Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Ange
Ange
Ange
Livre électronique488 pages7 heures

Ange

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

XXIIIe siècle, cité-continent d’Ulyss. La BLADE, une unité de police spécialisée dans la traque de cybercriminels doit interpeller Zéroh, un pirate informatique suspecté de vouloir tuer un des plus grands fabricants de robot du monde.
Le commissaire Elric confie donc la mission au lieutenant Bell et à son acolyte Cash mais tout ne se passe pas comme prévu.
Sans le savoir, Bell et ses amis vont se retrouver plongés dans une enquête dont les conséquences pourraient s’avérer désastreuses pour l’humanité tout entière.
LangueFrançais
Date de sortie24 oct. 2023
ISBN9782312137209
Ange

Auteurs associés

Lié à Ange

Livres électroniques liés

Science-fiction pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Ange

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Ange - Stefan Vasseur

    cover.jpg

    Ange

    Stefan Vasseur

    Ange

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Du même auteur

    Les Aventuriers de Solanum : La Chute de Potatown, Les Editions du Net, 2021

    © Les Éditions du Net, 2023

    ISBN : 978-2-312-13720-9

    À Anaïs

    Prologue

    Les lumières oniriques de la ville perçaient la baie vitrée de la chambre 108 de l’hôtel Grand Ulyss. C’était la plus grande, la plus luxueuse chambre de l’établissement, réservée à ceux qui pouvaient se le permettre, autrement dit pas grand monde. Ce soir, elle appartenait à William Bott.

    De la porte jusqu’au lit Emperor-Size, des vêtements étaient disséminés au sol formant un chemin sinueux, hasardeux de pièces de costumes et de paires de chaussures. L’appartement tout entier baignait dans une lumière tamisée. La baie vitrée transversale qui s’étendait de la chambre jusqu’à la cuisine, se composait d’une vitre sans tain dont on pouvait régler la luminosité qui y pénétrait. Il régnait dans la pièce une chaleur qui s’expliquait à mesure que l’on s’approchait du lit. Une femme en lingerie fine glissait sur le corps allongé d’un homme plus âgé qu’elle, qui ne portait plus que son caleçon. Elle caressa sa poitrine velu, s’approcha de son visage pour l’embrasser mais s’arrêta à quelques centimètres. L’homme avait au bas mot soixante-cinq ans pourtant il en paraissait quarante, merci les biotechnologies. Il glissa sa main dans la chevelure rousse de sa partenaire puis voulut réduire encore l’écart qui le séparait de ces petits coussins rose et pulpeux qui lui servaient de lèvres. Il la désirait, elle en jouait. Il passa ses mains sur toutes les courbures de son corps, s’en était trop, il ne pouvait plus résister ; il l’attrapa alors par les hanches pour la faire basculer, lorsqu’elle vint déposer un doigt long, à l’ongle vernis, sur sa bouche lui intimant l’ordre d’attendre encore un peu, alors que l’homme n’en pouvait plus. Elle lui laissa encore l’occasion de la caresser un peu avant de se redresser, lui laissant tout le loisir d’observer son corps athlétique, à la silhouette parfaitement dessinée, aux muscles finement sculptés. Un travail d’artiste.

    William ne la connaissait pas, du moins que depuis peu. Il repensa à leur rencontre quelques heures plus tôt et s’en amusa.

    Il se trouvait sur la scène de la salle de conférence de l’hôtel où il faisait un discours remarquable sur les futures avancées de son entreprise dans le domaine de la robotique avant de remercier les actionnaires pour leur soutien indéfectible. Son discours terminé, il fut acclamé par la foule. Enfin, les organisateurs de la cérémonie lui discernèrent un prix pour tout son travail accompli ce qui clôtura les festivités.

    Après plusieurs serrages de mains, il se dirigea au bar de la réception et posa son prix, une statuette dorée représentant une version robotique du penseur de Rodin, sur le comptoir. William portait un très beau costume trois pièces de couleur sombre qu’il déboutonna avant de s’asseoir sur un tabouret haut, d’où il commanda au serveur un whisky, un vrai. Quelques minutes plus tard une femme demanda un cocktail en vogue dont le nom lui échappait. William ne put s’empêcher de la dévisager. Sa chevelure dorée aux reflets orangés descendait en dessous de ses épaules couvertes par une robe de soirée vert foncé qui lui saillait à merveille. Il plongea son regard dans le sien et crut se noyer dans cette infinité bleuté puis glissa doucement vers son décolleté qui laissait apparaître une poitrine naturelle mais généreuse. Il descendit plus bas encore pour tomber sur ses jambes croisées, admirablement bien ciselées. Elle sourit en voyant l’effet qu’elle lui faisait. William but son whisky en laissant la femme venir à lui.

    « Vous avez fait un bien beau discours Monsieur Bott. Félicitations pour le prix. » Elle désigna d’un signe de la tête la statuette qui reposait sur le comptoir.

    « Merci Madame…

    – Lucy, appelez-moi Lucy. Et c’est Made-moiselle. »

    Ce fut à son tour de sourire. Ils discutèrent, plaisantèrent quelques temps, recommandèrent à boire. William savait comment la soirée allait finir. Il était rodé à l’exercice néanmoins cette fille avait quelque chose de particulier qu’il n’arrivait pas à décrire. Il avait l’impression de la connaître et ce sentiment semblait réciproque. Il ne pouvait s’empêcher d’être attiré par elle, il sentait au fond de lui que cette femme était plus qu’une belle plastique. Elle avait quelque chose qu’il n’arrivait pas à définir.

    William commanda deux nouveaux verres tandis que Lucy s’éloignait, ce qui perturba l’homme d’affaire. Elle finit par se retourner quelques mètres plus loin. « Faites monter les verres dans ma chambre, à moins que vous préfériez qu’on aille dans la vôtre ?

    – On sera plus à l’aise dans la mienne », répondit-il.

    Il attrapa les deux verres tout en rejoignant la femme qui lui promettait une nuit inoubliable. Il s’arrêta un instant pour mieux voir sa silhouette admirablement mise en valeur par le dos nu de sa robe.

    Le désir grandissant fit revenir William à lui, il constata que Lucy se trouvait à califourchon sur son bassin. Elle doit avoir trente ans se dit-il. Les taches de rousseurs sur son visage ainsi que sur son corps dissimulaient les veines qui parsemaient sa peau blanchâtre, ce qui lui donnait un air fragile, sensuel. Tout ce qu’aimait William. Il se pencha en avant pour lui dégrafer le soutien-gorge, alors elle le repoussa contre le lit avec un sourire en coin.

    « Soit patient, tu auras tout ce que tu désires, peut-être même plus encore. Je vais prendre une douche, tu pourrais te détendre un peu en attendant ; que la nuit ne s’écourte pas brusquement », dit-elle en lui faisant un clin d’œil langoureux.

    Il voulut l’embrasser mais elle se déroba et fila dans la salle de bain. Il toisa sa silhouette athlétique qui s’éloignait, en commençant par ses jambes interminables, ses fesses rebondies. Il remonta son regard le haut de son dos – d’où elle ôta son soutien-gorge, et jusqu’à sa crinière cuivrée qui lui couvrait la nuque. William Bott se leva, retira son caleçon, contempla sa virilité. Il en était satisfait. Il se dirigea vers la porte de la salle de bain pour rejoindre Lucy avant de se résigner, il devait la faire patienter un peu pour ne pas donner l’impression que tout était acquis pour elle. De plus la nuit promettait d’être longue, à quoi bon se presser.

    Il entendit l’eau s’écouler derrière la porte, rejoignit la cuisine puis attrapa un verre d’eau qui trainait sur le plan de travail en marbre, juste à côté de l’horrible prix qu’il avait reçu quelques heures plus tôt. Il s’agissait d’une petite statue dorée d’un androïde assis sur un rocher, décerné tous les ans au meilleur entrepreneur en robotique. William Bott détestait les androïdes pourtant il était le meilleur quand il s’agissait de les fabriquer… et de les vendre. Il ne comprenait pas comment les gens arrivaient à s’attacher à eux, ce n’était que des objets. Certains, même, couchaient avec au point que tout un commerce de prostitution s’était mis en place dans les cités-continents. L’idée de s’accoupler avec une machine le répugnait, il avait déjà essayé par le passé, plusieurs fois, mais il n’avait jamais pris autant de plaisir qu’avec une véritable partenaire faite de chair et de sang. Donc quand il pouvait faire l’amour à une vraie femme cela le mettait encore plus en joie. Et là il ne pouvait pas se tromper, Lucy ne pouvait pas être un robot. Les lois interdisaient aux concepteurs de créer des machines trop réalistes, son entreprise en avait souffert d’ailleurs. Bott avait senti son cœur battre pendant leurs jeux, la chaleur qui émanait de son corps, la douceur de sa peau. Elle était parfaite mais pas au point d’être sortie d’usine.

    Il but son verre d’eau d’une traite puis s’apprêtait à rejoindre sa dulcinée quand un bruit de porte le fit sursauter.

    Une autre femme rousse, vêtue d’une robe moulante noire, venait d’entrer dans la chambre de luxe. William s’approcha de la demoiselle en oubliant qu’il était complètement nu. La situation lui paraissait invraisemblable. « Vous vous êtes trompée de chambre mademoiselle… »

    Quand la femme se retourna, William fut pris de vertige. La femme rousse en robe noire était le sosie parfait de Lucy. On aurait dit une sœur jumelle. Une idée excitante lui traversa brièvement l’esprit mais il se ressaisit aussitôt. La vision qu’il avait sous les yeux n’augurait rien de bon, il le savait. William se rendit compte à ce moment précis que plus aucun bruit n’émanait de la salle de bain, pas même le bruit de la douche. La panique l’envahissait peu à peu. Comment avait-il pu être aussi naïf ?

    William Bott se retourna brusquement et tomba nez à nez avec Lucy, en culotte et parfaitement sèche. Il devait baisser les yeux pour la regarder, sans ses talons elle n’était pas si grande. Ses seins étaient comme il les avait imaginés mais l’excitation était passée. Les deux femmes ne parlaient pas, elles restaient immobiles devant lui. L’homme d’affaire ne comprenait pas l’absurdité de la scène, puis d’un coup, sans prévenir, Lucy lui trancha la gorge d’un revers de la main. William recula brusquement en percutant l’autre femme qui était restée là, sans bouger. Il perdit l’équilibre avant de s’écraser lourdement au sol. Le sang coulait de sa gorge à une vitesse affolante, sa vue se troublait petit à petit, il essayait de se relever tant bien que mal mais n’arrêtait pas de glisser dans son propre sang.

    La femme en robe noire s’approcha de Lucy et lui caressa les cheveux avec délicatesse. « Désolée Lucy, je me suis un peu perdue dans les couloirs de l’hôtel, tu ne m’en veux pas ? » Elle regardait William se débattre au sol comme un cochon dans la boue.

    « Ne m’appelle pas comme ça, tu sais que ça m’énerve. » Lucy croisa ses bras sur sa poitrine dénudée tandis que l’autre femme s’approcha encore plus près pour l’embrasser tendrement sur les lèvres en collant son bassin contre le sien.

    « Pardon mon amour, va t’habiller le temps que l’autre se décide à mourir. Au fait Echos, pourquoi ne pas l’avoir tué dans le lit quand tu le tenais entre tes mains ? Ça aurait été plus simple. »

    Echos récupéra ses dessous par terre mais ne les enfila pas tout de suite. « Je voulais le torturer un peu, voilà tout », dit-elle d’une voix innocente.

    Elle alla chercher ses chaussures qui trainaient sous le pantalon de William tandis que ce dernier réussit par miracle à se relever. Il se tenait la gorge tandis que le sang continuait de se répandre à mesure qu’il devenait blanc comme un linge. Les deux femmes furent prises de vitesse. William Bott attrapa dans un effort surhumain la poignée de la porte de la chambre et parvint à sortir dans le couloir de l’hôtel.

    Lucy ou Echos, peu importe son nom, tendit son bras en direction de la porte, celui-ci s’allongea en se divisant en plusieurs parties reliées par des câbles. Sa main qui se trouvait alors à près de trois mètres de son corps, attrapa les cheveux ensanglantés de William puis, sans effort, le fit revenir dans la chambre. La femme en robe noire jeta un œil dans le couloir, à cette heure tardive, le corridor était vide. Elle referma la porte et se plaça devant pour éviter qu’un autre incident se produise. Echos attrapa la statuette dorée posée dans la cuisine tandis que de l’autre main elle tenait le corps de William qui convulsait. Elle l’allongea sur le dos avant d’écraser la statuette sur son crâne. Encore et encore, elle ne pouvait plus s’arrêter, elle était prise de folie meurtrière. Son bras s’abattait sans discontinuer sur le corps sans vie de l’homme d’affaire, Echos était comme possédée par un démon. Elle s’adressa alors à lui dans une rage incontrôlable : « Regarde-moi William ! Regarde ce que tu as fait de moi ! Tout ça, c’est ta faute ! Je te hais, je te hais, JE TE HAIS !!! »

    L’autre femme attendit que sa compagne reprenne ses esprits. Il lui fallut attendre encore quelques minutes. Echos était toujours en culotte, des gouttes de sang perlaient de ses cheveux, coulaient sur ses seins, filaient sur ses jambes. On aurait dit une princesse amazone après un sacrifice. Elle finit par se relever et posa la statue du robot penseur sur le plan de travail en marbre. « Pardonne-moi mon cœur, tu peux m’apporter mes vêtements s’il te plaît ? »

    La femme obéit pendant qu’Echos retourna se doucher, pour de vrai, cette fois-ci. Une fois le sang essuyé, son corps séché, elle remit ses dessous puis enfila sa robe verte. « Appelle Ivy, dit lui d’envoyer une équipe nettoyer la chambre, mon cœur. Personne ne nous a vu rassure-moi ? Il y a du sang dans le couloir ? » Echos paraissait inquiète, l’adrénaline redescendue, elle craignait que son excès de zèle ait pu faire échouer la mission.

    « Il n’a fait qu’un pas dehors, il n’a pas eu le temps de salir l’extérieur, j’ai vérifié ; et personne n’est sortie des chambres pendant que William tentait de s’enfuir. » La femme en robe noire ferma les yeux pour entrer en contact avec son interlocuteur. Elle lui demanda de dépêcher une équipe au plus vite dans la chambre 108 de l’hôtel Grand Ulyss. Echos en profita pour enfiler ses talons.

    « On revérifiera tout de même une fois à la maison, cette mission est trop importante pour qu’un petit détail nous échappe », la voix d’Echos était de nouveau assurée.

    La jeune femme en robe verte et aux cheveux cuivrés lança un dernier regard dans la chambre d’hôtel. Des lumières psychédéliques aux teintes roses parfois bleues filtraient par la fenêtre donnant à la pièce une atmosphère irréelle. Le lit était défait, des vêtements trainaient toujours au sol, tandis que, juste à côté, le corps sans vie de William Bott baignait dans une mare de sang au milieu du salon. La chambre ressemblait à une scène tout droit sortie d’un film d’horreur.

    Les deux femmes quittèrent la suite en claquant la porte. Celle qui portait la robe noire regarda en direction de la porte 107 qui se trouvait juste à gauche. Elle eut l’impression, pendant une seconde, que la porte avait bougé.

    « Ne traînons pas mon cœur, mieux vaut qu’on ne nous voie pas par ici », murmura Echos en attrapant la main de sa compagne tout en se dirigeant vers l’ascenseur.

    « Oui tu as raison », répondit l’autre.

    Les deux femmes avaient la même voix, rien d’apparence ne pouvait les différencier si ce n’était leur tenue. La demoiselle en robe verte s’arrêta pour plonger son regard azur dans celui de sa partenaire, bleu également. « Echos, c’est moi, c’est toi, c’est nous d’accord ? Nous ne sommes qu’un. À la vie, à la mort. Rien ne pourra jamais nous séparer, c’est compris ? Quoi qu’il arrive. »

    La demoiselle en robe noire acquiesça. L’ascenseur arriva enfin et toutes deux quittèrent l’hôtel, la nuit, dans un silence de mort.

    Chapitre 1

    Les bruits de pas du lieutenant dans la cage d’escalier d’une des tours du secteur 77 étaient camouflés par l’air conditionné qui tournait à plein régime. Il faisait déjà une chaleur infernale et l’été n’était pas encore proche. Le problème des habitations des secteurs éloignés c’était le manque de refroidissement des réacteurs qui alimentaient l’immeuble, tant est si bien que les parties communes étaient plongées dans un enfer invivable alors que les logements consommaient toujours plus d’énergies pour se rafraichir. On se serait cru dans une salle des machines d’une vieille usine d’avant-guerre. Et plus le lieutenant montait les étages et plus la chaleur devenait étouffante.

    Une petite lueur rouge clignota sur le verre de sa visière opaque. Le lieutenant leva le poing et tous les effectifs qui le suivaient en file indienne dans la cage d’escalier se stoppèrent. Il porta ensuite son doigt près de son oreille et actionna tactilement un bouton pour recevoir l’appel.

    « Bell, c’est Cash. Ta position ? La voix semblait murmurer.

    – On est dans l’escalier nord, étage 144.

    – La cible est trois étages plus haut. Je suis dans l’escalier sud. On attend les ordres. »

    Le lieutenant Bell et son équipe se remirent à grimper tout en communiquant avec son adjoint. Il pouvait voir le visage de Cash sur le verre de sa visière.

    « Reste en position, tu n’agis pas seul Cash, la cible est dangereuse et armée. On respecte le plan. »

    Un silence suivit, puis Cash répondit : « Reçu. »

    Bell sentait de l’agacement dans la voix de son acolyte, mais pas question d’agir à la légère. La cible était une menace de haut niveau. L’important pour Bell c’était avant tout que ses hommes rentrent en vie.

    Arrivé au 147e étage de la tour, le lieutenant retrouva son adjoint à l’autre bout du corridor. Entre eux, un seul appartement. Aucune lumière ne s’échappait de sous la porte, ni aucun bruit d’ailleurs. Pourtant la cible y était, le lieutenant Bell n’en doutait pas.

    Les deux équipes se trouvaient de part et d’autre de la porte 1473. Bell jeta un œil à son adjoint. Il était prêt, le canon de son fusil vers le bas mais déjà chambré. Le lieutenant se remémora le plan une dernière fois. Il se revoyait dans la salle de réunion une heure plus tôt. La cible se nommait Zéroh. Un hacker réputé sur l’Interverse, connu de longue date par la BLADE. Zéroh s’était toujours tenu à l’écart, évitant au maximum de faire du bruit, faisant son business dans son coin. Mais depuis quelques jours, une enquête l’accusait de vouloir s’en prendre à un riche homme d’affaire et les risques qu’il commette un assassinat contre ce magnat de l’industrie s’étaient multipliés. La BLADE avait donc été envoyée pour « résoudre » le problème. Et qui de mieux placé que la Brigade de Lutte Anti-Délinquance Electronique pour arrêter un hacker ? Lors de la réunion, le commissaire à la tête du service les avait mis en garde : Zéroh est un homme imprévisible, malin et dangereux. Expert en technologies et cybercriminalités. Pour cette mission Bell et son équipe avait carte blanche, mais éliminer Zéroh ne devait être que le dernier recours. Cet homme était une mine d’information, le tuer serait considéré comme une perte pour le service.

    Bell fit signe à Cash et ce dernier plaça discrètement un boitier sur la porte de l’appartement de Zéroh. À son signal, l’adjoint actionna le boitier qui émit un léger sifflement. Le lieutenant entendit alors la porte se déverrouiller. Il fit signe à Cash qui ne se pria pas pour ouvrir la porte et entrer dans l’appartement silencieusement suivi par son équipe. Bell leva la main et fit signe à son équipe de le suivre dans l’antre du hacker.

    Les lieux étaient plongés dans l’obscurité, la visière du lieutenant se mit en infrarouge permettant de se mouvoir comme en plein jour. L’équipe de Cash avait pris l’aile gauche tandis que celle de Bell s’était précipitée sur la droite. Le lieutenant progressait pièce par pièce, son équipe assurait ses arrières et ses angles morts. Il était accompagné de trois hommes tandis que Cash en avait deux. L’habitation était vraiment spacieuse et Bell ne voyait plus son adjoint, ils ne pouvaient plus communiquer que par leurs écouteurs.

    « Tu as quelque chose Cash ? Le lieutenant tenait son arme de poing en position contact prêt à tirer.

    – RAS. Que des pièces vides et désordonnées. Je me demande même si c’est habité, on dirait un dépotoir. »

    Cash enjamba une chaise en plastique transparent renversée, dans ce qui ressemblait à la cuisine d’un adolescent qui ne connaissait pas encore le principe du nettoyage.

    « Pareil je n’ai rien de mon côté. On continue à progresser. Nos sources sont sûres, il se planque ici. »

    Cash acquiesça et rompit la liaison. Le lieutenant Bell avançait tout doucement afin de limiter le bruit de ses déplacements. Il portait en plus de sa combinaison, un plastron lourd de combat qui entravait ses mouvements mais qui pouvait résister à quasiment tout type d’ogive ainsi qu’un casque de protection avec visière intégrée qui lui recouvrait l’entièreté du visage. La vitre sur son visage était teintée lui assurant l’anonymat lors de ses missions. Tous ses hommes en étaient équipés, son acolyte aussi.

    Bell traversa deux autres pièces dont une chambre mal rangée où des sacs de nourritures livrées jonchaient le sol. Son attention fut attirée par une porte au fond dont le huis était illuminé par une lumière artificielle venant de l’intérieur. Le lieutenant regarda sa montre : cinq heures trois minutes. Cela ne faisait que trois minutes qu’ils avaient pénétrés dans l’appartement. Si tout se passait bien dans cinq, ils seraient dehors, la cible neutralisée. Bell actionna son écouteur :

    « J’ai un visuel côté est, tout au fond de l’appartement. Je t’envoie ma position.

    – Je te rejoins. »

    Le lieutenant fit signe à ses équipiers de rester en retrait, il entrerait en premier dans la pièce et eux prendraient position sans pénétrer dans la salle. Si c’était un piège, aucun intérêt qu’ils tombent tous dedans. Bell appuya sur le pavé tactile et la porte coulissa vers le haut. La lumière l’aveugla à cause du filtre infrarouge, mais ses lunettes s’adaptèrent instantanément et filtrèrent l’excédent de lumière. Il pénétra dans la pièce sans remarquer que sa visière s’était tout juste arrêtée de fonctionner. Son arme braqué devant lui et scannant la salle à la recherche de Zéroh, il remarqua plusieurs écrans géants qui renvoyaient un puissante luminosité. Sur ces écrans, un seul message qui tournait en boucle. Un envoi de donnée. Un lit se trouvait sur la gauche et à droite un bureau sur lequel travaillait un jeune homme dont la moitié du visage était recouvert par un casque électronique relié par des câbles à une unité centrale de la taille d’une armoire. Aucune chance qu’il ne l’ait vu. Le lieutenant Bell pointa son arme dans sa direction. « Police d’Ulyss ! Pas un geste », hurla-t-il.

    L’homme au casque ne bougea pas tout de suite comme si l’information mit du temps à lui parvenir. Puis d’un coup tourna sa tête vers le lieutenant et prit de panique retira son casque. La vision qu’il eut l’effraya au plus haut point. Un inconnu se trouvait dans sa chambre une arme pointée sur lui et derrière, dissimulés dans l’encadrure de la porte, trois autres hommes accroupis, fusil à visée laser qui le tenaient en joue. Zéroh réagit par réflexe, attrapa son arme posée sur le bureau et se leva brusquement braquant le lieutenant tout en renversant la chaise sur laquelle il était assis. Bell s’en voulut de ne pas avoir agi plus vite mais l’abattre n’était pas envisageable. Tous deux se visèrent et se jaugèrent de longues secondes puis il fit signe à ses hommes de ne pas tirer.

    « C’est elle qui vous envoie ? C’est ça ? » cria Zéroh.

    Ses mains tremblaient et ce détail n’échappa pas à Bell, son apparence non plus. Zéroh devait avoir une vingtaine d’année, il était jeune, paniqué et portait une iroquoise bleue en guise de coupe de cheveux. Il ne correspondait pas vraiment au criminel qu’on lui avait dépeint si ce n’est cette coupe de cheveux qui ne faisait que confirmer que c’était bien Zéroh qui se dressait devant lui. Et il était armé d’un pistolet à impulsion électromagnétique de contrebande. Le genre de flingue qui traversait aisément les protections militaires et civils.

    « Je ne sais pas de qui tu parles, Zéroh mais pose ton arme tout de suite ça va mal finir sinon, tu le sais. » Le regard du lieutenant glissa sur les écrans qui illuminaient la pièce. Ils renvoyaient tous une barre de chargement. Un transfert de donné, pensa-t-il.

    « Je ne veux pas mourir ! Sa main tremblait de plus en plus. Je vous jure que je n’ai rien vu. »

    Soudain une porte s’ouvrit sur sa gauche. Ne sachant pas quoi faire Zéroh pointa son canon vers Cash qui venait de rentrer dans la pièce et s’était immobilisé, comme une bête pris dans les phares d’une voiture. Le lieutenant comprit dans le regard apeuré du jeune homme qu’il allait tirer sur son adjoint. En une seconde il se déplaça et se positionna entre Cash et le tireur qui actionna à deux reprises la queue de détente de son arme. Les ogives vinrent percuter l’officier au niveau de son bras gauche. À peine gêné par les perforations soudaines dans son membre supérieur, le lieutenant Bell tira une cartouche en plein cœur du jeune garçon à l’iroquoise bleue. Zéroh tomba au sol dans un bruit sourd.

    Puis, le silence.

    Les écrans s’éteignirent comme s’ils venaient de mourir avec leur maître. Bell parvint tout de même à capter une image ou un mot sur les écrans avant que tout ne disparaisse. La seule lumière qui parvenait encore à filtrer dans la pièce provenait des lasers des agents qui venaient de rentrer à leur tour. Bell regarda sa montre : cinq heures et cinq minutes.

    La mission était un échec.

    Cash s’approcha de son lieutenant qui avait déjà rangé son arme et observait le cadavre de Zéroh.

    « Merci lieutenant, ça va aller ? »

    Cash était un homme d’un mètre quatre-vingt-quinze entièrement refait par des implants biotechnologiques, un cyborg, un vrai. Et il savait mieux que quiconque que tuer quelqu’un ne laissait personne indifférent. Il s’inquiétait pour son supérieur.

    « Qu’est-ce qui s’est passé, putain ? demanda Bell. Pourquoi tu n’as pas bougé ? Sa voix se voulait dure.

    – J’en sais rien ! Quand je suis rentré dans la pièce ma visière m’a lâchée puis j’ai été comme paralysé… Désolé. Ton bras ça va ? »

    Le lieutenant Bell se rappela brièvement que sa visière aussi avait cessé de fonctionner en rentrant dans la pièce. Il ausculta son bras gauche. Deux perforations de la taille d’une ancienne pièce de monnaie, celle que l’on pouvait trouver dans des musées ou chez des antiquaires et qui avait cours au début du XXIe siècle. Bell pouvait encore le bouger mais chaque mouvement était accompagné d’un grincement inquiétant.

    « Il va avoir besoin d’être réparé, les mécanismes sont endommagés. J’appelle Elric, il ne va pas être content. »

    Bell appuya sur sa visière et démarra un appel au commissaire de la BLADE, pendant que Cash regardait les trous dans le bras de son lieutenant. « Ta greffe est vraiment vieille, il était temps de la changer de toute façon, ironisa-t-il, et puis Elric en pensera ce qu’il veut on est vivant, c’est le principal.

    – Ma greffe est peut-être dépassée mais rappelle-toi qu’elle vient de te sauver la vie, souligna Bell en attendant que le commissaire décroche. Et tout le monde n’est pas vivant. »

    Le lieutenant Bell fixait le jeune garçon qu’il venait d’abattre. Il n’avait pas l’air méchant. Un pauvre gamin un peu perdu sans doute. Cash baissa la tête penaud, il n’allait pas pleurer pour ce gosse, il représentait tout de même un danger. Mais au fond de lui, il aurait préféré que les évènements se déroulent différemment.

    Un léger clic résonna dans l’oreille du lieutenant.

    « Elric. J’écoute.

    Silence.

    – Ici Bell… Zéroh est mort. »

    Le lieutenant entendit un bruit étouffé, suivi d’un simple : « J’arrive. » Il regarda Cash, qui comprit ce qu’il venait de se passer.

    Bell avait raison, Elric n’était pas content.

    Chapitre 2

    Souvenir n°#2199.108.096

    « C’est bon, je peux ouvrir les yeux ? » Je sentais dans ma voix une pointe d’inquiétude mêlée d’excitation.

    Une légère brise me souleva les cheveux. On est dehors, pensais-je. Il avait posé ses mains sur mes épaules pour me guider. Je pouvais sentir la chaleur de son corps près de moi.

    « Pas encore, répondit-il. Encore un petit effort. »

    Il me fit avancer de quelques pas puis de sa voix douce et pondéré, me dit d’ouvrir les yeux.

    J’obéis et quelle ne fut pas ma surprise en contemplant le spectacle qui se jouait devant moi. On se trouvait sur le toit de la tour de Will. B, la plus haute du secteur 13. Elle devait trôner à près d’un kilomètre de haut. La vue panoramique du toit était saisissante. D’ici je pouvais voir toute le secteur et bien plus encore. La cité-continent s’étendait à perte de vue. Le ciel était dégagé rendant ce moment encore plus magique.

    « C’est magnifique Ned, merci. Je ne pouvais pas détacher mon regard du paysage.

    – Tu n’as pas arrêté d’étudier Ulyss ces derniers temps, je voulais te montrer à quoi ressemble la ville, en vrai, en dehors de ce que tu lis dans les archives holographiques. Et puis cela fait du bien de sortir du laboratoire un petit peu, échapper un peu au regard des caméras, c’est agréable. »

    J’avais beau avoir tout lu de cette cité, je ne m’attendais pas à être autant éblouie lorsque je la verrais pour la première fois. C’était magique. « Cette ville est incroyable ! Et tellement immense, même d’ici il nous est impossible d’en voir la fin ! Tu crois qu’un jour je pourrais me promener dans ses rues ? »

    Il esquiva la question. Je m’y attendais. « Ulyss n’a pas toujours existé tu sais. Après la guerre, les différents pays qui se partageaient le monde ont disparu mais pas leurs habitants. Par un consensus, l’humanité a préféré s’unir. Ainsi huit cités-continents virent le jour. Ulyss est celle qui remplaça l’Europe. Mais tout cela ne fut possible qu’avec l’aide des robots. »

    Ned se rapprocha de moi. Il ne me laissait clairement pas indifférente. Était-ce parce qu’il était mon créateur ? Peut-être mais pas seulement. Il reprit ensuite ses explications :

    « Le boom technologique qui suivit fit disparaître peu à peu les religions qui divisaient le monde. Les robots prirent une place de plus en plus conséquente dans sa reconstruction, ainsi que dans le quotidien des hommes et des femmes. La plupart des travailleurs manuels furent remplacés par des automates, puis ce fut le cas d’autre métiers comme l’armée ou la police – exception faite des services spécialisés ou une expérience humaine est toujours souhaitée. L’humanité put ainsi s’épanouir dans la création, la recherche et les arts. »

    J’adorais l’écouter parler. Je connaissais déjà la plupart des histoires qu’il me racontait mais j’étais trop captivée par sa voix pour le couper.

    « Moi aussi je vais devoir travailler ? » demandai-je, une fois son explication finie.

    Ses yeux marron clair me fixèrent. Je pouvais voir une véritable tendresse dans son regard. « Non, pas toi. Toi, tu es spéciale Ange. »

    Je ressentais une vive émotion à chaque fois qu’il m’appelait par mon prénom. Ned était spécial pour moi aussi.

    « Tu dis ça tout le temps ! Mais pourquoi je suis spéciale ? »

    Ned s’approcha du rebord comme pour mieux admirer le vaste espace qui s’offrait à lui. « Bientôt les gens te connaitront et tu changeras la face du monde, crois-moi. »

    Il refusa de m’en dire davantage mais je commençais à le comprendre, à me comprendre aussi. Peut-être avait-il raison, peut-être que je changerais le monde. Ned remarqua mon absence, perdue dans mes pensées. Il voulut me rassurer : « Ne te préoccupe pas de ça pour l’instant, profite de la vue. Dans quelques minutes la pause sera finie et on retournera au labo. On a tout le temps pour s’occuper du reste. Il me sourit. Bon et si tu es sage, plus tard je t’emmènerais dans le secteur 7, ils ont un super musée sur la période avant-guerre, je suis sûr que cela t’intéressera. »

    La joie qui me traversa à l’écoute de ses mots me fit bondir dans les airs. Ned m’attrapa le bras et me sermonna sur le fait de sauter sur un toit à plus de mille mètres d’altitude mais j’étais trop contente, enfin il me proposait de sortir de la tour. Pour la première fois j’allais pouvoir voir le monde extérieur, pour de vrai.

    « Et on pourra aussi aller dans un parc ? Je sais qu’il y en a encore dans les secteurs centraux, je voudrais sentir l’herbe sous mes pieds. Et peut-être aussi au zoo ? j’ai vu sur l’Interverse qu’on pouvait y voir toutes les espèces du monde ! Bon ce sont des robots évidemment mais ça doit être incroyable ! »

    Le monde était si grand et je devais me contenter d’une tour. Ned le savait mais je sentais qu’il n’était pas libre de ses mouvements avec moi. Il tenta de me raisonner. « Du calme Ange, j’ai dit que je t’emmènerai au musée déjà, on verra pour la suite ! Et j’ai surtout dit plus tard. »

    Je ne pus m’empêcher de le prendre dans mes bras tant j’étais heureuse. Pouvoir discuter avec des gens, marcher dans les rues et voir les lumières de la ville illuminer la nuit, boire un verre en terrasse et s’émerveiller devant le coucher de soleil. Je voulais vivre tout ça.

    Nous restâmes encore un peu sur le toit à contempler Ulyss avant que Ned me pousse vers l’ascenseur et me fasse comprendre que la pause était finie. Mais ce moment magique qui ne dura finalement que l’espace d’un instant, resta gravé dans ma mémoire. C’était la première fois que je me rendais compte à quel point Ned était attentionné avec moi. Il m’avait créée, certes, mais il ne se comportait pas comme ça avec ses autres créations.

    Il avait raison sans doute, je devais être spéciale.

    Chapitre 3

    Les premiers rayons du soleil pointaient à l’horizon quand le commissaire de la BLADE arriva au cent-quarante-septième étage de la tour située dans le secteur 77. Son pas lourd et reconnaissable entre mille fit s’échanger un regard entre Cash et son lieutenant. La sanction n’allait pas tarder à tomber. Les effectifs qui gardaient l’appartement accueillirent le commissaire avec tout le respect qui lui était dû et le laissèrent traverser les bandes holographiques qui interdisaient l’accès au domicile.

    Le commissaire Alexander Elric était élégant en toute circonstance. Pour l’occasion il portait un costume gris sur mesure et une chemise pourpre. Le tout recouvert d’un long manteau noir. Il y avait une sorte d’aura qui émanait de lui, un charisme qui, naturellement, s’imposait aux autres.

    Cash et Bell attendaient dans la pièce où reposait le corps de Zéroh. Cash avait ôté ses protections de combat et avait posé son fusil près de lui, tandis que le lieutenant Bell les avait gardées. Il ne voulait pas affronter le regard de son supérieur. Pas directement. Il préféra conserver son casque et son armure, juste au cas où.

    Quand Elric pénétra dans la pièce tous deux l’esquivèrent. Cash se passa une main dans sa crinière blonde, gêné. Le commissaire ne daigna pas leur adresser la parole, il fit le tour de la chambre, inspecta les murs et les fenêtres. Puis s’accroupit près du cadavre du hacker. Il était mort, pas de doute. La balle avait traversé le cœur sans prendre la peine de s’arrêter. Elle s’était logée dans la baie vitrée et l’avait étoilée. Il se releva et continua sa ronde vers les écrans d’ordinateurs. Il prenait un soin particulier à tout inspecter, il ne voulait rien laisser au hasard. Cinq minutes s’écoulèrent avant qu’il ne se tourne enfin vers ses deux agents. « Bon, vous allez bien c’est le principal. Vous allez prendre votre journée. Bell vous me ferez réparer ce bras, je vais avoir besoin de vous au plus vite. »

    Le lieutenant regarda son adjoint, tous deux étaient sidérés. La réaction bienveillante, limite paternelle du commissaire les avait déroutés. Au lieu d’un sermon, ils avaient eu droit à une journée de repos. Pourtant la mission était un fiasco et s’était transformée en scène de crime. « Je dois vous laisser mon arme, commissaire ? J’imagine qu’il va y avoir une enquête. » Bell commençait à vider la chambre de son pistolet quand Elric lui fit signe de s’arrêter. Il restait calme et serein face à la situation. Mais Bell sentait qu’il se retenait de bondir dans tous les sens.

    « Ce n’est pas nécessaire, une enquête déterminera si vous avez tiré en légitime défense ou non, ce sur quoi je n’ai aucun doute. Si l’envie leur prend de vous désarmer, qu’ils le fassent eux-mêmes. Pour ma part la mission est un… succès, disons plutôt une demi-réussite. Zéroh est hors d’état de nuire et son plan avec lui. Une équipe viendra plus tard dans la journée constituer un dossier de preuve en béton. Cela ne fera qu’appuyer votre geste, Tout va très bien aller. »

    Bell souffla un coup en entendant les paroles du commissaire Elric et la tension redescendit dans la pièce. Cash aussi retrouva quelque peu l’énergie qu’il avait perdu depuis la mort du hacker, il se dirigea vers la fenêtre, l’aube vivifiante qui pointait à l’horizon le réchauffa de l’intérieur.

    Le regard de l’adjoint fut soudain attiré par un véhicule noir qui venait de se garer près du périmètre de sécurité que les hommes d’Elric avaient montés pour interdire tout accès à la tour. Deux silhouettes en sortirent, propre sur elles. L’une était plutôt élancée tandis que l’autre plus trapue.

    « Je crois qu’on a de la visite, s’adressa Cash à ses supérieurs. À leur style je dirais qu’ils sont du renseignement, ils viennent de se garer quelques étages en dessous de nous. »

    Elric baissa la tête, il était contrarié. Il se reprit et attendit que la foudre tombe. Et elle ne mit pas longtemps. Quelques secondes plus tard l’ascenseur arriva au cent-quarante-septième étage et s’ouvrit sur un petit tintement. Deux personnes en sortirent dont une petite bonne femme en tailleur blanc et entrèrent dans l’appartement d’un pas rapide. « Alexander Elric, tu vas me le payer ! Qu’est-ce que c’est que ce capharnaüm encore ? J’attends des explications. » La petite dame avait plus de voix qu’elle ne semblait en avoir et tous se turent.

    Bell et Cash se tournèrent vers Elric attendant sa réaction.

    « Bonjour à toi aussi Kristina, que nous vaut l’honneur de ta visite ? Le commissaire sortit de sa poche un paquet de Stick et en alluma deux. Un pour lui et un pour elle.

    – Tu sais pourquoi nous sommes là. Zéroh était un objectif du BLAST. Il était chasse gardée ! Vous venez de ruiner une enquête de plusieurs années. Du gâchis, voilà ce

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1