Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Deuxième période
Deuxième période
Deuxième période
Livre électronique229 pages3 heures

Deuxième période

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Huit mois après l’accident de leur mère,
Charles et Simon Lavoie ont enfin chacun
leur équipe. Mais ce changement ne marque pas la fin des hostilités, loin de là. Simon continue d’embêter son frère et sombre peu à peu du côté obscur de la force. Charles, lui, ne sait plus où donner de la tête entre les provocations de Simon, la convalescence de sa mère, les problèmes de Steven, la curieuse maladie de Léonard et l’école. Trop, c’est trop ! Heureusement qu’il y a le hockey...
LangueFrançais
Date de sortie8 janv. 2018
ISBN9782897862329
Deuxième période

En savoir plus sur Rébecca Mathieu

Auteurs associés

Lié à Deuxième période

Titres dans cette série (3)

Voir plus

Livres électroniques liés

Pour les enfants pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Deuxième période

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Deuxième période - Rébecca Mathieu

    d’inspiration.

    Le camp d’entraînement n’avait rien d’une promenade de santé. Une semaine s’était écoulée depuis le dernier test, et Charles ne s’en était pas encore remis.

    Il n’était pas paresseux, loin de là. Habitué à se lever au petit matin pendant la saison régulière de hockey, il continuait de débouler du lit autour de sept heures pendant l’été. Le reste de l’année, il étudiait avec discipline et profitait du peu de temps libre entre les entraînements et les matchs pour sortir avec ses amis.

    Il y avait tout de même un univers de différences entre la saison régulière et le camp d’entraînement. D’abord, le camp avait un petit quelque chose de militaire : tous les jours, le joueur qui souhaitait se retrouver dans la meilleure équipe possible se donnait à fond, tel un marathonien qui vise la première place. Même Jessy Berthiaume, dont la passion restait la guitare basse, avait surpris tout le monde par sa présence assidue au cours des deux semaines que durait le camp. Du coup, le gardien des Archers n’avait pas été recalé : il poursuivrait en Midget A.

    Couché en diagonale sur le divan, Charles étudiait une photo sur son téléphone. Il avait enfin réussi à convaincre son père de lui en acheter un nouveau. La générosité des frères de son meilleur ami était appréciée, mais le téléphone dinosaurien que Léonard lui avait refilé faisait pitié. Au moins, son nouveau cellulaire avait un écran suffisamment grand pour montrer tous les visages de l’équipe Bantam AA d’Outremont : les Arquebuses.

    Charles sourit comme un idiot. Il ne l’aurait jamais avoué (même sous la torture d’une plume entre les orteils), mais il avait craint de finir dans une nouvelle équipe sans aucun des Archers. S’il avait su que les seuls à s’en aller seraient son frère, Derek et Jessy…

    Les entraîneurs étaient assez peu nombreux pour qu’Andrei Gagarine, alias le sorcier russe, réussisse à hériter des Arquebuses. Apparemment, il avait passé le mois de juillet à parfaire son français de sorte qu’au camp d’entraînement, Charles avait compris tout ce qui était sorti de sa bouche. Un miracle, selon son fils Maciej, qui avait affirmé au début de la saison dernière que jamais son père ne se donnerait cette peine.

    La nouvelle équipe Bantam AA d’Outremont était ainsi composée de Charles, Étienne, Steven et Maciej à l’attaque, ainsi que Patrick et Léonard à la défense. Charles n’en avait pas cru ses oreilles lorsque son meilleur ami lui avait annoncé qu’ils resteraient dans la même équipe. Pourtant, Léonard était son aîné de presque deux ans ; il aurait dû être muté aux Midgets, avec Simon, Jessy, et Derek.

    Charles n’avait vraiment aucune, mais alors aucune, raison de se plaindre. Il était enfin libéré de son frère et de son boulet d’acolyte. De plus, il allait enfin revoir Léonard qui revenait ce soir de son voyage en Écosse. Sauce au caramel sur le banana split, il restait encore une bonne semaine avant la rentrée des classes.

    Bref, amplement de temps pour convaincre Patrick de se remettre du changement d’entraîneur. Charles avait cru le problème réglé, mais il semblerait que Patrick ait décidé de profiter du reste des vacances pour devenir mélancolique. Tout aurait été tellement pu simple si Charles avait pu régler le problème d’un simple « M. Gagarine est beaucoup mieux pour l’équipe »… 

    L’envie ne le démangea pas moins d’être direct lorsque son cellulaire vibra, signalant un nouveau texto d’Emo Premier.

    Patrick

    16:42

    Charles décida de l’appeler au lieu de lui répondre par écrit. C’était dans son propre intérêt : le nouveau défenseur des Arquebuses était un amateur de textos interminables, ce qui n’était pas le cas de Charles, même avec un cellulaire aux touches acceptables.

    – On avait établi que ton père était devenu entraîneur surtout pour te faire plaisir, non ? dit Charles.

    Patrick se lança dans un long monologue que Charles interrompit d’un bâillement à peine réprimé.

    – Camp d’entraînement, dit-il en guise d’explication.

    – T’es vraiment une chochotte si t’es encore fatigué de ça.

    – T’es quoi d’abord, toi, si tu te plains encore de ce qui s’est passé il y a presque un an ?

    Les insultes n’étaient pas sérieuses ; les deux garçons rirent ensemble. Charles ne se sentait pas aussi proche de Patrick que de Léonard, de Steven, ou même d’Étienne, mais le défenseur lui plaisait bien… quand il ne passait pas son temps à regretter le départ de son père.

    – Pat. Va falloir que tu pardonnes à ton père d’avoir une vie occupée, tu sais. Entre le salon de coiffure et le garage…

    – Mon père a pas de salon de coiffure !

    – Tu comprends c’que j’veux dire. C’est un homme à tout faire, mais il a pas le temps de tout faire.

    – Ouais, ouais, je sais. Ça m’emmerde juste que…

    Et c’est reparti, pensa Charles. Au moins, il aurait bientôt l’excuse de devoir aller manger. Le bruit d’armoires qui s’ouvraient et se refermaient, de même que l’odeur d’oignons grillés en train de se répandre dans la maison, l’informait que le souper serait bientôt servi.

    Charles eut un petit sourire triste. L’accident au laboratoire avait changé beaucoup de choses chez les Lavoie. D’un côté, la perte d’un œil n’empêchait pas Anita Voyer de continuer à travailler en laboratoire, de préparer à manger et d’encourager son plus jeune fils à s’intéresser à la science. D’un autre côté, les migraines et la fatigue chronique avaient transformé la femme souriante et calme en une boule de nerfs presque aussi volatile que Steven.

    Charles laissa Patrick se vider le cœur une énième fois et pensa à son propre père. Depuis l’accident de sa femme, Daniel Lavoie n’était plus le même non plus. Il avait toujours beaucoup travaillé, mais maintenant, ça en devenait ridicule. Après avoir assisté à leur match de fin de saison en juin passé, il n’avait plus montré de signe d’intérêt pour la vie sportive de ses fils… leur vie tout court, en fait. Les deux frères avaient dû se quêter lift par-dessus lift pour aller à leurs entraînements et en revenir. À vrai dire, Charles n’était même plus sûr que son père se souvienne que son plus jeune fils faisait maintenant partie d’une équipe

    Bantam AA.

    –… alors, je vois vraiment pas pourquoi il avait besoin de quitter son poste d’entraîneur, conclut Patrick. Surtout que Gargamel aussi a un fils dans l’équipe, même si j’arrive toujours pas à prononcer son nom.

    – Maciej. Ma-tchik.

    – Oui, oui, peu importe.

    – On en a déjà parlé, Pat. Les Russes sont particulièrement badass et M. Gagarine a sûrement pas de vie en dehors du hockey.

    « Et de la mafia russe », ajouta Charles pour lui-même. Avec ses traits coupés au couteau et sa large mâchoire carrée, Andrei Gagarine lui avait toujours fait l’effet d’un mercenaire en manque de victimes.

    Patrick émit un vague bruit d’assentiment. Charles entendit la voix de M. Adam, le père de Patrick et l’ancien entraîneur des Archers.

    – Faut que j’y aille.

    – J’vais devoir aller aider ma mère pour le souper, de toute manière, répondit Charles. On se voit à la fête de Léonard ?

    Il raccrocha avant que Patrick ne puisse se plaindre du choix de lieu du party. Personnellement, Charles avait plutôt hâte à la semaine prochaine.

    Le garçon se leva à contrecœur du divan et se dirigea vers la cuisine. Il y eut un bruit soudain, semblable à une avalanche, dans les escaliers. Charles se tourna à temps pour voir son frère Simon descendre les marches quatre à quatre.

    – T’es pressé ?

    Simon ne répondit pas et reproduisit l’effet d’une avalanche jusqu’au sous-sol. Il allait sans doute jouer à leur unique jeu de réalité virtuelle, Massacre dans l’espace. Derek, l’armoire à glace qui lui servait de meilleur ami, lui avait sans doute donné rendez-vous en ligne.

    – Charles ?

    Le garçon se dépêcha de rejoindre sa mère dans la cuisine. Il n’aimait pas la faire attendre depuis sa visite à l’hôpital.

    Et si elle l’appelait parce qu’elle avait eu un malaise ?

    – Oui, m’man ?

    Anita Voyer repoussa une mèche rebelle derrière son oreille et ôta ses lunettes pleines de buée pour les essuyer sur son chandail. Ses cheveux, fins et blonds, lui arrivaient au milieu du dos. Charles avait les mêmes en plus courts. Leur père, lui, préférait conserver tout au plus un pouce de cheveux noirs. Simon, bien sûr, s’efforçait depuis des années de conserver cette coupe pour mieux lui ressembler. Un vrai « fils à papa ».

    – Tu veux bien me couper les oignons ? Ça me fait toujours pleurer.

    Charles se mit au travail. Il y avait quelque chose de fascinant (et de satisfaisant) à être la seule personne dans la maison à pouvoir couper des oignons sans verser de larmes. Même son père pleurait à la vue de ces petites choses pleines de couches minces. Charles trouvait les oignons encore plus intéressants depuis que sa mère lui avait montré à quoi ils ressemblaient à l’échelle microscopique.

    – P’pa devrait rentrer bientôt, non ?

    – Autour de 18 h, oui.

    – Il est souvent parti en voyage d’affaires, non ?

    Sa mère ne répondit pas immédiatement. Comme elle était occupée à assembler les ingrédients pour le repas sur le comptoir, Charles n’y vit rien de suspicieux. Et puis, il devait se concentrer sur ses oignons s’il ne voulait pas y laisser un doigt ; les couteaux étaient très coupants ici.

    – C’est assez exigeant, vice-président d’une compagnie, dit enfin sa mère.

    – Autant qu’être pro au hockey ?

    Sa mère laissa échapper un petit rire.

    – Ton frère et toi êtes vraiment décidés, alors ?

    Ils passèrent le reste de l’heure à parler de la saison dernière. Bien que leur mère ait déjà entendu la version courte et la version longue de leurs matchs, Charles lui rappela les meilleurs moments. Il gardait un souvenir plutôt heureux de leur dernier match contre les Étoiles. Les Archers avaient perdu ce match, mais étant donné la force de leurs adversaires, le pointage final de 3-4 prouvait que Gargamel savait ce qu’il faisait.

    – Je crois que vous avez de la chance de le garder comme entraîneur, Léo et toi. Il est assez strict, mais je pense qu’il sait où il s’en va.

    En entendant cette phrase, Charles fit un drôle de bruit de nez. Et pour cause. Anita avait rencontré Andrei Gagarine à la fin de la saison, et tout le monde avait sifflé lorsque l’imposant personnage s’était penché pour lui baiser la main. Jessy avait prétendu que c’était parce que sa mère avait les yeux bleus et les cheveux blonds des Européennes de l’Est.

    Charles était en train de considérer une razzia des armoires, torturé qu’il était par le fumet délicieux des côtes levées, lorsque Daniel Lavoie fit son entrée une demi-heure en retard, Simon sur les talons. Son frère avait un véritable don pour entendre le bruit des assiettes posées sur la table.

    – Attendez votre père, les garçons !

    Charles était déjà en train de se brûler les doigts sur la viande. Il prit son verre d’eau et le vida pour se distraire. Quand leur père prit (finalement) place à table, le garçon se jeta sur son assiette comme s’il n’avait pas mangé depuis une semaine.

    – J’espère que t’as pas profité de mon absence pour donner des sucreries aux enfants, dit Daniel entre deux bouchées.

    – Bien sûr que non.

    Charles adorait son père, mais l’espèce de régime draconien auquel il soumettait ses deux fils pour la bonne et simple raison qu’« un sportif mangeait bien » lui restait en travers de la gorge. Surtout que leur régime semblait être le seul aspect de leur vie sportive qui l’intéressait encore.

    – Dis, p’pa, je peux aller chez Léo à soir ?

    – Tu devrais peut-être lui laisser le temps de revenir de voyage, mon chéri.

    Charles fit les gros yeux à sa mère.

    – Je lui laisse le temps. Il est revenu il y a quinze minutes. Et puis, il m’a dit qu’il voulait me voir dès son retour. On veut pas perdre la forme, et Steven et Étienne devraient nous rejoindre pour…

    – Amuse-toi bien alors, mon grand.

    Charles ne se leva pas immédiatement, comme en transe devant la mare de sauce barbecue dans son assiette. Quelques petites cuillerées de plus ? Oh, et puis, il pourrait toujours manger plus chez Mme Mackenzie.

    Léonard lui avait vraiment demandé de le rejoindre le plus vite possible. Après 20 minutes d’autobus et 10 minutes de marche, Charles aperçut Étienne, Léonard et Steven déjà en action dans la rue. Des buts avaient été disposés de part et d’autre de la rue, et les trois garçons se contournaient les uns les autres pour tirer au filet.

    – Hé, c’est Charli-chou !

    Avec un sourire aussi large que les anneaux de Saturne, Étienne positionna la lame de son bâton juste en dessous de la balle et la souleva doucement dans les airs. Charles l’attrapa de la main gauche et la lança à Steven, qui rigolait près d’un but. Charli-chou. Quel surnom horrible ! Il n’y avait qu’Étienne pour insister.

    – J’suis pas encore prêt, j’te signale.

    – Faut être tout le temps prêt ! répliqua l’autre.

    Étienne Godbout n’était pas surnommé « l’Échauffé » pour rien : dans un perpétuel état d’excitation qui aurait fait honte à la population des garderies, Étienne ne savait que crier et sauter ; bref, être le plus vivant (et parfois dérangeant) possible. Sa passion bien connue pour les piments forts, qu’il collectionnait avec avidité, ne le calmait en rien… pas plus qu’un père porté sur les armes et la boxe en liberté conditionnelle.

    – Content de te voir, espèce d’énervé. C’était bien, la Floride ?

    – Beaucoup de crocros, et une couple d’ouragans.

    Charles repoussa Étienne, qui avait entrepris d’imiter un crocodile en train de tournoyer dans une tempête. Avisant l’air exaspéré de son meilleur ami, Léonard tapota l’épaule de l’imitateur.

    – T’es plutôt pâle pour quelqu’un qui revient de voyage, dis donc.

    – L’Écosse, c’est pas la Floride, tu sais.

    Les taches de rousseur étaient toujours aussi rares sur le visage de Léonard. Le plus jeune du clan Mackenzie avait toujours eu le teint pâle, mais cette lividité rappelait plutôt la maladie.

    – T’es sûr que ça va ? Ah oui, c’est vrai que t’aimes pas l’avion.

    – T’as tout compris, Charlie.

    – Bon, on joue ? intervint Étienne en bondissant. Change de souliers, Charli-chou.

    Le garçon leva les yeux au ciel pendant qu’Étienne se remettait à courir comme un perdu… un perdu qui n’avait pas tort, dût-il admettre en avisant ses souliers de ville. Il se dépêcha de changer de souliers, puis s’empara de son bâton.

    Steven se dirigeait dans sa direction, probablement pour ne pas terminer comme cible du boulet de canon qu’était leur ami.

    Charles tapa le bout de son bâton contre le sien.

    – Eh toi, j’ai appris que t’avais de la famille en ville ?

    – Des cousins, dit Steven en haussant les épaules.

    Charles plissa les yeux ; ça, c’était Steven qui faisait semblant d’être indifférent. En règle générale, l’autre ailier n’était pas très doué pour dissimuler ses émotions. Il avait d’ailleurs un bracelet antistress au poignet. Sa situation était similaire à celle d’Étienne : il avait hérité de mauvais parents (et les garçons évitaient le sujet).

    – Sérieux, on devrait se réunir ici plus souvent. T’es ben trop maigre, Sauvé.

    Tout le monde regarda Étienne.

    – Parce que toi t’es gros peut-être ?

    – Qui est gros ?

    – Si t’es pour te prendre pour Obélix, dit Léonard en déposant son bâton, on est aussi

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1