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Jeu de Rang: Roman
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Livre électronique272 pages3 heures

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À propos de ce livre électronique

Après des années de violences et de révolutions pour gagner leur liberté, deux jeunes gens sont menacés par le retour des riches dirigeants.

Révolutions, attentats et oppressions ont régné sur le monde pendant de nombreuses années. Les causes ? Un peuple irrité, assoiffé, affamé. Et des dirigeants beaucoup trop puissants. Depuis, la haute société terrestre a abandonné à son sort ses sujets, les laissant dans la misère, déambulant dans des villes devenues fantômes.
Ross et Eria connaissent leur ville par cœur. Frère et sœur, ils ont grandi dans cet immense terrain de jeu accidenté, face à des immeubles écroulés. Heureux malgré leur piètre condition, ils pensaient vivre sans soucis particuliers. Mais les riches ne se salissent pas les mains pour les tâches ingrates. Et ils ont besoin de nouveaux ouvriers, femmes de ménages, esclaves. Leur retour dans ce monde dévasté laissera de profondes cicatrices, des deux côtés du front.

Plongez-vous sans plus attendre dans ce roman post-apocalyptique et découvrez les aventures de Ross et Eria, deux pauvres que les riches veulent s'approprier.

EXTRAIT

Les deux jeunes gens avançaient prudemment dans la ruelle. Le jeune homme, Ross, était grand, et sa musculature était déjà fort avancée pour ses 18 révolutions. Ses cheveux bruns mal coiffés encadraient son visage fin, duquel ses yeux noisette ressortaient. Ses yeux étaient d’ailleurs la seule chose qu’il partageait avec sa sœur : de par leur physique, ils étaient diamétralement opposés. Elle marchait à côté de lui d’une allure élégante et légère sans faire le moindre bruit. Eria était certes plus jeune que son frère avec seulement 15 révolutions mais quiconque la voyait pour la première fois pourrait penser qu’elle était plus âgée que son aîné. Sa longue chevelure blonde ondulait jusqu’au bas de ses hanches, épousant les formes de la jeune femme. Ses vêtements, tous noirs, accentuaient sa silhouette, lui donnant ainsi un air de femme adulte. Même si Ross en imposait par son physique, il ne prenait aucun risque inutile. Il était calme, posé et évaluait toujours la situation avant de ne serait-ce que sortir de la maison familiale. Une autre chose qu’il ne partageait pas non plus avec sa cadette. En effet, Ross considérait Eria comme une tête brûlée, à se jeter dès qu’elle le pouvait dans la gueule du loup. Elle ne tenait pas longtemps en place et exerçait dès qu’elle le pouvait son habileté, en sautant de toit en toit, au plus grand désarroi de Ross qui se demandait combien de temps elle tiendrait avant de se casser quelque chose.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1997, Nicolas Lyvet est un élève-ingénieur qui se spécialise dans l'aéronautique et l'espace. Originaire des Alpes, il s'est retrouvé à Paris pour ses études. Depuis toujours, il a autant aimé les sciences que la littérature. Son amour pour la science-fiction l'a alors conduit à se lancer dans cette discipline se rapprochant le plus des engins spatiaux que l'on découvre dans les récits.
LangueFrançais
Date de sortie21 déc. 2018
ISBN9782378777807
Jeu de Rang: Roman

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    Aperçu du livre

    Jeu de Rang - Nicolas Lyvet

    Prologue

    L’atmosphère était lourde. Une brume épaisse flottait au-dessus de la ville. L’obscurité était omniprésente. Seuls quelques rayons de lumière arrivaient jusqu’au sol. Un vent glacial traversait le quartier. La chaussée était sale, couverte d’immondices, peu entretenue laissant ainsi les pavés ressortir du sol. Aucun bruit n’était perceptible. Seul au loin résonnait le faible écho de pas précipités se rapprochant peu à peu. Une silhouette émergea de la brume au bout de la rue. Se rapprochant rapidement, sa silhouette se précisa, devenant ainsi une femme puis courant toujours, une jeune femme de taille moyenne. Ses vêtements étaient débraillés, ses cheveux bruns en bataille tombaient sur son visage glacé d’effroi.

    Des sons parvenaient à ses oreilles. Elle se retourna, paniquée, et ne vit pas le pavé mal agencé sur son chemin. Elle s’effondra alors de tout son poids en poussant un cri de frayeur. Elle regarda par-dessus son épaule et vit arriver horrifiée deux ombres menaçantes. Elle tenta alors de se relever mais s’écroula en sentant une douleur intense dans sa jambe droite. Elle remarqua à ce moment-là le bout de verre qui s'y était logé lors de sa précédente chute. Elle l’arracha d’un coup sec et cria de douleur. Elle essaya de nouveau de se lever mais malheureusement, ses poursuivants s’étaient rapprochés et n’étaient désormais qu’à quelques pas d’elle. C’était des vagabonds, tous deux dépravés. Les haillons qui leur servaient de vêtements laissaient apparaître sur leurs corps squelettiques de nombreuses cicatrices et autres plaies purulentes qui contrastaient avec leur peau pâle. Ils attrapèrent la fille par les bras et essayèrent de l’immobiliser. Cependant, elle ne se laissa pas faire, elle essaya de se défendre et d’implorer leur pitié :

    — S’il vous plaît, lâchez-moi, s’écria-t-elle.

    Elle donnait des coups de pieds et essayait tant bien que mal de se libérer de leur étreinte, sans résultat. Elle était dans le même état qu’eux : elle n’avait pas mangé à sa faim depuis longtemps laissant ainsi apparaître ses os sur ses membres dépourvus de toute graisse.

    — Tu n’t’échapperas pas, lui dit un des hommes.

    Les quelques forces cumulées de ses assaillants leur permirent, en voulant l’immobiliser, de lui casser un bras au niveau du coude, lui arrachant un hurlement qui se répercuta sur les parois alentour. Le visage de la jeune femme exprimait tour à tour de la frayeur, de l’affolement et de la terreur. Ses yeux cristallins trahissaient toute la peur qu’elle ressentait à ce moment-là.

    Elle se débattait toujours du mieux qu’elle pouvait, utilisant une vigueur et de l’énergie qu’elle allait chercher au plus profond d’elle-même. Elle cherchait avec son bras valide quelque chose qui lui permettrait de se défendre, mais sans rien trouver. Elle les entendait échanger entre eux des voracités à son propos.

    L’un des vagabonds, s’efforçant toujours de l’immobiliser pour de bon, lui prit son dernier bras valide et en désespoir de cause, le brisa tout comme l’autre dans un bruit d’os cassé morbide. La jeune femme, n’ayant plus d’appui, retomba lourdement, sa tête frappant le sol inégal. Elle continuait de crier, d’appeler à l’aide mais dans ces bas-fonds, personne ne pouvait l’entendre. Elle était coupée du monde et si malgré tout, quelqu’un l’entendait, l’appel de la faim serait si grand que l’on ne l’aiderait pas elle, mais ses assaillants, en train de lui arracher ses quelques vêtements. Elle sentait maintenant que rien ne pourrait la sauver de son effroyable destin. Les larmes dégoulinaient à flots sur son visage encore enfantin. Elle ne souhaitait désormais plus qu’une chose : que tout se finisse le plus rapidement possible. Ses agresseurs poussaient des cris de bêtes affamées et impatientes. Ils la touchaient, reniflaient la moindre parcelle de son corps nu, comme pour se délecter de leur sombre festin. L’un d’eux prit le bout de verre qui s’était logé dans la jambe de leur victime, et après qu’un rictus se soit affiché sur ses lèvres, la poignarda avec acharnement, tout en s’écorchant la paume de la main.

    Un ultime cri de souffrance s’échappa alors de la bouche de la jeune fille pour laisser place au silence dans la rue. Il n’y avait plus désormais que le bruit des vagabonds arrachant les quelques lambeaux de chair de leur victime. Leur macabre repas achevé, ils prirent la fuite, laissant le corps déchiqueté de la pauvre femme au milieu de la rue, l’obscurité l’englobant enfin.

    Chapitre 1

    Les deux jeunes gens avançaient prudemment dans la ruelle. Le jeune homme, Ross, était grand, et sa musculature était déjà fort avancée pour ses 18 révolutions. Ses cheveux bruns mal coiffés encadraient son visage fin, duquel ses yeux noisette ressortaient. Ses yeux étaient d’ailleurs la seule chose qu’il partageait avec sa sœur : de par leur physique, ils étaient diamétralement opposés. Elle marchait à côté de lui d’une allure élégante et légère sans faire le moindre bruit. Eria était certes plus jeune que son frère avec seulement 15 révolutions mais quiconque la voyait pour la première fois pourrait penser qu’elle était plus âgée que son aîné. Sa longue chevelure blonde ondulait jusqu’au bas de ses hanches, épousant les formes de la jeune femme. Ses vêtements, tous noirs, accentuaient sa silhouette, lui donnant ainsi un air de femme adulte. Même si Ross en imposait par son physique, il ne prenait aucun risque inutile. Il était calme, posé et évaluait toujours la situation avant de ne serait-ce que sortir de la maison familiale. Une autre chose qu’il ne partageait pas non plus avec sa cadette. En effet, Ross considérait Eria comme une tête brûlée, à se jeter dès qu’elle le pouvait dans la gueule du loup. Elle ne tenait pas longtemps en place et exerçait dès qu’elle le pouvait son habileté, en sautant de toit en toit, au plus grand désarroi de Ross qui se demandait combien de temps elle tiendrait avant de se casser quelque chose.

    Pour chasser ces idées, Ross leva la tête et songea, en regardant la brume qui s’étendait à quelques dizaines de mètres au-dessus de lui, à toutes les personnes riches qui vivaient là-haut, au-dessus de cet épais nuage noir. Eux n’avaient pas à combattre pour la moindre miette de pain et vivaient dans le luxe et les dépenses excessives. Ross pouvait d’ailleurs entendre le ronronnement lointain des moteurs de leurs aéronefs de toute dernière génération.

    Après qu’il ait eu ses 18 révolutions, sa mère lui avait raconté, une fois qu’Eria se soit couchée, comment les riches et les pauvres avaient été séparés. Cela remontait à une centaine d’années, après que les gouvernements en lice à cette époque aient dû affronter tout un lot de rébellions du peuple. Ce dernier n’en pouvait plus de devoir affronter de mauvaises conditions de vie, depuis que les dirigeants avaient décidé de ne plus se préoccuper des gens de rang inférieur au leur, de ne plus avoir affaire à eux, de ne plus leur parler, ni de devoir affronter leurs crises et leurs tourments. Ils avaient alors décidé de calmer les classes inférieures en emprisonnant les rebelles, ce qui n’eut pour seule conséquence que de nombreux attentats dirigés par le peuple envers les grandes instances. Le premier grand attentat qui eut lieu fut dirigé sur les deux plus hautes tours de l’époque, symboles d’un pays, qui se sont alors effondrées en quelques instants. Les gouvernements avaient alors répliqué avec les forces armées, après quelques années en organisant un génocide des plus importants. Les soldats avaient volé, tué, violé tout ce qu’ils pouvaient sur la totalité de la planète. Les victimes ne pouvaient se défendre avec les quelques moyens qu’elles possédaient, rendues faibles par les famines omniprésentes, si bien qu’encore aujourd’hui, on ne savait pas combien de victimes ce génocide avait fait. Ce fut, ce que les anciens appelaient aujourd’hui La Grande Guerre.

    Les gouvernements avaient ensuite décidé pour se couper définitivement du peuple, en érigeant d’immenses tours dont les fondations reposaient sur celles des anciennes grandes métropoles du monde. Jusqu’à plusieurs centaines de mètres de hauteur, aucun accès, ni fenêtre, ni conduit d’aération ne transparaissaient des édifices, laissant ainsi les gens face à d’immenses blocs de béton. Ils avaient vidé les caisses pour permettre leur construction, rendant le fossé entre eux et le peuple plus grand qu’il ne l’était déjà. Les personnes aisées, qui pouvaient se payer une place parmi ces tours, avaient alors quitté la ville et établi leurs quartiers au sommet de ces édifices, communiquant et échangeant avec les habitants des autres tours via un réseau de transport aérien. Les personnes les plus pauvres de la planète restèrent donc à même le sol et vécurent dans la pauvreté, dans leurs anciennes maisons qui se délabraient au fil du temps. Ils n’avaient jamais reçu d’aide ou de ressources des hautes castes, se retrouvant alors livrés à eux-mêmes. Les villes, vidées d’une part importante de leur habitant à cause de cette émigration et surtout à cause du nombre important de morts, se transformèrent petit à petit en villes-fantômes.

    Souvent, il n’était pas rare de voir les habitants lever la tête et observer ce qui se trouvait au-dessus d’eux avec envie, et les entendre se demander en un murmure pourquoi ils n’avaient pas été plus riches et pouvoir alors prendre part à une vie de luxure. Les hélicoptères, avions et tous les transports aériens furent remplacés au fil des années et des générations par les dernières trouvailles technologiques. Le peuple vit alors apparaître au-dessus de sa tête les tous premiers aéronefs. La pollution engendrée par ces derniers fit émerger une brume d’abord fine et légère puis de plus en plus condensée laissant place ainsi à ce que Ross voyait en ce moment même : un nuage sombre. Ce dernier avait marqué la séparation définitive des deux peuples.

    Toute cette pollution autour d’eux a fait surgir successivement de nombreuses maladies, des cancers des poumons, du cœur et même des maladies du sang et des insuffisances respiratoires. Mais elle a surtout fait augmenter le nombre de nouveau-nés ayant des problèmes irréversibles, des malformations, le tout entraînant dans la majorité des cas, la mort. Ces maladies ont été accentuées par le manque cruel de nourriture et de soins, que peu de personnes pouvaient se payer. Et tout cela à cause de La Haute comme le peuple aimait l’appeler.

    Ce récit se transmettait de génération en génération pour perpétuer la haine que le peuple avait contre les riches. Les jeunes apprenaient cette histoire au lendemain de leur dix-huitième révolution. Quand Ross l’avait appris, il s’était mis dans une colère immense, avait quitté la maison et avait hurlé sa rage dans la rue. Depuis, son aversion pour les riches s’était quelque peu calmée mais restait dans un coin de son esprit. Ross secoua la tête et se dit qu’il ne serait pas en train de chercher quelques bouts de viande comme sa mère le lui avait demandé pour survivre si ces dirigeants n’avaient pas eu autant de dédain à l’égard de leur patrie et n’avaient pas pensé qu’à leurs pauvres petites personnes.

    Il fut tiré de ses pensées par Eria qui l’interpella. À force de réfléchir, il avait ralenti son allure inconsciemment et s’était laissé distancer par sa sœur qui était désormais une dizaine de mètres plus loin.

    — Alors frérot, on se fait vieux ? lui cria-t-elle en rigolant.

    Ross se rendit alors compte que sa sœur vivait dans l’insouciance de la dureté de ce monde. Pour elle, cette vie n’était que combat et prise de risques. Eria savait que les riches et les pauvres avaient été séparés depuis de nombreuses années mais n’était pas au courant de la violence qui avait précédé cette séparation. Du moins pas encore. Elle était encore trop jeune pour le savoir même si elle voulait se montrer plus mature. Pour ne pas faire douter sa sœur, Ross lui répondit :

    — Que veux-tu ? C’est ça d’avoir 18 révolutions, lui lança-t-il.

    Il piqua un léger sprint et la rejoignit en quelques secondes.

    — Mais je peux te prouver le contraire, reprit Ross sur un ton de défi.

    — Ah vraiment ? Et comment comptes-tu t’y prendre ? lui répondit-elle.

    — Tu vois l’angle de la rue ? dit-il en montrant un croisement une centaine de mètres plus loin. Le dernier qui y arrive est un vieillard.

    — Prépare ta canne, railla Eria.

    Ross se positionna tout comme sa sœur et attendit patiemment le signal. Dans ces quartiers, il n’était pas rare, voire quasi habituel, de voir un rat sortir d’une cavité.

    Au bout de quelques minutes, un troupeau de petits rongeurs surgit d’une bouche d’évacuation. Ross l’aperçut le premier et s’élança faisant saillir ses muscles qu’il tentait chaque jour d’entretenir avec des exercices de musculation. Eria le suivit avec un léger retard.

    À la moitié du parcours, Ross avait toujours une petite longueur d’avance sur sa sœur qui peinait à le rattraper. Les deux jeunes gens arrivèrent alors devant un amas de pierres dû à l’effondrement d’un pan de mur d’un immeuble donnant sur la rue. Ross se mit à le gravir rapidement, vivement imité par Eria. Arrivé au sommet du tas de briques, Ross prit appui sur une poutre avec ses bras et sauta pour arriver un peu plus bas. Cependant, sa sœur, plus agile, s’élança sur la poutre et s’accrocha à la barre de fer qui pendait horizontalement et sauta en amont du tas, devançant ainsi son frère. Elle se remit à courir, et bien que Ross ait puisé toute son énergie, elle arriva la première à l’angle de la rue.

    Essoufflé, son frère la félicita :

    — Bien joué, honnêtement bien joué.

    — Alors, c’est qui le papi ici ? lui demanda-t-elle en rigolant de bon cœur.

    Il la prit alors dans ses bras tout en se mettant à rire lui aussi.

    Chapitre 2

    Ross et Eria déambulaient toujours dans les rues de la ville à la recherche de nourriture. Eria ne se faisait d’ailleurs plus d’illusion : il était de plus en plus difficile de se procurer à manger. Il faut dire aussi que l’argent était rare ces derniers temps. Les quelques pièces qu’Eria avait vues récemment provenaient de leur mère qui s’acharnait à nettoyer les chambres des personnes assez aisées pour se payer des employés mais qui n’avaient pas eu accès à la vie de luxe des plus riches. N’ayant pas non plus des fonds illimités, ils ne donnaient généralement que quelques fitzs, permettant tout juste d’acheter du pain noir de piètre qualité.

    Ils ne pouvaient pas non plus compter sur leur père, qui s’était enfui alors qu’ils n’étaient encore que des bébés. N’ayant jamais reçu de nouvelles de lui depuis sa fuite, leur mère s’était résignée à ne plus jamais le voir revenir. Elle avait alors pensé qu’il était certainement mort désormais, la laissant seule avec ses deux enfants pour toujours. Autant dire que Ross et Eria ne l’avaient jamais connu.

    Les jeunes gens, eux continuaient d’avancer, cherchant encore un endroit où se ravitailler. Cela faisait d’ailleurs plusieurs heures qu’ils exploraient la ville. Eria poussa un soupir de découragement et se tourna vers son frère :

    — Je ne comprendrais jamais pourquoi les chasseurs ne restent pas à un endroit au lieu de se planquer à différents endroits de la ville.

    — Tu sais, tu n’as même pas idée du nombre de personnes qui seraient prêtes à tuer pour avoir ne serait-ce qu’une partie de leur gibier, alors je peux comprendre qu’ils se cachent, répondit Ross.

    Eria lui répondit avec un grognement de mécontentement. Elle enchaîna quelques instants après :

    — Ça ne sert à rien de continuer à chercher. On ne trouvera aucun chasseur par ici.

    Les chasseurs étaient des hommes qui, ne voulant plus dépendre des autres du point de vue des ressources alimentaires, s’étaient mis à chasser tout ce qu’ils pouvaient trouver. Ils étaient désormais les personnes sur lesquelles la plus grande majorité de la population pauvre comptait pour se nourrir. Leurs proies allaient du gros gibier qu’ils trouvaient dans les forêts éloignées de la ville et qui valait excessivement cher à cause de sa rareté, jusqu’au rat bien trapu. Ils ne restaient jamais au même endroit en ville, si bien qu’il fallait les chercher un peu partout. Les chasseurs représentaient désormais ce que le monde était devenu, du moins pour les pauvres. N’ayant plus de sources de revenus, le peuple avait dû revenir à la manière de vivre des lointains ancêtres, chasser, pêcher, pour survivre et affronter de nombreuses disettes et famines.

    Ross, lui, ne l’entendait pas de cette oreille :

    — Ah parce que tu as envie de manger du pain pour la énième fois ? Et que maman se prive de sa part pour nous la donner ? Non, pas ques…

    — Attends, le coupa Eria.

    Le peu de lumière lui jouait peut-être un tour mais elle était sûre d’avoir vu quelque chose bouger au bout de la rue. Elle indiqua à son frère le lieu avec son index et ils s’en approchèrent à peu feutrés tous les deux. Ce faisant, Ross fit jouer ses muscles pour les échauffer au cas où ce serait une mauvaise rencontre. D’ordinaire, il aurait dit à Eria de partir pour ainsi ne pas prendre de risques, mais maintenant, il était prêt à se mettre en danger pour peut-être avoir ce soir une alimentation décente.

    Arrivant à quelques mètres de l’endroit qu’Eria avait indiqué, ils purent voir tous les deux une cape rouge sang. Ross se détendit d’un coup, reconnaissant l’emblème des chasseurs. La légende disait qu’ils avaient obtenu cette couleur grâce au sang de toutes les victimes, que ce soit bestiaux ou humains, qu’ils avaient dû affronter et tuer.

    Le chasseur qui se tenait maintenant devant Ross et Eria était d’une stature imposante. Ses épaules carrées suivies de ses muscles proéminents apparaissaient clairement sous le tissu rouge tacheté. De longs cheveux bruns ondulaient et sortaient de sa capuche pour retomber sur le visage barbu du chasseur. Ses traits étaient très prononcés, et bien que Ross soit trop loin pour les distinguer, il devinait qu’il était porteur de nombreuses cicatrices montrant ainsi la fureur des combats qu’il avait menés. À ses pieds se trouvait une toile roulée sur laquelle Eria remarqua d’un bref regard le sang séché qui s’y trouvait. Elle remarqua également le chasseur dégainant deux longues dagues de son dos. Eria et Ross s’arrêtèrent brutalement face à cette menace.

    Ross ouvrit la bouche pour lui demander ce qu’il se passait et s’il avait encore quelque chose à vendre mais le chasseur le coupa d’une voix rauque :

    — Je ne fais pas dans les bonnes œuvres ! Alors avant de commencer, j’espère pour vous que vous avez de quoi payer.

    Tout en parlant, il avait adopté une posture qu’il lui aurait permis d’attaquer rapidement. Eria hocha alors la tête mais cependant, leur interlocuteur n’avait pas l’air convaincu :

    — Combien ? Exactement, reprit-il.

    — 32 fitzs, annonça Ross d’une voix où transparaissait légèrement sa peur.

    Eria se rapprocha de son frère comme pour se protéger, en attendant la réaction du chasseur. Ross put sentir son soupir de soulagement sur son cou quand le chasseur fit disparaître ses dagues dans son dos. Il se baissa ensuite et déroula la toile, dévoilant ainsi la viande qu’il avait à disposition.

    Ross et Eria se rapprochèrent et observèrent le contenu. Eria s’attarda principalement sur le gros gibier, particulièrement sur le jeune chevreuil. Bien qu’elle sache que c’était uniquement pour survivre, la vue de la pauvre bête l’attrista. La voix grave du chasseur la fait tressaillir :

    — Pour 32 fitzs, c’est le petit gibier, dit-il en désignant le côté droit de la toile.

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