Foi de mécréant: Thriller
Par Pierre Campo
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À propos de ce livre électronique
Quelques jours avant son exécution, Sam Elyott se confie au pasteur Bishop : « J’ai pas tué David O’Connor. » D’abord incrédule, le révérend lui prête une oreille attentive dès lors qu’il apprend que la dépouille mortelle de la victime a disparu dans d’étranges circonstances. Le fameux David serait-il toujours vivant ? C’est que la victime est du genre à défier la faucheuse ; enfant, il avait fait sauter le couvercle de son cercueil alors qu’on le tenait pour mort. N’aurait-il pas recommencé dans le seul but d’assouvir une vengeance recuite ? Le verdict sera sans appel…
Le roman est écrit comme un polar : l’intrigue s’installe au premier chapitre et ne se dénouera qu’à la dernière ligne. Foi de mécréant, la confrontation entre le pasteur et le condamné fera vaciller le plus dévot d’entre vous.
Découvrez un thriller palpitant, et plongez dans une confrontation qui fera vaciller le plus dévot d'entre vous : un pasteur rencontre un condamné.
EXTRAIT
John Bishop devait se rendre à l’établissement pénitentiaire de Green Heaven pour rencontrer le dénommé Samuel Elyott, incarcéré depuis plus de dix ans dans le couloir de la mort.
Un personnage étrange, lui avait-on dit lorsqu’il avait contacté les autorités pénitentiaires du comté pour obtenir une permission de visite. Il ne s’attendait pas à côtoyer le prix Nobel de la paix, ou simplement Monsieur Tout-le-Monde, dans un lieu où la société se débarrasse de ceux qui l’empêchent de tourner rond.
John Bishop aimait se mélanger aux brebis galeuses qui paissaient à ses côtés sur la montagne ; il n’avait de cesse de leur répéter que si, à première vue, la descente semblait facile, elle était bien plus dangereuse que l’ascension. Et de rajouter :
— Ne vous risquez jamais, sans berger, sur le versant obscur de la montagne, car, la gravité aidant, on succombe facilement à la tentation du précipice.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Pierre Campo est responsable du département de Toxicologie à l’INRS. Son premier roman : Amours Collatérales, publié aux Éditions Normant, a été récompensé par le prix Léopold Stanislas en décembre 2010. La face cachée de Gandhi a été publié en juin 2011 aux Éditions Terriciae et nominé pour le prix Victor Hugo. Il publie son premier thriller Paradis in vitro aux éditions Des Tourments. Foi de Mécréant est son second thriller ; il a choisi de l’éditer chez Ex Aequo.
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Avis sur Foi de mécréant
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Aperçu du livre
Foi de mécréant - Pierre Campo
Table des matières
Résumé
1. Coup de foudre
2. Tel le Phénix qui renaît de ses cendres
3. La grosse pomme
4. Incorporation et décorporation
5. La lumière du savoir
6. Poudre cristalline
7. De la poudre plein les yeux
8. L’oméga
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Résumé
Quelques jours avant son exécution, Sam Elyott se confie au pasteur Bishop : « J’ai pas tué David O’Connor. » D’abord incrédule, le révérend lui prête une oreille attentive dès lors qu’il apprend que la dépouille mortelle de la victime a disparu dans d’étranges circonstances. Le fameux David serait-il toujours vivant ? C’est que la victime est du genre à défier la faucheuse ; enfant, il avait fait sauter le couvercle de son cercueil alors qu’on le tenait pour mort. N’aurait-il pas recommencé dans le seul but d’assouvir une vengeance recuite ? Le verdict sera sans appel…
Le roman est écrit comme un polar : l’intrigue s’installe au premier chapitre et ne se dénouera qu’à la dernière ligne. Foi de mécréant, la confrontation entre le pasteur et le condamné fera vaciller le plus dévot d’entre vous.
Pierre Campo est responsable du département de Toxicologie à l’INRS. Son premier roman : « Amours Collatérales », publié aux Éditions Normant, a été récompensé par le prix Léopold Stanislas en décembre 2010. « La face cachée de Gandhi » a été publié en juin 2011 aux Éditions Terriciae et nominé pour le prix Victor Hugo. Il publie son premier thriller « Paradis in vitro » aux éditions Des Tourments. « Foi de Mécréant » est son second thriller ; il a choisi de l’éditer chez Ex Aequo.
Pierre Campo
Foi de mécréant
Thriller
ISBN : 978-2-35962-9064
Collection Rouge : 2108-6273
Dépôt légal mars 2017
© couverture Ex Aequo
© 2016 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de
traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.
Toute modification interdite.
Éditions Ex Aequo
6 rue des Sybilles
88370 Plombières les bains
www.editions-exaequo.fr
1. Coup de foudre
Comme chaque dimanche soir, le pasteur John Bishop jeta un œil à son agenda de moleskine noir avant de s’abîmer, un dossier à la main, dans les profondeurs de son fauteuil club. C’était devenu un rite pour lui et une bonne manière d’appréhender la semaine qu’il aurait à affronter. Laborieux et organisé, il mettait un point d’honneur à prioriser ses missions évangéliques en fonction de leur degré de difficulté. Chacune d’entre elles était un défi pour lui et il mettait un point d’honneur à toutes les relever, sans exception. À vrai dire, il le faisait autant pour lui que pour les âmes en perdition : son sacerdoce était le seul moyen qu’il avait, il le reconnaissait humblement, de traîner sa foi, avec un léger doute dans son sillage. Pour cette raison, John Bishop évitait de se retourner sur son passé dont il n’était pas toujours très fier, il préférait tracer sa route, bille en tête, en déjouant les pièges que l’Éternel dressait sur sa route. Oui, le Seigneur n’était pas tendre avec le pasteur Bishop, Il soufflait sur sa foi depuis qu’il était entré en religion et, ces dernières années, Il semblait avoir pris du plaisir à ce petit jeu.
— Dieu a l’esprit taquin et le besoin incessant de jauger notre amour à son endroit, répétait-il à ses ouailles quand ils l’interrogeaient sur le mystère de la foi.
Il le savait : la terre sur laquelle il œuvrait était infestée de mauvaises herbes, aussi, après chaque pluie grasse, se devait-il de courber l’échine pour les arracher. Jusqu’à présent, il l’avait fait avec bonheur, mais il sentait ses forces s’étioler avec l’âge.
Il lut à haute voix un nom sur la page du lundi 12 février 2001 : « Samuel Elyott ». Les journaux télévisés avaient retracé son parcours récemment ; c’était à l’occasion d’un débat musclé entre partisans et détracteurs de la peine capitale. Ah oui ! Il se souvenait de l’affaire à présent. Bien qu’il fût noir de peau, le personnage était haut en couleur. C’était un dealer qui niait toute responsabilité dans la mort de son compagnon de cellule. Il avait été convaincant, se souvint-il.
Il regarda Éden droit dans les yeux et lui lança à la cantonade :
— La semaine prochaine, mon chéri, ça ne va pas être de tout repos.
John Bishop devait se rendre à l’établissement pénitentiaire de Green Heaven pour rencontrer le dénommé Samuel Elyott, incarcéré depuis plus de dix ans dans le couloir de la mort.
Un personnage étrange, lui avait-on dit lorsqu’il avait contacté les autorités pénitentiaires du comté pour obtenir une permission de visite. Il ne s’attendait pas à côtoyer le prix Nobel de la paix, ou simplement Monsieur Tout-le-Monde, dans un lieu où la société se débarrasse de ceux qui l’empêchent de tourner rond.
John Bishop aimait se mélanger aux brebis galeuses qui paissaient à ses côtés sur la montagne ; il n’avait de cesse de leur répéter que si, à première vue, la descente semblait facile, elle était bien plus dangereuse que l’ascension. Et de rajouter :
— Ne vous risquez jamais, sans berger, sur le versant obscur de la montagne, car, la gravité aidant, on succombe facilement à la tentation du précipice.
Parfois, il leur concédait quelques circonstances atténuantes, il n’était pas rare non plus qu’il ressente un peu d’empathie à leur égard. Il ne les excusait pas pour autant, ça non, la douleur des victimes et celle de leurs proches étaient là pour contenir ses débordements émotionnels, mais…
L’an dernier, il était parvenu à convertir l’une d’entre elles avant qu’elle ne fût sacrifiée, tout de blanc vêtue, sur l’autel de la justice. Et le baptême fut célébré sans trop de difficulté. Depuis lors, il cherchait à rencontrer tous les condamnés de Green Heaven dans l’espoir assumé de sauver leur âme. Il n’y parvenait pas à chaque fois, mais une chose était sûre : sa foi en ressortait toujours grandie, plus forte.
— Nous avons beaucoup à apprendre de ces gens-là, dit-il à l’adresse d’Éden qui l’ignora.
Le pasteur n’avait espéré aucune réaction de celui avec qui il partageait sa vie depuis bientôt treize ans, mais il continua à l’interpeller :
— Tu sais, Éden, il n’y a aucune raison pour que je ne ressorte pas grandi de cette rencontre avec ce Samuel Elyott, mais, cette fois, je ne sais pas pourquoi, j’ai un drôle de sentiment. J’ai rencontré des dizaines d’hommes de sa trempe, mais une petite voix en moi me dit que ce type n’est pas comme les autres, qu’il sort du lot. J’espère que je serais à la hauteur, que je ne faillirais pas à ma mission.
Éden resta de marbre. Il en était presque discourtois.
— Tu as sans doute raison. Inutile de se faire du mouron avant l’heure. Demain est un autre jour. Nous verrons bien !
Dimanche, 11 février 2001, 21 h 30.
Déjà une certaine torpeur s’installait dans le salon où John et Éden vaquaient à leurs occupations. En se rapprochant d’Éden, le pasteur ne put cacher une grimace de douleur. Il payait la longue promenade bucolique de l’après-midi, cette balade à travers champs et forêts qu’il s’octroyait, chaque dimanche, quelle que fût la saison. Si John aimait la communion avec la nature et les dialogues avec le Seigneur, il adorait également éprouver ses performances, jauger sa forme physique. Le corps et l’esprit vont de pair, disait-il sans cesse à Éden.
Il marchait toujours seul. De toute façon, Éden était d’une nature casanière ; il était très rare qu’il franchisse le portail du pavillon. C’était d’ailleurs une source de conflit entre eux. Mais force était de constater, qu’à cette heure, Éden avait toujours une démarche féline, tandis que lui marchait avec une lenteur affligeante, comme un vieux. Ses genoux étaient enflés et une douleur lancinante irradiait toute sa jambe gauche.
— C’est moche de vieillir, lança-t-il à Éden avant de s’affaler enfin dans son fauteuil club.
Éden s’était approché en catimini, il sauta sur ses cuisses et chercha un instant une bonne position avant de se lover en boule. Au bout de quelques secondes, le chat se mit à ronronner et la douleur du pasteur se fit plus sourde.
— À la bonne heure ! se réjouit John.
Il tendit le bras et attrapa la bouteille de bourbon qui se trouvait sur le bar, non loin du fauteuil. À ce propos, c’était un cadeau offert par le dernier des condamnés qu’il avait rencontré à Green Heaven. Un brave homme, ce type, bien qu’il ait tué sa femme et son amant. Pour sa défense, il les avait surpris en flagrant délit d’adultère.
« J’ai pété les plombs », avait-il dit en se livrant à la police.
Il avait juré que jamais plus il ne quitterait son travail avec deux heures d’avance. Il tint sa promesse, car il partit avec beaucoup de dignité, se souvint John qui avait assisté à l’exécution. Le malheureux était noir, décidément il y a des fondements en justice, et il avait eu la mauvaise idée d’épouser la sœur du gouverneur de son état. C’était beaucoup pour un seul homme. Quoi qu’il en soit, pendant la semaine qui avait précédé son départ, ils avaient sympathisé. Ils avaient découvert, entre autres, qu’ils partageaient la même passion pour le whisky. Ça rapproche les gens, ce genre de confidence. John n’a jamais pu comprendre par quel subterfuge le condamné s’était procuré la bouteille d’alcool, mais le fait était incontestable : il avait pu la sortir au vu et au su des gardiens, sans en être inquiété le moins du monde. À croire que les matons étaient de connivence.
John Bishop se servit une rasade du breuvage magique et sa douleur disparut complètement. Ce n’est qu’à ce moment qu’il chaussa ses lunettes et se saisit du dossier « Samuel Elyott », le protagoniste éphémère de la semaine à venir. Il commença à le lire avec concentration. La partie serait serrée.
À 22 h 00, l’horloge le réveilla, le dossier lui était tombé des mains, préservant Éden de l’inconfort de la lumière provenant du plafonnier. Le félin dormait profondément. Il ronronnait délicieusement. John Bishop s’apprêtait à replonger dans un sommeil réparateur quand, soudain, l’animal bondit en lui plantant ses griffes dans la cuisse gauche. La douleur fut si vive que le pasteur se leva sans même ressentir de douleur aux genoux.
— Tu m’as fait un mal de chien, se moqua-t-il. Mais qu’est-ce qui t’a pris ?
Éden était campé devant la porte d’entrée et grattait le paillasson comme il le faisait chaque fois qu’un visiteur s’apprêtait à entrer dans son territoire. Il miaulait avec force. On eût dit qu’il appelait son maître.
— Un vrai chien de garde, ce chat. Veux-tu revenir, salle bête ! Il n’y a personne dehors. Je veux bien admettre que j’étais un peu endormi, mais si quelqu’un avait sonné j’aurais entendu le carillon. Quand même ! En dépit de mon âge avancé, je ne suis pas totalement sourd. Reviens, tu
Éden s’obstinait à gratter le paillasson. Il s’en donnait à cœur joie si bien que de minuscules morceaux de paille volaient de toute part. John Bishop en serait pour un coup de balai. Devant l’obstination de la bête, il céda. Il se dirigea vers la porte et l’ouvrit brusquement, bien décidé à lui faire payer les fruits de son entêtement. Il n’y avait personne de l’autre côté. Au moment du constat, une violente bourrasque de vent s’engouffra dans le couloir chassant Éden dans le salon.
— Courage, fuyons ! s’amusa le pasteur.
Le poil hérissé, Éden orientait ses oreilles par saccades. Le félin était en alerte, il cherchait à détecter la provenance d’un bruit que, de toute évidence, il était le seul à entendre. Visiblement inquiet, Éden tourna un moment dans le salon avant de se réfugier au sommet du buffet. Il guettait un ennemi invisible pour le commun des mortels. Toutes narines dehors, il flairait d’intrigantes odeurs flottant sous le plafond.
Green Heaven, établissement pénitentiaire
de l’État du Massachusetts, 12 février 2001.
— Voyons mon garçon, faites-moi plaisir, relevez-vous… À la bonne heure ! Mon Dieu, je me sens ridiculement petit à côté de vous. Ça ne fait rien, je préfère encore lever la tête plutôt que de vous voir à genoux. D’ailleurs, si vous n’y voyez pas d’inconvénient, moi, j’aimerais m’asseoir un peu, là, au bord du lit. Je peux ? Merci. Vous savez, à mon âge, les journées sont longues et les genoux douloureux. Voilà, c’est bien mieux comme ça. Maintenant, on va pouvoir parler d’égal à égal. Comment allez-vous ?
Surpris par l’humilité du pasteur, Samuel Elyott s’était redressé sans prononcer une parole, le visage fermé, les yeux rivés sur le sol. D’ordinaire, il aurait osé une réplique enlevée, du style « En ce qui me concerne, je trouve les journées un peu trop courtes », mais il s’était tu, bien trop intimidé par le charisme du pasteur. L’embarras dans lequel la situation l’avait plongé lui avait asséché la gorge, comme jadis, quand les premiers symptômes de sevrage étaient apparus. Il but une bonne rasade d’eau en omettant d’en offrir au pasteur. Par chance, il n’avait ni contractures musculaires ni sensations de vertige. Il se sentait plutôt bien ce jour-là.
— Faites donc comme moi, Samuel. Vous permettez que je vous appelle Samuel ? Très bien, ce sera plus sympa. Mon nom à moi est John, John Bishop{1}. Un nom prédestiné à la vocation de pasteur, n’est-ce pas ? Vous me donnez des complexes à rester debout. Je vous en prie : asseyez-vous, Samuel. Après tout, vous êtes chez vous ici, non ?
Samuel réprima un sourire en mordant sa lèvre inférieure. Il se mordit la lèvre si fort qu’une goutte de sang perla. Il aimait l’humour du pasteur. Un peu de dérision lui faisait le plus grand bien.
— Le lit est confortable. On doit bien y dormir.
En réalisant l’idiotie de sa dernière remarque, le pasteur bégaya avant de trébucher sur la suivante :
— C’é… c’é… c’était le sien, n’est-ce pas ?
Il n’avait pas achevé sa question que le visage de Samuel Elyott s’enflamma. Il baissa le regard pour mieux cacher son embarras, en vain. Devant l’insistance du pasteur, il prit un air contrit et secoua la tête.
— Apparemment, c’était le sien, conclut le pasteur, un peu ennuyé par la maladresse de sa question. Eh bien, quoi qu’il en soit, on ne peut pas dire de vous que vous soyez très bavard. Il est vrai aussi que vous êtes seul depuis un bon bout de temps.