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Le Guerrier draekon: La Force rebelle, #1
Le Guerrier draekon: La Force rebelle, #1
Le Guerrier draekon: La Force rebelle, #1
Livre électronique322 pages2 heures

Le Guerrier draekon: La Force rebelle, #1

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À propos de ce livre électronique

J'ai été capturée dans l'espace. Emprisonnée. Vendue au plus offrant. Mais mon plus gros problème, c'est l'extraterrestre autoritaire, exaspérant et insupportable qui est censé me secourir.

 

L'extraterrestre autoritaire que j'ai embrassé.

 

C'était peut-être une erreur.

 

Kadir est dangereux. Je l'ai vu se battre, et son corps est couvert de cicatrices. C'est un soldat. Un guerrier. Et lorsqu'il perd le contrôle, il se transforme en un grand dragon effrayant et crache du feu.

 

Tout le monde a peur de lui. Moi, non. Vous pouvez m'appeler la plus grosse idiote de la galaxie, parce que je ressens de l'attirance pour cet abruti.

 

***

Quand j'ai rencontré pour la première fois la petite Humaine que l'on m'a envoyé secourir, elle m'a mis un coup de poing à la mâchoire.

 

Et elle s'est cassé le poignet en me frappant. Cette femme est irrationnelle.

 

Maintenant, elle insiste pour que nous partions immédiatement à la recherche de son amie disparue.

 

Non, ce que je dois faire, c'est emmener Alice Hernandez en lieu sûr.

 

Elle est douce et forte à la fois.

Fragile, et pourtant si brave.

 

Elle est tout ce que j'ignorais vouloir.

Tout ce que je ne peux pas me permettre d'avoir.

 

Quand les scientifiques m'ont torturé, ils m'ont brisé. Et lorsque Alice découvrira la vérité à propos du redoutable dragon en furie en moi, je la perdrai.

 

LangueFrançais
Date de sortie5 janv. 2023
ISBN9798215975015
Le Guerrier draekon: La Force rebelle, #1

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    Aperçu du livre

    Le Guerrier draekon - Lili Zander

    1

    ALICE

    Voilà comment on survit quand on se fait balancer dans les profondeurs de l’enfer.

    Il faut suivre une routine. Tous les matins, lorsque la cloche sonne, je me lève et je fais une marque sur le mur. Jusqu’à présent, j’ai fait deux cent six marques. Presque sept mois dans cette prison. Je ne vais bientôt plus avoir de place sur le mur.

    Il faut se rappeler qui on est. Vous pouvez appeler ça des paroles d’encouragement ; vous pouvez appeler ça un refus obstiné d’oublier qui je suis. Après avoir noté le jour, j’énonce une litanie à voix haute : je m’appelle Alice Hernandez. J’étais première de ma classe et j’ai passé mon diplôme à John Hopkins. J’aurais pu choisir n’importe quelle spécialité, mais au lieu de cela, j’ai tenu une promesse que je m’étais faite quand j’avais quatorze ans, et je suis devenue médecin urgentiste. J’habite à Chicago ; je travaille à l’hôpital Northwestern Memorial.

    J’aime les chats, mais je n’en ai jamais eu, car j’y suis allergique. Pour me détendre, je tricote de longues écharpes et des pulls informes. Je préfère la bière au vin. Je chante sous la douche. Je me dis toujours que je devrais lire plus, mais à la fin d’une longue journée de travail, je mets Netflix et je regarde un programme sans vraiment le voir. En ce moment, j’en suis à la moitié d’une série turque à propos d’un gars qui découvre qu’il a des pouvoirs magiques.

    Je me rappelle que ma mère m’aimait. Je me rappelle que je sauve des vies. Mes patients me sont reconnaissants pour mes compétences. Je compte.

    Il faut toujours se défendre. Quand la deuxième alarme retentit, on est censés s’aligner à la porte de notre cellule et attendre docilement la prochaine horrible torture que les scientifiques zorahns ont prévue pour la matinée. Si on ne le fait pas, ils nous punissent.

    Je me fais punir quotidiennement. L’un des scientifiques, Kravex, aime tout particulièrement me frapper avec une pointe qui envoie une décharge électrique atroce dans mon corps. Au début, ma camarade de cellule, Tanya, me demandait pourquoi je ne me contentais pas d’obéir. Je ne pense pas avoir une bonne explication pour mon comportement, à vrai dire. Mais faire ce que veulent les scientifiques me donnerait l’impression d’abandonner, et plutôt mourir que de faire ça.

    Je résiste à la moindre occasion. J’insulte les scientifiques, je leur balance tous les jurons en zor que j’ai appris. Je leur mets des coups de pied. Je les griffe et je les mords. Je suis rebelle et grossière.

    Ils me frappent pour punir ma résistance. Ils brisent mes os, puis les guérissent avant de les casser à nouveau. Mais ils ne me tueront pas. La douleur qu’ils me font subir est finement calibrée. Je suis une Humaine, un animal de laboratoire rare et précieux. Les scientifiques ont payé cher pour nous avoir. Me tuer serait du gâchis.

    Il ne faut jamais perdre espoir. Je vais trouver un moyen de m’échapper. Oui, je suis sur une planète extraterrestre au ciel violet avec trois lunes vertes. Un vaste désert nous entoure. Tous les jours, quand le soleil rouge sang se lève, la chaleur nous étouffe.

    Il ne semble pas y avoir de moyen de partir, mais j’en trouverai un. Je guetterai la moindre occasion, et je passerai à l’action. Je rentrerai chez moi. Je finirai de regarder mon feuilleton turc, et je découvrirai si le magicien a réussi à venger le meurtre de ses parents.

    Je ne suis pas un rat de laboratoire. Je suis plus que ça. Ils peuvent me torturer. Ils peuvent me faire souffrir le martyre. Ils peuvent me battre et me briser les os, mais ils ne changeront pas qui je suis. Je survivrai, je résisterai et je l’emporterai.

    La deuxième cloche sonne. Je m’installe délibérément sur mon lit et je passe mes mains derrière ma tête.

    C’est l’heure de la rouée de coups du matin.

    Les scientifiques me regarderont sur leurs écrans. Kravex et Fal’vi se disputeront pour savoir qui aura le droit de me punir cette fois. L’un d’eux saisira l’aiguillon.

    Les châtiments deviennent plus durs. Les scientifiques sont frustrés. Ils bidouillent notre ADN depuis sept mois, et ils ne font pas de progrès. Leur patience atteint ses limites. Si j’avais un peu de jugeote, je suivrais l’exemple de Tanya, et je rejoindrais docilement l’endroit où je dois aller.

    Jamais. Leur obéir, ce serait abandonner.

    — C’est quoi ton petit-déjeuner préféré ? demandé-je à Tanya, essayant d’engager une discussion. Moi, j’ai toujours eu un faible pour les pancakes à la banane et aux pépites de chocolat. Ma mère m’en faisait tous les dimanches.

    Elle ne répond pas. Cela fait plus de deux semaines qu’elle n’a pas parlé. Elle ne crie pas quand les scientifiques nous font du mal. Lorsque les scientifiques nous injectent notre dose de l’après-midi d’une drogue conçue pour nous faire nous sentir bien et contentes — c’est pour mieux nous contrôler —, elle se tortille dans une extase silencieuse. Toute trace de la jolie pom-pom girl de Dallas enjouée et bavarde a disparu, et il ne reste que cette coquille vide.

    Je ne les laisserai pas me faire ça.

    Quand notre vaisseau extraterrestre a atterri dans un port désaffecté poussiéreux au milieu de nulle part, on a commencé à se douter que quelque chose clochait. Lorsqu’une foule de scientifiques zorahns a fait des offres pour nous acheter comme si on était du bétail à une vente aux enchères, nous avons pris conscience de la dure réalité.

    Nous n’étions pas les invitées d’honneur du grand empereur. Nous n’allions pas être logées sur la planète natale des Zorahns. Nous étions des rats de laboratoire, destinés à être en cage. Nous ne connaîtrions plus jamais la liberté. Nous ne retournerions jamais sur Terre.

    Tanya a fondu en larmes ce jour-là, comme la plupart des autres femmes. Pas moi. Pas parce que je suis bêtement courageuse ; oh que non ! Comme tout le monde, je paniquais. Mais j’ai versé ma dernière larme il y a neuf ans, le jour où ma mère, qui était en train d’acheter des cadeaux de Noël, a été tuée par un tireur qui a ouvert le feu dans un centre commercial bondé.

    Aucun signe des scientifiques. Ils devraient être là, à agiter leurs aiguillons dans ma direction d’un air menaçant. Je me demande ce qui les retient.

    Tanya est super fan de football américain. Si j’ai bien suivi le temps qui passe, c’est le mois de janvier sur Terre. C’est la période des matchs décisifs.

    — Je ne pense pas que les Bears auront gagné dans leur division, supposé-je, même si mes connaissances en matière de football américain peineraient à remplir un demi-dé à coudre. Est-ce que tu penses que les Cowboys ont réussi ?

    Au camp d’entraînement de la NASA créé à la hâte, Tanya parlait de son équipe de football américain préférée pendant des heures. Je m’éloignais lentement quand elle commençait. Mais ça, c’était avant. Maintenant, même quand je parle de ses Cowboys de Dallas bien-aimés, Tanya ne me répond pas.

    Dis quelque chose, la supplié-je en silence. Je t’en prie. Histoire que j’entende le son d’une autre voix.

    Nous étions dix à bord du vaisseau zorahn, mais nous avons été vendues par paires. Tanya et moi avons été amenées ici, sur cette étrange planète où le ciel est violet, où nous sommes entourées de sable rouge, et où l’eau est rare et précieuse.

    — Nous sommes au milieu du désert, nous a dit l’une des scientifiques le premier jour. La civilisation se trouve à dix jours de marche, et il y a de l’eau nulle part. Si vous essayez de vous échapper, vous mourrez.

    Je meurs d’envie de m’échapper, mais je ne suis pas bête. Je ne peux pas porter une réserve d’eau pour dix jours. Je ne sais pas où se trouve la ville la plus proche, et j’ignore si les résidents m’aideront ou me réduiront en esclavage. Je dois attendre le bon moment.

    Il n’y a toujours aucun signe des scientifiques. L’angoisse me picote l’échine. Les trois Zorahns — Nara’vi, Fal’vi et Kravex — aiment leur routine. Pourquoi est-ce qu’ils ne sont pas encore là ?

    Nous attendons toutes les deux en silence. Tanya se tient passivement devant la porte. Je ne suis pas aussi calme. Il se passe quelque chose, et je ne sais pas si c’est une bonne chose ou non.

    La journée avance. Le soleil monte dans le ciel, et une chaleur étouffante envahit notre cellule. Mon ventre gargouille et ma gorge est sèche. Les scientifiques ont oublié de nous nourrir, une autre anomalie qui m’inquiète. Les expériences ne se passent pas bien. Quoi qu’ils essaient de faire, ils semblent ne pas y arriver. Chaque jour, les trois scientifiques ont l’air de plus en plus frustrés.

    Ont-ils abandonné ? Nous ont-ils laissées mourir ?

    Je prends une profonde inspiration et refoule mon inquiétude. Paniquer ne va pas aider.

    En fin d’après-midi, j’entends enfin le bruit de pas. Trois personnes entrent dans la pièce. Je reconnais Kravex, mais les deux autres sont des inconnus. Ils sont très grands et très minces. Ils sont vêtus de la tête au pied d’un tissu taupe, cependant, dès qu’ils pénètrent dans la pièce, ils retirent leur capuche, et je vois leur visage. Leur peau est d’une couleur crème, mais elle est tannée, probablement parce qu’ils passent trop de temps au soleil, et leurs yeux sont incroyablement bleus. Le sommet de leur crâne est rasé, et deux tresses identiques pendent sur le côté de leur visage.

    — Les voilà, dit Kravex. Les Hou-maines. Elles sont très rares. Elles viennent de la zone neutre. Elles seront un beau cadeau pour votre Grand Maître.

    Les étrangers nous jettent un rapide coup d’œil.

    — Celle-ci semble défectueuse, dit l’un d’eux en me désignant. Elle a des cicatrices.

    J’ai subi des moqueries à propos de mes cicatrices au visage au lycée. On aurait cru que la douleur se serait estompée, mais non. Une fureur brûlante me submerge, et je réponds avant de réfléchir.

    — Va te faire foutre, espèce de connard ! Tu crois que je suis défectueuse ? Tu t’es regardé dans un miroir ?

    Ce n’est pas une super réplique. Aussi, bien que Kravex porte un traducteur et puisse me comprendre, ce n’est pas le cas des deux autres. Ils savent que j’ai dit quelque chose de grossier — mon ton rend cela évident —, mais ils ignorent quoi.

    — Elle est fougueuse, déclare Kravex. Le Grand Maître prendra plaisir à la dompter.

    Les hommes — je pense que ce sont des hommes — ont l’air dubitatifs.

    — Elles paraissent faibles, dit le deuxième. On ne dirait pas de bonnes combattantes. L’autre est agréable. Elle sera docile.

    « La dompter. » « Docile. » Ça ne me dit rien qui vaille. Si je comprends bien Kravex, on va être vendues comme esclaves sexuelles.

    On tombe de Charybde en Scylla.

    Kravex grimace.

    — Nous avons reçu l’ordre d’évacuer. Nous n’avons pas le droit d’emmener les Humaines avec nous. Je vous ferai une réduction si vous prenez les deux.

    Les deux extraterrestres discutent à voix basse. Enfin, ils hochent la tête.

    — Deux outres d’eau pour les deux, déclare celui qui a dit que je suis défectueuse.

    Kravex a l’air scandalisé.

    — Six outres minimum. Et je veux être payé en crédits zorahns, pas en eau.

    Ils se mettent à marchander. Je m’approche légèrement de Tanya.

    — Reste près de moi, murmuré-je. Ils nous emmèneront peut-être dans une grande ville. S’ils le font, on s’échappera. C’est notre meilleure chance.

    Elle se contente de me fixer, le regard vide.

    Les marchands finissent par se mettre d’accord. Kravex a dû recevoir plus d’argent que ce à quoi il s’attendait. Il a presque l’air content.

    — Avez-vous assez d’eau pour votre voyage ? demande-t-il.

    — Oui, Baku vous remercie pour votre générosité. Akan n’est qu’à trois jours d’ici. Administrerez-vous un sédatif à la marchandise pour le voyage ? Nous avons beaucoup d’escales à faire.

    Kravex me fait un sourire diabolique.

    — Oh oui ! répond-il en serrant l’aiguillon dans sa main. J’en serai ravi.

    2

    KADIR

    Je flotte dans des ténèbres infinies. Le bruit de fond incessant de l’univers est étouffé alors que je dérive dans cette mer noire. Mon cœur est gelé ; mes sens sont engourdis. Le guerrier en moi est pris au piège. Bâillonné et enchaîné, je suis emprisonné derrière des murs que je ne peux pas voir.

    Une voix de femme déchire le silence parfait.

    — C’est une erreur, dit-elle.

    Elle a l’air terrifiée.

    — Vous ne comprenez pas ce que vous faites. Ce sont les premiers Draekons que nous avons faits, et ce sont les plus dangereux. Ils sont brutaux. Ce sont des tueurs. On ne peut pas leur faire confiance.

    — Je comprends, répond un homme.

    Sous sa détermination d’acier extérieure, il est dans tous ses états. Il se demande s’il est en train de commettre une erreur fatale.

    — Faites-le quand même.

    Une aiguille s’enfonce dans mon biceps. L’état de biostase se désintègre, et je me réveille en sursaut. Immédiatement, le rathr, le parasite qui recouvre mon ADN, enfonce ses dents pointues dans mon esprit. Des pointes de douleur me transpercent le corps, et une douleur familière atroce explose en moi.

    De la lumière envahit mon champ de vision. Six silhouettes floues se dressent devant moi, méfiantes et vigilantes. Je cligne des yeux, et les corps deviennent plus nets. Quatre hommes et deux femmes. Les hommes ont des armes braquées sur moi.

    Mon regard va se poser sur les femmes. La plus grande est vêtue d’une robe blanche, le ruban de tissu soyeux est attaché en travers de sa poitrine, sur ses épaules, et tombe vers le sol. Sa chemise en dessous est aussi blanche. Les marques de son poste ornent ses tresses cramoisies.

    C’est une scientifique.

    Attaque ! Tous mes instincts me crient de charger. Les hommes vont me tirer dessus, mais leurs armes ne peuvent pas m’arrêter. J’ai été conçu pour le combat. Je peux réduire en miettes toutes les créatures qui se trouvent dans cette pièce. À commencer par la scientifique.

    Ils t’ont fait sortir de ton état de biostase. Découvre pourquoi.

    Je cligne des yeux pour chasser le brouillard rouge, puis je me concentre sur l’autre femme.

    Elle n’est pas zorahne. Je parcours la liste des espèces sentientes que je connais, et elle ne ressemble à aucune d’entre elles. Son corps est petit, et ses muscles sont sous-développés. Elle ne porte les marques d’aucune maison. Il n’y a pas de tatouages de confrérie sur sa peau.

    Elle a l’air sans importance et faible. Elle est la personne la moins menaçante dans la pièce. La cible la plus facile à abattre.

    Pourtant… elle est la seule à ne pas avoir peur. Elle a l’air curieuse.

    — Second de l’armée cramoisie, dit la scientifique, lisant mon titre. Me comprenez-vous ?

    C’est la femme qui a parlé plus tôt, celle qui pense que je suis brutal et dangereux. Son accent est étrange, et son dialecte est difficile à suivre, mais ce n’est pas impossible.

    Je hoche la tête.

    — Vous avez passé mille ans en état de biostase.

    Impossible ! Le choc me frappe. Mille ans. Tous ceux que je connais sont morts. La Mère suprême, la scientifique qui nous a créés, n’est plus. Ses confrères scientifiques. Mes amis et mes ennemis. Ils sont tous partis.

    Une pensée plus pragmatique me traverse l’esprit. Mes muscles auraient dû être atrophiés après tant de temps sans bouger. Ils doivent m’avoir mis dans une cuve de guérison avant de me réveiller. Ils veulent obtenir quelque chose de moi.

    J’attends silencieusement que la scientifique continue.

    — Je m’appelle Raiht’vi, se présente-t-elle, omettant le nom de sa maison. Nous sommes en l’an cinquante-huit du règne du grand empereur Lenox. Pendant les mille ans que vous avez passés en état de biostase, le gène draekon a infecté la population dans son ensemble. Le gène est dormant dans la plupart des Zorahns.

    Un sombre sentiment de satisfaction m’envahit. Ils nous ont pourchassés. Ils nous ont exterminés comme si nous étions des insectes. Et pourtant, nous avons survécu.

    — Les Zorahns tiennent énormément à la sacro-sainte pureté du sang, déclare l’un des hommes, un rictus amer aux lèvres. Les scientifiques croient que la mutation draekone contamine la race zorahne. Du moins, c’est ce qu’ils disent. Je pense qu’ils ont simplement peur de nous.

    Mon dragon a une carrure puissante, avec une envergure qui rivalise avec les plus grands vaisseaux spatiaux de l’Empire. Mes écailles sont invulnérables. Quand je crache du feu, des villes entières brûlent. Ils sont sages d’avoir peur.

    — Chaque année, ils testent tous les citoyens du grand Empire. Si le gène draekon est actif, le citoyen est exilé. Ou, plus souvent, envoyé dans un laboratoire secret pour être étudié, continue l’homme avant de me fixer. Vous savez comment c’est.

    Oui. Oui, je sais. De la douleur atroce. De la torture. C’est ce que les scientifiques infligent à leurs sujets réticents.

    — Je suis le commandant Tarish, le chef de la rébellion. Nous avons de nombreux rêves, de nombreux objectifs. Mais pour le moment, nous secourons les Draekons avant qu’ils ne soient exilés.

    Les griffes du rathr me labourent. J’ignore les vagues de douleur qui envahissent ma tête. Ils m’ont sorti de mon état de biostase. Je peux deviner pourquoi. Je suis une arme de destruction, une lame destinée à la bataille. J’ai parcouru des rivières de sang. Dans mes rêves, les cris des mourants résonnent à mes oreilles, et la puanteur du carnage emplit mes narines.

    Ils veulent que je me batte.

    Raiht’vi désigne l’autre femme.

    — Olivia Buckner fait partie d’une espèce sentiente appelée les Humains. Ils viennent de la planète Terre. La Terre se trouve dans la zone neutre.

    J’attends qu’ils en viennent au fait. Mon silence doit désarçonner la scientifique, car elle déglutit avec difficulté puis se tourne vers l’Humaine.

    — Olivia, tu veux prendre le relais ?

    La petite femme s’avance.

    — Salut.

    Elle parle une langue étrange. Je ne devrais pas être capable de la comprendre — je n’avais encore jamais rencontré quelqu’un venant de la zone neutre, et on ne m’a pas implanté l’une de leurs langues.

    Sauf que je la comprends. Ils ont mis à jour mes implants. Une étincelle de rage s’enflamme en moi. Quelles autres modifications m’ont-ils apportées pendant que j’étais inconscient ?

    La femme me fait un sourire hésitant. Elle essaie d’être amicale, conciliante. Elle veut que je coopère.

    — Je m’appelle Olivia Buckner, dit-elle, avant de désigner les hommes qui la flanquent. Voici mes compagnons, Liorax et Zunix. Comment vous appelez-vous ?

    La voix de la Mère suprême résonne dans mes oreilles. Les noms, c’est pour les gens. Tu es un soldat, créé pour le combat. Tu n’as pas de maison ni de lignée. Tu n’as pas gagné le droit d’avoir un nom.

    Pourtant, au mépris du décret de la Mère suprême, je me suis nommé. Je m’appelle Kadir ab Usora. Guerrier né de la Lumière. Je ne l’ai jamais dit à voix haute. Personne ne connaît mon nom, pas même les autres Draekons de la force cramoisie. Il n’est rien qu’à moi.

    — Je n’ai pas de nom. Je suis soldat. Vous pouvez m’appeler par mon titre. Je suis le Second.

    L’Humaine, Olivia Buckner, est choquée et en colère.

    — Ils ne vous ont même pas donné de nom ? demande-t-elle, avant de prendre une profonde inspiration et de se forcer à se calmer. Laissez-moi vous raconter. Les Zorahns ont abordé ma planète il y a sept mois. Ils voulaient des femmes en bonne santé. De ce qu’on sait, deux vaisseaux contenant chacun dix femmes ont quitté la Terre. Le vaisseau à bord duquel j’étais s’est écrasé sur la planète-prison. Vous la connaissez sous le nom de Trion VI.

    Trion VI. La planète sur laquelle j’ai été créé. Si je ne la revois jamais de ma vie, je ne m’en plaindrai pas.

    — L’autre vaisseau, le Sevril V, a apparemment été détruit par des pirates.

    C’est ridicule. Les pirates ne détruisent pas les vaisseaux.

    — Cependant, avant de disparaître, il a fait une escale imprévue sur une planète appelée Misram.

    Une nouvelle étincelle de rage s’embrase en moi. Ils n’ont pas seulement touché à mes implants linguistiques. Ils ont aussi mis ma mémoire à jour sans ma permission. J’ai maintenant connaissance de tous les événements majeurs des mille dernières années. Des cartes célestes, ainsi que les schémas de vaisseaux spatiaux sont à ma disposition. Je connais le nom de tous les sénateurs du grand Empire, leur maison, leur allégeance, et leurs ennemis. Je vois l’équilibre que maintiennent les trois empires du triumvirat, et je comprends à quel point il serait facile de briser la fragile paix qui dure depuis des centaines d’années.

    — Je crois que les scientifiques détiennent les femmes disparues, continue Olivia Buckner. Dans des circonstances normales, on les chercherait. Cependant, on est également face à une menace. Les Draekons retenus captifs dans les laboratoires des scientifiques sont pourchassés par une organisation appelée le Cœur de sang.

    Mes souvenirs récemment implantés m’apportent les informations dont j’ai besoin. Le Cœur de sang croit que les Draekons sont une race inférieure, une race qui dilue la pureté de leur sang et affaiblit les Zorahns. Leur mission est de nous exterminer.

    — La rébellion doit faire passer en priorité le sauvetage de centaines, voire de milliers de Draekons plutôt que celui de quelques

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