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Double expresso
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Livre électronique198 pages2 heures

Double expresso

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À propos de ce livre électronique

Camille, séductrice blasée, décide de suivre une thérapie pour remédier à son ennuie. Sous le charme de sa nouvelle psychanalyste, elle décide de la séduire et de détruire sa vie.
LangueFrançais
Date de sortie26 mars 2013
ISBN9782312009100
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    Aperçu du livre

    Double expresso - Diane Taboga

    cover.jpg

    Double expresso

    Diane Taboga

    Double expresso

    LES ÉDITIONS DU NET

    22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-00910-0

    Chapitre 1

    1

    Camille s’assit au premier café de sa nouvelle ville, et comme à son habitude, sortit son petit carnet de statistiques. Elle décomptait les cent premières passantes, inscrivait d’une croix pleine de luxure les femmes baisables et d’un petit rond noircit d’ennuie les non baisables. Profitant ainsi du soleil, elle quadrillait méticuleusement ses nouvelles villes, terrain de chasse parsemé de proies humaines, où le principal ennemi fut le temps. Sa tache remplie, elle alluma sa cigarette pour mieux apprécier son café, puis ouvrit son journal intime :

    Mercredi 1er aout. Café Le mistral. Toulouse. Résultat : 20/100.

    Après-midi, milieu de semaine et tout ce monde qui s’agite partout, serveur, vendeuse, chauffeur de bus. J’éprouve une certaine joie, sadique, à ne pas travailler. Je ne remercierais jamais assez Marc et son compte en banque, d’avoir fait une crise cardiaque devant sa putin de télé. Enfin je l’ai assez remercié de m’avoir fait découvrir les femmes. Je me demande, combien d’années le gout de sa bite se ravivera encore dans ma bouche, à chaque fois que je dilapide sa thune. On dit que l’argent sent mauvais, moi je dis l’argent sent le foutre. Mais on s’y habitue.

    Cette ville me parait plutôt pas mal, je vais peut-être m’y installer un an.

    Note à moi-même : ne plus porter mes Gucci, acheter des Dior au prochain opticien. Trop de jeunes portent des Gucci.

    ***

    Le soleil se leva lentement suivant sa courbe lascive et inévitable, empourprant davantage les pierres roses de l’architecture Toulousaine.

    Camille roula sur le dos tout en s’étirant, et scruta quelques instants le corps endormi sur sa droite. Puis se leva, fit ses exercices d’assouplissement le temps que la cafetière crachait bruyamment son café corsé.

    – Bonjour !

    – Bonjour. L’argent est sous la tasse, je ne savais pas si tu prenais un café le matin.

    – Oui merci.

    La fille tout à fait à l’aise s’assit un instant, observa Camille et lui demanda :

    – T’es jeune, magnifique et riche, pourquoi tu payes pour des services ? Tu pourrais avoir qui tu veux ?

    Le silence exaspéré de Camille, refroidit la jeune femme qui rajouta :

    – Désolée ce ne sont pas mes affaires.

    – Mon ancien voisin, un grand romantique, je tiens à souligner que le mot romantique ne veux absolument plus rien définir, mais sert simplement à attirer la sympathie d’une personne presque mure à se faire briser en en deux. Bref, un looser romantique, produira toujours plus de compassion qu’un looser tout court.

    Mais je m’égare, donc mon voisin à finit par conclure en toute lucidité, qu’il y aura toujours quelqu’un prêt à t’aider à te déshabiller avant de baiser ; mais une fois s’être fait baisé, il ni a plus personne pour t’aider. Tu t’habilles toujours seule.

    Mais tu sais je t’ai juste payée pour la nuit, ne te force pas à me faire la discussion.

    – Merci pour le café, bonne journée.

    Samedi 4 aout. Café Le Capitole. Toulouse. Résultat : 28/100.

    Aujourd’hui je réalise avec déception, que mon jouet est cassé. Je m’ennuie avec les putes. Je m’ennuie avec la drague, avec les mecs, avec les filles. Si je n’avais pas tant de péchés à me faire pardonner, j’aurais pu opter pour une vie de nonne… quelque chose ne tourne pas rond chez moi. Peut-être est-il temps d’aller voir un psy.

    Note à moi-même : trouver un psy.

    ***

    Après avoir relevé cinq numéros de téléphone, Camille s’allongea sur le lit, bras croisés sur le ventre, enserrant l’appareil électrique dans ses mains, et contempla le plafond épuré. Elle composa ainsi les trois premiers numéros en raccrochant aux sons des voix qui ne lui inspiraient guère. Énervée contre elle-même d’avoir eu une idée si stupide, elle tapa le quatrième numéro, et sans même attendre que son interlocuteur parle, elle articula très distinctement :

    – Les putes me lassent, que vais-je faire maintenant ?

    – Souhaiteriez-vous en discuter dans mon bureau, lui répondit une voix féminine, très sure et sereine.

    – Dans votre bureau, cela n’est-il pas trop lugubre, après tout je ne suis pas folle.

    – C’est ainsi que nous fonctionnons tous.

    – Ne pourrions-nous pas déplacer votre lieu de travail, dehors, autour d’un café par exemple ?

    – L’extérieur vous empêcherait de vous concentrer sur vos ressentiments intérieurs.

    – Je vous payerai trois fois le prix de la séance !

    – Vous ne pouvez pas acheter tout le monde. Réfléchissez y, et rappelez-moi si vous concédez à venir dans mon bureau, celui-ci n’a rien de lugubre.

    La sonorité aigue et désagréable d’un combiné raccroché surpris Camille. La première fois surement qu’une personne ne cédait pas à ses petits caprices de princesse. Elle jaillit et s’assit sur le bord de son lit puis recomposa le numéro.

    – Demain vous auriez vous un créneau de libre ?

    – Mardi seulement, si vous le souhaitez !

    À son tour Camille lui raccrocha au nez, puis le téléphone sursauta dans ses mains.

    – Donc à mardi, je n’ai pas pris votre nom s’il vous plait.

    Désemparée et intriguée, Camille laissa mollement tomber de sa bouche chaque lettres l’une après l’autre. Celles-ci paraissaient se perdre lourdement dans son téléphone.

    – Mardi 14 h Camille.

    – Oui. Au revoir.

    – Au revoir.

    Lundi 6 aout. Café Le Toulousain. Toulouse. Résultat : ? /100.

    Bordel, je n’arrive même plus à laisser errer mon regard tranquillement, je suis persuadée que mon rendez-vous de demain est une erreur monumentale. Elle m’a carrément forcé la main, et pitoyablement je n’ai fait que subir la discussion. Mais je serais curieuse de voir qu’elle genre de personne peut me tenir tête. Surement une vieille coincée de cinquante-cinq balais, qui vit seule avec ses trois chats. Je peux encore annuler. Ou sinon…

    ***

    Camille interrompit son travail d’écriture lorsqu’elle remarqua, une brune magnifique, traverser le passage piéton. Ses yeux impassibles, s’enracinèrent sur les jambes parfaitement galbées de la passante, et durent difficilement s’arracher de ces récifs vertigineux, car l’inconnue venait de prendre place à deux tables de la sienne. Elle lui tournait maintenant le dos. Un carré plongeant très strict sublimait sa nuque bronzée. Cette vision parfaite laissait naitre une impression de pain d’épices savoureusement sucré au miel, dans l’imagination de n’importe quel observateur un tant soit peu sensible. Camille appela la serveuse pour régler l’addition, pouvoir se lever, et observer lors de son départ le visage de sa nouvelle attraction. Mais alors qu’elle s’avança vers la table de sa cible, l’inconnue se leva, fit face à Camille, la fixa profondément dans les yeux et lui dit :

    – Camille, vous oubliez votre cahier. J’espère que vous n’oublierez pas notre rendez-vous demain, 14h dans mon bureau !

    Arrivée chez elle, elle se servit un verre d’alcool fort, puis un deuxième et jeta son carnet à la poubelle.

    En tout début de soirée, elle voulut calmer ses esprits, se focaliser sur son nouveau plan, gribouiller dans son carnet maintenant vulgairement abandonné. Elle saisit alors un livre, sentit l’odeur des pages, parcourut le résumé, déshabilla le livre de sa couverture et souhaita rentrer dans l’intimité de ses chapitres. Mais il ni avait que la pulpe de ses doigts qui ressentaient le livre. D’un saut dynamique, presque guerrier, elle se leva, pris son sac de piscine sa serviette et roula dangereusement jusqu’au parc des sports, ne manquant pas d’accélérer sur les pigeons joueurs, qui pensait-elle la mettaient au défi.

    Dans le vestiaire, elle ramassa ses longs cheveux châtains de sorte qu’elle put tout faire tenir sous son bonnet de bain noir. Puis ajusta ses lunettes. Franchissant le pas de la porte, elle entra dans ce monde anonyme, où les visages déformés par les accessoires de sport n’étaient plus reconnaissables, ou l’uniforme du maillot de bain démunissait les faschonnistas des leurs bijoux, lunettes, chapeaux, costumes. Plus aucune apparence, armure, l’assurance ne tenait plus qu’à un fil.

    Camille bomba la poitrine et plongea gracieusement dans un monde aphone chloré. Son corps souple filait, faisant légèrement onduler l’eau de part et d’autre. Au bout des quelques longueurs elle retira ses lunettes pour nettoyer la buée. À côté d’elle un nageur fit de même, et ne manqua pas de se noyer dans les yeux verts sombres de Camille. Alors qu’elle voulut repartir, il lui coupa le chemin en démarrant un peu plus vite. La compétition secrète venait d’être lancée, Camille se concentra sur le rythme du sportif, fixa son regard sur ses cuisses musclées et puissantes, qui de temps à autre répandaient un nuage de bulles devant elle. À chaque bout de longueur, leurs deux corps tendus par l’effort ne manquaient pas de se croiser. Une mince couche d’eau les séparaient à peine, leur flancs se frôlaient quasiment, et la décharge électrique qui parcourait leur peau, ne faisait qu’accélérer cette course folle. Plus l’intensité devenait violente, plus la nageuse se sentait attirée par cette masse de chair musclée qui n’abandonnait pas. Régulièrement des bulles d’air remontaient de sa bouche vers ses oreilles pour retrouver la surface. Au bout d’une heure, elle sentit la cadence diminuer et elle en profita pour doubler le nageur dans le virage. Puis s’arrêta aussi net de sorte que l’homme dû s’arrêter derrière pour ne pas lui rentrer dedans. Elle enleva ses lunettes, attendit que l’homme en fit autant, et lui dit à peine essoufflée :

    – 06 73 41 44 70. Si tu as retenu, appelle-moi dans la semaine.

    Puis elle s’éloigna vers l’échelle.

    Arrivée chez elle, elle but son thé et s’effondra de sommeil.

    Le soleil déjà bien haut maintenant, chauffait par endroits régulièrement espacés, la peau de Camille à travers la persienne. Sentant la chaleur l’envahir, elle sursauta du lit comprenant qu’il devait être bien tard. Treize heures. Complètement reposée et aguerrie, en enfila son jeans préféré et un haut près du corps en cachemire rouge bordeaux. Elle attrapa deux fruits au passage qu’elle savoura dans la voiture en direction du rendez-vous.

    Lorsqu’elle sonna, le patient précédent descendait les escaliers sans lever les yeux et elle aperçut la psychologue tenant la porte quelques marches plus haut.

    Camille lui serra vigoureusement la main et entra, scrutant, analysant les moindres détails de la décoration. Alors qu’elle fit le tour du bureau, la propriétaire s’assit et demanda :

    – Pouvons-nous commencer ?

    – Vous portez une alliance ?

    – Je vous plais ?

    – Moins votre prétention.

    – Je suis mariée et épanouie.

    – Dans ce cas, je n’ai plus besoin de venir ici.

    – Êtes-vous toujours aussi directe ?

    – Cela vous gêne-t-il ?

    – Devrais-je l’être ? Vous savez Camille, nous pouvons continuer ce petit jeu un bon moment. Ou alors, vous pouvez prendre place et me parler de ce qui vous a conduit ici.

    – L’ennuie, et l’envie de m’entendre faire de longs monologues temporairement ponctués de vos « hu hum… » et « oui mais encore »….

    – Oui mais encore ?

    Comprenant bien que sa patiente n’était pas disposée à parler, Helline s’émergea intentionnellement dans le jeu de Camille. Les deux jeunes femmes ainsi occupées ne virent passer l’heure, et l’arrivée du prochain patient les obligèrent à s’arrêter.

    – Docteur ?

    – Helline !

    – Helline, pourrions-nous continuer ce travail mais dans un café plutôt ?

    – Vous appelez ca du travail ?

    – Je vous l’ai dit, ici je me sens mise à la mauvaise place, celle du malade, de la folle ou peu importe.

    – Seriez-vous prête à vraiment travailler, et cela implique de ne pas me poser de questions, ni d’attendre un réel dialogue, ni même de me faire perdre mon temps en inventant de petits jeux stériles ?

    Camille compris qu’elle devait alors faire preuve de sérieux et s’arrêter cinq minutes.

    – J’ai trente-trois ans et je n’arrive pas à vivre dans un monde d’adultes, quelque chose m’effraie et je n’arrive pas à grandir.

    – Mardi prochain 14h au Café le Toulousain. Mais je vous préviens, je n’hésiterais pas à partir si ce temps n’est pas consacré à mon travail.

    – Merci à mardi.

    ***

    Helline fut ravie de trouver son mari à la maison, installé dans le canapé avec un livre. Elle laissa tomber son sac et vint s’allonger sur lui, reposant sa tête sur son torse robuste.

    – Dure journée ? Lui demanda-t-il refermant ses bras autour d’elle.

    – Fatigante mais très intéressante.

    – Tu as un nouveau client ?

    – Oh oui ! Une personne particulièrement intelligente.

    – Donc particulièrement malheureuse ?

    – C’est vrai que l’un va difficilement sans l’autre, mais elle ne m’a pas l’air malheureuse, je ne sais d’ailleurs pas très bien pourquoi elle vient. Mais elle me change des autres.

    Alors qu’elle s’approcha du cou de son mari pour y déposer un baiser

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