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Planches d'enfer 2 : Samuel : 360°
Planches d'enfer 2 : Samuel : 360°
Planches d'enfer 2 : Samuel : 360°
Livre électronique260 pages3 heures

Planches d'enfer 2 : Samuel : 360°

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À propos de ce livre électronique

À l’école des Cascades, l’année scolaire est déjà bien entamée. Annabelle réussit enfin à y trouver sa place. Entre ses nouveaux amis, la planche et la préparation de la compétition « Planches d’enfer », elle n’a pas le temps de s’ennuyer. Il s’en est d’ailleurs fallu de peu pour que la compétition soit annulée, mais ça y est, les équipes vont se former en prévision de la première épreuve de slopestyle en snowboard qui approche à la vitesse grand V. La nervosité de Sam atteint des proportions démesurées. Il faut dire qu’avec une fille à impressionner, il a gros à jouer! Du côté de Fabrice, pourtant, la confiance règne. La compétition promet toutefois d’être serrée, d’autant plus qu’une foule de petits incidents viendront perturber les participants…
LangueFrançais
Date de sortie27 mars 2012
ISBN9782895495130
Planches d'enfer 2 : Samuel : 360°
Auteur

Chloé Varin

Chloé Varin est connue des jeunes pour sa série Planches d’enfer (Les Intouchables) ainsi que pour ses romans Casting (Les éditions de la Bagnole) et Les ensorceleuses (Michel Lafon). Détentrice d’un DEC en Art dramatique et d’un bac ès arts (Création littéraire, communication, scénarisation cinématographique), elle se consacre désormais à l’écriture. Originaire de Laval, elle vit à Montréal.

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    Aperçu du livre

    Planches d'enfer 2 - Chloé Varin

    2. Samuel : 360˚

    Chloé Varin

    512, boul. Saint-Joseph Est, app. 1

    Montréal (Québec)

    H2J 1J9

    Téléphone : 514 526-0770

    Télécopieur : 514 529-7780

    www.lesintouchables.com

    Conception du logo : Marie Leviel

    Mise en pages : Virginie Goussu

    Illustration de la couverture : Josée Tellier

    Direction éditoriale : Érika Fixot

    Révision : Chantale Bordeleau, Patricia Juste Amédée

    Correction : Élaine Parisien

    Pour toute question technique au sujet de ce ePub : Studio C1C4

    Photographie : Mathieu Lacasse

    Les Éditions des Intouchables bénéficient du soutien financier du gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC et sont inscrites au Programme de subvention globale du Conseil des Arts du Canada.

    Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.

    © Les Éditions des Intouchables, Chloé Varin, 2012

    Tous droits réservés pour tous pays

    Dépôt légal : 2012

    Bibliothèque et Archives nationales du Québec

    Bibliothèque nationale du Canada

    ISBN : 978-2-89549-513-0

    D’après une idée de Michel Brûlé

    Chloé Varin

    Dans la même série

    Planches d’enfer, Annabelle : 180˚, roman jeunesse, 2012.

    Chez d’autres éditeurs

    Par hasard… rue Saint-Denis, roman, Éditions Stanké, 2008.

    « Quand il neige à plein temps,

     c’est comme du silence qui tombe. »

    – Félix Leclerc (1914-1988)

    Mot de l'auteure

    En acceptant d’écrire une série jeunesse sur la planche, j’ai spontanément choisi de mettre de l’avant la station touristique Val Saint-Côme, ma famille y possédant un chalet depuis près de quinze ans. Pourtant, pour être franche avec vous, lorsque j’étais adolescente, je considérais mes visites dans la région de Lanaudière comme de la pure torture (en famille dans le « fin fond des bois », sans amis et sans télé : quelle horreur !).

    Avec les années et… avec un peu plus de maturité, j’ai appris à apprécier pleinement les richesses de cette magnifique région du Québec dont on entend, selon moi, trop peu parler. Grâce à ses nombreux sentiers de randonnée, à ses montagnes et à ses innombrables lacs enchanteurs, Lanaudière m’apparaissait donc comme la toile de fond idéale pour une série axée sur les sports de glisse et de plein air !

    Bref, dès les premiers balbutiements de mon projet, j’avais déjà quelques images bien précises en tête : une station d’hiver, un restaurant, un lac, un village… Mais encore me fallait-il une école, une maison, un skatepark — et quoi d’autres encore ? — pour donner vie à mes personnages et pour camper tous les autres décors de mon histoire. Par souci de liberté, j’ai choisi d’intégrer à mon récit quelques lieux fictifs, comme l’École secondaire des Cascades ou encore l’École Félix-Léclair, respectivement inspirées de l’École secondaire des Chutes de Rawdon et de l’École Félix-Leclerc de Repentigny. Je reconnais également m’être fortement inspirée du planchiste Sébastien Toutant, alias Seb Toots, pour le personnage de Zachary Boutin, alias Zac Boots. Ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres.

    Je terminerai en avouant qu’il est difficile d’échapper à l’anglais lorsqu’on traite de sports comme le skate et le snow, à moins de renoncer, en quelque sorte, à la crédibilité et à l’authenticité du sujet ! J’ai donc trouvé un compromis : me permettre quelques petits anglicismes par-ci, quelques termes techniques par-là, à condition de vous fournir un lexique pour traduire et vulgariser certaines expressions plus… nébuleuses, disons !

    Ainsi, chaque fois que vous apercevrez un mot marqué d'un astérisque*, vous saurez qu’une définition vous attend à la toute fin de ce roman, dans la section « Jargon du planchiste ».

    Bonne lecture !

    Chloé 

    1

    Sam se sent comme un petit poulet coincé dans un broyeur à déchets.

    Depuis trois jours, son corps le fait souffrir de la tête aux pieds. Il n’est pas d’humeur à plaisanter, mais le moindre mouvement lui arrache une grimace. L’adolescent de treize ans se découvre de nouveaux muscles insoupçonnés à tout moment. Il lui suffit de bouger, de rire, ou tout simplement de respirer pour qu’une douleur cuisante lui transperce les poumons en lui rappelant sa côte fêlée.

    « Ayoye… », gémit-il en étirant péniblement le bras pour attraper la télécommande posée sur sa table de chevet.

    Si ce n’était que de la douleur, dont il se passerait volontiers, Samuel Blondin pourrait tout de même fonctionner… disons « normalement »… en société. Mais la vérité, c’est que depuis son accident de vélo de samedi, suivi de sa violente bagarre avec Ludo et Landry¹, Sam fait peur à voir. Tellement peur, en fait, qu’il préfère éviter de se montrer en public avec son look de zombie fraîchement déterré.

    Des éraflures recouvertes de sang coagulé parsèment ses avant-bras et ses poignets, son visage est tuméfié d’ecchymoses qui vont du vert au jaune en passant par le violet, et sa lèvre fendue et enflée se remet à saigner chaque fois qu’il daigne parler.

    Bref, Sam ressemble étrangement à la toile d’un peintre abstrait. Ou d’un artiste très, très distrait.

    Il doit tout de même reconnaître que se faire tabasser par les deux plus grandes brutes de la région comporte certains avantages, tel celui — non négligeable — de pouvoir rater l’école afin de rester au lit ! Pour la première fois de sa vie, le petit frisé n’a pas eu besoin de jouer la comédie pour attendrir le cœur de pierre de son père ; les séquelles physiques de ses dernières mésaventures à la station Val Saint-Côme lui fournissent un argument béton pour rester dans le confort de sa maison.

    N’empêche que Samuel est déçu. À défaut de pouvoir skater, il avait prévu de passer la totalité de sa journée emmitouflé dans ses couvertures à regarder la télévision. Ce qu’il n’avait pas prévu, en revanche, c’est qu’en dehors des heures de grande écoute, la programmation serait d’un ennui mortel : publicités de balai attrape-poussière et de purificateur d’air à senteur printanière (même en automne !), émissions culinaires animées par de vieilles mémères, téléjournal diffusant en boucle des images de tristesse et de misère… Beurk ! Une journée complète à gâcher sur les ondes de Télé-Poubelle !

    Le jeune blessé se console en se disant qu’il préfère néanmoins s’ennuyer devant une boîte à images déprimantes plutôt que de s’ennuyer en classe devant un moulin à paroles endormantes. Ses profs ne risquent certainement pas de lui manquer, et c’est réciproque. Après tout, les enseignants ne pourront que se réjouir de l’absence de ce bouffon qui trouble toujours leur tranquillité. Autrement dit, cet arrangement fait le bonheur de tout le monde !

    Ou presque.

    Son réveille-matin Homer Simpson indique 7 h 26, ce qui lui arrache un soupir résigné. Trop tard pour se rendormir ; Sam est déjà parfaitement éveillé. Inutile d’aller flâner sur Internet : il est trop tôt pour que les vidéos du jour soient disponibles sur Hellaclips, son site de skate* préféré, et il est peu probable que ses amis soient connectés.

    D’ailleurs, s’il n’avait pas été victime de Ludo-le-bourreau, Sam s’apprêterait normalement à quitter la maison pour rejoindre le petit frère de celui-ci, qui est aussi son meilleur ami. Loïc Blouin-Delorme — que ses camarades surnomment BD en référence à ses initiales et à sa passion dévorante pour la bande dessinée — doit justement commencer à s’impatienter et à s’inquiéter de ne pas le voir arriver à l’arrêt d’autobus. Connaissant sa timidité excessive, Samuel songe qu’il s’est peut-être même planqué quelque part pour l’attendre, espérant ainsi développer des pouvoirs d’invisibilité et passer inaperçu aux yeux de Marion-la-sangsue.

    Pouhahaha ! Imaginer son meilleur ami dans une telle posture le fait éclater de rire à coup sûr. Sauf que…

    « Ouch ! » laisse échapper Sam lorsque la douleur éclate dans sa cage thoracique. Ça lui apprendra à se moquer de son plus fidèle allié !

    Un bruit familier lui fait instantanément oublier son malaise : deux petits coups rapides suivis d’un dernier cognement, plus timide.

    TOC, TOC… Toc.

    Il y a quelqu’un à…

    — La pooooorte² !

    Sam tend l’oreille, mais il ne récolte que le silence ambiant en guise de réponse. Pourtant, malgré l’absence de ses parents, il sait pertinemment qu’il n’est pas seul à la maison, parce que :

    – sa mère n’accepterait JAMAIS de le laisser sans aucune surveillance, de peur qu’il se noie dans son bol de céréales ou qu’il incendie « accidentellement » ses beaux rideaux de salon (Louise ne semble pas réaliser qu’à treize ans, Sam n’est plus un bébé ; maintenant, il utilise des ustensiles pour déjeuner et il a compris qu’il vaut mieux allumer ses pétards à mèche en plein air…) ;

    – depuis qu’il fait son cégep à distance, son grand frère ne sort pratiquement jamais de sa tanière, sauf pour rencontrer sa gentille et jolie physiothérapeute tous les jeudis après-midi ou pour assister aux joutes collégiales d’improvisation chaque vendredi soir ;

    – nous sommes mardi, aux aurores, et tout porte à croire que son aîné dort encore.

    Sam l’interpelle en doublant cette fois les décibels pour s’assurer de réveiller l’ours qui hiberne dans la chambre voisine :

    — CHRIS, ÇA COGNE À LA PORTE. VA OUVRIR !

    Parenthèse : son aîné s’appelle Christophe, et non Chris, mais Sam adore abuser de ce diminutif. Selon lui, ce surnom aux allures de juron fait bien plus d’effet que n’importe quel autre nom… Selon ses parents, en revanche, ce sobriquet dénote un flagrant manque de savoir-vivre et de tact. Pff ! Quand ils ont le dos tourné ou qu’ils sont partis travailler, comme en ce moment, Samuel en profite pour laisser libre cours à ses petits caprices. Fermeture de la parenthèse.

    Un grognement de l’autre côté de la cloison l’informe que son frère est en voie de se réveiller. D’une voix d’outre-tombe, aussi endormie qu’enrouée, Christophe proteste en des termes que seule une oreille experte saurait décoder. Sam l’interprète ainsi : « C’est pas pour moi ; j’attends personne », ce à quoi il répond du tac au tac :

    — Moi non plus !

    — Dan’ka randotwa pilessmwa trankil…

    Traduction libre : « Dans ce cas, rendors-toi et laisse-moi tranquille ! »

    Le ton est peut-être bête, mais l’idée, elle, ne l’est pas ! Sam se dit que, de toute façon, il s’agit sans doute de Jérémie, le petit camelot venu récupérer le maigre pourboire de ses livraisons de journaux. En temps normal, Samuel se serait fait un plaisir d’aller ouvrir la porte pour l’effrayer avec sa mine de déterré. Mais, aujourd’hui, il n’en a pas la force. La motivation lui fait affreusement défaut. C’est pourquoi il décide plutôt de suivre les conseils avisés de son aîné en se laissant retomber dans les bras de Morphée.

    Sans même prendre le temps d’éteindre la télévision, Sam ferme les yeux en attendant que le sommeil le rattrape. Dans sa petite tête, les images de la fin de semaine défilent comme un film d’action bourré de testostérone et d’explosions : la chute en vélo, la bagarre, la visite à l’infirmerie suivie de sa première balade en ambulance… Puis, sans crier gare, un visage vient se superposer aux autres images : celui de la belle Annabelle, penchée au-dessus de sa civière, la mine soucieuse, avec ses mini-rastas façon Shakira et ses jolies pommettes rougies par le vent.

    Sam rougit en retour. Un sourire niais s’imprime sur ses lèvres entrouvertes, tandis qu’un mince filet de salive se répand sur sa taie d’oreiller. En moins de temps qu’il n’en faut pour crier « dodo », Sam dort comme un gros bébé.

    2

    Samuel n’aurait pas hésité une seconde à entrer sans frapper. Mais Loïc Blouin-Delorme est justement tout l’opposé de son meilleur ami. Ils sont comme le jour et la nuit ; le blanc et le noir ; l’hiver et l’été ; le yin et le yang ; le ding et le dong… Enfin, on comprend le principe ! Tout ça pour dire que, contrairement à Sam, BD est trop bien élevé pour s’introduire chez les gens sans cogner.

    Il se tient droit comme un piquet en scrutant la lourde porte de chêne dans l’attente d’une réponse qui ne vient pas. À moins que… Non, fausse alerte.

    Les secondes s’écoulent sans que personne ne vienne lui ouvrir.

    Loïc repart, bredouille, en traînant les pieds dans les feuilles mortes qui recouvrent l’allée. Il est déçu, lui qui espérait avoir des nouvelles du petit frisé pour faire taire les angoisses de Xavier. En tant qu’éternel anxieux, ce dernier, dit « le Roux », leur a tellement rebattu les oreilles sur les dangers des commotions cérébrales que Loïc en est lui-même venu à s’inquiéter pour son meilleur ami !

    BD enfonce sa tuque sur ses oreilles en réprimant un frisson. Cela ne fait aucun doute, l’automne s’est bel et bien installé sur la région de Lanaudière avec la ferme intention d’y rester. Tout autour de lui, des feuilles jaunes, rouges et orangées virevoltent gaiement sous l’effet du vent. Une bourrasque glaciale l’entraîne vers la rue, comme pour l’encourager à avancer.

    Il va attendre l’autobus à l’arrêt de Sam, en solitaire. Ça tombe bien, Loïc n’a aucune envie de se retrouver en compagnie de son tortionnaire de frère, parce qu’il lui donne des ulcères… et encore moins en compagnie de Marion, parce que cette petite chipie lui colle toujours aux talons chaque fois que Chanel, sa fausse sœur siamoise, n’est pas dans les parages !

    BD consulte sa montre Tintin d’un geste impatient. 7 h 31. L’autobus ne saurait tarder ; il est généralement réglé comme une montre suisse. L’horaire de son itinéraire est toujours respecté à la minute près. Comme de fait, l’adolescent voit l’imposant véhicule tourner le coin de la rue, puis rouler à sa rencontre.

    Les yeux couleur noisette de Loïc se posent une dernière fois sur la maisonnette de Sam dans l’espoir d’apercevoir la frimousse haïssable de son « vieil » ami à travers la fenêtre de sa chambre.

    Toujours rien.

    « Bah ! dans le fond, c’est pas si bizarre que ça. Il était pas mal amoché. Il en profite sûrement pour se reposer pis faire la grasse matinée… »

    Sam se fait incroyablement discret depuis l’incident de samedi. Trois longues journées sans donner signe de vie… Même si Loïc est trop orgueilleux pour l’admettre, cette situation commence à lui sembler plutôt suspecte. Après tout, Samuel Blondin et lui sont inséparables depuis la maternelle, et rien ne les a jamais tenus à distance, pas même la varicelle !

    L’adolescent espère seulement que son meilleur ami ne cherche pas à prendre ses distances avec lui à cause de ce qu’a fait son frère…

    BD se résout enfin à grimper dans l’autobus scolaire, non sans un léger pincement au cœur. Du fond du véhicule, Ludo l’interpelle aussitôt d’un « Tiens ! V’là le nain ! » qui le convainc de faire une entorse au règlement de Sam selon lequel « les rejets s’assoient à l’avant et les cool, à l’arrière ». Loïc opte pour la première banquette derrière le siège du conducteur, celle réservée aux rejets de la pire espèce, histoire de continuer à ignorer l’existence de son imbécile de frère.

    S’il est loin de correspondre au profil type du bavard, ce matin, Loïc bat des records. Sans la présence de Sam pour le dégourdir en lui secouant les puces, le bel adolescent devient carrément allergique à toute forme de discussion. Il profite de la solitude pour s’isoler dans sa bulle en s’adonnant à sa plus grande passion : la bande dessinée. C’est ainsi qu’en feuilletant sa plus récente acquisition, encore plus sanglante que les précédentes, BD se laisse happer par l’intrigue, incapable de détacher son regard des illustrations. Le temps file sans qu’il voie pour autant la route défiler.

    Lorsque Loïc relève enfin les yeux de sa bande dessinée, l’autobus s’apprête à se garer derrière la file de mastodontes jaunes desquels les élèves commencent déjà à descendre. Une marée d’adolescents se répand sur le trottoir en jacassant bruyamment. Le garçon se fraie un passage parmi eux, puis traverse la cour d’école d’un pas pressant. Il pénètre dans l’établissement scolaire avec la rapidité de celui à qui on aurait mis le feu au derrière. Dans la rangée de casiers, nulle trace de ses amis.

    Connaissant Fabrice et ses fringales matinales, Loïc se dit qu’il y a de fortes chances pour que celui-ci ait persuadé Mathis et Xavier de l’accompagner à la cafétéria. Bien que sa silhouette maigrichonne et élancée laisse supposer le contraire, le Français est aussi goinfre qu’une famille d’ogres tout entière !

    Une fois arrivé dans l’antre de la restauration rapide et sans saveur, Loïc doit toutefois se rendre à l’évidence : ses camarades y brillent par leur absence. Nulle trace du fin gourmet, ni du Dominicain et du rouquin.

    « Coudonc, qu’est-ce qu’ils ont tous à se cacher de moi, ce matin ? C’est une blague, ou quoi ? » rage-t-il, de plus en plus susceptible.

    Notre solitaire invétéré ressentirait-il enfin le besoin de socialiser ?

    *

    C’est finalement au local de jeux A-220, communément appelé le « Pac Man », que Loïc retrouve ses amis, occupés à s’affronter durant une partie de baby-foot. Trônant dans un coin de la pièce, la

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