Drame en coulisses
Le corps de Carla Syracuse avait été découvert un soir de novembre, peu avant 22 heures. La jeune femme gisait à même le sol, dans la loge qu’elle occupait dans les sous-sols du Moulin-Rouge. Elle baignait dans son sang, le cœur transpercé par la lame d’un long couteau, les yeux révulsés et les mains encore crispées sur le manche. Comme si elle avait tenté d’arracher l’arme de sa poitrine.
C’est le régisseur qui avait fait la terrible découverte. – Racontez-moi, avait demandé Victor Patrenôtre qui était de permanence ce soir-là au commissariat du 18e arrondissement, distant de quelques rues du boulevard de Clichy.
A cette époque, le Moulin-Rouge était le haut lieu des nuits parisiennes. Chaque soir, le Tout-Paris s’y pressait pour assister aux revues éblouissantes qui faisaient la réputation de la capitale française.
En pénétrant dans le couloir menant aux loges, Victor Patrenôtre s’était heurté à une foule hétéroclite et colorée, tout à la fois choquée par le drame qui venait de se dérouler et avide d’assouvir sa curiosité. C’est ainsi que des employés en bleu de travail ou veste de serveur et des danseuses en frous-frous et dentelles se mêlaient aux spectateurs en smoking ou robe longue et aux journalistes, appareils photo et carnets de notes en main ; le tout dans un désordre indescriptible. A tel point qu’il avait fallu jouer des coudes et de la voix pour accéder à la scène du crime, que le commissaire avait rapidement fait boucler. Le régisseur – qu’on avait fait asseoir sur une chaise parce que ses jambes ne le portaient plus – semblait hébété, incapable de détacher ses yeux du corps ensanglanté.
– Racontez-moi, avait répété le commissaire en tirant sur sa pipe. L’homme avait alors posé sur lui un regard douloureux, accentué
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