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Troisième période
Troisième période
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Livre électronique252 pages3 heures

Troisième période

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À propos de ce livre électronique

Charles et Simon ont se retrouvent une nouvelle fois dans la même équipe: les Missiles de Gagarine, l’entraîneur le plus féroce de l’histoire du hockey. Mais s’il y a une personne que Charles craint encore plus que le sorcier russe, c’est bien son frère, qui fait de son mieux pour lui pourrir la vie. Il se met aussi à considérer ce fameux choix qui l’attend à la fin du secondaire: poursuivre ses études ou devenir hockeyeur professionnel ? Bien sûr, pour entrer dans la LNH, il faudrait d’abord qu’il intègre les Midgets AAA l’année suivante. Si seulement les recruteurs pouvaient le remarquer… Mais ce n’est pas le numéro 33 qui semble les intéresser.
LangueFrançais
Date de sortie13 févr. 2020
ISBN9782898035210
Troisième période

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    Aperçu du livre

    Troisième période - Rébecca Mathieu

    jC843/.6—dc23

    Chapitre 1

    La belle et la bête

    Pulvériser son frère à coups d’astéroïdes supersoniques était une manière comme une autre de bien commencer la semaine.

    – Tu vas me le payer cher, microbe ! gronda Simon en tendant brusquement le bras.

    Poussé sur le côté, Charles dut plier les genoux pour conserver son équilibre. Ses réflexes laissaient malheureusement à désirer en plein milieu d’une partie de Massacre dans l’espace III, mais il réussit à rester à la verticale tandis que le personnage de son frère donnait une toute nouvelle définition au mot « horizontal ».

    – Si j’en juge par l’écrapou qu’est ton avatar, je dirais plus que c’est toi qui l’as payé cher, Sim.

    – Je t’emmerde.

    – Joie !

    Simon choisit un autre tableau où les deux frères pourraient s’étamper l’un l’autre sur la surface rocheuse d’une fausse planète. Un éclat de rire dans la pièce voisine fit grincer des dents Charles, mais ce fut Simon qui s’occupa de monter le volume de la télévision. Si les deux frères se disputaient la plupart du temps, ils s’entendaient au moins sur un point : leur père manquait de style.

    Tout avait commencé une semaine après le camp d’entraînement. Daniel avait promis à ses deux fils de leur accorder son samedi après-midi, fait exceptionnel pour un vice-président d’entreprise destiné à être promu. Puisque Simon parlait depuis au moins un siècle et demi d’aller faire du lancer de hache chez Rage, c’était ce qui était prévu. L’opinion de Charles en la matière ne pesait pas bien lourd dans la balance, considérant que Simon était le fils favori, mais la perspective de voir un peu leur père, qui s’était transformé en courant d’air depuis la séparation, lui avait accroché un sourire aux lèvres.

    Puis Lynda était arrivée — littéralement — à l’appartement huppé de Mont-Royal que louait Daniel. C’était une chose de savoir que leur père menait une vie à l’extérieur de la maison familiale ; c’en était une autre de rencontrer sa copine.

    Lynda n’était pas méchante. Elle était même restée plutôt gentille et très polie — même après que Simon ait fait de son mieux pour la mettre mal à l’aise avec ses questions. Charles, pour sa part, avait fait vœu de silence. Lynda avait de longs cheveux blonds et des lunettes, comme leur mère, et le sourire facile, comme leur mère avant son accident au laboratoire. Mais elle avait un énorme défaut : elle n’était pas Anita Voyer.

    Le lancer de hache avait été remplacé par une promenade au mont Royal. Simon avait râlé sans arrêt et avait bien sûr passé toute sa frustration sur Charles. N’ayant ni la taille ni la musculature pour lui tenir tête en dépit d’une récente poussée de croissance, Charles avait pratiqué son jeu de pieds et ses esquives, le tout pendant que leur père et sa copine marchaient main dans la main.

    – Prends ça, mollusque !

    L’avatar de Charles, qui était en fait une espèce d’argonaute robotisé doté de gros yeux gonflables, explosa à la pointe de la lance détenue par l’avatar de Simon, un amas de roc vaguement humanoïde hérissé de pics fluorescents.

    Charles soupira et ôta son casque Oculus pendant que son frère commentait le pointage avec une bonne dose de snobisme. Leur complicité avait été bien réelle quelques années plus tôt, mais parfois, Charles avait l’impression qu’elle n’avait jamais existé.

    – Et… tu t’es encore fait éclater la figure, microbe, conclut Simon.

    Charles balaya l’air de la main et quitta la pièce vers un monde meilleur. Au même moment, son téléphone vibra dans la poche de ses pantalons.

    Léo

    16:10

    Tut souvien kon a not 1er entrainmen csoir ?

    Charles leva les yeux au ciel. D’aussi loin qu’il se souvienne —, et il connaissait Léonard depuis la maternelle —, son meilleur ami avait toujours montré la plus grande indifférence pour l’orthographe. Et les mathématiques. Bref, l’école en général. Guérir de la mononucléose après avoir passé des mois à l’état de pantoufle humaine n’avait malheureusement pas amélioré les choses.

    Charles

    16:10

    Je me souviens surtout que tu m’avais promis de ne plus massacrer tes textos dans l’espace de nos conversations, pour le bien de ton cours de français. Tu veux ton diplôme un jour, non ?

    Charles

    16:11

    Et le premier entraînement des Missiles est demain soir, pas ce soir. Ouvre ton agenda à la bonne page.

    Léo

    16:12

    Il est ouvert devens moi. *Devant. Je te testais.

    Charles

    16:12

    Tu m’en diras tant.

    Léo

    16:12

    Non mè c vrai… mais c’est vrai, espèce de fatigant. On vient à peine de recommencer l’école. Pas besoin de faire un Grand Inquisiteur de toi.

    Charles, qui ne voulait pas sourire alors que son père avait encore une fois manqué à sa promesse de passer du temps avec ses fils, tapa sa réponse en regrettant l’époque où les téléphones avaient des touches physiques permettant de se défouler.

    Charles

    16:13

    J’espère que tu comptes pas quizzer Stevie.

    Léo

    16:13

    Je ferais jamais ça à Stevie, voyons ! Il est assez stressé comme ça.

    Charles

    16:14

    C’est l’euphémisme du siècle. C’est lui qui aurait dû partir en vacances, pas Merlin.

    Léo

    16:14

    Jessy a une mauvaise influence sur toi.

    Charles essaya de s’imaginer passer une soirée seul avec Jessy Berthiaume, l’ancien gardien de leur équipe Bantam A, les Archers. Jessy était… particulier. Il était le bassiste emogothico-savant du groupe Morfil, un amateur de mots complexes (voire désuets) et un coéquipier peu fiable. Charles assistait volontiers à ses shows, car Jessy en jetait sur une scène, mais leurs conversations avaient tendance à se terminer un peu sèchement.

    – Charles ? Viens m’aider avec le souper !

    La voix de son père le fit sursauter. Charles envoya un dernier texto à Léonard, carra les épaules puis sortit de son coin d’ombre dans le corridor. Il n’avait pas très faim, mais quand Daniel Lavoie demandait quelque chose, son plus jeune fils avait intérêt à lui obéir. Par ailleurs, Charles avait beau avoir 14 ans et toutes ses dents, il cherchait encore l’approbation de son père. L’aurait-il ? Ne l’aurait-il pas ? L’approbation de Daniel Lavoie était un peu comme le chat de Schrödinger : on ne pouvait pas savoir si on l’avait tant qu’on n’ouvrait pas la boîte.

    – J’arrive, p’pa !

    Le souper avait été un moment plein de tension. Même si son père leur avait servi autre chose qu’une montagne de verdure, Charles aurait eu un torticolis de l’estomac pendant toute la durée du repas. Si seulement ses parents ne s’étaient pas séparés… Si seulement Simon arrêtait de lui reprocher la séparation… Une chance qu’il y avait Spock.

    – Hé, toi !

    Le chien avait commencé à courir dès que Charles avait tourné la poignée de la porte. Son maître avait à peine eu le temps de se pencher pour délacer ses souliers quand une bombe poilue le salua d’un vol plané maladroit. Attraper la bête n’eut rien d’élégant.

    – Oui, oui, je suis là, bon chien, bravo, non, pas ma face… Attends, pas les griffes… Voilà !

    Charles sourit à l’animal en lui grattant les oreilles. Spock ne devait pas avoir plus de deux ans, mais son âge resterait pour toujours un mystère, puisque Charles l’avait trouvé à moitié enterré dans un banc de neige l’hiver dernier. Spock était vraiment attachant avec ses grands yeux tristes et ses oreilles bondissantes… même si un chien-saucisse, c’était quand même un peu ridicule.

    – T’en fais pas, mon chien, dit-il en terminant d’ôter ses souliers. Il y a personne qui va t’obliger à te faire flatter par une ribambelle d’inconnues.

    Spock se serra encore plus étroitement contre lui, comme s’il pouvait comprendre la menace qu’était Léonard Mackenzie en mode flirt. Depuis le retour des classes, Léonard avait décidé de solidifier sa position de célibataire le plus en vue de l’école grâce à une arme de séduction massive : Spock. Les filles avaient tendance à se pâmer devant l’animal, et donc devant Léonard quand il l’avait dans les bras.

    – T’as faim ? C’est pour ça que t’arrêtes pas de gigoter ? M’man ! dit Charles un peu plus fort. Spock a-tu mangé ?

    Anita apparut dans le corridor. Charles feignit de ne pas remarquer les petites cicatrices partout sur son visage et surtout l’impressionnante ligne rosée qui lui traversait l’œil gauche. Il se doutait bien que sa mère regrettait de ne pas avoir suivi toutes les consignes de sécurité dans le laboratoire.

    – Il a soupé, lui assura-t-elle en repoussant une longue mèche de cheveux blonds derrière son oreille. Ça ne l’a pas empêché d’essayer de sauter dans mon assiette, bien sûr.

    – Bien sûr.

    Ils échangèrent un petit sourire. Charles s’était toujours bien entendu avec sa mère, et pas seulement parce qu’il avait hérité de ses cheveux, de ses yeux et de la forme de son visage ; ils partageaient une passion pour les sciences et, depuis quelques mois, pour un chien-saucisse surexcité.

    – Ton frère…

    – … doit être dehors à parler à ses amis, compléta Charles pour elle.

    Il n’allait quand même pas dire à leur mère que son fils aîné était en train de fumer sa troisième cigarette de la journée. Ou encore qu’il cachait du speed dans sa chambre. Charles était beaucoup de choses, mais « suicidaire » ne figurait pas sur la liste.

    – OK.

    Anita fronça les sourcils, mais n’ajouta rien de plus. Charles la suivit à la cuisine pour l’aider à terminer le pâté chinois, râlant à peine au moment de vider le lave-vaisselle. Spock, en bon chien de poche, montait la garde près de ses pieds.

    – Je peux aller dans ma chambre, maintenant ? demanda Charles en refermant le panneau du lave-vaisselle.

    – Le souper sera prêt bientôt, mais oui, si tu veux.

    – À plus !

    Charles faisait tranquillement l’étoile sur son lit tout en étudiant un match Canadiens-Bostons de la saison passée lorsque Spock se mit à creuser sous les draps tel un mineur à la recherche d’or. Après deux minutes de ce manège, Charles mit le match sur pause.

    – Qu’est-ce que tu veux, toi ?

    En fait, ce que Spock voulait, c’était un jouet couinant tout neuf que Charles ne se rappelait pas avoir mis sous son oreiller. Après avoir passé un moment à étudier la rondelle noire juste assez molle pour qu’un chien puisse y enfoncer les crocs, Charles la lança à l’autre bout de la chambre.

    Spock se rua à sa suite.

    – Eh ben, ça alors…

    Spock était très difficile quand il s’agissait de ses jouets. Jusqu’à présent, il avait dédaigné tout ce qu’Anita lui avait choisi, à l’exception d’une fausse souris qui faisait un vacarme d’enfer. Amusé par le spectacle de son chien qui mordait dans son jouet avec enthousiasme, Charles composa un numéro de mémoire sur son téléphone.

    – On dirait qu’on a une mascotte en devenir, dit-il sans préambule.

    – De ké cé, Charlie ?

    La confusion de Léonard le fit sourire.

    – C’est toi qui as caché le jouet pour chien dans ma chambre ?

    – Ah, la puck.

    Léonard semblait ravi.

    – Je savais qu’il l’adorerait. J’ai déjà demandé à Maciej s’il pensait que son père allait accepter…

    – Léo.

    – … qu’on ait une mascotte à l’aréna… Hein, quoi ?

    – Aux dernières nouvelles, t’es le capitaine des Missiles, non ?

    – Euh… oui ?

    – Et tu prends le hockey au sérieux.

    – Oui, et c’est justement pour ça que je veux m’assurer que mes joueurs sont de bonne humeur.

    – Tant que t’en profites pas pour traîner ton fan club, marmonna Charles, le doute clair dans sa voix. Spock est assez traumatisé comme ça.

    – Jamais j’oserais utiliser ton chien pour ça, fit mine de s’offenser Léonard.

    Sous le bureau, Spock se tortillait dans tous les sens pour reprendre possession de la rondelle molle qui s’était glissée sous le calorifère. Charles essaya de visualiser l’expression de M. Gagarine si l’un de ses joueurs amenait la bête lors du premier entraînement de la saison et hésita entre l’hilarité et la terreur. Ce n’était pas sans raison que le Russe avait le surnom d’un sorcier.

    – CHARLES, À TABLE !

    – Je peux te laisser, Léo ? Je dois aller manger.

    – Va, Charlie. Vide ton assiette et ne pèche plus.

    – Je vais faire de mon mieux.

    Et ce fut ainsi que Charles termina la soirée à déguster des ailes de poulet cuites à point en compagnie d’un Spock obnubilé par son jouet.

    Charles passa la journée du lendemain à se ronger le peu d’ongles qu’il avait. Ni son cours de français ni son cours d’éducation physique n’étaient stressants, mais la perspective de commencer une saison de hockey dans la même équipe que son frère l’enrageait et l’effrayait tout à la fois. Surtout que Derek, alias « le Marteau », était de retour pour enfoncer des clous.

    Il était d’ailleurs tellement préoccupé qu’il ne remarqua pas la Porsche Panamera qui s’arrêta pile devant lui à un centimètre du trottoir.

    – Tu sais que t’as l’air ahuri ?

    Charles ne réagit pas assez vite et reçut un coup de coude dans les côtes de la part de son frère. Serrant les dents, il se pencha pour attraper son sac d’équipement. Au même moment, une fille passa en trombe à côté de lui et l’envoya presque par terre d’un autre coup de coude — accidentel, celui-là. Évidemment, Simon ricana en vrai sadique et ouvrit la portière avant, côté passager, pour prendre la meilleure place.

    Charles hérita de l’arrière, mais au moins, il y serait seul. Il envoya un message à Léonard pour lui faire savoir qu’il avait un lift, puis il écrivit à sa mère, qui devait avoir remarqué son agitation, car elle lui avait envoyé l’équivalent d’une armée d’émojis pour l’encourager.

    – … mais pas comme c’était à l’époque, disait son père au moment où Charles relevait la tête. Les choses changent, Simon.

    – Eh bien, elles changent pas pour le mieux.

    Charles était curieux de savoir de quoi ils parlaient, mais encore plus curieux de la raison derrière ce lift inattendu.

    – Salut, p’pa. T’as terminé plus tôt aujourd’hui ?

    Il vit les mains de son père se crisper sur le volant. Simon, lui, paraissait tout aussi tendu. Comme s’il devait y avoir une limite de stress dans un espace clos, Charles sentit toute la tension quitter son corps.

    – P’pa ?

    – J’ai choisi de finir plus tôt, dit Daniel après un moment de silence pesant. Je voulais passer du temps avec mes gars.

    Ce fut Simon qui exprima tout haut ce que Charles pensait tout bas.

    – Sans ta copine, tu veux dire.

    – Linda… Nous ne sommes plus ensemble.

    – Ah bon, dit Charles, un peu choqué tout de même.

    Il faillit ajouter que leur mère était encore célibataire, elle, mais sa volonté de plaire à son père l’emporta. N’y avait-il pas un proverbe à propos de l’argent du bavardage et de l’or du silence ?

    – C’est le fun que tu sois venu nous chercher.

    Dans le rétroviseur, Simon attrapa son regard et articula le mot « téteux ».

    Charles lui fit la grimace. Évidemment, leur père ne vit que sa réaction à lui et passa les 10 prochaines minutes à lui chauffer les oreilles. Il lança que Charles n’était plus un enfant tout en klaxonnant les voitures avec son enthousiasme habituel. Il n’avait pas été accepté dans les Midgets AA pour passer son temps à faire perdre aux autres le leur.

    Face à l’injustice d’un tel discours, Charles n’eut d’autre choix que de faire la sourde oreille et de remplacer la voix de son père par les applaudissements imaginaires d’une foule scandant son nom. Le meilleur ailier de toute la ligue : Charles ! Charles, Charles, Charles…

    – Charles !

    – Hein, quoi ?

    – On est arrivés, microbe. Bouge tes fesses.

    Dès que Charles posa le pied dans l’aréna, son frère et leur père sur les talons, il sentit la nervosité revenir avec la force d’un raz-de-marée. Une nouvelle saison. De nouveaux matchs. Une nouvelle année à devoir tolérer les piques de son frère pendant qu’il pratiquait son sport favori.

    – Hé ! Mais qui vois-je là ? s’exclama un garçon surexcité aux cheveux noirs tout ébouriffés. Où-je, quoi-je, comment-je, pourquoi-je… ?

    Charles interrompit le flot incompréhensible d’Étienne d’une accolade. Ce n’était pas évident avec deux énormes sacs, deux paires de patins et deux bâtons dans le chemin, mais il trouva un moyen.

    – Toujours aussi stressant que d’habitude, l’Échauffé.

    – Et toi, t’as l’air stressé, mon p’tit Charli-chou !

    Charles fit mine de lui coller une baffe, mais ne put s’empêcher de sourire. Armé de sa bonne humeur perpétuelle, Étienne Godbout, alias « l’Échauffé », était un coéquipier et un ami hors pair… quand il ne lui tapait pas trop sur les nerfs.

    – Juste hâte de commencer, c’est tout.

    – That’s what she said.

    Charles leva les yeux au plafond. Il y avait une gomme rose flash étampée juste à côté des lumières. Et un dessin un peu étrange pouvant représenter un cheval autant qu’un fauteuil roulant poilu. Charles secoua la tête et se remit en marche vers le vestiaire. Simon salua Étienne d’un fist bump puis poursuivit sa route en textant furieusement.

    Charles se retourna vers son père, mais à sa place se tenait une femme et un échantillon de garderie. Déçu, mais déterminé à ne rien laisser paraître, Charles laissa Étienne l’entraîner par le bras. Ils s’étaient vus la journée même à l’école, mais à en croire toutes les histoires que le numéro 42 lui débitait, ils auraient très bien pu ne pas s’être croisés depuis le Big Bang.

    – Hé, Charles !

    Merlin et Laurent avaient parlé en même temps. Ils étaient costauds tous les deux, ce qui était pratique pour un gardien et un ailier, mais là s’arrêtait toute ressemblance physique : le numéro 26 avait de courts cheveux pâles et un air angélique, formant un intéressant contraste avec le numéro

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