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Minerun - La disparition
Minerun - La disparition
Minerun - La disparition
Livre électronique451 pages6 heures

Minerun - La disparition

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À propos de ce livre électronique

Il existe, par-delà la Mer Blanche, un endroit si hostile qu’à lui seul, le froid qui y règne peut vous cristalliser en une nuit; où chaque créature vivante, petite ou grande, vous prendra en chasse afin de se nourrir de votre dépouille ; où chaque habitant qui vous tend la main n’attend qu’un moment d’inattention de votre part pour vous foudroyer.

C’est cet endroit, précisément, qu’a choisi le Mal pour y faire son nid, s’enraciner profondément, et s’étendre jusqu’à l’horizon.

— Maître Shyru
LangueFrançais
Date de sortie28 juin 2019
ISBN9782898031489
Minerun - La disparition
Auteur

David Bédard

Né en juin 1982, David Bédard est un véritable passionné d’art. Il jongle rapidement avec la musique, la composition, le dessin et l`écriture. Pendant qu’il entreprend ses études dans le but d’enseigner, il a dans ses tiroirs l`ébauche d`un roman dans lequel l’action se mêle au fantastique et l’envie lui prend de l’achever. Ce premier roman, Minerun, sera finalement publié en 2018 aux Éditions ADA. Les Fils d’Adam est son cinquième roman.

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    Aperçu du livre

    Minerun - La disparition - David Bédard

    ère

    Chapitre 1

    LE GRAND CYCLONE

    « J’y suis presque ! »

    À bout de souffle, le faciès rougi par l’effort intense, un jeune homme s’enfonçait à pleine vitesse dans les bois, dont les arbres, nus et sinistres, lui griffaient incessamment le visage. Le soleil était depuis longtemps couché derrière les collines à l’ouest, alors que la lune, dissimulée par un ciel sombre et couvert, fournissait à peine de quoi éclairer le maigre sentier que tentait de suivre l’individu affolé. Ses pieds, que ses jambes ankylosées n’avaient même plus la force de soulever, frottaient nonchalamment contre le sol enneigé à chacun de ses pas saccadés.

    Les yeux à demi clos, irrités par la sueur ruisselant sur sa peau imberbe, il ne parvint pas à apercevoir la pointe d’un rocher perçant le sol droit devant lui. L’échine déjà fortement courbée, son corps exténué fut entièrement déporté vers l’avant à l’instant même où son pied heurta la pierre. Dans un ultime réflexe, comme ses bras étaient beaucoup trop affaiblis pour le protéger de sa chute, le jeune homme se contenta de tourner la tête et transférer son poids vers la gauche, afin que son épaule encaisse le choc de l’impact à la place de son menton. Le geste désespéré fonctionna partiellement, bien qu’il ne pût empêcher le côté de son visage d’entrer durement en contact avec le sol. Une fois immobilisé, il se retourna péniblement sur le dos. En redressant la tête, il put scruter attentivement le sentier, et ainsi s’assurer que personne n’était à ses trousses. À son grand soulagement, ses yeux et ses oreilles lui confirmèrent que le sentier en question était désert. Il reposa sa tête au sol, rassuré, soufflant pour la première fois depuis plusieurs heures.

    « Ce scélérat est blessé, se dit-il. Impossible qu’il ait pu me suivre en maintenant une telle cadence. Il est loin, c’est certain ! »

    Il demeura étendu une minute de plus afin de permettre à son pouls et sa respiration de retrouver un rythme régulier.

    « Allez, debout, mon gars, s’ordonna-t-il à lui-même, épongeant son front couvert de sueur à l’aide de la manche déjà détrempée de son manteau. Des vies dépendent de toi, ce n’est pas le moment de tirer au flanc ! »

    Le peu de force que sa brève pause lui avait permis d’emmagasiner fut dès lors sollicité, alors qu’il se remit au pas de course une fois de nouveau sur pied. Cette réserve d’énergie s’épuisa cependant rapidement, de sorte que quelques dizaines de mètres plus loin seulement, il titubait à nouveau. Malgré sa forme physique quasi irréprochable, il sentait que chacun de ses pas boiteux le rapprochait de l’exhaustion totale. Un peu plus loin, le sentier contournait une proéminente colline, avant de descendre le long d’un escarpement. Un faible sourire se dessina sur son visage déformé par la fatigue ; il se rapprochait finalement de son objectif.

    Après avoir passé près de flancher à plus d’une reprise en dégringolant partiellement la pente, ses jambes tremblantes le menèrent tout droit à l’orée de la forêt, d’où était visible, au travers une fine brume, le halo phosphorescent créé par une lanterne fixée à même la façade d’un large bâtiment.

    « Finalement ! »

    L’homme poussa la porte d’entrée en y écrasant tout son poids. Hors d’haleine, il y pénétra sans refermer derrière lui, laissant du même coup s’introduire une bourrasque glaciale qui envoya la porte cogner avec force contre le mur. Perché au-dessus de l’une des fenêtres près de l’entrée, un majestueux harfang tout blanc pivota mécaniquement la tête dans sa direction en hululant.

    Le jeune homme passa devant un long corridor à sa gauche, sans toutefois s’y aventurer, pour ensuite longer le comptoir de bois servant d’accueil. À l’instar de la poignée d’individus éparpillés autour des quelques tables à sa droite, la vieille dame juchée derrière ce comptoir ne daigna même pas lui jeter un regard. Mais l’indifférence qu’on lui voua lui importait peu pour le moment. Il continua plutôt sa course en direction du petit escalier droit devant lui, dont il descendit les quatre seules marches à toute vitesse, prenant bien soin de s’agripper au passage à ce qui restait d’une vieille rampe, décrépite et pourrie, qui ne tenait plus que par quelques clous mal enfoncés. Au bout de cet escalier, le corridor ne faisait que quelques mètres de longueur à peine avant de tourner radicalement vers la droite. Les jambes de l’homme refusèrent de freiner au bout de ces quelques mètres ; elles n’en avaient plus la force.

    « Tant pis ! Le mur en face se chargera de stopper ma course, lui. »

    L’impact fut beaucoup moins important qu’il ne l’avait cru, mais suffisant pour envoyer au sol l’une des longues cornes de buffle accrochées au mur en guise de décoration. À une vitesse plus modérée, il s’enfonça dans le nouveau couloir à sa droite, de longueur identique au précédent, dont l’éclairage entier ne reposait que sur une unique chandelle, éteinte à cet instant. C’est donc à tâtons que ses doigts cherchèrent la poignée de la porte qui l’attendait à l’extrémité du sombre passage, tâche qu’ils effectuèrent à une vitesse impressionnante.

    De l’autre côté se trouvait un minuscule hall rectangulaire, presque vide à l’exception du buffet miteux à sa gauche, sur lequel reposait un vase garni de fleurs fanées impossibles à identifier. Chacun des trois autres murs était modestement décoré et comptait en son centre une porte. Sans attendre, l’homme se rua sur celle d’en face, les bras devant, comme un naufragé en haute mer se jetant sur une bouée fraîchement larguée. D’une main tremblotante, il fouilla dans sa poche de laquelle il retira une clef métallique. À deux reprises, celle-ci lui glissa d’entre les doigts, puis rebondit sur le sol dans un tintement moqueur. Une fois le petit objet correctement introduit dans la serrure, il déverrouilla prestement la porte, poussa cette dernière à deux mains avant de se glisser de l’autre côté, non sans s’être assuré, une fois encore, que personne n’était à ses trousses. Il la referma ensuite sans la moindre délicatesse.

    Plongé dans une noirceur absolue, il se dirigea à l’aveuglette, sans la moindre hésitation, vers la lourde commode de pin grossièrement façonnée tout juste au pied de son lit, au-dessus de laquelle il se pencha. Ses mains se posèrent rapidement sur une vieille lampe à l’huile, qu’il alluma sans difficulté. Deux rapides pas vers sa gauche plus tard, il extirpa de sous le lit une splendide malle toute en cuir.

    « La voilà ! »

    Après l’avoir jetée sur le lit avec empressement, il l’ouvrit et en retourna le contenu de ses deux mains toujours couvertes de sueur afin de s’assurer que rien ne manquait. Totalement concentré sur son attirail, il ne put discerner l’ombre qui s’était dessinée derrière lui, près de la porte, précisément à l’endroit où mouraient les faisceaux de lumière les plus éloignés.

    Faisant faiblement grincer le bois sous son poids, l’ombre fit un premier pas à l’intérieur de la lumière. Toujours concentré sur le contenu de sa malle, l’homme se raidit instantanément, figé par la peur. Il pivota la tête vers la gauche de deux degrés à peine, tout juste assez pour apercevoir l’ombre dans sa vision périphérique faire un second pas vers lui. Il déglutit nerveusement, reposant aussitôt son regard sur ses bagages, où sa main droite se trouvait à proximité de son couteau de poche.

    « Je l’ai ! » se dit-il en effleurant le manche de l’objet du bout des doigts.

    — N’y pense même pas ! lui somma aussitôt une voix caverneuse et menaçante, comme si elle avait pu lire dans ses pensées.

    Le ton employé par le visiteur était empreint d’assurance. Comment avait-il pu se faufiler à l’intérieur de sa chambre ? Malheureusement, chacune des hypothèses était accompagnée d’une tournure qui n’annonçait rien de bon pour le chambreur.

    « Ce type n’est pas là par hasard, pensa-t-il en établissant rapidement les faits. Et il n’a rien d’un amateur. Je dois absolument gagner du temps ! »

    — Qui êtes-vous ? lui demanda-t-il en lui faisant face.

    L’ombre fit un pas de plus, révélant d’abord une paire d’yeux, verts et cruels, dans lesquels miroitait le reflet de la lampe. Sous cette paire d’yeux, un sourire tout aussi sadique accroissait la dureté d’un visage aux traits pourtant déjà draconiens. Haut et tout en muscles, l’intrus arborait de nombreuses cicatrices que sa barbe et sa tignasse grisonnantes ne parvenaient pas à couvrir, le rendant doublement menaçant. Desserrant à peine les dents, son horrible rictus ne s’effaça aucunement lorsqu’il lui répondit :

    — Je suis l’ombre dans la forêt ; la fin de tous les rêves.

    Je suis le messager létal ; le bourreau sans masque.

    Je suis la dent qui mord la chair ; le grand cyclone, formé de derniers souffles.

    Il fixa le jeune homme à ses pieds avec intensité, avant d’humecter sa lèvre supérieure et d’ajouter :

    — À présent, les choses vont devenir laides. Très laides. Tu aurais dû t’emparer de ton arme lorsque tu en avais l’occasion !

    Paralysé par la peur et l’épuisement, comme si son corps en entier eût été recouvert de glace, le jeune homme en vint aussitôt à la conclusion que sa survie dépendait des secondes qui suivraient.

    Dans un effort quasi surhumain, il réussit à reprendre possession de son corps, neutralisant la frayeur qui le pétrifiait. Rapidement, il pivota vers le lit, où sa main replongea dans sa malle à la recherche de son arme blanche, qu’il atteignit en moins de deux. Une fois ses doigts refermés autour du manche, une main agrippa son épaule. Avec une force redoutable, le sinistre inconnu le retourna face à lui avant de le projeter violemment sur le lit. À peine le jeune homme était-il entré en contact avec le matelas qu’un puissant coup de poing vint l’atteindre directement à la mâchoire. Un épais sillon de sang gicla sur les draps.

    Complètement sonné par la percutante frappe, le jeune homme cracha une seconde giclée, avec laquelle s’expulsèrent également deux de ses dents. L’intrus s’empara sans difficulté de la lame reposant au creux de la main inerte de sa victime, le poignarda à deux reprises au bas du ventre, puis la lui enfonça profondément dans l’œil sans la moindre réticence.

    L’intérieur de la chambre fut immédiatement envahi d’horribles cris d’agonie. L’assaillant ne put empêcher un effroyable rire de s’échapper de sa gorge en apercevant le pauvre diable se tortiller de douleur, tapissant les murs et le plancher d’hémoglobine. Sans doute habitué à de tels dénouements, le taupin en devint néanmoins rapidement las, son intérêt subitement tourné vers la malle de la victime.

    — Alors… voyons ce que contiennent ces bagages, annonça le grand homme en essuyant sur ses pantalons de fourrure ses deux mains ensanglantées. Regardez-moi un peu cette paire de gants ! Tout juste ma taille. Ça n’te gêne pas si j’te les emprunte, dis-moi ? Ce n’est pas comme si tu allais en avoir besoin à l’avenir, pas vrai ?

    Sur ces mots, il glissa les gants à l’intérieur de son chemisier. Il entama ensuite la minutieuse dissection du contenu de la malle de l’occupant, ce dernier geignant toujours derrière lui.

    — Qu’est-ce que c’est que cette écharpe ridicule ? C’est ta maman qui te l’a tricotée, j’ai raison ? Des chaussettes, d’autres chaussettes, une boussole, de la bouffe séchée, des chauss… dis-moi, tu n’serais pas un peu frileux, par hasard ?

    En soulevant la dernière paire de chaussettes, il aperçut, tout au fond de la malle, une bourse de cuir lacée, reposant sur un livret tout brun à l’épaisse couverture.

    — Ohhh, je crois que je viens de découvrir l’emplacement du trésor !

    Ses mains s’y dirigeaient lentement, lorsqu’un détail le frappa soudainement. Un silence absolu régnait à présent dans la chambre ; plus la moindre plainte ni de lamentation.

    « Impossible qu’il soit décédé si tôt ! »

    En faisant volte-face vers sa victime, il fut atteint en plein visage par une chaise de bois. Elle n’avait pas été balancée avec une force extraordinaire ; plutôt avec l’énergie du désespoir. Ce fut tout de même suffisant pour que le grand homme s’écroule sur le sol, où il demeura sans broncher, du sang s’échappant par filets d’une lèvre fendue et d’un nez brisé. Sa propre lame toujours enfoncée dans son œil gauche, le jeune homme essuya grossièrement du revers de la main le sang qui obstruait son œil fonctionnel. Il saisit ensuite sa bourse, ainsi que le curieux petit journal au fond de sa malle. Une fois les objets en main, il n’eut qu’une seule idée en tête : fuir ! Sans même se questionner sur sa prochaine destination, il tourna les talons et détala aussi vite qu’il put.

    À peine eut-il ouvert la porte que ses pieds glissèrent maladroitement dans une mare où s’était accumulé son propre sang. Le pauvre homme trébucha, s’affaissant au sol pour la énième fois de la journée. Ses faibles bras ne parvinrent nullement, cette fois encore, à amortir sa chute, ce qui aggrava la blessure qu’il avait reçue au ventre. Il tenait toujours sa bourse dans une main, alors que le journal fut projeté plus loin dans le petit hall, glissant jusque sous le buffet. La douleur était devenue si insoutenable que chaque tentative de se remettre sur pied se solda par un lamentable échec. Les membres tremblants, il se mit à ramper laborieusement jusqu’au couloir en face, dans l’espoir d’atteindre l’accueil, là où il pourrait peut-être trouver de l’aide.

    Son rythme cardiaque grimpa en flèche alors que, tout près, des bruits de pas résonnèrent en provenance du couloir devant ; quelqu’un approchait ! Ses espoirs ranimés, il tenta en vain d’appeler à l’aide, le souffle toujours coupé par sa dure chute.

    Une longue serpillière humide dans une main, un seau rempli à moitié d’une eau froide et savonneuse dans l’autre, un vieux bonhomme chauve se figea d’un coup en apercevant le pauvre jeune homme agonisant au sol, l’œil transpercé d’où s’échappait une rivière de sang.

    — Par pitié, l’implora-t-il d’une voix presque inaudible. Sortez-moi d’ici… Il y a un fou… fou furieux…

    Le visage anormalement stoïque, l’homme à la serpillière fit lentement marche arrière, murmurant une ou deux phrases incompréhensibles. Les seuls mots que le jeune homme réussit à entendre furent « trop tôt ». L’instant suivant, le vieillard avait disparu, l’abandonnant dans le hall. C’est à ce moment qu’une forte voix en provenance de la chambre se fit entendre, lui glaçant le peu de sang qui lui restait dans les veines.

    — Où tu crois que tu vas comme ça, toi ?! cracha son tortionnaire.

    Un sourire ensanglanté accroché au visage, le grand homme agrippa chacune des chevilles du blessé avant de l’entraîner de force dans la chambre, laissant au passage un large sillon de sang, ainsi qu’une lignée de pièces d’or s’échappant de la bourse délacée.

    — Le plaisir vient à peine de commencer !

    Chapitre 2

    JOYEUX ANNIVERSAIRE, MARCUS !

    La température était si exquise que jamais on n’aurait pu croire que novembre s’était installé depuis une semaine déjà. On se serait plutôt imaginé une journée de printemps. Les rues d’Atride grouillaient de paysans, de marchands, de soldats, et même à l’occasion, de quelques minotaures en provenance de l’ancien Stilphorite. Aujourd’hui, tout le monde semblait avoir un sourire accroché au visage, profitant des derniers jours ensoleillés pour faire des courses, ou tout simplement pour prendre l’air.

    Le Tonneau Doré était plein à craquer aujourd’hui. Kéros et Darius s’étaient pris d’avance et avaient réservé une partie de la salle. Ils avaient fait préparer une grande table pour le souper de ce soir, organisé en l’honneur de leur bon ami Marcus. C’était la date de son anniversaire de naissance ; cent quatre ans qu’il aurait eus aujourd’hui s’il avait toujours été en vie. Kéros avait envoyé des invitations au reste du groupe, qui ne s’était pas reformé une seule fois depuis leur séjour en mer l’an dernier à bord du Mymabar.

    Derrekk, Darius et Kéros demeuraient toujours à Atride et se côtoyaient régulièrement. En récompense pour tout ce qu’il avait fait pour le royaume, Clétus était officiellement devenu le propriétaire légitime du manoir Thérador et de ses terres, là où il vivait en permanence depuis ce jour. Le prince Daroom, lui, était retourné vivre à Khaar, au cœur de l’immense montagne où se situait son palais. Quant aux quatre autres, soit Neftessine, Gibbs, Allan et Julius, leur commerce maritime fleurissait toujours et avait grandement gagné en renom au cours de la dernière année. Malgré leur succès, Julius avait à un certain moment songé à se retirer du projet, mais s’était finalement ravisé. Depuis, il n’avait à aucun moment regretté sa décision.

    Bref, tout le monde avait accepté sans hésiter l’invitation lancée par Kéros, et s’était retrouvé à l’établissement favori de leur défunt compagnon. Daroom fut le premier arrivé. Il avait fait le trajet en char, accompagné de son cousin Maah-Koh, mais seul le prince prendrait part aux festivités. Lui-même l’avait ordonné. Il revêtait une splendide armure scintillante, ainsi qu’une longue et élégante cape pourpre. Il n’aurait pas paru plus noble s’il avait été vêtu pour assister à un mariage royal. Dès son arrivée, Derrekk, Keros et Darius s’inclinèrent devant lui. Le prince accepta leur révérence et leur serra la main à chacun, visiblement très heureux de les revoir. Kéros, qui avait demandé à Derrekk de lui apprendre à parler le géant au cours des derniers mois, salua Daroom dans une langue que celui-ci put comprendre. À voir le sourire se former sur le visage de l’énorme bête, l’enquêteur déduisit qu’il n’avait probablement pas trop cassé ses mots et que son « géant » devait être au minimum acceptable.

    Julius, Allan, Gibbs et Neftessine suivirent très peu de temps après. Une fois les accolades et moqueries d’usage terminées, ils se commandèrent à boire et se mirent à raconter avec enthousiasme quelques-unes de leurs aventures en haute mer. Leurs huit bras s’agitaient dans toutes les directions, mimant d’une part de hautes vagues s’abattant avec fracas sur leur embarcation, ou encore, des attaques, véridiques ou non, de multiples créatures marines venues des profondeurs pour attenter à leurs vies. Leurs quatre voix s’entremêlaient, chacun racontant un récit différent, jusqu’à ce que, comme c’était si souvent le cas, celle de l’inépuisable Gibbs finît par avoir le dessus sur les trois autres. Beaucoup plus amusés que vexés, ses amis lui cédèrent toute la place et en profitèrent pour aller descendre une pinte ou deux, bien assis à la table réservée par Kéros. Ils paraissaient extrêmement heureux de se retrouver ici avec le reste de la bande. Malgré l’éternel sourire accroché au visage barbu de Julius, Kéros arrivait à déceler une pincée de tristesse, discrète, blottie au creux des yeux du nain. Il savait, car elle habitait également les siens.

    Plus tard dans la soirée, Clétus se joignit aux invités en passant au travers d’une des fenêtres de la façade. Les invités, ainsi que les membres du personnel de l’établissement furent brièvement pris de panique, alors qu’aucun de ses huit compagnons ne bronchait d’un cil.

    — Hé, voilà Clétus, annonça Darius en levant bien haut son verre, déjà pratiquement vide. Content de te voir, ça fait un bon moment depuis la dernière fois, mon vieux !

    Clétus se redressa avant d’essuyer maladroitement les retailles de bois qui s’étaient collées sur sa langue, tirée presque en permanence. Il alla ensuite prendre place à la table où ses amis lui faisaient signe.

    Toute la soirée durant, une quantité impressionnante d’amis et de connaissances du vieil elfe entrèrent et sortirent du Tonneau Doré. Les anecdotes pleuvaient, et Kéros entendit bon nombre d’histoires incroyables à propos de son défunt mentor. Julius l’avait plus d’une fois prévenu que leur ami aux oreilles pointues était beaucoup moins sage étant plus jeune, et plusieurs de ses anecdotes confirmèrent les dires du nain.

    Surprise de taille : le roi Élias en personne gratifia l’établissement de sa présence. Bien entendu, il n’avait pas tellement l’habitude de fréquenter ce genre d’établissement, mais par respect pour l’enquêteur qui avait rendu tant de précieux services à son royaume, Élias avait décidé de faire une rare exception. De plus, Marcus et lui avaient développé une excellente relation au fil des dernières années. Le roi était accompagné d’une dizaine de gardes du corps, dont Kalistos, son plus fidèle défenseur. Maître Shyru, conseiller à la tête de l’Ordre des mages, faisait également partie du groupe.

    Élias demeura avec eux pratiquement une heure, durant laquelle il prit le temps de discuter avec tout le groupe. Il n’avait pas oublié qu’ils étaient les artisans de leur victoire lors de la bataille des plaines de Casban l’an dernier ni qu’ils avaient à eux seuls vaincu le roi au masque argenté, sauvant de ce fait un nombre incalculable de vies en contrecarrant son odieux plan de domination. Le fait de bavarder avec eux et de prendre le temps d’en apprendre davantage sur chacun l’égaya bien au-delà de ses attentes. Même s’il ne s’entretint que très peu avec Clétus, avec qui il n’avait pas la moindre affinité, il aurait volontiers continué de converser des heures durant avec Gibbs, ainsi que Neftessine, si son emploi du temps n’avait pas été aussi chargé. Quant à Shyru, il demeura avec eux jusqu’à la toute fin des célébrations, même une fois le roi parti, ce qui n’était pas du tout dans ses habitudes. Tout comme Marcus, à qui il venait rendre hommage, Shyru préférait passer ses soirées à bouquiner plutôt qu’à trinquer en groupe jusqu’aux petites heures.

    Tous les autres membres du conseil vinrent également faire acte de présence ; Amanda Arking, successeure d’Artlos au trésor, le doyen Grondin, qui comblait le poste laissé vacant par Rhodimbus, et le dernier et non le moindre : l’intendant Keb, qui en plus de diriger la division des enquêteurs, gérait l’armée du royaume. Le roi Élias n’avait toujours pas trouvé de candidat plus qualifié et compétent que lui afin d’occuper le poste qu’administrait avec brio feu Morat, tout comme il ne s’était toujours pas trouvé de nouveau conseiller personnel. Pour ce qui était de Keb, Kéros avait espéré que sa relation avec lui aurait fini par s’améliorer, et que le départ de Marcus aurait pu être une excellente occasion pour eux d’enterrer la hache de guerre. Il n’en fut pas ainsi. L’animosité entre les deux hommes semblait même s’être accrue avec le temps, ce qui embêtait énormément Kéros étant donné que son récent statut d’enquêteur faisait de Keb son supérieur officiel. Comme le jeune homme n’avait pas toujours la langue dans sa poche (peut-être influencé par Darius sans le savoir), ses familiarités avaient engendré plusieurs discussions pimentées.

    — C’est la poignée de main la moins sincère que j’ai vue de toute ma vie, se moqua Darius après que Kéros et Keb se furent échangé leurs formalités d’usage.

    — Tu crois que cette poignée de main semblait fausse ? Tu aurais dû voir mon sourire… J’ai vraiment besoin d’une autre bière, moi.

    Ce fut fort heureusement là le seul moment déplaisant de l’évènement. Peu de temps après, Pierre De La Hyamto, valet en chef du royaume, faisait son entrée. Il était, fidèle à son habitude, vêtu de façon sublime, sans toutefois tomber dans la fatuité.

    — Extrêmement heureux de vous voir ce soir, mon cher Pierre.

    — Je n’aurais pas raté cette soirée pour toutes les richesses du monde, mon ami, répondit poliment Pierre. Marcus était un personnage digne que l’on se souvienne de lui, il mérite que l’on souligne son anniversaire même s’il n’est plus avec nous aujourd’hui.

    — Tout à fait, approuva Kéros. Je suis convaincu qu’il est très touché de tous vous voir ici, de là où il est.

    — J’en suis persuadé. C’est une merveilleuse idée que vous avez eue d’organiser cette fête, et un honneur pour moi de faire partie des invités.

    — C’est tout naturel ; cette soirée n’aurait pas été la même sans vous ! Je vous offre quelque chose à boire, dites-moi ?

    — Bien… je ne peux pas prétendre être un grand buveur d’alcool, mais dans l’éventualité où une pauvre carafe de vin aurait été laissée seule, quelque part, j’oserais volontiers me sacrifier et en prendre un verre.

    Le son mélodieux émis par le frottement de l’archet sur les cordes du violoncelle au centre de la salle vint alors se frayer un chemin jusqu’aux oreilles ravies des invités. Toutes les voix s’atténuèrent d’un coup afin de mieux entendre, jusqu’à ce que, quelques secondes plus tard, une voix angélique vint se marier aux délectables notes produites par l’instrument. Le reste de l’orchestre, composé de deux violonistes, d’une flutiste, ainsi que d’un percussionniste, se joignit ensuite au duo un instrument à la fois.

    Le sextuor fut chaudement applaudi une fois son premier morceau terminé. Kéros et Marcus avaient adoré leur musique lors de leur passage Au Cochon Graisseux alors que tous les deux demeuraient toujours à Stilphorite. Le jeune enquêteur avait fait des pieds et des mains afin de retrouver leur trace, lui qui tenait absolument à les engager pour l’évènement. Déjà partiellement éméché par l’alcool, Darius avait entraîné Clétus avec lui sur la piste de danse alors que l’orchestre poursuivait son récital sur une cadence beaucoup plus enjouée. Le manque total de rythme des deux danseurs et leurs déhanchements ridicules attirèrent bien des regards, mais ils avaient bien trop de plaisir en ce moment pour ne pas s’en moquer royalement.

    — Ces deux-là n’ont aucun amour-propre ! Ha ! Ha ! Ha !

    — Allons donc, Neftessine ! Encore un ou deux verres, et j’te parie que tu seras le prochain à te joindre à eux, se moqua Derrekk.

    — Je serais prêt à payer une véritable fortune pour voir ça !

    — Garde ton argent, Allan. Tu as plus de chance de voir Julius en robe de princesse que de me voir danser !

    — J’espère sincèrement ne jamais être témoin ni de l’un ni de l’autre, murmura Kéros.

    — Ouep, bien en attendant, vous avez l’air d’une belle bande de coincés ! Ce sont des festivités, oui ou non ? Alors, comme disait mon oncle Horace, on n’a qu’une seule vie à vivre ! Et hop !

    Sans plus attendre, Gibbs, pris d’une légère euphorie, bondit malhabilement entre les invités, se frayant un chemin jusqu’au fort de la danse.

    — Et voilà ! C’était inévitable : les trois plus barges du groupe qui finissent par se retrouver !

    — Ha ! Ha ! Ha ! Ce n’est peut-être pas une bonne idée de catégoriser les gars ainsi, Julius. Je suis désolé de te l’apprendre, mais si nous devions faire un classement des plus fêlés, ton nom serait clairement le prochain sur la liste, estima Allan.

    — Et Darius ne devrait même pas faire partie des trois premiers selon moi. Pas lorsqu’il est à jeun, du moins.

    — Moi ? Fêlé ?! protesta Julius.

    Tous les autres, sans exception, approuvèrent de la tête sans prononcer un seul mot.

    — Bien… en y repensant, vous n’avez probablement pas tort. Hé ! Hé ! Hé ! Mais plus fêlé que Derrekk ? Là, vous charriez, par contre !

    Les autres se donnèrent un instant pour réfléchir, Derrekk y compris, puis finirent par trancher :

    — Vous êtes aussi fêlés l’un que l’autre !

    — AHHH ! Ça, j’veux bien, approuva Julius en riant à gorge déployée. À la tienne, frère fêlé !

    Les pintes du nain et du demi-géant s’entrechoquèrent, avant que chacun n’en avale une longue gorgée. Ils essuyèrent ensuite la bière qui s’était déposée autour de leurs bouches de leur autre main, puis déposèrent simultanément leurs pintes avec force sur la table. Le bruit du choc fit tressaillir un petit homme frisé et grisonnant, qui s’approcha d’eux.

    — Il y a de la vivacité dans ces bras-là, mes amis ! constata-t-il.

    Il les gratifia ensuite d’un sourire et les salua poliment de la tête avant de se diriger vers le jeune enquêteur. Ce dernier remarqua sa présence et se leva d’un trait.

    — Monsieur Bellac ! Quelle belle surprise que de vous voir ici, lança Kéros en lui serrant la main. Je vous croyais parti en mission.

    — Je l’étais. Malheureusement, les choses ont pris une bien mauvaise tournure, grimaça l’homme.

    Kéros remarqua alors que son interlocuteur s’appuyait sur une canne.

    — Oh, tout va bien, sois sans crainte. Cette blessure à la jambe prendra un certain temps à guérir, mais je m’en sortirai. À l’âge où je suis rendu, j’imagine que je devrais commencer à m’accoutumer à marcher à l’aide d’une canne de toute façon, hé hé. Ah, et laisse tomber les « monsieur Bellac », je t’en prie. Conrad seulement, ça ira.

    — Très bien ! Conrad, alors, répondit Kéros, légèrement mal à l’aise. Mais dites-moi, que vous est-il arrivé exactement ? Vous avez été blessé durant votre dernière enquête ?

    — C’est exact, répondit piteusement Conrad. C’est d’ailleurs pour cette raison que je suis rentré plus tôt. L’intendant Keb m’avait jumelé au jeune Tolmy Feircek, une recrue qui, comme toi d’ailleurs, était reconnue pour avoir un potentiel d’enquêteur incroyable. Tu as probablement déjà entendu son nom, j’imagine. Quoi qu’il en soit, notre enquête nous avait menés dans une région sauvage et dangereuse. Un ours d’une taille colossale nous est tombé dessus. En moins de deux, il a taillé le pauvre Tolmy en pièces. Même s’il était déjà perdu, j’ai tenté de lui venir en aide malgré tout, et c’est alors que d’un seul élan, le monstre m’a gravement entaillé la jambe. Si je n’avais pu trouver refuge au fond d’une étroite grotte tout près, je ne serais certainement pas ici aujourd’hui.

    Secoué par le récit de Conrad, Kéros ne sut quoi répondre. Bien qu’il n’ait jamais eu la chance de rencontrer Tolmy, il avait énormément entendu parler de lui. Le prochain Darius Dalexma, disait-on de lui — sans le palmarès de frasques qui venait avec ! Conrad, conscient d’avoir légèrement refroidi l’ambiance, tenta ensuite de se reprendre.

    — Ne discutons plus de cela ce soir, si vous le voulez bien, reprit-il sur un ton plus gai. Pour l’instant, toute notre attention mérite d’être rivée sur notre bon ami Marcus ! Tout ce monde qui s’est déplacé uniquement pour lui ! J’ai entendu dire que même le roi en personne était venu faire acte de présence ?

    — C’est exact, répondit Kéros en chassant rapidement les images du jeune Tolmy se faisant dévorer vivant. Et tous les membres du conseil avec lui. Maître Shyru se trouve toujours quelque part parmi nous, d’ailleurs.

    — Un honneur pleinement mérité. Ce bon vieux Marcus était l’un des meilleurs de notre profession. Je peux vous affirmer qu’il n’a rien volé de toute la réputation dont il jouit aujourd’hui.

    — Marcus disait souvent que vous-même apparteniez à l’élite des enquêteurs ; je suis convaincu que ce compliment de votre part aurait signifié énormément pour lui.

    — J’en suis heureux. Et bien que je n’aie pas encore eu la chance de voir son apprenti à l’œuvre, j’ai ouï-dire qu’il sera l’un des meilleurs d’entre nous, et ce, avant longtemps !

    Kéros rougit presque imperceptiblement. Derrière lui la foule applaudit à tout rompre l’orchestre qui venait de terminer une pièce où les deux violonistes, furieusement énergiques, s’étaient joints aux danseurs sans pour autant s’arrêter de jouer.

    — Il me reste encore énormément de choses à apprendre, admit finalement Kéros. Je n’ai pas le centième de votre expérience.

    — Cela viendra, ne t’inquiète pas. En attendant, tu peux apprendre d’un autre excellent enquêteur, continua Conrad en regardant en direction de Darius, qui dansait toujours comme un bouffon. Très différent… mais combien efficace ! Un très brillant esprit. Si seulement il pouvait démontrer un peu plus de sérieux à l’occasion…

    Kéros sourit aussitôt. Combien de fois avait-il entendu cette phrase à propos de son ami ?

    — Oui, Marcus lui reprochait souvent la même chose.

    — Cela, je n’en doute pas un seul instant. Ha ! Ha ! Ha ! Bon, assez parlé de travail, j’ai faim, moi !

    — J’ai cru apercevoir Didier, le propriétaire, s’approcher avec un immense gâteau il y a quelques instants à peine. Vous allez bien en manger une part avec nous ?

    — Le sucre a toujours été mon péché mignon, avoua Conrad. Vous allez devoir me jeter dehors de force pour ne pas que j’y goûte ! Ha ! Ha ! Ha !

    La nuit était depuis longtemps tombée, et la majorité des invités avaient quitté l’endroit, ou s’étaient loué une chambre sur place. Darius, qui avait (finalement) ralenti sur l’alcool, semblait avoir dégrisé quelque peu. Il avait offert à monsieur Caridar de lui refiler un coup de main afin de remettre un peu d’ordre dans la place, mais le tenancier, non sans le remercier, lui avait assuré qu’il saurait très bien se débrouiller seul. Le fêtard retourna donc s’asseoir aux côtés de Derrekk et Kéros. Comme maître Shyru venait tout juste de partir, il ne restait plus qu’eux, Allan et Gibbs.

    — Une très belle soirée, constata Derrekk. Tous ces gens qui sont venus pour Marcus, c’est incroyable ! Je serais comblé qu’après ma mort, autant de gens se déplacent pour moi.

    — Tu rêves, mon vieux, répondit Darius. Tu sais très bien qu’il n’y aurait que Kéros et moi. En supposant que je n’aie rien de mieux à faire cette journée-là ! Ha ! Ha ! Ha !

    — Tu sais que tu es le seul à te trouver drôle, p’tit malin ?

    — Oh, je sais, ne sois pas inquiet. Je suis mon meilleur public !

    — Ton seul public, tu veux dire !

    — Ferme-la, Gibbs !

    Après son récital, l’orchestre s’était tenu à l’écart, histoire de s’offrir un rafraîchissement amplement mérité. Les musiciens s’apprêtaient à ranger leurs instruments et à plier bagage lorsque Kéros les interrompit poliment.

    — Pardon, puis-je me permettre de vous demander un dernier morceau avant que vous nous quittiez ?

    — Avec plaisir, répondit la jolie chanteuse. Rarement avons-nous eu droit à d’aussi généreux pourboires lors d’une prestation. Quelle pièce aimeriez-vous entendre ?

    — La Marche du Dernier Buffle, s’il vous plaît. C’était la chanson préférée de Marcus.

    Sourire aux lèvres, la jeune femme s’empara de sa cithare et pinça doucement les premières notes de la mélodie. Kéros, reconnaissant, s’éloigna de reculons en apposant sa main sur sa poitrine alors que le reste des musiciens s’armaient de leurs instruments.

    — Des partants pour une dernière bière ? demanda Derrekk. C’est moi qui offre !

    — Avec plaisir, répondit Darius.

    Monsieur Caridar s’en alla aussitôt remplir cinq chopes sans qu’on le lui demande, pour ensuite les distribuer à chacun des cinq hommes qui s’étaient réunis autour de la même table.

    — Laissez, c’est la maison qui invite, annonça le propriétaire à Derrekk alors que ce dernier fouillait dans sa bourse.

    Le demi-géant remercia le tenancier. Avant de retourner s’asseoir avec les autres, il

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