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Chroniques d'une humanité: Tome 1 : Persona
Chroniques d'une humanité: Tome 1 : Persona
Chroniques d'une humanité: Tome 1 : Persona
Livre électronique130 pages1 heure

Chroniques d'une humanité: Tome 1 : Persona

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À propos de ce livre électronique

« Sa voix résonnait entre les dunes et les monts, en une tornade de puissance, soulevant les sols et les eaux, réveillant les âmes des deux mondes. La voix pure de l’humanité puisait sa puissance dans les entrailles de la Terre et faisait trembler le domaine des dieux. Le voyageur appelait au secours. L’humanité courrait un grave danger. »
Premier tome d’une série politiquement engagée, « Persona » met l’humanité au centre d’un conte initiatique et retrace le combat utopique d’un homme contre les dérives totalitaires de son monde.
LangueFrançais
Date de sortie29 nov. 2019
ISBN9782312071008
Chroniques d'une humanité: Tome 1 : Persona

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    Aperçu du livre

    Chroniques d'une humanité - Cédric Canton

    Prologue

    « Les utopies ne sont bien souvent que des vérités prématurées. » Alphonse de Lamartine.

    Le temps semblait s’être arrêté. Le soleil habillait le monde de sa cape dorée mais ne recevait pour écho qu’un silence singulier, et la douce musique du monde se réveillant avait laissé place à une solitude sans pareille. A l’écho des âmes des habitants se mêlait désormais un profond sentiment de mélancolie. Il y avait bien longtemps que le cœur de ces villes avait cessé de battre, emmenant avec lui le souvenir de leur grandeur passée. Le martèlement des hybrides et autres robots, qui œuvraient autrefois aux grandes avancées, s’était tu. En un instant. A jamais. Personne n’aurait pu prédire une extinction si soudaine. Personne, hormis un homme.

    Brisant ce silence chaotique, l’homme se mit en marche. Il connaissait cet endroit. En fait, il les connaissait tous. Il avait marché, des jours durant, traversant villes et déserts, forêts et montagnes, affrontant avec ténacité la chaleur étouffante du Soleil, qui brûlait son dos. L’homme était tout ce qui restait de cette humanité, tout ce qu’elle avait bien voulu léguer au monde, dans un sursaut de fierté, avant de succomber au sort qui était le sien. Il n’avait de cesse de vérifier l’état de son sablier, frappé en lettres d’or des mots Ground Zero, alors que les quelques grains qui subsistaient en sa partie supérieure finissaient par rejoindre un à un la masse informe du bas. De cette humanité ne subsistaient que quelques souvenirs, éparpillés çà et là, luttant face à ce temps qui semblait tout emporter, comme cette bague de fiançailles dont le voile de la mort avait enveloppé les époux. Plus loin, la nature recouvrait les ruines des usines, des banques, des bourses, qui révélaient aux aïeux l’absurdité des derniers hommes.

    La mélancolie ne parvenait aucunement à acquitter l’Homme des fautes dont il s’était rendu coupable, car les injustices et les crimes étaient le fait d’un amas d’êtres qui ne voyaient en leurs leaders que des bergers, pourvoyeurs d’une déshumanisation indécente. Des voix s’étaient levées dans l’espoir d’éclairer les cœurs et les âmes, mais une servile civilisation de la consommation les avait bâillonnées : ceux qui s’essayaient à penser n’en revenaient pas, car se démarquer des codes de la société, aussi implicites furent-ils, était un crime.

    Il fut un temps durant lequel les Hommes vivaient pour aimer leurs prochains, considérant autrui comme un autre soi, un être pourvu d’amour et de raison.

    Mais ce temps semblait incertain. Combien d’années, de siècles avaient-ils vu s’évanouir cet espoir. Peut-être des millénaires. Peut-être n’était-ce que l’un des nombreux mythes que les aïeux se plaisaient à narrer : il y avait un avant. Peut-être n’y aurait-il pas d’après. Car cet espoir n’était pas parvenu à empêcher ce qu’une infime minorité désirait ardemment depuis des temps incertains. A l’avidité des uns se conjuguèrent les désirs totalitaires des autres, alors cet idéal éternel s’éteignit. Aimer n’avait plus lieu d’être, un être ne devait plus aimer. L’être humain avait progressivement aboli toute forme d’amour, toute proximité, tout ce qui était au fondement même de sa communauté ; aussi l’Homme acceptait-il les pires cruautés, sitôt qu’elles appartenaient à la norme.

    Mais nul ne pouvait échapper à ce temps qui avait balayé de sa main de fer cette poussière humaine, condamnant d’un souffle une société prétendument éternelle. D’un même flot furent engloutis les Hommes et les hybrides, les dominants et les asservis, sur lesquels s’étaient bâtis des empires dont il ne restait rien d’autre que les briques. En voulant réaliser ce que même une divinité n’aurait osé, cette humanité s’était brûlée les ailes : aussi la chute fût-elle brutale.

    Tel un Hollandais, son intuition l’avait mené aux bords de l’Hudson, à la « Big Apple », le fleuron du monde d’autrefois. A chaque pas qu’il faisait, la skyline de New York se découvrait un peu plus à lui, ses immenses bâtiments se démarquant avec une élégance rare du ciel aux tonalités orangées. Autrefois, cette cité cosmopolite abritait des millions de citoyens aux origines ethniques et culturelles différentes et pourtant résolument partagées, empreints d’une même volonté de faire passer l’humanité avant tout. Mais seuls demeuraient les vestiges d’une gloire passée. New York elle-même semblait nostalgique de ce temps désormais révolu, des années rugissantes, de cette prospérité économique et culturelle, et c’est d’un regard désolé que l’homme se rendait spectateur de cette triste scène. Le temps de Broadway et de ses comédies semblait bien loin. Ses milliers de panneaux d’affichage étaient éteints, reflétant l’immensité vide de New York. Certains se mettaient à clignoter, dans un sursaut d’orgueil éphémère, puis finissaient par se fondre dans la pénombre environnante. Les vitres des bâtiments étaient majoritairement brisées, mais l’homme parvint à se voir dans l’une d’entre elles. Il était grand et musclé au niveau des épaules, mais son corps fatigué dévoilait à ses yeux toute la douleur physique accumulée lors du périple. Son visage, lui aussi, semblait meurtri. Il s’était creusé, laissant apparaître sa mâchoire fine et ses yeux d’un noir perçant, qui contrastaient avec sa chevelure blonde. Cet homme, en somme, aurait pu être n’importe qui, et il représentait toute l’humanité en son être.

    Soudain, il ramassa l’une des nombreuses photographies qui jonchaient le sol. Ce chant des sirènes pouvait se faire entendre par quiconque savait l’écouter. Elle représentait deux enfants, peut-être amis, peut-être même amoureux. L’homme resta figé. Il ne savait presque rien d’eux, mais cette découverte avait dépassé ses espérances. Ils étaient les seuls espoirs. Ils étaient les élus. Il avait parcouru des milliers de kilomètres pour avoir leurs identités, ou au moins leurs visages. L’homme avait accompli sa quête. Il observa son sablier : le temps venait de s’écouler.

    En un instant, un vent d’une force extraordinaire se leva. Les milliers de papiers qui jonchaient le sol s’envolèrent et toutes les vitres se brisèrent. Le ciel était devenu noirâtre, et le vent menaçait de faire tomber les bâtiments. Soudain, les panneaux publicitaires de Broadway se mirent à clignoter à une vitesse folle, affichant Ground Zero. Ground Zero, pouvait-on lire partout. Ground Zero. L’homme perdit son équilibre. Ses sens se brouillèrent. Tout devint flou. Puis, en un instant, plus rien. L’homme n’était plus. Le monde n’était plus.

    Partie I

    1

    Assis à l’arrière du bateau, Enric Wanson contemplait le ciel et ses milliers d’étoiles, ces mondes inexplorés que les hommes voulaient découvrir, sans jamais réellement parvenir à en percer les mystères. Secrètement, il leur préférait leur part d’intimité. Elles semblaient lui conter une histoire, l’invitant au rêve et à l’imaginaire, en le berçant de leur lumière maternelle. Ces étoiles étaient d’une douceur sans pareille, invitant leur féal à poursuivre un merveilleux voyage en leurs contrées inexplorées. Leur doux manteau lumineux avait somme toute quelque chose de rassurant, mais cette immensité noire dévoilait sa grandeur infinie à ces poussières humaines. L’Homme n’était que de passage et ces étoiles lui semblaient intouchables. Elles étaient les derniers vestiges de ce qu’il n’avait pu s’approprier, témoignant de sa vaine avidité : son règne n’était pas absolu. Ces étoiles éclairaient jadis les navigateurs qui écumaient les flots, et Enric aimait y voir une forme d’espoir. Il n’y avait pas que ce monde et ses dérives. Il y avait autre chose, un ailleurs dont il était permis de rêver et auquel Enric aimait s’identifier. Rêver était nécessaire dans cette société résolument conformiste. C’était la seule échappatoire à la banalité du quotidien et aux déboires d’une civilisation qui se voyait universelle, oubliant sa place dans un univers infiniment plus grand. En somme, rêver était devenu vital, et en arrêtant de rêver, beaucoup de vivants étaient déjà morts. Alors Enric méditait, un doux vent frais venant ébouriffer sa fine chevelure brune. Des ombres semblaient danser sur les vagues de la Manche, lui narrant une histoire que les ancêtres voulaient lui transmettre, le conviant à l’intimité de leur fête nocturne.

    A mesure que le bateau fendait les flots, Enric s’éloignait de sa terre natale, de ses mines, de ses terrils et briques rouges. Il emportait dans un coin de son cœur les souvenirs de son enfance, assombrie par les fumées noirâtres des usines. Né dans une famille de prolétaires, ses parents l’avaient élevé dans la pauvreté, dans l’incertitude du

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