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Meurtres au nom de l'église: Les Mystères des Iles Grecques
Meurtres au nom de l'église: Les Mystères des Iles Grecques
Meurtres au nom de l'église: Les Mystères des Iles Grecques
Livre électronique300 pages4 heures

Meurtres au nom de l'église: Les Mystères des Iles Grecques

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À propos de ce livre électronique

LE MAL EST DE RETOUR SOUS LE SOLEIL IMPLACABLE DES ILES GRECQUES

Les pittoresques îles grecques sont de nouveau perturbées par la Mort ...

Le Commissaire de la Police Hellénique Costa Papacosta et l’Inspectrice Ioli Cara sont de retour, affrontant quatre cas brutaux, tous bizarrement connectés à l’église grecque.

Un journaliste enquêtant sur l’existence d’un évangile qui aurait été écrit par Jésus lui-même est retrouvé poignardé à mort sur l’île de Salamine, où un avocat et une petite fille sont aussi portés disparus.

A Santorin, la plus belle des îles grecques, les corps s’accumulent. Meurtre après meurtre, laissant nos deux policiers perplexes. Toutes les preuves sont réunies mais qui est le tueur ?

Sur les îles ioniennes, sept îles, sept victimes. Suicides ou assassinats ?

Le manque de foi de Ioli est mis à l’épreuve devant les stigmates d’un petit garçon sur l’île de Céphalonie. Pourraient-ils être authentiques ?

Le temps presse pour nos deux enquêteurs et des vies sont en jeu ...

Joignez Papacosta et Cara sur ces montagnes russes d’émotions, de mort et de foi.

Suivez le chemin du mystère entre les majestueuses îles grecques et essayez de résoudre l’énigme avant le choc final !

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie8 avr. 2022
ISBN9781667430584
Meurtres au nom de l'église: Les Mystères des Iles Grecques

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    Aperçu du livre

    Meurtres au nom de l'église - Luke Christodoulou

    Numéro deux de la série

    Les Mystères des Iles Grecques

    ––––––––

    MEURTRES AU NOM DE L’EGLISE

    ––––––––

    Par Luke Christodoulou

    Traduit de l’anglais par Colette Vicario

    A ma fille Ioli.

    Petite fofolle, source de joie ... Je t’aime.

    Aussi un grand merci à ma maison d’édition !

    MEURTRES

    AU NOM DE L’EGLISE

    ––––––––

    ¹ Et je vis lorsque l’Agneau ouvrit un des sceaux, et j’entendis, comme le bruit du tonnerre, l’une des quatre bêtes disant, Viens et vois.

    ² Et je vis, et voici un cheval blanc, et celui qui était assis dessus avait un arc, et on lui donna une couronne : et il partit conquérant, et pour conquérir.

    ³ Et lorsque l’Agneau ouvrit le second sceau, j’entendis la seconde bête dire, Viens et vois.

    ⁴ Et il sortit un autre cheval qui était roux ; et on donna à celui qui était assis dessus le pouvoir d’ôter la paix de la terre, et de faire que les hommes se tuent les uns les autres ; et on lui donna une grande épée.

    ⁵ Et lorsque l’Agneau ouvrit le troisième sceau, j’entendis la troisième bête dire, Viens et vois. Et je regardai, et voici un cheval noir, et celui qui était assis dessus avait une balance dans sa main.

    ⁶ Et j’entendis une voix au milieu des quatre bêtes dire, Une mesure de blé pour un denier, et trois mesures d’orge pour un denier ; et prends garde à ne gâter ni l’huile ni le vin.

    ⁷ Et lorsque l’Agneau ouvrit le quatrième sceau, j’entendis la voix de la quatrième bête dire, Viens et vois.

    ⁸ Et je regardai, et voici un cheval pâle ; et le nom de celui qui était assis dessus était la Mort, et l’Enfer le suivait. Et le pouvoir leur fut donné sur le quart de la terre, de tuer par l’épée, et par la famine, et par la mort, et par les bêtes de la terre.

    Apocalypse :  Chapitre 6, 1-8 (King James Bible)

    Chapitre 1

    Le soleil d’hiver disparaissait derrière les collines verdoyantes qui bordaient les banlieues de la mégapole d’Athènes et la lumière faisait place à l’obscurité.

    Le même dilemme chaque mois de décembre. Est-ce que je détestais la nuit tombant à cinq heures encore plus que la chaleur étouffante de l’été ? Le printemps. Voilà, c’était la saison parfaite. Peut-être que je devenais juste plus grincheux en m’approchant sans plaisir du seuil de ma cinquième décade.

    J’allumai les phares de mon Audi et souris en entendant le grondement dans les nues au-dessus de moi. J’aimais conduire sous la pluie et ma voiture noire avait besoin d’être lavée de la poussière accumulée.

    La Route 56 est ennuyeuse. Une route longue, toute droite, toujours pleine de trafic et comme panorama, des files interminables de blocs d’appartements gris et maussades. D’autres auraient pris le métro pour Le Pirée mais je n’ai jamais eu particulièrement de ce que l’on appelle le bon sens. Je n’avais aucune hâte de voir la psy de la police et mon appartement vide ne se souciait aucunement si je rentrais tôt ou bien tard. Je quittai la route principale et me dirigeai vers Akti Miaouli. Au dehors le vent jouait avec les feuilles mortes et les nuages au-dessus crevaient en grosses gouttes de pluie.

    Je me garai en face de l’immeuble moderne, tout en verre, où se trouvait la pratique privée de la doctoresse Ariadne Metaxa. Elle travaillait aux heures de bureau, chaque mardi et jeudi, au quartier général de la police, mais je préférais la voir dans son cabinet privé. Cela me donnait le temps de décompresser du travail et d’endosser mon faux masque, aimable et joyeux, avant de lui rendre visite. Je n’avais pas besoin d’un psychologue qui s’immisce dans mon cerveau. J’avais juste besoin de son feu vert pour pouvoir reprendre le service actif.

    Je sortis de ma voiture et restai un moment sous la pluie battante, savourant chaque goutte qui ruisselait sur mon visage, avant de traverser en courant la rue animée. Tous ceux qui n’avaient pas de parapluie couraient pour se mettre à l’abri des gouttes menaçantes. Certains se font purifier par la pluie, d’autres se font seulement tremper. J’appuyai sur la sonnette qui portait son nom et attendis d’entendre la voix désagréable de son assistante. Je ne veux pas être méchant mais si vous devez employer quelqu’un pour répondre au téléphone et ouvrir la porte, évitez au moins une fille à la voix grinçante.

    « Cabinet du Docteur Ariadne Metaxa. Que puis-je pour vous ? »

    Baisse ta voix.

    « Commissaire Papacosta. J’ai un rendez-vous. »

    « Entrez Commissaire. La doctoresse vous attend. »

    Bien sûr qu’elle m’attend. J’ai un rendez-vous.

    Je poussai la lourde porte en métal et me dirigeai vers l’ascenseur. La pratique de la doctoresse Ariadne était située au quatorzième étage. Toute une paroi de son cabinet était en verre, offrant une vue incroyable sur le port animé du Pirée ; un des rares avantages à lui rendre visite ici. Ceci, et la chaise beaucoup plus confortable.

    Son assistante dégingandée s’était déjà levée et m’indiquait de la main la porte en bois.

    « Entrez Commissaire », ses mots sortaient de ses dents de travers, accompagnés d’un sourire chaleureux et accueillant. Les personnes ayant bon cœur arrivent toujours à compenser une voix criarde et une mauvaise hygiène dentaire.

    « Merci », prononçai-je et je lui souris en retour aussi cordialement que possible. Comme j’entrais dans la pièce faiblement éclairée, la porte se referma derrière moi. La doctoresse Ariadne était assise derrière son énorme bureau en acajou, prise par la lecture d’une revue médicale et elle se leva à mon entrée. Elle marcha lentement vers moi, avec l’air confiant qui était un trait permanent de son caractère ; ses cheveux roux caressaient ses épaules dénudées et ses yeux vert émeraude brillaient en se focalisant sur mon apparence pitoyable. Je me tenais là avec mes cheveux châtains trempés, un mélange de gouttes de pluie et de légère sueur coulant sur mon visage, portant une vieille paire de jeans ordinaire et un tee-shirt blanc sous mon blouson en cuir noir. A l’inverse, depuis la naissance de ses seins jusqu’à ses genoux, une robe rouge moulante drapait le corps de la doctoresse Ariadne, des hauts talons argentés sublimaient ses pieds et elle semblait à peine sortie des mains du coiffeur. Elle portait bien le rouge. Sur elle il resplendissait comme le feu en contrastant avec son teint pâle. Elle devait être une des femmes à la peau la plus blanche de toute la Grèce. Elle devait probablement éviter le soleil grec porteur de rides. Une femme d’une intelligence supérieure, à un pas de la quarantaine, membre de Mensa pour preuve.

    Sa main douce se lovait dans la mienne.

    « Bonsoir Commissaire. Charmant jour de pluie, n’est-ce pas ? » Sa voix modulée emplit la pièce décorée selon un art minimaliste. Elle s’assit en premier dans son fauteuil écarlate et son sourire de commande était une invitation à m’asseoir dans le fauteuil en face d’elle. Au-dessous de nous, les bateaux entraient et sortaient du port, bénéficiant d’une bonne rincée en guise de bienvenue. Je me tortillai afin de trouver la position la plus confortable pour me détendre. Je savais que je serai là pour une bonne heure, mais c’est moi qui avais demandé l’entrevue.

    « Docteur, vous savez pourquoi je suis ici. J’ai besoin que vous me donniez le feu vert pour que je retourne sur le terrain. Cela fait une semaine, et je ne peux pas supporter un jour de plus assis à un bureau à m’occuper des paperasses du chef ! »

    « Je pourrais vous signer le papier et vous pourriez partir aussitôt à votre travail. Cependant, cela signifierait que je n’ai pas fait mon devoir. Vous avez été envoyé ici pour une bonne raison. »

    « Je n’ai pas besoin d’une autre évaluation psychologique », dis-je d’un ton mordant. Dr Ariadne était en effet mon évaluatrice depuis mon arrivée en Grèce deux ans auparavant lorsque j’étais entré dans les forces de police nationale. Avec mon passé de détective aux homicides à New York, une fille assassinée et étant un divorcé solitaire et asocial, ce ne fut pas une surprise d’être envoyé au bon vieux psy. Après huit sessions le docteur Ariadne m’avait considéré apte au service.

    « Ce n’est pas une évaluation, Costa, et vous le savez bien. C’est juste la procédure habituelle lorsqu’un commissaire de police jette son ordinateur par la fenêtre de son bureau. » Sa voix rassurante, douce, suave, coulait entre nous et me calmait. « Vous avez vu des dizaines de cadavres à la fois. C’est normal que vous ayez été traumatisé », continua-t-elle en maintenant le même ton.

    « J’étais surtout en colère de n’avoir pu résoudre le cas ! »

    « Résolvez-vous toujours toutes les enquêtes, Commissaire ? »

    « Non. Ceci est la vie réelle. Non pas un film ou un livre où il y a toujours la conclusion. »

    « Pensez-vous que ce cas exigeait une résolution ? Ressentez-vous le besoin de clôture ? »

    « Le cas est clos. C’est cela la clôture ... J’aurais juste voulu le résoudre plus tôt. J’aurais peut- être alors pu les sauver. »

    « Ne vous culpabilisez pas. Je comprends que ce soit une victoire à la Pyrrhus pour vous, mais gardez à l’esprit que vous sauvez des vies chaque jour dans l’exercice de vos fonctions. Seulement l’été dernier, vous avez fait la une des journaux en amenant le Tueur de l’Olympe devant la justice. Vous avez sauvé la vie de votre collègue et protégé celle d’autres personnes. »

    Je souris légèrement à la pensée de ma partenaire de travail, Ioli. Je ne l’avais pas revue depuis son retour en Crète. Elle était en arrêt maladie pour trois mois avec une séance quotidienne de physiothérapie. Elle reprendrait du service après Noël. Elle allait être transférée à Athènes où le chef avait décidé que nous ferions officiellement équipe. Brigade Criminelle pour les Iles Grecques.

    « Ioli a été reconnue apte par son psy », mentionnai-je.

    Dr Ariadne poussa un profond soupir. Elle me regarda droit dans mes yeux bruns pendant une bonne minute. « Passons un accord. Je vous déclare apte aujourd’hui et les prochaines fois où vous aurez besoin de cette déclaration, à la condition que vous arrêtiez de jouer les gros durs et que vous veniez me consulter une fois tous les quinze jours. »

    Je commençais à chercher un argument pour discuter cet accord, cependant je prononçai deux seuls mots qui nous surprirent tous les deux.

    « Marché conclu. »

    Chapitre 2

    Le mois précédent ...

    CAS No 1 : Le Cheval Blanc – la Conquête, le Mal, l’Antéchrist.

    L’île de Salamine est l’une des plus proches d’Athènes ; à seulement deux kilomètres du port du Pirée. C’était tout ce que j’aurais pu vous dire de cet endroit avant l’existence du 21 novembre. C’était un matin ordinaire, j’essayais de rentrer mon ventre à bière en buvant mon troisième café, entouré d’officiers mésomorphes, bâtis en hercule, au département de police. J’opinais en les écoutant se plaindre de la crise économique en cours et du fait qu’ils n’arrivaient pas à joindre les deux bouts.

    Un coup de téléphone changea ce jour banal.

    « Commissaire ? On vous demande sur la ligne trois. Un possible cas de meurtre sur l’île de Salamine », m’informa l’officier de police Andrea Loukaki. J’avalai mon café en une gorgée rapide et baveuse et me dirigeai vers le téléphone posé quelque part sur mon dépotoir de bureau.

    « Commissaire Costa Papacosta. »

    « Bonjour Commissaire. Ici le sergent Jason Galanos. Un corps, masculin, a été trouvé dans un fossé près de la plage de Batsi il y a quarante minutes. Je suis sur les lieux en ce moment. La victime semble avoir été poignardée à plusieurs reprises et d’après ce que je vois, est là depuis un bon moment. Je ne peux pas m’approcher car le corps est trop en contrebas. J’ai contacté les secouristes locaux pour nous aider ... »

    « J’arrive. Je viendrai avec le médecin légiste. Sécurisez la scène du crime. Prenez des photographies de tout mais ne touchez à rien. »

    Je sortis du bâtiment par la porte de derrière et arrivai sur le grand parking. L’excitation activait mon allure et avant même d’avoir pu appeler le médecin légiste j’étais devant ma voiture. Le volant était brûlant, l’air vicié et désagréable à respirer. Je levai la tête et plissai les yeux contre le soleil de novembre encore ardent. Déjà marre de la chaleur de bon matin.

    « Jacob Petsa », la voix du médecin légiste me parvint à travers le haut-parleur crachotant de mon portable et interrompit mes pensées inquiètes à l’idée d’une autre année sans pluie en Grèce. Jacob semblait essoufflé et mâchonnait manifestement une quelconque nourriture.

    « Il est neuf heures du matin. Bon sang, qu’est-ce que tu peux bien manger à la morgue ? »

    « Costa ! Malaka*, que deviens-tu ? Et pour répondre à ta question ; le petit-déjeuner bien sûr. Il y a un bistrot génial juste au coin de la rue qui prépare un délicieux petit-déjeuner à l’anglaise. Et devine ? Avec le café, seulement cinq euros ! Tu vois, depuis que les enfants ont quitté la maison, Maria a essayé de nous mettre à telle ou telle diète. Les flocons d’avoine ne sont pas un petit-déjeuner, c’est certain mon ami ! J’ai dit une fois à Maria que je n’étais pas un foutu lapin et que j’avais besoin d’un repas digne d’un homme. Tu aurais vu sa tête, elle ... Costa ? Tu es toujours là ? »

    « Ouais. »

    « En général, à ce stade tu m’aurais déjà interrompu », dit le jovial médecin et il se mit à glousser.

    « J’allais le faire, mais je devais satisfaire ma curiosité. J’ai toujours voulu savoir si tu t’arrêterais de toi-même un jour ! »

    « Bon, tu le sais maintenant ! Qu’y a-t-il ? »

    « Un homme a été tué à Salamine. Je serai devant la morgue dans cinq minutes. »

    Il n’y eut pas de réponse. Jacob ne se soucia même pas de mettre fin à l’appel. Il posa son téléphone sur la table de chirurgie en acier inoxydable et clopina jusqu’à son petit-déjeuner. Aucun bacon croustillant n’allait être perdu, pour per-sonne au monde !

    *malaka – branleur en grec – NDT

    Chapitre 3

    La plage de Batsi est considérée comme l’une des dix meilleures de l’île en forme de crevette. Ce qui ne signifie pas grand-chose. Salamine n’est pas une île touristique, durant l’été elle accueille plus de gens du coin que de touristes. Maintenant, au seuil de l’hiver, elle paraissait abandonnée. Je regardais autour de moi les maisons du village éparpillées sur le versant de la colline et renonçai à l’idée de trouver un témoin. Je commandai néanmoins à deux policiers locaux, de la ville de Salamine, d’aller frapper à chaque porte. Cela me semblait bizarre que le corps ait été jeté si près de la côte. Je veux dire, soit vous l’enterrez où vous l’avez tué, soit vous le jetez à la mer vu que vous en êtes si près. Jeter le corps dans un ravin était le fruit de la panique. Mes pensées tourbillonnaient. Je fermai les yeux, m’approchai de la scène du crime et pris une longue respiration. Concentre-toi, Costa, concentre-toi.

    « Bonjour Commissaire. Par ici. » Jason Galanos était d’assez petite taille. C’était un jeune homme costaud, au cou de taureau, à la complexion et au nez typiquement grecs. Ses muscles faciaux remuaient à peine tandis qu’il parlait et il se comportait de manière respectueuse et protocolaire, ce qui était devenu inhabituel dans la police de nos jours, surtout pour les jeunes de moins de trente ans. Je le suivais qui grimpait, alerte, le chemin de terre, mes yeux scrutant les alentours. La campagne était desséchée, avec quelques buissons d’un vert pâle et des oliviers obstinés bien enracinés dans la terre rocailleuse. Dr Jacob Petsa soufflait comme un bœuf derrière nous, se plaignant pratiquement de tout.

    « Peut-être que l’idée de régime de Maria n’est pas si mauvaise que tu le penses ... » osai-je ainsi taquiner mon brave vieil ami.

    « Peut- être que je vais te pousser dans le ravin et repartir avec deux corps ! » rétorqua-t-il et il éclata de rire. Son rire résonna sur la colline et les secouristes au-dessus de nous se retournèrent pour voir qui pouvait être si réjoui en approchant d’une scène de meurtre. Le sergent au regard sérieux avait fiché en terre quatre barres de fer autour du fossé pour créer un rectangle de sécurité avec la traditionnelle bande jaune.

    Les secouristes avaient déjà préparé les grappins et les cordes nécessaires pour descendre jusqu’à la victime. Je suis sûr d’avoir vu l’un d’eux revérifier les cordes en voyant mon gabarit et l’embonpoint de Jacob. Je regardai au fond de la ravine. Le corps gisait dix mètres au-dessous de nous, face contre terre. Il ne portait qu’un short déchiré et ensanglanté.

    « Qui a trouvé le corps ? »

    « Un jeune couple de Thessalonique en vacances ici », répondit immédiatement Jason. Il sortit son petit carnet de détective noir et continua, « Andreas et Eleni Karambetti. 28 ans tous les deux. Ici pour les sports extrêmes. Ils faisaient du parapente depuis le sommet de la colline quand Eleni a hurlé en pointant vers le bas. J’ai leurs déclarations et ils séjournent dans une chambre d’hôtes près d’ici, au cas où vous désirez leur parler. »

    « Très bon travail, Jason », dis-je, admiratif de son attitude. Traditionnelle et maîtrisée.

    « Allons rendre visite à notre victime. » Je donnai le signal aux responsables de fixer nos sangles. « Descendez aussi les projecteurs. »

    « Je deviens trop vieux pour cette merde ! », déclara Jacob alors qu’ils nous faisaient descendre progressivement dans le fossé. Nous touchâmes terre à quelques mètres du corps et nous nous détachâmes selon les instructions que nous impartissaient d’en haut les secouristes. Je stabilisai les deux projecteurs et les allumai. Une lumière blanche et vive emplit la ravine. J’en laissais un où il était et portais le deuxième de l’autre côté de la pauvre victime. Nos ombres jouaient un spectacle de marionnettes macabre sur les parois du ravin. Je photographiai le dos de l’homme et j’effectuai un zoom sur ses blessures. Des plaies d’entrée violentes et désordonnées sur tout son corps. Des mains guidées par la haine avaient perpétré ce crime. Des asticots et des mouches se repaissaient de cette chair, et des minuscules traces de morsure et de grignotage témoignaient que des souris et autres petits rongeurs parcouraient le fossé de nuit. Le corps était entouré d’éclaboussures de sang. Aucun vêtement ou objet ne se voyait alentour. Jacob s’agenouilla près du cadavre, mit ses lunettes sur son nez et plissa les yeux en enfilant ses gants de latex blanchâtres. Ils ne décernent pas de récompenses aux médecins légistes, mais si c’était le cas, Jacob aurait toute une armoire de trophées. Je l’observai, lui laissant cinq minutes.

    « Retournons-le », la simple demande arriva et je l’aidai à tourner lentement le corps. L’air nous manqua à cause du choc provoqué par la vue de son visage poignardé. Les orbites avaient été sévèrement tailladées, les deux globes oculaires ainsi que plusieurs dents s’étaient enfoncés, et des parties de son cou s’étaient détachées, ayant été poignardées à plusieurs reprises. La poitrine de la victime avait été frappée tant de fois qu’il y avait entaille sur entaille, formant des blessures en forme d’étoile. Même le haut de ses jambes avait été poignardé. Les blessures étaient de différentes tailles et profondeurs. C’était soit l’œuvre d’un fou qui, aveuglé momentanément, avait frappé avec frénésie, soit comme je le sentais du fond de mes tripes, l’opération de multiples assassins.

    « Puis-je commencer mon monologue ? » Jacob me sondait pour savoir si mes voix intérieures étaient prêtes à s’apaiser et si j’étais en état de l’écouter.

    « Vas-y. Déballe. »

    « Masculin. Entre trente et trente-cinq ans. Moment de la mort ? Il y a trois jours. Cela pourrait être un peu moins mais certainement pas davantage. Le corps est à la même température que l’environnement, la couleur verdâtre s’est propagée sur toute la peau et les gaz dans les tissus corporels commencent à former des ampoules. Il a été poignardé des douzaines de fois, il est impossible de savoir quel a été le premier coup, cependant toutes les blessures ont été portées en quelques minutes ; ceci est indiqué par la coloration et la coagulation du sang autour des plaies. Toutes les autres lésions, aux os et aux tissus, ont probablement été causées par la chute, qui a eu lieu post-mortem. »

    Je redressai la tête de la victime et pris des photos. Il nous fallait l’identifier. Et le plus tôt serait le mieux.

    Chapitre 4

    Le poste de police local – s’il pouvait être appelé ainsi – me rappelait un studio. Une seule pièce, sans la salle de bains. Sur la gauche, le bureau bon marché de Jason, avec un ordinateur désuet, poussiéreux et rouillé, un drapeau grec, une icône de Saint Nicolas, une photo de ses parents fiers de lui, et un mug

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