Gamin: Littérature blanche
Par Eva Giraud
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUREEva Giraud, née en France en 1988, a grandi à Rouen, où elle est revenue vivre après quelques années à Toulouse. Après avoir été danseuse de feu, pigiste et bien d’autres choses, à 26 ans, elle décide de créer avec une amie une association de promotion artistique et culturelle dans laquelle elle anime des ateliers d’écriture, dont la marraine n’est autre qu’Amélie Nothomb.
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Aperçu du livre
Gamin - Eva Giraud
1.
Judith exécrait le mois de septembre. D’abord, c’était l’un des plus chargés : les clients fortunés attendaient le début de l’année scolaire pour éviter la foule du commun des mortels. Ensuite, ce mois de septembre était synonyme de renaissance pour beaucoup, peut-être à cause de l’imminence de l’automne et de son côté symbolique ; la plupart des gens s’en trouvaient enchantés. Une période de l’année où, semblait-il, chacun faisait de nouveaux projets, complètement hystériques et enjoués à l’idée de repartir du bon pied.
Un dernier coup d’œil à son miroir et ce fut l’heure de partir. Judith n’était pas vraiment le genre de femme dont on dit qu’elle est jolie. C’est un mot qui implique une certaine légèreté, elle n’était que gravité. Sévère, droite, impétueuse, elle portait un regard dur et lointain sur le monde et les gens. Une tenue toujours impeccable et les cheveux irréprochablement tirés en arrière par un chignon, elle aurait pu rappeler à certains ces danseuses classiques au port de tête assassin et pédant. Mais la comparaison s’arrêtait là : Judith n’était pas gracieuse. Pour d’autres, ses cheveux beaucoup trop bien domptés lui donnaient l’air d’une vieille gouvernante totalitaire qui ne croit plus qu’en son maintien pour mater les enfants des autres. Elle était bien consciente qu’une telle apparence ne favorisait ni ses relations aux autres ni les échanges amicaux. Mais il n’était pas question de ça. Son air sévère convenait donc à l’effet recherché : paraître intouchable pour mener son personnel à la baguette. Tant mieux si elle faisait peur, au moins elle n’avait pas à hurler pour se faire obéir.
Judith était directrice adjointe à l’Hôtel du Phare. Un nom aussi prétentieux que le bâtiment lui-même : pourquoi était-il question d’un phare en plein centre-ville, alors que la plage la plus proche était à quelque cent cinquante kilomètres ?
Elle passait ses journées à courir partout : s’assurer de la bonne tenue des employés, de la propreté des lieux, chasser la moindre imperfection, jusqu’à la symétrie exacte et parfaite du tapis qui recouvrait les marches de l’escalier principal, d’un velours bleu roi brodé de fil d’or. Gérer les conflits avec les clients et les fournisseurs faisait aussi partie de ses attributions, ce qu’elle assurait avec aisance et aplomb. Le personnel ne l’aimait pas beaucoup. Pas à cause de sa supériorité hiérarchique, mais à cause de ses airs hautains et de la poigne de fer avec laquelle elle dirigeait l’endroit. La froideur avec laquelle Judith s’adressait au personnel n’était pas non plus pour l’avantager…
Jamais elle ne se déridait. Jean-François, ce vieux grincheux de maître d’hôtel, ne l’appréciait pas non plus. La « vieille taupe », comme l’appelaient certains, semblait ne trouver son bonheur que dans les conflits sous-jacents et réparties grinçantes. Insulter les gens avec un calme olympien et un vague sourire narquois sans en avoir vraiment l’air le comblait cent fois plus qu’une coupe de champagne. Il s’en délectait. Le plus étonnant dans tout ça, c’est qu’il avait beau insulter n’importe qui, personne n’osait jamais lui répondre comme il le méritait. Judith non plus : il était le seul avec qui elle n’était pas blessante. Même quand il l’accueillait le matin en faisant le salut militaire en arborant un sourire provocateur, elle feignait de ne pas le voir. Elle disait que ce n’était qu’un vieux frustré. Mais cela tenait sans doute à ses mimiques de jeune pédant, dissimulant bien mal le cynisme d’un vieillard terni par les moqueries du temps.
— Pardonnez-moi, Madame, dit timidement Camille… j’ai encore retrouvé du vomi dans la chambre de Monsieur Maleville.
— Vous avez changé les draps ?
— C’est-à-dire que, cette fois, c’était dans un tiroir de la commode. Et aussi dans le placard de la salle de bains.
— Bien, soupira Judith, j’en toucherai un mot à son père…
Mais comment expliquer à un milliardaire indigeste et prétentieux que les frasques nocturnes de son fils sont une insulte aux femmes de chambre, dans un établissement de luxe où le client est censé être roi ?
Tel était son quotidien. Avant, elle aimait bien son travail. Aujourd’hui, elle y allait par habitude, parce qu’il fallait bien payer les factures et que sans ça elle n’aurait pas su quoi faire de ses journées. Le sourire froid et la patience qu’elle affichait à présent étaient l’exact opposé de ce qu’elle ressentait. Quand une cliente la sommait de lui faire apporter du champagne et des crevettes à onze heures du matin dans les dix minutes, Judith répondait : « Mais bien sûr, Mademoiselle D. Je fais le nécessaire, Mademoiselle D. » Sa bouche restait instinctivement polie ; elle gardait bonnes manières et courtoisie de façon presque mécanique. Mais en règle générale, les mots qu’elle avait réellement envie de prononcer ressemblaient plus à ceux-ci : « Princesse, tu peux aller te faire foutre, t’enfoncer tes crevettes dans les narines et t’étouffer avec ton champagne à trois cents euros… »
La journée passa donc, ponctuée de gens imbuvables et des commentaires désagréables d’un vieux grincheux sarcastique
