit laconiquement Pierrefeu.

    – Alors qu’est-ce qui peut vous assurer que ce clébard a bel et bien voyagé dans le temps ?

    – Le second essai qu’on a fait.

    Enguerrand grimaça. Il était évident que malgré l’heure avancée de la nuit et le mécontentement que cela engendrait chez lui, Pierrefeu n’avait pas perdu la tête. Les éléments qu’il distillait les uns après les autres semblaient jusqu’ici inattaquables. Puisqu’il était ici, autant que ce ne soit pas pour rien. Il l’invita à poursuivre.

    – Un second essai ?

    L’Italien intervint. Il paraissait aux abois et son intonation trahissait toute la fébrilité qui l’animait.

    – Le temps presse Monsieur.

    – Je sais, répondit Pierrefeu avec irritation. Nous avons envoyé un homme.

    – Un homme et pourquoi pas vous ? Vous n’étiez pas sûr de votre coup !

    – Moi mort, qui aurait été sauver mon fils ! 

    Telle une évidence absolue, la réponse était implacable. Pierrefeu était le seul à vouloir récupérer son fils et lui cédé, son projet ne lui aurait pas survécu. Il reprit ses explications.

    – Nous avons préféré choisir un vieillard qui souffrait d’une maladie incurable et nous avons versé à sa famille une forte somme en échange de l’expérience.

    – Vous vous fiez donc aux allégations d’un mourant.

    – À ses affirmations non, aux preuves qu’on lui a remises, oui !

    – Quelles preuves ?

    – Nous l’avons fait avancer d’un jour et récupéré dans la seconde qui a suivi.

    – Voilà une belle preuve ! 

    Ce énième sarcasme ne fit pas dévier Pierrefeu de sa démonstration. Il continua avec sérénité.

    – Nous l’avons donc envoyé vingt-quatre heures plus tard en l’attendant sur place avec un journal du jour que nous lui avons remis en mains propres.

    – Et alors ?

    – Alors, lorsque nous l’avons récupéré, la veille…

    – Il avait le journal du lendemain ! s’emballa Patricia.

    – Précisément.

    Cette fois la démonstration était faite et Enguerrand lui-même ne trouvait plus rien à y redire. Il essaya de regrouper tous les éléments.

    – Attendez, attendez...

    – Y’a rien à attendre mon amour, ils ont réussi.

    – Et le vieillard était toujours vivant ?

    – Pas plus malade en tous cas.

    – Tu as vraiment réussi Amaury 

    – Oui Charles, nous avons réussi ! Le seul problème, c’est que cette machine est soumise aux explosions et aux radiations solaires.

    – Aux radiations ?

    – C’est un concept du dottore, ce serait un peu long, mais tout repose là-dessus…

    – Vous nous expliquerez plus tard. Ce que je ne comprends toujours pas, c’est pourquoi on a si peu de temps ?

    – Ces fameuses radiations influent sur l’environnement temporel et rendent plus ou moins aisé le passage d’un canal temporel à un autre. 

    – Et donc à vous croire, les conditions seraient encore favorables durant une vingtaine de minutes.

    Voyant que tout le monde avait compris son concept, d’Ambroglio apporta une précision.

    – Sinon, il faudra encore attendre sette mesi ! Sept mois ! 

    L’information enfin assimilée, Enguerrand décida qu’elle ne le concernait pas plus que cela.

    – Je vois que vous avez tout prévu, il ne nous reste donc plus qu’à vous souhaiter bon voyage.

    – Qu’à NOUS souhaiter bon voyage.

    – Comment ça NOUS ?

    L’heure était venue pour Pierrefeu d’être confronté à la partie la plus difficile de son plan. Présenter la machine n’avait pas été plus compliqué que ça, mais il lui fallait maintenant décider Enguerrand à le suivre et il redoutait cet instant. 

    – C’est que voyez-vous, les derniers temps que j’ai vécus auprès de mon fils furent un peu tendus.

    – Un peu, ironisa Charles.

    – Ouais enfin bon, ça ne s’est pas très bien passé. C’est pourquoi je me suis dit qu’avec votre aide et l’aura que vous avez auprès de tous ces explorateurs, à vous, il vous écouterait peut-être.

    Enguerrand avait du mal à réaliser tout ce que cette demande entraînerait pour lui dans les minutes qui allaient suivre. Il en bafouilla.

    – Oui, mais… je...

    Il prit alors conscience qu’il prenait des pincettes pour refuser un acte que tout son être repoussait.

    – Oui enfin non… Moi, je ne pars pas dans ce truc !

    Pierrefeu sembla abattu. Comme si l’on venait de lui apporter la dépouille de son fils. Sans aller jusqu’à se mettre à genoux, il employa un ton dans lequel perçait une émotion comme aucune des personnes présentes ne l’aurait cru capable.

    – Ça n’est pas à l’employé, c’est à l’ami que je le demande.

    Enguerrand ne répondit pas. La machine ne lui inspirait vraiment pas confiance et cette urgence dans laquelle il fallait se décider ne le renforçait pas dans son sentiment. Charles rompit le silence.

    – Ben moi, je veux bien venir.

    – Tu veux…

    – Oui, oui, c’est vrai qu’il y a quelque temps, je me serais sans doute éclipsé sans faire de bruit, afin qu’on ne me remarque pas, mais depuis que vous m’avez tous deux initié à l’aventure, j’avoue que...

    Charles marqua un léger silence. Ses yeux brillaient d’excitation. Il semblait comme transcendé et expliqua le profond ressort qui le poussait à participer à cette aventure.

    – Enfin ! Vous ne trouvez pas ça excitant vous ? Être un pionnier…

    – Un pionnier, ironisa Enguerrand. Un pionnier, ça avance, toi tout ce que tu risques de faire, c’est d’être désintégré au moment où il mettra cette machine en marche !

    Patricia décida d’influer sur les événements. Tout comme Charles, elle trouvait cette opportunité irrésistible et voulait en être, afin de rompre avec la monotonie et l’ennui qu’elle vivait depuis leur retour d’expédition. Elle glissa son grain de sable.

    – Sauf que si ça fonctionne, il connaîtra ce que personne avant lui n’a jamais connu.

    – Dis-moi, tu es de quel côté ? 

    Enguerrand se sentait cerné de toutes parts. Même sa Patricia y allait de son couplet. Avec candeur et malice, elle lui répondit de telle manière qu’il se trouve coincé.

    – Toujours du tien mon amour. Sache en tous cas que si tu y vas, j’y vais.

    – Mais vous vous êtes tous donné le mot.

    – Le temps court chéri.

    Enguerrand le savait, tout comme il voyait de plus en plus probable sa participation à cette folie. Il se frotta le front et grimaça. L’idée de voyager dans le temps ne l’emballait pas. Il avait fait face bien des épreuves, mais à chaque fois, il s’agissait de créatures faites de chair et de sang ou d’éléments naturels que les hommes affrontaient avec plus ou moins de réussite depuis la nuit des temps, mais là… Comme pour se rassurer et se donner du baume au cœur, il interrogea Pierrefeu.

    – Et votre vieux grabataire, il est toujours vivant ? 

    Comprenant qu’Enguerrand commençait à se rallier à lui, Pierrefeu acquiesça avec un grand sourire.

    – Toujours.

    – Et on partirait combien de temps ? Enfin je veux dire si on partait.

    – J’ai réglé la durée du voyage sur une semaine, répondit l’Italien.

    – Une semaine...

    Les mots d’Enguerrand résonnaient aux oreilles de ses amis et chacun attendait que les suivants entérinent son accord. Pierrefeu reprit la parole, afin de lui forcer à nouveau la main. 

    – Que je vous explique. La machine fonctionne en courant continu sur des batteries. Elles sont rechargées ici par un système très compliqué qui fonctionne sur le courant alternatif. Leur autonomie est suffisante pour faire un aller-retour, mais pas plus. C’est-à-dire que la machine va nous emporter au moment choisi, qu’elle restera trois minutes et qu’ensuite elle repartira automatiquement vers son point de départ temporel afin de recharger ses batteries dans le but de venir nous reprendre. 

    — Et c’est aussi simple que ça ? demanda Patricia.

    – En fait, il y a quelques petites restrictions. La première, c’est qu’une fois le processus lancé, on ne peut plus l’interrompre. 

    – C’est-à-dire ?

    – Disons qu’on ne peut pas changer les coordonnées temporelles tant que le retour n’a pas été réalisé. L’aller et le retour sont indissociables et on ne peut pas modifier quoi que ce soit entre les deux. 

    Enguerrand commençait à se prendre à l’explication et il résolut d’obtenir une précision.

    – Mais s’il ne nous reste que quelques minutes, comment la machine peut-elle avoir le temps de recharger ses batteries et puis repartir, j’ai du mal à croire que ce puisse être instantané ? 

    D’ambrosio lui répondit.

    – Ça ne l’est pas ! Disons que lorsque je vous donne le délai restant, je garde en réserve les deux heures nécessaires au rechargement des batteries.

    – Vous voulez dire que lorsque vous dites trente-sept minutes, c’est en fait deux heures et trente-sept minutes.

    Pierrefeu reprit la main. Il sentait qu’Enguerrand était en train de les rejoindre et il fallait le décider au plus vite.

    – Exactement ! Malheureusement, le temps presse !

    – Peut-être, mais je veux tout comprendre avant de prendre la moindre décision.

    – Voilà qui est encourageant.

    – Donc lorsque nous serons là-bas, nous disposerons d’une semaine pour tenter de le persuader. 

    – Absolument, mais ce délai n’a rien de figé. Il peut-être d’un jour ou d’une éternité, nous avons simplement décidé qu’une semaine serait un laps de temps assez confortable pour réaliser notre but. Nous arriverons par commodité, à huit heures du matin et serons de retour sept jours plus tard, à trois heures trente du matin, l’heure qu’il est actuellement.

    Enguerrand comprenait la logique de toute cette aventure, mais il ne voyait pas la nécessité de passer autant de temps durant « l’excursion ».

    – Une semaine, ça fait peut-être un peu long.

    – Oui, mais ce sera confortable.

    – Monsieur Pierrefeu, il ne nous reste plus que trois minutes, s’excita l’Italien.

    Trois minutes. Enguerrand ne comprenait pas toute cette urgence. Il avait posé bien des questions, mais finalement pas la plus évidente.

    – Mais pourquoi avoir attendu le dernier moment pour nous l’expliquer ? Pourquoi nous mettre au pied du mur comme ça ?

    Pierrefeu redoutait cette question, car la réponse pointait du doigt le côté balbutiant de sa technologie. Avec un détachement rodé par des années de négociations commerciales, il répondit.

    – On a eu des variations solaires inattendues et il a fallu improviser.

    – Donc votre délai de sept mois...

    – Est théorique, oui. Ce qui ne l’est pas, c’est la fenêtre dont on dispose à l’instant.

    Enguerrand était littéralement submergé par toutes ces informations contradictoires et ne savait plus quoi penser. Pierrefeu le relança.

    – Alors, vous en êtes ou pas ? 

    – Moi, je suis partante.

    « Comme si j’avais besoin de ça » songea Enguerrand. Il regarda Patricia, cette femme dont il était fou amoureux et qui venait à nouveau de le relancer. N’ayant peur de rien à la surface du globe, il n’osait cependant pas imaginer la vie qu’elle lui mènerait s’il refusait. Il grimaça, puis, afin de donner son accord tout en essayant de sauver un minimum d’apparences, il répondit sur le ton de la plaisanterie.

    – Et vous croyez que je vais laisser partir Patricia sans moi.

    – Alors, tout le monde à bord.

    Pierrefeu bondit littéralement sur la machine temporelle et ouvrit une porte au travers de laquelle il s’engouffra. Ses trois compagnons lui emboîtèrent le pas et une fois à l’intérieur, verrouillèrent l’engin. De son côté, d’Ambroglio, qui avait déjà programmé les données temporelles sur le pupitre de pilotage, initia la mise en

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