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L'enlèvement de Jeanne d'Arc: Ou les heures sombres d'Orléans
L'enlèvement de Jeanne d'Arc: Ou les heures sombres d'Orléans
L'enlèvement de Jeanne d'Arc: Ou les heures sombres d'Orléans
Livre électronique209 pages3 heures

L'enlèvement de Jeanne d'Arc: Ou les heures sombres d'Orléans

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À propos de ce livre électronique

Laura disparait mystérieusement après avoir incarné Jeanne d'Arc le temps d'une nuit. Sa disparition est-elle liée aux menaces d'extrémistes reçues avant la cérémonie ?

En plein milieu des fêtes johanniques, célébrées à Orléans tous les ans depuis le xve siècle, la jeune fille qui a endossé le rôle de Jeanne d’Arc vient de disparaître. Crime, enlèvement ? Le capitaine Yann Bonelli est chargé de l’enquête. De Bourges jusqu’aux rives de la Loire, en passant par la forêt solognote, ses investigations le conduiront dans le milieu des entreprises du bâtiment et de la promotion immobilière où il croisera le fantôme de son père, maçon immigré italien.

Gérard Larpent signe son deuxième ouvrage liant l'histoire d'une ville et son actualité. La suite des enquêtes du capitaine Yann Bonelli promettent d'être toujours aussi turbulentes et pleines de rebondissements !

EXTRAIT

— Tu as passé une rude journée. Ça doit donner faim de libérer Orléans. Mange, tu ne sais pas qui te mangera !
Ces paroles lui glacèrent le sang. C’était donc cela. Elle allait être sacrifiée au cours d’une messe noire. Elle resta prostrée sur le sol durant de longues minutes, mais la fraîcheur du ciment la fit sortir de son apathie. Elle essaya de se raisonner. Elle avait entendu parler des prédateurs sexuels. Un professeur avait même évoqué ce sujet en cours, au lycée, et elle en avait discuté avec ses amies. Généralement, ces individus agissent seuls. Or elle avait été enlevée par trois hommes. Ce n’était donc pas cela dont elle était victime. En revanche, ses ravisseurs pouvaient faire partie d’un réseau de prostitution. Sans doute allait-elle être emmenée clandestinement dans un pays étranger, pour se retrouver esclave dans un bordel. Dans ce cas, pourquoi elle ? Pourquoi précisément ce jour-là, alors qu’elle était au centre de toutes les attentions et que son absence allait être vite remarquée ?

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"Gérard Larpent, ancien journaliste et dircom d’un organisme du BTP, soigne le décor et nous emmène à la découverte des pratiques plus ou moins honnêtes des combines et petits arrangements en tout genre d’un milieu qu’il a longtemps fréquenté. Son soin du détail nous offre l’occasion de visiter deux villes de la région Bourges et Orléans agrémentées de menus précisions historiques ou iconographiques. Et la fin ne manquera pas de surprendre le lecteur par sa morale désabusée…" GP sur Magcentre.

A PROPOS DE L'AUTEUR

Né il y a 66 ans à Bourges, Gérard Larpent a été journaliste dans la presse départementale, régionale et nationale ; quotidienne, hebdomadaire et mensuelle. Il a également réalisé des documentaires pour la télévision et participé à la rédaction d’ouvrages sur l’actualité économique et sociale. Amateur de vin de Menetou-Salon et de cidre, de crottin de Chavignol et de crêpes, de vielle et de biniou, il partage désormais son temps entre Berry et Bretagne.
LangueFrançais
Date de sortie31 oct. 2019
ISBN9791035305949
L'enlèvement de Jeanne d'Arc: Ou les heures sombres d'Orléans

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    Aperçu du livre

    L'enlèvement de Jeanne d'Arc - Gérard Larpent

    CouvLenlevementdeJeannedarc.jpg

    L’enlèvement

    de jeanne d’arc

    ou

    Les heures sombres

    d’Orléans

    Gérard Larpent

    L’enlèvement

    de jeanne d’arc

    ou

    Les heures sombres

    d’Orléans

    © – 2019 – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    Avertissement au lecteur

    Ce livre n’est pas un roman historique. Il appartient aux historiens de confirmer la véracité de l’existence de Jeanne d’Arc et de ses actions. Mais tous les autres personnages et situations rencontrés ici ne sont que pure fiction.

    Ils se sentoient jà reconfortez et comme désassiégez par la vertu divine qu’on leur avoit dit estre en ceste simple pucelle qu’ils regardoient fort affectueusement, tant hommes, femmes que petits-enfants. Et il y avait merveilleuse foule et presse à la toucher, ou au cheval sur lequel elle étoit.

    (Journal du siège d’Orléans)

    Les gens normaux vous diront qu’ils n’ont jamais rencontré un criminel, même si, sur un banc d’église, ils ont été assis à côté de propriétaires de taudis, de membres de conseils d’administration corrompus et de fournisseurs militaires ayant contribué à la mort de milliers d’êtres humains.

    (James Lee Burke, Lumière du monde)

    À la mémoire de mes parents.

    Chapitre I

    La jeune fille, couchée sur une paillasse jetée à même le sol d’une pièce nue, geignait dans son sommeil. Elle voulut s’allonger sur le côté, mais une violente douleur lui déchira l’épaule. De sa main gauche, elle tenta de palper la blessure qui la faisait souffrir. Peu à peu lui revenaient en mémoire les cris de la bataille, le choc des épées, le hurlement des blessés. Elle se revoyait dressant hardiment une échelle contre la palissade de la forteresse ennemie, lorsqu’un carreau d’arbalète se ficha au-dessus de son sein droit. Cédant à la douleur, elle quitta les premiers rangs des assaillants en serrant les dents pour ne pas pleurer devant ses troupes. Portée par ses compagnons d’armes, elle fut mise à l’abri sur les lignes arrière. Et, tandis qu’elle priait, on lui arracha le trait qui avait déchiré ses chairs, avant d’épancher le sang avec des linges et de lui poser un emplâtre de lard frais et d’huile d’olive.

    Dans son délire enfiévré, d’autres images venaient se superposer à celles de ce combat. La jeune fille revivait, cette fois, les moments passés avec ses amis, place du Martroi, en plein cœur d’Orléans. Après avoir quitté son armure et remisé son oriflamme, elle avait retrouvé l’anonymat pour fêter ce 1er mai à la terrasse d’une brasserie avant de regagner son domicile à pied. Elle avait refusé d’être raccompagnée chez elle pour savourer seule les souvenirs de cette journée exaltante, tout en profitant de la douceur printanière de la nuit qui s’installait.

    Ayant traversé le pont sur la Loire, qui avait été la clé du siège des Anglais, elle marchait maintenant dans une rue déserte et silencieuse. Au sortir de la fête, tous les habitants avaient regagné leur domicile et refermé les volets sur leur bonheur tranquille. Rien ne semblait pouvoir troubler la quiétude de cette ville qui convoque chaque année l’histoire pour pavoiser ses avenues et rejouer les scènes de sa libération.

    De nouveau, tout s’embrouillait dans sa tête. L’étendard jaune et noir de Gilles de Rais flottait devant ses yeux. Ses couleurs se mêlaient à l’or des fleurs de lys du duc d’Alençon, au rouge des armoiries de Pierre d’Amboise, au bleu de celles de Jean de Brosse. Un kaléidoscope d’oriflammes et de blasons imprimait ses pupilles puis, par flashes, elle recouvrait quelques parcelles de lucidité et revivait les heures ayant précédé ce moment où elle se retrouvait seule, emprisonnée dans un lieu inconnu.

    Elle se revoyait dans une rue proche de chez elle, une camionnette surgie de nulle part venait de la dépasser pour se garer au bord du trottoir, quelques mètres plus loin. Sans y prêter attention, elle arriva à sa hauteur et, avant qu’elle n’ait eu le temps de réaliser ce qu’il se passait, deux hommes surgissaient par les portes arrière. Le premier la dépassait de vingt bons centimètres. À peine avait-elle eu le temps de se faire cette réflexion qu’il lui plaquait une main sur la bouche et enserrait vigoureusement sa taille tandis que le deuxième, dont elle avait juste aperçu le profil, lui saisissait les jambes pour la hisser en quelques secondes dans la voiture. En tentant de se libérer, son épaule heurta violemment le montant de la portière et une douleur fulgurante lui paralysa le bras. Vaincue, elle fut plaquée au sol, bâillonnée, les mains et les chevilles immobilisées par des bracelets en plastique, tandis que la voiture redémarrait. La scène n’avait duré que quelques secondes, sans attirer l’attention d’aucun témoin.

    Les deux hommes s’échangèrent de brèves consignes.

    — Son sac !

    Elle tremblait de peur et d’humiliation. Se demandant ce qu’il lui arrivait tout en réalisant, aux bruits qu’elle percevait, que des étrangers étaient en train de fouiller parmi ses objets les plus intimes.

    — Son téléphone !

    Un courant d’air vint balayer sa joue. La portière de la camionnette avait dû être entrouverte et elle entendit son smartphone rebondir sur le macadam.

    Maintenant retenue prisonnière, elle flottait dans une sorte d’étourdissement où se mélangeaient les sons et les images de toute cette journée : le claquement des sabots des chevaux sur le pavé, le ronronnement du moteur de la voiture, les visages souriants de la foule qui l’acclamait, la silhouette inquiétante de l’homme qu’elle avait repéré au volant. Peu à peu, elle réussissait quand même à remettre en ordre les événements des derniers jours.

    Elle se revoyait le dimanche précédent, dans la collégiale Saint-Pierre-le-Puellier d’Orléans, recevant l’épée qu’elle devait arborer tout au long des fêtes johanniques. Elle était fière d’avoir été choisie, parmi toutes les candidates, pour incarner Jeanne d’Arc durant ces festivités au cours desquelles on commémore la libération de la ville en 1429. Revêtue d’une cape bleu nuit ornée de fleurs de lys, entourée de ses pages tout de vert et de rouge vêtus, elle s’était sentie très émue lorsqu’on lui avait mis dans les mains l’épée symbolique, protégée par son fourreau vermillon.

    Quelques jeunes filles l’ayant précédée dans ce rôle l’avaient avertie : « Une fois que tu as l’épée, tu ne représentes pas Jeanne d’Arc, tu deviens Jeanne d’Arc. » La formule grandiloquente l’avait fait sourire. Certes, elle s’était elle-même portée candidate en alignant tous les critères nécessaires : Orléanaise, baptisée, catholique pratiquante, donnant du temps aux autres en tant qu’animatrice auprès de jeunes enfants du quartier de la Source. Mais elle n’avait pas la prétention de sauver le monde, ni même de guérir les écrouelles. Elle prenait plaisir à participer à ces cérémonies, était bien décidée à tenir sa place avec sérieux, mais n’était pas dupe de toute cette mise en scène.

    Pourtant, une fois juchée sur son cheval blanc et parcourant les vieilles rues de la ville depuis la porte de Bourgogne, au soir de sa première sortie publique, elle eut l’impression de plonger en plein xve siècle. Elle ressentit intensément les joies qui avaient dû étreindre la Pucelle au cours de ces journées qui sauvèrent le royaume de France. Et, maintenant prisonnière, elle ne distinguait plus, dans son égarement, ce qu’elle avait retenu de ses lectures de ce qu’elle avait vécu dans les grands moments de cette reconstitution. Elle endurait dans sa chair la douleur de la blessure reçue pendant l’assaut. Puis réalisait que son mal n’était dû qu’au choc contre la voiture de ses ravisseurs. Au même moment, elle revoyait les visages souriants des spectateurs massés sur son passage.

    Tous ces gens qui l’acclamaient n’étaient pas venus pour participer à une énième fête médiévale, ils étaient là pour la voir, « elle ». Pour s’assurer qu’au milieu d’un monde déboussolé, Jeanne restait un repère intangible, garante du maintien de leur culture et de leur mode de vie. Dans la foule en liesse, personne ne semblait vouloir remarquer le curieux décalage entre l’image populaire d’une jeune fille aux cheveux courts, à la peau très claire, véhiculée par tous les livres d’histoire, et cette Jeanne couleur café au lait, arborant une épaisse chevelure noire qui retombait en boucles sur sa cuirasse. Car celle qui avait été choisie pour les cérémonies de cette année avait certes un père à la peau blanche, mais aussi une mère d’origine sénégalaise. Comme ses trois frères, Jeanne affichait fièrement la beauté de ce métissage, du haut de ses dix-sept ans.

    Les atouts de sa jeunesse demeuraient cependant bien inutiles alors qu’elle était immobilisée sur le plancher d’une camionnette la conduisant vers une destination inconnue. Sidérée par la brutalité de son enlèvement, elle avait d’abord ausculté mentalement toutes les parties de son corps, pour savoir si elle avait été blessée au cours de sa chute sur le sol de tôle. Ni son blouson ni son jean ne semblaient avoir été déchirés. Dans un réflexe de pudeur, elle frotta maladroitement ses cuisses l’une contre l’autre afin de vérifier que, de peur, elle n’avait souillé sa culotte. Rassurée, elle concentra son attention sur son épaule droite, qui lui faisait horriblement mal. Peu à peu, elle tenta de contrôler cette douleur pour revenir sur le plus important : les raisons de cet enlèvement et les projets de ses ravisseurs.

    Les idées les plus farfelues lui vinrent à l’esprit. Allait-elle être sacrifiée par les participants d’une messe noire désireux de boire le sang d’une vierge ? Allait-elle être livrée à un réseau de traite des femmes ? Une explication plus plausible s’imposait. Au cours des dernières semaines, les réseaux sociaux avaient charrié des flots de messages haineux critiquant l’attribution du rôle de Jeanne d’Arc à une métisse. Des mouvements racistes avaient violemment dénoncé ce choix et réclamé un retour « aux vraies valeurs », pour « maintenir l’identité nationale » qu’ils ne voyaient que blanche. L’affaire avait fait tant de bruit que le procureur de la République avait ouvert une enquête. Mécontents de cette réaction, les ravisseurs avaient-ils voulu priver les fêtes de leur héroïne ?

    Rien, dans leur attitude, ne laissait deviner les intentions de ceux qui l’avaient enlevée. Dans la rapidité de l’action, elle n’avait relevé qu’un seul détail de la physionomie des deux hommes qui l’avaient embarquée de force à l’arrière de leur véhicule : un tatouage sur l’intérieur du poignet de celui qui avait plaqué sa main sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Elle avait cru reconnaître une croix celtique.

    Après l’avoir bâillonnée, ses ravisseurs lui avaient posé un masque sur les yeux. Elle était restée ainsi sur le plancher, ballottée par la camionnette qui ne cessait de changer de direction, sans doute pour l’empêcher de reconnaître la destination vers laquelle on l’emmenait.

    Sa tête oscillait de droite et de gauche et heurtait violemment la tôle à chaque virage. Elle avait senti qu’on lui glissait un vêtement sous la nuque, pour atténuer les secousses. Ce devait être le blouson de l’un de ses ravisseurs. Le relief d’un bouton s’imprimait sur son cou et elle avait perçu les odeurs de sueur et de lotion après-rasage bon marché imprégnant le tissu.

    — Tu m’entends ?

    La question la fit sursauter. Elle croyait avoir été condamnée à ne plus jamais percevoir le son d’une voix et, malgré la situation dans laquelle elle se trouvait, elle fut presque heureuse qu’on l’interroge.

    — Réponds-moi en bougeant la tête, poursuivit l’homme. Ton petit nom, c’est bien Laura, c’est ça ?

    La jeune fille acquiesça en penchant le menton vers sa poitrine.

    — Eh bien, Laura, on ne va pas te faire de mal si tu te tiens sage. Compris ?

    Laura fit un léger signe de tête, mais commença à émettre des grognements. Elle voulait demander pourquoi elle avait été enlevée, ce qu’on allait lui faire, ce qu’on lui reprochait. Mais l’homme l’interpella sur un ton bourru.

    — Ça suffit. Je te dis de te tenir tranquille. Tu réponds si on te pose des questions, un point c’est tout !

    Effrayée, Laura arrêta d’émettre le moindre son et cessa de s’agiter. La rudesse de la voix sans accent lui conseillait la sagesse. Elle se recroquevilla en cherchant à se faire toute petite. Craignant à chaque instant d’être violée, voire pire, dans cette camionnette puant l’essence et la bière.

    Laura avait également détecté une autre odeur, mais elle n’arrivait pas à l’identifier. Elle essayait de se souvenir dans quel lieu elle avait respiré ce mélange de terre et de produits chimiques, mais son exercice de réflexion fut interrompu lorsque la voiture ralentit pour un dernier virage avant de rouler lentement dans ce qui devait être une allée. Elle reconnut le crissement de gravillons sous les pneus. La voiture s’arrêta et elle entendit une porte battre contre un mur. Le garage sans doute.

    Contractant tous ses muscles, parfaitement consciente maintenant, Laura tendit l’oreille et guetta tous ces sons pour tenter de comprendre où elle se trouvait. Elle n’attendit pas longtemps. Les portières s’ouvrirent et les deux hommes qui l’avaient chargée dans le véhicule l’en descendirent sans ménagement en la portant comme un tapis. Elle n’était pas bien lourde. La tâche semblait facile pour les deux ravisseurs qui n’émirent pas le moindre soupir ni le moindre commentaire.

    Les yeux toujours bandés, elle ne percevait, au bas de son masque, qu’un mince filet de lumière dont l’intensité et la blancheur lui firent deviner qu’elle se trouvait effectivement dans un garage. Une odeur d’huile et d’essence flottait dans l’air, mais elle n’eut pas le temps d’approfondir son analyse, car on la transporta vers une autre pièce toute proche, avant de l’allonger par terre. Elle comprit qu’elle serait détenue là, lorsque l’homme qui lui avait parlé tout à l’heure s’adressa de nouveau à elle.

    — Je vais défaire tes liens, mais tu restes dans ce coin sans bouger tant que je ne suis pas sorti. Tu n’enlèveras ton masque et ton bâillon qu’après. Sinon, tu le paieras très cher. Tu as bien compris ?

    Tétanisée, Laura émit un grognement en guise d’acquiescement et sentit qu’on la calait face à un mur, qu’elle tâta de la pointe de ses chaussures et de son front.

    Un couteau trancha ses liens. D’abord les chevilles. Puis les poignets.

    — N’oublie pas ce que je t’ai dit !

    Laura secoua vigoureusement la tête. Elle resta immobile jusqu’à ce que les deux hommes quittent la pièce. Derrière la porte, son geôlier lui adressa de nouveau la parole.

    — Ne réclame pas ton portable. Il est perdu. C’est con, hein ?

    Et il se mit à rire.

    — On garde ton sac aussi. Si tu as besoin de trucs de fille qu’il y a dedans, on verra ce qu’on peut faire. Mais faudrait pas que les Anglais débarquent ces jours-ci, hein… Jeanne d’Arc !

    Et il éclata d’un rire gras en faisant claquer la serrure, avant de s’éloigner pour aller raconter sa blague vulgaire à ses complices.

    Mortifiée, Laura attendit une éternité avant d’oser enlever son masque et le bâillon qui commençait à lui blesser la commissure des lèvres.

    Elle tourna la tête pour examiner sa geôle. Une ampoule nue brillait au plafond. Elle pouvait la commander depuis un interrupteur situé à côté de la porte. Tout en massant ses poignets et ses chevilles, pour rétablir la circulation sanguine, elle poursuivit son examen. La pièce était apparemment installée dans un pavillon. Elle ne disposait que d’une petite lucarne que Laura, du haut de son mètre soixante-huit, ne pouvait atteindre. Ayant quelquefois visité les chantiers de son père, elle remarqua que les murs de parpaings avaient été recouverts d’une épaisse couche de laine de verre et de panneaux de plâtre dont les joints étaient encore frais. Cela la désespéra, car elle comprit que ses cris seraient étouffés par ces isolations et qu’elle ne pourrait pas appeler de secours.

    Découragée, elle se recroquevilla contre le mur et se mit à pleurer à chaudes larmes. Son corps était secoué de violents sanglots et, sans retenue, elle reniflait à grands bruits pour retenir la morve qui lui coulait du nez. Ses

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