Chérubin au Chariot: Polar fantastique
Par S. de Sheratan
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À propos de ce livre électronique
Dans son petit appartement de Bucktown, Chicago, William Mac Arthur, jeune officier de police surnommé Bill par ses amis, se réveille en sursaut. Depuis qu’il a été victime d’une tentative d’assassinat, un rêve de forêt récurrent vient le hanter chaque nuit. Alexandre de Garlande, son riche parrain, lui demande de profiter de sa convalescence pour retrouver un des légendaires œufs de Fabergé. Il accepte aussitôt, espérant qu’un peu d’action lui apportera la sérénité de l’esprit. Il ignore alors que cette enquête qui le mènera jusqu’en Irlande va le confronter au fanatisme et à des événements qui feront défaillir sa raison. Pas à pas, il se rapproche de la forêt de ses rêves, une forêt battue par le vent et où il ne pleut pas. Une forêt qui se nomme… Earthian.
La sortie de ce roman scelle les vingt ans d’existence de l’imaginaire d’Earthian, fruit de l’amitié entre S. de Sheratan – auteur – et Baldwin – instigateur de cet univers. Parallèlement S. de Sheratan a tissé sa propre toile à travers la pentalogie heroic fantasy Aventures Arcanes, une odyssée où la féerie se mêle à la terreur.
Découvrez l'enquête trépidante d'un jeune officier de police, et replongez dans l'imaginaire d'Earthian.
EXTRAIT
J’y vais !
— T’es malade ! Tu vas nous faire repérer ! Laisse-moi y aller !
— Ok mais tu dois être extrêmement prudent ! Elle est probablement armée et elle n’hésitera pas à nous tirer dessus. »
Bill s’élança, conscient que le soleil radieux qui rayonnait sur Chicago ne lui faciliterait pas la tâche, car son reflet sur les vitres l’aveuglait. Tout en courant, il chercha à percevoir un mouvement derrière les rideaux, mais l’intérieur semblait calme aussi sauta-t-il athlétiquement le grillage et se jeta immédiatement à terre. Une roulade plus tard, il était sous une des fenêtres à guillotine relevée en raison de la chaleur inhabituelle. Il entendit la voix de Felicidad qui semblait avoir une discussion téléphonique animée.
Le jeune policier risqua un œil. L’intérieur était miteux : Des murs autrefois blancs, mais jaunis par les infiltrations, un linoléum défraîchi au sol, quelques appliques bon marché, une table de cuisine et un placard constituaient le seul mobilier de la pièce. Le plafond était noirci par les moisissures qui rampaient jusqu’à un néon couvert de chiures de mouches. Il remarqua également la seule décoration de la pièce : dans une niche murale, un petit autel de fortune avec une icône de la vierge surmontée de la Rose de Luther était éclairé par deux bougies blanches et deux bougies rouges.
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
Un mélange entre du Fantastique et un polar, quelque chose que j'avais déjà pu lire récemment mais dans un registre cette fois plus sérieux. Le résumé m'ayant attiré, ainsi que le résumé, alors je me suis lancée ! Et c'est une lecture plutôt agréable ! - The Bookroom
Earthian, c'est un univers particulier et unique. Quel plaisir enfin de voir le tome 1 sortir. Après Aventures Arcanes tome 1, on peut dire qu'il y a de l'imagination a revendre chez l'auteur. - Antoine Baud, Compagnie Littéraire
À PROPOS DE L'AUTEUR
S. de Sheratan est né en 1972 et a toujours été fasciné par l’imaginaire. Ayant un goût certain pour l’écriture, il a décidé, en 1986, de créer son propre univers, Aventures Arcanes. Parallèlement, S. de Sheratan est l’auteur de plusieurs petites nouvelles, dont certaines ont été publiées dans de petits fanzines au début des années 1990, et de quelques autres nouvelles hélas inachevées, dans le courant des années 2000.
En savoir plus sur S. De Sheratan
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Avis sur Chérubin au Chariot
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Aperçu du livre
Chérubin au Chariot - S. de Sheratan
ans.
Préface
Quelque part Earthian est un peu le « et si ? » poussé à l’extrême. Et si nos rêves cachaient quelque chose ? Et s’il existait vraiment de sombres machinations ? Et si tout ce que nous connaissions n’était pas tout à fait exact ? Et si nous étions fous, comment pourrions-nous nous en rendre compte ? À toutes ces questions, les réponses sont le plus souvent nuancées, obligeant chacun à marcher sur un fil entre le gouffre du sens commun et la folie. J’ai créé Earthian en 1998 comme un jeu de rôle ouvert et centré sur le rôle des joueurs. À l’époque, les jeux de rôle se pratiquaient autour d’une table et non pas d’un ordinateur, Je l’ai construit au fur et à mesure, brique par brique, et ce, en grande partie avec l’aide des joueurs. Aussi, je l’ai conçu pour bousculer un peu les gens, les forcer à se remettre en question, tout en les poussant à se poser de nouvelles questions. Enfin j’ai toujours voulu que les gens aient quelque chose à découvrir. Sur le monde, sur les autres, mais aussi sur eux-mêmes.
Earthian s’est construit sur près de vingt ans et lorsque quelque chose se bâtit sur une période aussi longue, il est difficile d’en garder le contrôle. La plupart des aventures créées pour mes joueurs étaient des improvisations. Et pourtant Earthian a toujours été un monde parfaitement cohérent. Les joueurs se sont succédé autour de la table, et ont toujours aimé ce jeu. Je ne saurais expliquer pourquoi. Est-ce le monde si proche du nôtre qui les a aidés à s’immerger et à y trouver leur place ? Ou y a-t-il eu une alchimie particulière qui leur a seulement permis de s’y sentir bien ? Je ne saurais le dire. Avec le temps Earthian a grandi, grossi, évolué et est devenu plus mature. Je n’avais jamais envisagé d’en faire un roman, car je n’en avais jamais eu le courage.
Sheratan a toujours joué un rôle important dans mon univers. Il y fut même le personnage central. Aujourd’hui, il a accepté la lourde tâche d’en faire un roman pour que tous ceux qui n’ont pas eu la chance de jouer à Earthian puissent découvrir ce monde merveilleux, mais aussi pour que ceux qui y ont joué puissent à nouveau ressentir les frissons de leurs premières aventures.
La naissance du roman n’a pas été facile. J’avais demandé à Sheratan s’il accepterait un jour d’écrire un roman sur mon jeu de rôle, mais il avait déjà de nombreux projets en cours dont sa propre série de romans Aventures Arcanes. De même, il a dû en grande partie bâtir l’intrigue tout seul, car, je dois bien l’avouer, j’étais en manque d’inspiration. Le plus étonnant c’est qu’il a réussi à garder l’esprit du jeu tout en lui donnant sa patte personnelle.
En lisant ce livre, vous allez au gré des aventures du héros, croiser de nombreux personnages. Certains d’entre eux ont été créés par Sherdan de Sheratan, mais d’autres sont aussi vieux que le jeu de rôle.
Enfin et surtout j’espère qu’avec ce roman, vous prendrez autant de plaisir à faire vos premiers pas sur Earthian que tous les joueurs que j’ai eu la chance de guider vers ce monde étonnant.
Baldwin Tanelwinerin
Prologue
" Lorsque ses paupières s’ouvrirent, il vit les frondaisons qui s’agitaient au-dessus de lui. Le ciel était à peine perceptible entre les feuilles verdoyantes. De lourds nuages gris et menaçants passaient rapidement et bien que le vent jouât entre les branches, il n’était pas froid ni désagréable. Il sentit la terre moelleuse sous son dos et l’herbe grasse chatouillait délicieusement sa nuque. Au prix d’un effort considérable, il parvint à se relever. Son corps était totalement engourdi, mais il était bien trop étonné pour y prêter garde. Où que ses yeux se posassent, il voyait des troncs à perte de vue. Hêtres, bouleaux, châtaigniers, chênes et frênes semblaient se poursuivre à l’infini. Le sol était mouillé de rosée et, par endroit, de nombreuses flaques laissaient à penser qu’une averse printanière venait juste de passer. Il avança lentement, en titubant, tel un enfant faisant ses premiers pas. Il tanguait et craignait de basculer à chaque instant, mais, petit à petit, ses muscles se fortifièrent et il en récupéra progressivement le contrôle. Il fit quelques pas prudents lorsqu’un bruissement en provenance d’un buisson de houx attira son attention. Il tourna la tête et, à sa grande surprise, le buisson se mit à parler d’une voix fluette :
« Salut !
— Salut !
Il sursauta en découvrant le son de sa propre voix grave aux accents chaleureux.
— Tu parles ?
— Bien entendu que je parle ! Tu es vraiment bizarre, comme tous les grands !
— Que veux-tu dire ?
— Chut ! Il est là !
— Mais qui ça ? »
Le buisson cessa de parler, mais lorsqu’il tourna la tête, il se raidit. À une vingtaine de mètres, entre deux troncs, il vit un loup. Mais ce dernier était aussi grand qu’un poney. Son pelage était si noir qu’il semblait absorber la lumière environnante et ses yeux rouges semblaient briller comme s’ils produisaient leur propre lumière. Il sentit ses entrailles se contracter d’appréhension, mais le loup ne semblait pas menaçant. Il le fixa avec insistance, fit demi-tour, puis s’immobilisa et le regarda par-dessus sa croupe comme s’il l’attendait. Perplexe, il n’osa s’avancer, mais le loup fit quelques pas en avant comme pour l’inciter à le suivre. Il se décida alors à le suivre, mais à peine foulait-il l’herbe qu’il se prit le pied dans une racine et chuta lourdement au sol. Tout devint ténèbres."
Chapitre 1
William Mac Arthur se réveilla en sursaut dans son petit appartement de Bucktown, quartier résidentiel du nord de Chicago. Sa bouche était encore pâteuse de la soirée qu’il avait passée avec ses collègues au Bucktown Pub et il avait un léger mal de tête. Il attrapa le verre d’eau sur sa table et le vida d’un trait. Le soleil de mai perçait au travers des stores, mais il faisait encore assez froid la nuit. Bill, comme l’appelaient sa famille et ses amis, s’extirpa de ses couvertures et posa les pieds sur la moquette élimée qui avait été verte en des jours meilleurs.
Il resta quelques instants le regard dans le vague et ses yeux se posèrent machinalement sur le réveil qui indiquait 5 h 41. Bill grommela à l’idée d’avoir perdu presque vingt minutes de sommeil, mais se recoucher ne valait plus le coup et il se leva lentement. Il parcourut le petit couloir couvert d’un papier peint défraîchi aux couleurs. Il pénétra dans sa salle de bain et se regarda dans le miroir.
À vingt-huit ans, Bill était plutôt beau garçon. Sa chevelure noire de jais était emmêlée après le rêve de cette nuit et de grosses poches apparaissaient sous ses yeux, stigmates des mauvaises nuits qu’il passait depuis près de trois semaines. Cependant, elles n’occultaient en rien la régularité de ses traits. Ses grands yeux bleu clair et son nez étroit et busqué surplombaient une bouche fine aux dents blanches et éclatantes. Sa mâchoire carrée, savamment mal rasée, et ses pommettes saillantes lui conféraient une virilité moderne.
Son métier nécessitait une condition physique impeccable : Bill était agent de police. Son torse imberbe et bronzé laissait paraître une musculature souple et athlétique.
Il rêvait de passer inspecteur avant ses trente ans, aussi travaillait-il d’arrache-pied afin que le commissaire Eberhardt émette un avis favorable à sa promotion en tant qu’inspecteur. Il grimaça en relevant son bras gauche dont l’épaule était bandée depuis plus de deux semaines. La douleur était largement passée, mais certains mouvements pouvaient encore tirailler les bords de la plaie et il devrait encore patienter une bonne semaine avant de pouvoir se faire retirer les points de suture.
Les docteurs du Saint Elizabeth Hospital lui avaient garanti qu’il ne garderait aucune séquelle du coup de couteau qu’il avait reçu d’un déséquilibré. L’incompréhension face à la folie amena de nouveau Bill à se repasser le film des événements, car il ne parvenait pas à en comprendre l’élément déclencheur. L’agression avait eu lieu le 14 avril aux environs de 7 h 30. Comme à leur habitude, Bill et Max, son partenaire, s’étaient arrêtés chez Toast Two, sur North Damen Avenue, pour avaler quelques pancakes avant de continuer leur patrouille. Max, qui avait la quarantaine bien portante, se gavait d’œufs brouillés au pesto et prosciutto tandis que Bill arrosait ses pancakes fondants de sirop d’érable. Le restaurant, souvent plein, possédait une ambiance chaleureuse avec son long comptoir en pin clair et son menu inscrit à la craie sur une ardoise.
Avec l’affluence, ni Max ni Bill ne prêtèrent attention à l’homme en guenilles qui poussa la porte en titubant. Sous un imperméable vert élimé, il portait un vieux chandail effiloché, un jeans râpé et des baskets qui béaient sur le côté. Grand et mince, il devait avoir une cinquantaine d’années avec des cheveux grisonnants et hirsutes, des yeux gris hallucinés au blanc jauni par la cirrhose et ses longues mains décharnées s’ouvraient et se fermaient spasmodiquement. Il balaya du regard la salle et s’avança. Ignorant le menu que lui tendait le patron du Toast Two, il se dirigea directement vers Bill en plongeant la main dans son imperméable pour en sortir un grand couteau de cuisine qu’il brandit au-dessus de sa tête. Max, incrédule, n’eut que le temps de hurler à son coéquipier de s’écarter, ce qui lui sauva certainement la vie.
L’homme abattit son couteau alors que Bill tentait d’esquiver le coup en se jetant au sol, si bien qu’il se planta dans son épaule. Des cris horrifiés fusèrent parmi les clients alors que Max dégainait son 9 mm de service. Bill tomba lourdement au sol alors que l’homme s’apprêtait à le poignarder à nouveau. Bill releva le bras pour se protéger, mais le coup ne vint pas. Trois coups de feu retentirent dans le restaurant et trois taches rouges imbibèrent le chandail de l’assaillant qui s’effondra aussitôt. Le jeune policier se releva pour regarder son agresseur et constata que ce dernier le fixait avec un regard dément en marmonnant un charabia incompréhensible où Bill crut discerner les mots : « Satan » et « Impie ». Touché mortellement, l’illuminé ferma les yeux pour ne plus jamais les rouvrir.
Bill s’aspergea le visage d’eau froide et toucha machinalement son bandage. L’homme avait été identifié comme étant un SDF du nom de Payton Prangler. Il traînait d’abri en abri depuis plus de vingt ans, mais n’était arrivé à Chicago qu’en 2009. Bill devait reprendre le travail seulement aujourd’hui, aussi le peu d’informations qu’il détenait lui avaient été fournies par Max qui, en son absence, n’avait pas vraiment eu le temps de creuser le mobile de la tentative d’assassinat dont il avait été victime. Bill prenait son petit-déjeuner lorsque le téléphone sonna :
« Allo ?
— Billy, mon chéri, c’est maman, dit la voix au bout du fil.
— Bonjour M’man, répondit Bill d’une voix légèrement impatiente.
— Comment te sens-tu mon chéri ? Tu crois être prêt à reprendre le travail ?
— Oui, M’man. Je ne suis pas à l’article de la mort, tu sais.
— Ton père et moi sommes fous d’inquiétude. Savoir que de tels fous existent… »
Anticipant la discussion qui allait s’ensuivre et qui allait forcément s’envenimer, Bill préféra écourter :
« Écoute, M’man ! Je préférerais ne pas arriver en retard. Il va falloir que je mène une enquête sur mon agresseur. Je vais bien et j’irai bien, arrête de t’inquiéter. Cela fait partie des risques de mon métier.
— Oui, je sais Billy… soupira sa mère. As-tu appris quelque chose depuis la semaine dernière ?
— Non, juste son identité. Max n’a pas le temps de faire de recherches, il travaille pour deux, car vu la brièveté de mon arrêt, le commissaire Eberhardt n’a pas jugé utile de me remplacer.
— Oh… et ?
— Il s’appelle Prangler ! Je ne vois pas ce que ça peut te faire de connaître son nom. Il est mort et enterré maintenant.
— Prangler… Payton Prangler ?
— Tu le connais ?!? » s’exclama Bill, interloqué.
Sa mère toussa, visiblement embarrassée. Elle prit plusieurs fois une grande inspiration comme si elle voulait dire quelque chose, mais n’osait pas :
« Maman, insista Bill, si tu sais quelque chose, il faut me le dire ! Cela pourrait m’aider à déterminer son mobile.
— Oui… Enfin non ! Cela ne va pas t’aider je pense. Bon ! Tu es grand maintenant et tu as le droit de savoir…
— Arrête de faire des mystères M’man. Tout ce que tu vas faire, c’est me mettre en retard…
— Bon, je me lance ! Payton Prangler était le directeur de l’école maternelle où tu étais en 1991…
— Ah bon ? Mais que s’est-il passé ?
— Un jour, il a tenté de t’étrangler. Sans la présence d’esprit d’une des institutrices, tu serais mort. Elle l’a assommé. La ville a essayé de minimiser les faits en mettant cette agression sur le compte du surmenage et ton père et moi n’avons du coup pas porté plainte. On l’avait surnommé «