Impasse, perd et manque…: Nouvelles
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À propos de ce livre électronique
La nouvelle est une discipline à elle seule. Ce n’est pas, comme certains le pensent, un récit qui n’a pas assez de pages pour s’appeler roman. Il s’agit, en quelques lignes, de planter un décor et mettre en présence des personnages pour vivre une brève histoire qui va les amener là où ils ne s’y attendent pas. Ce recueil nous propose une quinzaine de ces rencontres fugaces, dans des styles et des genres différents, du policier au fantastique en passant par la simple tranche de vie.
Découvrez un recueil de nouvelles varié, qui explore nombre de styles et de genres : du policier au fantastique en passant par la simple tranche de vie.
EXTRAIT DES RÊVES D'HÉLÈNE
Je logeais dans un appartement juste assez grand pour contenir mes rêves et mes espoirs. Ce matin-là, il me parut effroyablement étroit. J'avançai jusqu'au canapé-lit sur lequel était jeté un simple drap froissé.
Je n'y dormais presque plus. La plupart de mes affaires se trouvaient chez Hélène. J'avais commencé à m'installer progressivement dans notre futur. En premier, j'avais emporté le plus utile : mes projets de bonheur, notamment, mais également ma brosse à dents, quelques chemises, des idées de voyages, mon besoin d'Hélène, la couleur de son sourire, le prénom de nos enfants, quelques compact-discs de musique classique, les livres que je voulais lui faire lire, ceux que je voulais lui écrire... J'avais emmené mon urgence d'elle mais j'avais peut-être bouclé trop précipitamment ma valise. J’avais peut-être oublié une chose importante, mais je ne savais pas laquelle. J'avais maintenant tout le loisir de chercher puisque je l'avais perdue. Le sommeil me gagnait ; mince de compensation !
À PROPOS DE L'AUTEUR
Jean-Michel Blatrier écrit essentiellement des nouvelles dont nombre ont été primées dans des concours et salons littéraires.
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Avis sur Impasse, perd et manque…
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Aperçu du livre
Impasse, perd et manque… - Jean-Michel Blatrier
Jean-Michel Blatrier
Nouvelles
Impasse, perd et manque...
Éditions Ex Æquo
42 rue sainte Marguerite
51000 Chalons en Champagne
www.editions-exaequo.fr
Dépôt légal : novembre 2009
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.
Bibliographie
- Le Vieux Reptile, Prix Découverte 1994
- L'archipel des Trottoirs, roman, manuscrit.com
- Les texticules du marquis, nouvelles, manuscrit.com
Recueils de nouvelles publiés :
- Le projet Melog
– éditions Octa avril 92
- Pile, face, ou...
- La Croisée des Sphères. Février 97
Nouvelles du présent recueil primées :
- La baignoire 2ème prix au concours de la ville de Talange 1991
- Félicien Musagète 1er Prix au concours de Talange 1992
- L'heure du Loup 1er prix concours Mably 96
- Avec le meilleur souvenir du Comte in Sol'air n°11, 1ère mention concours 96
- Avec le meilleur souvenir du Comte, Diplôme du prix de la nouvelle Montferrier 96
- Avec le meilleur souvenir du Comte, 1er prix du conte Jeux Floraux du Médoc 97
- Le voyage interminable, troisième prix Concours
ALPHA 95
- Échappement Premier Prix, Salon des Poètes, Lyon 96.
Et aussi dix-neuf nouvelles primées et plus de quatre-vingt nouvelles publiées et/ou diffusées.
Table des matières
Impasse, perd et manque
Les rêves d'Hélène.
Le Jour et la Nuit
RANA !
Échappement
Le gâteau d'anniversaire
L'Ange au Sourire
Paula R.
Les perruches de madame Clément
La Baignoire
Le Jardinier Musagète
Voyage Interminable
L'heure du loup
Le Poète de la nuit 118
Impasse, perd et manque
Moi, les seuls polars que j’avais lus, c'était du genre Agatha Christie et San Antonio. Tout ça pour dire que, entre le petit meurtre bourgeois du « five o’clock » et les aventures abracadabrantes du commissaire obsédé textuel, j’avais pas une grande culture en matière de crime parfait !
Si j’avais pu prévoir qu’un jour, j’aurais un type à trucider, je me serais documenté autrement mais bon, y avait pas d’option « crime » au bac. De toute façon, ça remontait à près de vingt ans et, comme j’avais oublié la méthode pour résoudre une équation du second degré et la philosophie kantienne, on peut logiquement penser que j’aurais également oublié les cours de meurtres ; surtout si c’était une option ! J’ai toujours eu tendance à négliger les options. A faire des impasses. Tiens, à propos d’impasse…
Je suis comme qui dirait dans un cul-de-sac et ça me dit rien de sodomiser ce genre de truc.
J’y suis, au propre comme au défiguré. Les types qui viennent de me refaire le portrait à coup de Docks Martens, je les connais bien, surtout le blondinet avec le visage en forme de museau de rat. Lui, c'est le mari d’Isa. Isa, c'est la fille qui était dans mon lit la nuit dernière. Sans être Einstein, je trouve qu'il serait pas hasardeux de voir une relation de cause à effet entre mon aventure avec la belle Isa et mon nez enflé comme une patate qui ruisselle de sang. L’image qui me vient, c'est celle d’une arène d’où le torero serait parti avant de terminer sa boucherie ; laissant la bête haletante, les plaies dégoutantes de sang morveux. Il ne manquait que le soleil et la foule parce que, dans la foule, il y a toujours une jolie fille qui est triste pour le taureau mais qui finit par épouser le torero. Normal, on tombe pas amoureuse d’un taureau mort ; enfin, je crois pas…
Si Isa avait été là, qu’aurait-elle fait ? J’aime mieux pas le savoir, je suis déjà de mauvaise humeur. Je me suis relevé en titubant, chacun de mes mouvements faisait apparaître une nouvelle douleur. Je suis sorti de la ruelle en me tenant aux murs. Les gens me regardaient avec un regard dégoûté et faisaient un large détour pour m’éviter ; comme si les coups de pieds au ventre étaient une chose contagieuse. J’atteignis ma voiture, garée un peu plus loin et me laissai tomber sur le siège. Au passage, j’avais remarqué que les pneus étaient crevés et j’étais étonné que les gros bras n’aient pas explosé mon pare-brise ; un oubli, sans doute. La conscience professionnelle se perd. Dans la boîte à gants, je trouvais de quoi essuyer mon visage et stopper mon hémorragie nasale. Le miroir derrière le pare-soleil me renvoyait l’image d’un type qui aurait fait douze rounds contre Tyson avec les bras dans le dos.
Que les choses soient claires, le projet de tuer le mari de ma maîtresse ne datait pas de mon passage à tabac. Le fait qu'il soit le mari d’Isa n’était d’ailleurs qu’une coïncidence. Enfin… si l’on veut ! Je n’aurais jamais rencontré Isa sans mon « différend » avec le beau Paulo, puisque c’est ainsi qu'on le surnommait.
Il avait débuté comme ferrailleur en récupérant les vieilles carcasses de voitures « oubliées » sur le bord de la route et avait su faire prospérer son entreprise. On lui amenait des voitures et il en faisait des petits cubes après les avoir passées dans une presse. A ce que j’avais pu juger, si la presse tombait en panne, ses employés devaient être capables d’opérer la réduction d’une voiture à main nue ; même si je suis moins résistant qu’une carrosserie.
Dès mon arrivée dans la ville, je m’étais rendu chez lui. Pour arriver aux bâtiments en préfabriqués qui lui servaient de bureau, il m’avait fallu traversé une sorte de ville surréaliste où les rues étaient faites de voitures empilées les unes sur les autres ; un vrai labyrinthe de ferraille.
C'est ce jour-là que j’avais rencontré Isa, une brunette de 30-35 ans, habillée en tailleur et couverte de bijoux voyants, une broche grande comme ma main sur le revers de la veste, un collier en or tellement brillant que je dus fermer les yeux pour ne pas être aveuglé, des bracelets, gourmettes et montres qui cliquetaient à chacun de ses mouvements et quelques dizaines de bagues ; j’avoue que j’ai pas vraiment compté !
— Je voudrais voir votre patron, je lui ai dit.
—Mon mari n’est pas là, elle a répondu.
—Ah ! Alors vous êtes madame Lefebvre ?
En guise de réponse, elle m’a demandé :
— Que voulez-vous à mon mari ? Je peux peut-être le remplacer ?
—C'est… c'est personnel et quant à le remplacer, ça non, je vous assure que c'est réellement impossible.
— Ah ?
Elle m’avait alors longuement dévisagé. Sans doute le ton sur lequel je lui avais dit qu'elle ne pouvait pas prendre la place de son mari l’avait-il intriguée. J’avoue que j’avais esquissé un sourire en disant cela ; un sourire inconvenant, genre rictus nerveux. Je ne pouvais pas lui expliquer « Chère madame, je suis venu exécuter votre mari mais si vous voulez prendre deux balles dans le crâne à sa place, ça lui rendra service… » Plus j’y pense et plus je me dis que mon sourire était déplacé, même si je ne pouvais pas aller jusqu’à présenter mes condoléances à la veuve en devenir.
— Vous vous appelez comment ?
Instant de panique dans ma tête, j’avais même pas pensé à m’inventer un nom. J’étais vraiment pas fait pour ce genre de boulot. Je balbutiai :
— Jacques… Jacques Baumel mais… je repasserai, c'est préférable…
Jacques Baumel, c'était le nom d’un camarade de CM2, un rouquin toujours premier de la classe, c'est sûrement pour ça que son nom était sorti en premier ! Si ce pauvre Baumel avait su qu'il servait de couverture à un assassin ! Ses taches de rousseur en seraient devenues vertes.
— Vous ne préférez pas l’attendre un peu.
J’étais coincé mais la perspective de passer quelques minutes avec la jeune femme ne me déplaisait pas. Elle m’indiqua un fauteuil près du mur.
— Vous voulez un café ?
—Non, non… euh et puis oui si vous vous en faites un.
— Sucre ?
— Non merci.
Je me repassais la scène de notre rencontre pendant que je roulais tant bien que mal sur les jantes pour regagner mon hôtel. Le reste s’était passé très vite. Isa et moi avons sympathisé. Son mari tardait à rentrer et je trouvais ça plutôt bien.
— Vous ne voulez vraiment pas me dire ce que vous voulez à Paul ?
— Non, ai-je répondu. N’insistez pas, d’ailleurs… (je regardai ma montre d’un air préoccupé) d’ailleurs, il faut que je file…
— Bien, je lui dirai que vous êtes passé… Monsieur Baumel, c'est ça ? Jacques Baumel…
— Exact.
Et j’avais pris congé. C'était le jour de mon arrivée dans la ville. Je n’avais pas encore choisi d’hôtel. J’optai pour un établissement discret en centre ville où je me fis enregistrer sous le nom de Baumel. Je ne savais pas bien ce que j’étais allé faire chez le beau Paulo. On dit que l’assassin revient toujours sur les lieux de son crime mais moi, j’y étais allé à l’avance, preuve de mon inexpérience.
Je trouvai à me garer en face de l’hôtel. Je demandai au réceptionniste l’adresse d’un garage où on pourrait me changer mes pneus. Après s’être lamenté sur le vandalisme et les jeunes qui ne font rien de bien, il me proposa de s’occuper de tout. Ça m’arrangeait ! Moi, j’avais l’intention de passer quelques heures à cicatriser. Je montai dans la chambre et m’allongeai avec précaution sur le lit. Je ne parvins pas à trouver le sommeil à cause des hématomes qui me lançaient, l’un après l’autre, se relayant en une procession infernale.
Ça faisait une dizaine de jours que j’étais là et j’avais eu l’occasion de rencontrer Paul Lefebvre à plusieurs reprises. La dernière fois remontait à moins d’une heure et je crois qu'on s’était quittés sans se dire au revoir. Il avait dû me dire un truc du genre « Si je te retrouve à rôder autour de ma femme, je t’enferme dans le coffre d’une bagnole avant qu’elle passe au compresseur, pigé ? » Moi qui suis d’un naturel claustrophobe… l’idée ne m’enchantait guère. J’avais acquiescé en clignant des yeux ; les muscles de mes paupières faisant partie des rares qui ne me faisaient pas souffrir. Je notai toutefois l’idée de meurtre ; compression façon César.
Sa femme, à Paulo, elle me plaisait bien mais c'est pas moi qui lui avais couru après. Le premier soir à l’hôtel, alors que je zappais désespérément, le téléphone avait sonné. Le standardiste m’avait dit qu'on me demandait au bar. Je n’avais pas eu le temps de demander qui, il avait déjà raccroché.
Je ne voyais qu’une personne susceptible de me chercher : celle qui m’avait foutu dans ce merdier. En quelques secondes, je fis carburer mes neurones pour en arriver à la conclusion qu’elle m’avait suivi et savait même sous quel nom je m’étais planqué. Elle cherchait quoi ? A me mettre la pression ? A me faire comprendre qu'elle ne me lâcherait pas ? Le marché était simple, je l’avais accepté – faute d’avoir le choix – et je tuerai donc Paul Lefebvre. J’étais sorti de ma chambre sans prendre la peine de passer une veste. Les manches de ma chemise étaient roulées sur mes avant-bras et mon col grand ouvert.
Arrivé dans le bar, je ne vis qu’une jeune femme assise qui me tournait le dos. Lorsqu’elle se retourna, je la reconnus immédiatement : madame Lefebvre, puisque je ne l’appelais pas encore Isa. Je m’approchais d’elle avec méfiance « C'est vous qui m’avez fait appeler ? »
— Eh oui… cela vous déçoit, répondit-elle malicieusement.
Bien sûr que non, ça ne me décevait pas ! Ça me surprenait, ça, elle pouvait le comprendre, non ? Elle m’a rassuré, m’a raconté des trucs bizarres qui ne me regardaient pas entre elle et son mari. On a bu un ou deux verres – des whiskies bien serrés, elle avait une bonne descente ! – et puis on est montés dans ma chambre, comme ça. Ça me paraissait normal qu’une jeune et jolie fille m’ait suivi jusqu’ici. La vie est souvent plus simple qu'on ne l’imagine ; elle est foutrement plus vicieuse aussi !
Et puis ça changeait rien au fait que j’étais venu là pour buter son mari. Le lendemain matin, en regardant la pince à cheveux qu'elle avait oubliée, je me suis dit que, si les choses tournaient mal, je pourrais toujours plaider le crime passionnel. D’après les feuilletons télés, ça impressionne les jurés de cours d’assise. Et puis j’ai jeté sa pince à cheveux. Les femmes ont la manie de toujours oublier toujours quelque chose chez vous quand elles vous ont baisé ; une pince à cheveux, une brosse, un bas… une fois, j’ai même retrouvé une chaussure. On dit que c'est parce qu’elles ont inconsciemment l’envie de revenir. En ce qui concerne la fille à la chaussure, c'est faux, je ne l’ai jamais revue. Pour Isa, ça s’est vérifié. Je ne raconte pas ça pour faire croire qu'elles sont nombreuses à défiler chez moi, mais juste pour dire que j’ai du mal à en garder une plus de quelques jours. Faut dire que j’ai une maîtresse à plein temps et qu'elles en sont jalouses ; c’est normal.
Isa et moi, on s’est revus tous les jours depuis dix jours et même plusieurs fois par jour.
Le quatrième jour, j’étais allé la voir, à la ferraille, elle m’a présenté un type à la belle cinquantaine, son mari. Je comprenais pourquoi on l’appelait le beau Paulo. Il avait de la classe malgré son nez de musaraigne et il devait y avoir longtemps qu'il n’avait pas touché de tôle à en juger par la chevalière, la gourmette et la montre qu’il portait de façon voyante. Au côté d’Isa, ils formaient une paire de mannequin idéale pour bijoutiers.
— Vous vouliez me voir ? demanda-t-il sur un ton presque agressif.
— Est-ce que nous pouvons aller dans votre bureau ?
— Je n’ai pas de bureau. La paperasse ne m’intéresse pas (il me montra, d’un signe rapide du menton, Isa qui était chargée de ces tâches-là) et quand j’ai des rendez-vous, je m’arrange pour les prendre ailleurs que dans ce dépotoir qui pue l’huile rance et le pneu brûlé.
— Bon alors… où pourrions-nous parler seul à
