Dans Extorsion, une novella publiée en 2014, James Ellroy s’était amusé à écrire les confessions bien affûtées de Freddy Otash, flic déchu devenu pourvoyeur de ragots pour le magazine à scandale Confidential. Personnage secondaire d’American Death Trip (2001) et d’Underworld USA (2009), il est de ces individus réels (né en 1922, mort en 1992), interlopes et dépravés que l’auteur aime accommoder à sa sauce dans ses fictions. C’est son propre éditeur outre-Atlantique qui lui a donné l’idée d’en faire un roman : Panique générale. La première partie est une version remasterisée d’Extorsion, et l’écriture est encore plus pyrotechnique que dans la version d’origine. Les suivantes, et le tout, dynamitent les coulisses du Hollywood des années 1950, déroulant une décennie de deals, de trahisons, de drogues, avec micros planqués, partouzes, lupanars, orgies, et renvois d’ascenseurs entre « politicards connards », méga stars et mafieux. Le Otash revu par Ellroy sait qu’il est mort, et nous écrit de l’au-delà: « Je suis mort. D’où le Purgatoire et ces confessions. » Il raconte comment il espionna et fit chanter Liz Taylor, Ingrid Bergman, Ava Gardner, Marlon Brando, John F. Kennedy (avant son accession à la Maison-Blanche), James Dean et quelques autres. Les initiés reconnaîtront les clins d’œil à plusieurs livres précédents. Les autres apprécieront le geyser typiquement ellroyen : de l’outrance, de la corruption et le plaisir du péché sans autre rédemption que le mal. Et l’écriture.
PANIQUE GÉNÉRALE (WIDESPREAD PANIC)
JAMES ELLROY
TRADUIT DE L’ANGLAIS (ÉTATS-UNIS) PAR SOPHIE ASLANIDES, 330 P., 23 €. COPYRIGHT RIVAGES.EN LIBRAIRIES LE 11 MAI.
CELLULE 2607
Pénitencier du