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Corps chinois couteau suisse: Une nouvelle sombre
Corps chinois couteau suisse: Une nouvelle sombre
Corps chinois couteau suisse: Une nouvelle sombre
Livre électronique57 pages42 minutes

Corps chinois couteau suisse: Une nouvelle sombre

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À propos de ce livre électronique

Sans brutalité, ce récit à la première personne coule, s'insinue et nous transperce.

Je suis une pute chinoise à Belleville à Paris en France.
Je suis une prostituée mais ils disent une pute chinoise c'est comme ça qu'ils parlent de moi je les entends ils ne savent pas que je les comprends mais je les ai compris quasiment dès le premier jour où je suis arrivée à Belleville.

Véritable mécanique de la pensée, l’écriture de Thomas Baumgartner nous entraîne dans les pas et dans la peau de cette « marcheuse » anonyme.

EXTRAIT

Je ne suis pas le cliché de la pute non je n’ai pas un gamin qui m’attend chez une nourrice du côté de Canton et que je rêve de récupérer une fois que j’aurai assez de fric et que je ne récupérerai jamais parce que je n’aurai jamais assez de fric parce qu’à 30 euros la passe et même en étant tous les mois l’employée du mois on ne fait pas fortune sur le trottoir non les marcheuses ne gagnent rien à marcher je ne suis pas le cliché de la pute je suis juste une pute chinoise boulevard de Belleville Paris France.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Thomas Baumgartner est journaliste et producteur à France Culture (Les Passagers de la nuit, L’Atelier du son, Supersonic...).
LangueFrançais
ÉditeurEmoticourt
Date de sortie6 févr. 2018
ISBN9782823900842
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    Aperçu du livre

    Corps chinois couteau suisse - Thomas Baumgartner

    Couverture

    Les corps fermés

    Mathieu Simonet

    J’avais quatorze ans et je n’aimais pas être seul. Malheureusement, je n’étais ni beau ni drôle ni particulièrement intelligent. Je ne pouvais donc pas prétendre rejoindre l’une des « castes » prestigieuses du collège : celle des canons, des déconneurs ou des intellos. Aussi, pour ne pas faire partie du dernier groupe (celui de ceux qui n’osent même pas se regrouper entre eux), j’allais toujours parler à quelques élèves qui paraissaient intéressants, mais mal dans leur peau.

    Les autres nous appelaient « les coincés moyens ».

    On passait toutes nos récréations ensemble.

    Le lundi, on allait à l’aumônerie ; c’est la mère d’un des garçons de notre groupe qui animait les séances de catéchisme. De temps en temps, on y faisait des goûters ; la dame patronnesse nous parlait de sa jeunesse, de ses parents qui l’obligeaient chaque Noël à offrir aux pauvres les cadeaux qu’elle avait reçus un an plus tôt.

    Parfois, il y avait une offensive d’un des groupes supérieurs pour venir nous charrier, nous les coincés moyens, mais ça ne nous faisait pas vraiment peur. Nous restions soudés, tête baissée, en rond.

    En troisième, le groupe des canons a commencé à organiser des boums. Comme ils n’étaient pas suffisamment nombreux, ils ont démocratisé l’entrée de leurs « soirées » (ça se passait pendant l’après-midi, mais ils appelaient ça des « soirées ») ; ils ont invité les autres, d’abord le groupe des déconneurs, puis celui des intellos. Et il faut croire qu’ils n’étaient toujours pas assez nombreux, car vers la fin de la troisième, même mon groupe, celui des « coincés moyens » était invité.

    C’était ma première soirée. J’étais excité. Pour la première fois, je dansais avec une fille. Nos corps étaient à cinquante centimètres l’un de l’autre. Nous avions nos bras tendus ; le bout de nos doigts touchait les épaules de l’autre. Perrine, une fille qui faisait partie de la caste des déconneurs, s’était plantée à côté de nous et nous avait rapprochés de force. Perrine était laide ; elle avec des cheveux effilochés et un nez très grand. Pourtant, personne n’osait la chambrer. La fille et moi n’osions plus nous regarder. J’avais mes bras autour de sa taille et elle les siens en équerre, posés sur mes épaules. Perrine nous a pris en photo. Autour, tout le monde riait.

    C’était la fin de la troisième. Il commençait à faire beau. Le collège était en effervescence. Mes amis et moi nous préparions pour le grand pèlerinage de Chartres des aumôneries du 16e.

    C’était une marche qui était prévue sur deux jours.

    Le premier jour, il y avait eu une averse.

    Avec nos gros sacs à dos, nous avions couru nous réfugier sous une espèce de préau abandonné près de la route. Il n’y avait pas assez de place pour tout le monde. Les plus forts poussaient les plus petits. Les prêtres hurlaient qu’il fallait que chacun cède sa place à l’autre ce qui, poussé à l’extrême, était un peu stupide. Dans l’affolement, j’avais perdu mon groupe.

    Je cherchais à me frayer un passage sous le préau, mais n’y arrivais pas ; j’étais bloqué par le corps des adolescents qui se tenaient fermement à leur place. C’est là que, pour la première fois, je l’ai vu : un garçon blond, aux cheveux bouclés, souriait dans le vide. Il était un peu plus petit que moi. Nous sommes restés quelques minutes face à face, sans parler.

    Lorsque la pluie a cessé de tomber, le garçon a couru rejoindre un groupe d’amis, en tête du cortège. Je l’ai

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