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Le neuvième cercle: Polar
Le neuvième cercle: Polar
Le neuvième cercle: Polar
Livre électronique271 pages3 heures

Le neuvième cercle: Polar

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À propos de ce livre électronique

Après «Pretium Doloris», Bruno Bouchière est de retour avec une nouvelle enquête entre Oléron et Niort !

Un cadavre flottant, ramené sur le rivage par la tempête Xynthia et qui porte d’étranges stigmates, est découvert aux pieds du pont de l’île d’Oléron. Yankee et sa brigade spécialisée dans les meurtres à caractère rituel et ésotérique sont appelés sur les lieux.

En parallèle, Gautier est sollicité par une ancienne collègue de la MASF qui s’inquiète de la disparition de son père, notaire à Niort.

Le couple improbable d’enquêteurs de Pretium doloris va de nouveau se retrouver au cœur d’une étrange série de meurtres qui suit une logique implacable et mystérieuse.

Cette enquête va mettre en lumière un secret monstrueux.

Découvrez une nouvelle enquête en Charente-Maritime, à la recherche de la vérité qui entoure une série de meurtres bien étranges, dans un polar à l'intrigue haletante !

EXTRAIT

Gautier n’ayant jamais de montre ne se rendit pas compte du temps qui s’était écoulé avant qu’il n’entende la sirène des pompiers suivie des sons plus habituels pour lui des véhicules de police.
Yankee se précipita vers la cabane suivi du Capitaine des pompiers de St Trojan : « Avant de faire quoi que ce soit, il faut nous assurer qu’il s’agit bien d’abeilles ou de ce genre de saloperies ! »
Le pompier acquiesça : « Donnez-moi une lampe torche, beugla l’Américain, je vais jeter un œil à l’intérieur !
− Vous êtes complètement taré ! répondit Gautier, vous n’avez aucune idée du danger ma parole ? »
Mais l’Américain ne l’écoutait plus et avait déjà allumé la Maglite que lui avait tendue le pompier avant de couper le cadenas.
Il entrebâilla la porte de la cabane pour la refermer aussitôt, entouré par une dizaine d’abeilles qui lui tournaient autour du crâne : « Bordel de merde, arrosez-moi ce merdier ! »
− Cela risque d’endommager sérieusement les preuves, fit remarquer un policier de « La scientifique ».
− Je n’ai pas d’autre choix, rugit Yankee, et si vous avez une meilleure idée je suis preneur !
− J’en ai une, répondit le Capitaine des pompiers. J’ai quelques notions concernant les abeilles. Elles sont généralement pacifiques, sauf quelques cas d’abeilles tueuses ! Mais nous n’en avons que très peu par ici. Par contre, nous possédons toujours dans le camion des combinaisons que nous utilisons contre les insectes, ajouta le Capitaine des pompiers

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

À PROPOS DE L'AUTEUR

Bruno Bouchière est responsable de projets en Ressources Humaines et Formation au sein de la MAAF. Le Neuvième cercle est son second polar après Pretium doloris – Meurtres au pays des mutuelles paru chez le même éditeur. Il vit à La Crèche.
LangueFrançais
Date de sortie31 janv. 2019
ISBN9791035304195
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    Aperçu du livre

    Le neuvième cercle - Bruno Bouchière

    LE NEUVIème cercle

    Collection dirigée par Thierry Lucas

    © 2014 – Geste éditions – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    www.gesteditions.com

    Bruno Bouchière

    LE NEUVIème cercle

    3 personnes peuvent garder un secret… 

    … Si deux d’entre elles sont mortes.

    Benjamin Franklin

    Le danger n’est pas de traverser l’enfer, le danger c’est le mal et l’attraction qu’il procure, les pulsions sexuelles qu’il déclenche, la jouissance qui en découle.

    Je suis le voyageur, je suis le sadisme ou la bonté, le mensonge ou la vérité !

    Je suis le disciple d’Aristote, le maître de « Ceux qui savent » !

    Je suis le voyageur, j’irai vers l’obscurité, le bruit, la puanteur du cloaque des âmes, j’irai jusqu’au fond de la terre.

    Je suis le voyageur, je suis le mal, l’horreur… Ce que je vais entreprendre je dois le mener à bien, pour lui, pour les autres, sans doute… 

    … pour Dieu, peut-être.

    J’irai jusqu’au bout… 

    … Et j’ai peur !

    Dans la forêt obscure

    La mouette se laissait porter nonchalamment, bercée par le léger clapot du ressac.

    Elle était indifférente aux beautés alentour : les parcs à huîtres qui émergeaient lentement avec la marée basse, le clocher de Marennes qui tranchait l’horizon, la lumière diaphane du soleil levant, la silhouette du pont d’Oléron et ses ampoules bleues, Fort Louvois… 

    La mouette laissa échapper un ricanement idiot lorsque son radeau improvisé heurta un bouchot, la privant de sa quiétude matinale.

    Puis, à contrecœur, elle s’envola, mais auparavant se soulagea quelque peu sur son support flottant.

    Il est vrai que la mouette ne respecte rien, même pas les cadavres.

    Car il s’agissait bien du corps d’un homme que la tempête Xynthia avait ramené jusqu’au rivage.

    Il portait d’étranges stigmates et des scarifications que l’effet de l’eau et la putréfaction naturelle n’avaient pas encore effacés.

    Son torse était recouvert de motifs curieux qui pouvaient s’apparenter à une sorte de tableau, une peinture rupestre.

    Cette manifestation d’art n’avait en aucun cas ému la mouette qui tourna une ou deux fois au-dessus du cadavre puis disparut vers les claires.

    Car, malheureusement, il est également avéré que la mouette n’a aucun sens artistique !

    *

    Utiliser le mot « Scène de crime » eut été exagéré tant la situation était iconoclaste : des enquêteurs en cuissardes qui tentaient vainement de récolter des indices sur un corps trempé et en décomposition avancée, des spécialistes de la recherche de preuves et des photographes de l’identité judiciaire tournant et retournant autour des bouchots dans un concert de bruits douteux et chuintements liés aux bottes qui s’enfonçaient dans la vase puis s’en extirpaient avec peine, comme autant de silhouettes fantomatiques du petit matin.

    C’était un brave touriste en pleine quête de palourdes qui avait découvert le corps.

    Il avait fallu prévenir le SAMU car le choc de cette découverte l’avait, disons, quelque peu secoué.

    Le corps fut extrait de l’élément iodé pour atterrir dans un compartiment plus frais à la morgue de La Rochelle.

    L’ordre était tombé de très haut : « On vous envoie quelqu’un, un spécialiste ! Mais avant, silence complet – pas un mot à la presse et ne touchez pas au corps. »

    Le Capitaine Roussel haussa les épaules : « Si ça les amuse, grommela le policier, qu’ils envoient leur gugusse, nous on va commencer à chercher qui c’est ce type. »

    Les lieutenants présents se mirent au travail, non sans une certaine mauvaise humeur, liée au fait qu’une fois de plus ils avaient le sentiment qu’on les prenait pour des billes.

    L’information qu’ils attendaient ne tarda pas à tomber : le gugusse en question, « The » spécialiste, officiellement détaché de la capitale était en fait le responsable de la toute dernière création du 36 quai des Orfèvres – « La section des crimes et délits ésotériques et rituels ». Il faut vivre avec son temps !

    « Tout un programme, grogna Roussel ! Si ça se trouve, c’est le même qui a démantelé « Le gang des capotes roses ».

    Il faisait allusion à un épisode marquant de la vie trépidante niortaise qui avait eu lieu quelques années auparavant et qui avait très sérieusement ébranlé le petit monde des mutuelles locales – la MASF en particulier.

    Une série de morts subites avait frappé une dizaine de jeunes gens dans la force de l’âge. Série qui avait pour origine une toxine glissée judicieusement à l’intérieur de préservatifs roses.

    Celui qu’on surnommait « l’Américain » s’était illustré en mettant au jour une secte locale dont l’activité ne s’était jamais éteinte et qui commanditait lesdits crimes.

    Depuis ce haut fait d’armes et, jalousie oblige, on nommait « l’Américain » ou encore « Yankee » le spécialiste des capotes roses !¹

    *

    Aux antipodes de toute cette agitation, assez inhabituelle il est vrai dans un commissariat Rochelais, Jacques Gautier, dans une pièce de sa maison de La Crèche aménagée en bureau, ramassait quelques notes éparses pour reconstituer un énième écheveau tout en écoutant une compilation de Judas Priest.

    Quatre années s’étaient écoulées depuis qu’il avait mis fin, avec Yankee, à la « Secte des idolâtres », laquelle organisation était responsable d’une série de décès qui avait mis fin aux jours de jeunes gens principalement issus de la MASF, Mutuelle d’Assurance des Salariés de France.

    Au cours de cet épisode, il avait connu les affres du décès de son ex-épouse dans des circonstances affreuses, mais aussi la redécouverte du bonheur de vivre en couple grâce à l’amour que lui portait sa nouvelle conjointe Véronique.

    Depuis, Véronique avait été mutée au siège de la MASF où elle occupait un poste de Chef de produit – titre pompeux mais qui ne veut pas dire grand-chose en fait si on y regarde de près, tant ils sont nombreux à sévir sur le site et tellement dispersés dans leurs activités qu’ils en deviennent aussi faibles que des virus qui se développent trop vite.

    Sa fille Amandine avait douze ans et commençait à entrer de plain-pied dans l’âge ingrat avec une acné annonciatrice de futures heures difficiles entre autres maux liés à la perte de sa mère dans des conditions atroces.

    Grâce aux largesses de Yankee, Gautier, lui, avait renoncé à sa fonction d’inspecteur corporel au sein de cette même MASF pour se consacrer à l’étude de la criminologie et du profilage en particulier.

    Il collaborait de temps à autre avec les policiers et donnait également des cours en faculté – Poitiers, Bordeaux, Rennes.

    Sa maîtrise de droit, mal nécessaire pour un inspecteur corporel de base, lui avait permis de passer trois années d’études pour obtenir le précieux sésame de profileur – En Français !

    En fait Gautier avait surfé, comme on dit, sur la mondialisation du phénomène des « Serial killers ».

    En effet, contrairement à un bourrage de crâne savamment orchestré par les médias, ce phénomène n’est pas uniquement un pur produit des USA.

    La Chine a eu son serial bomber, l’Égypte, son infirmière de la mort, la Colombie son « Monstre des Andes », les femmes de Ciudad Jarez au Mexique, etc., etc.

    Et dans notre beau pays qu’est la France ? Que nenni, nada, nothing ! Les serial killers ne sont, officiellement, qu’un produit américain. Fermez le ban.

    Fort heureusement, et les mentalités changeant, quelques esprits plus ouverts que les autres chez les fonctionnaires de la police nationale commencent à envisager le phénomène du serial killer comme un fait planétaire et pas endémique de telle ou telle nation.

    Par ailleurs, la France s’est dotée de l’outil SALVAC, qui est une base de données importante en matière de meurtres résolus ou non, d’agressions sexuelles, de viols, bref toutes ces joyeusetés qui font de notre beau pays un lieu où il fait bon vivre. Mais SALVAC n’en est qu’à ses débuts.

    En complément du SALVAC, les fameux profileurs, ou encore psycho-criminologues ou analystes comportementaux sont les dépositaires des profils psychologiques mais ne sauraient remplacer une bonne enquête de papa !

    Par ailleurs, et depuis 2003, les profileurs français doivent tous être des OPJ.

    En reconnaissance des services rendus dans la résolution de l’affaire des « Idolâtres », Gautier avait obtenu une dérogation du Ministère de la Justice et l’autorisation officielle d’exercer.

    Il gardait encore de fréquents contacts très généralistes avec ses anciens collègues de boulot MASF, à l’occasion de remise de médailles, de pots de départ en retraite – grotesques et hypocrites mises en scènes où, devant trois cacahuètes, des pistaches et un verre de mousseux tiède chacune et chacun déblatéraient les sempiternelles et admirables conneries sur le collègue admis à faire valoir ses droits à la retraite – c’est ainsi que l’on balaye trente ans ou plus de bons et loyaux services !… 

    … et enfin, lors des enterrements de collègues plus âgés ou ayant fait un passage plus rapide sur terre.

    Il avait gardé, par contre, un « Cercle » très restreint de collègues ayant plus ou moins d’ancienneté dans la maison avec qui il passait d’interminables soirées arrosées − trop arrosées ! − À refaire le monde et à critiquer tout ce qui bougeait alentour.

    Il avait assisté dernièrement au départ en retraite d’un brave type de la MASF, un obscur gestionnaire sinistre, tout dévoué au culte des cas de barème et de la gestion en droit c­ommun.

    Il avait la mine aussi heureuse qu’un futur opéré qui entre en salle d’anesthésie avant un triple pontage et, visiblement, l’idée de retrouver bobonne toute la journée, la semaine, le mois et le reste du temps ne l’enchantait guère.

    Ses collègues avaient été généreux et lui avaient offert une magnifique barque de pêche avec moteur et tout le tremblement, des bouteilles de vin, et un proche avait osé gribouiller un tableau qui représentait une bestiole immonde et indéfinissable.

    Plus qu’une croûte, c’était un véritable ­prurit !

    C’est à cette occasion que la fille avait demandé un entretien en privé à Gautier. Il la connaissait. Elle s’appelait Marylise et devait bien avoir passé la quarantaine mais exhibait une silhouette enchanteresse. Seuls son visage assez marqué et une peau en mauvais état atténuaient les pulsions qu’elle pouvait susciter chez la gent masculine, d’autant que c’était une irréductible célibataire qui cumulait les conquêtes, en quête du grand amour sans doute ! Mais le maquillage sait effacer beaucoup de défauts !

    Elle bossait au corporel médian, d’après ses souvenirs.

    Le corporel médian c’est entre un légume coupé en rondelles et un légume en julienne. Les victimes ne sont pas assez touchées pour finir leurs jours dans un état de délabrement mais ne le sont pas assez peu pour toucher une indemnisation rapide : « Pas ici, avait-elle dit, il y a trop d’oreilles indiscrètes ! »

    Ce sur quoi elle n’avait pas tort : « Sortons si vous le voulez bien, intima Gautier. »

    Ils se retrouvèrent sur le parking de l’espace « Avenir », propriété de la MASF à Chauray : « Mon père a disparu ! »

    Gautier s’appuya sur une voiture : « Le mien aussi, hélas !

    − Je ne plaisante pas.

    − D’accord, je plaisantais. Disparu, comment ça, et depuis quand ?

    − À peu près depuis la tempête, cela fait… »

    Gautier compta mentalement : Xynthia, le 28 février, nous étions le mercredi 03 mars : « Quatre à cinq jours ?

    − Oui, c’est ça.

    − Qu’est ce qu’il fait dans la vie ce brave homme ?

    − Il est notaire à Niort.

    − Ah, l’étude Papinaud c’est lui ? Je n’avais pas fait la relation avec vous : « Marylise Papinaud, pensa Gautier, voila qui sent bon la France, comme Maurice Chombier ou Bernadette Chouinard ! » Il se rendait où quand il a disparu ?

    − À vrai dire, je n’en sais rien. Il fait partie de toutes sortes de clubs et amicales où ils se retrouvent tous.

    − Qui ils ? »

    Elle balaya l’air de sa main : « Des notables comme lui, d’autres notaires mais aussi des avocats, des médecins, des conseillers généraux, des dirigeants des mutuelles aussi, sans doute… Il reste très discret sur ses activités, vous savez.

    − J’imagine, murmura Gautier songeur, je peux vous poser une question, disons, justement assez indiscrète ?… 

    − Je vois ce que vous allez me demander… 

    − … Je vous écoute… 

    − … S’il avait une maîtresse ?

    − Par exemple, ou un amant, je ne suis pas sectaire ni homophobe ?

    − Ma mère est morte il y a presque cinq ans dans des circonstances dramatiques, Monsieur Gautier… 

    − C’est-à-dire ?

    − Elle s’est pendue sans donner d’explications, du moins, pas à moi… Donc il n’aurait pas besoin de se cacher, si vous voyez ce que je veux dire ?

    − Vous marquez un point ! C’était juste une question. Et que voulez-vous que je fasse ? Je ne suis pas enquêteur privé.

    − Vous avez vos entrées dans la police, Monsieur Gautier. À moi ils ne veulent rien dire. Ils se contentent de hausser les épaules et de me demander d’attendre. Et puis il y a l’autre… 

    − Quel autre ?

    − … Le cadavre qui a été retrouvé à Marennes. Il n’a pas encore été identifié. Vous ne lisez pas le journal ?

    − Non, désolé. Excusez-moi !

    − C’est moi qui m’excuse. Je suis très inquiète et j’ai peur que ce corps soit le sien. J’en deviens agressive.

    − Pourquoi à Marennes ? Qu’est ce qu’il pourrait faire là bas ?

    − Nous avons une maison sur l’île d’Oléron, à Saint Trojan précisément.

    − Et le téléphone ? Fixe ou portable ?

    − Les flics ne veulent rien lancer pour le moment, je vous le répète. En fait, je crois qu’ils s’en foutent !

    − Et vous n’avez pas été vérifier sur place ?

    − Les voisins l’ont fait pour moi et la maison est vide, désespérément vide.

    − Et son portable ? Je veux dire, informatique.

    − Il est à la maison mais je n’ai pas son code d’accès.

    − Ma question était très conne, oubliez-la.ça se complique un peu, avoua Gautier. Mais je pense que vous seriez déjà au courant à mon humble avis si ce cadavre était celui de votre père. Écoutez, je ne vous promets rien.

    − Admettons. Si c’est de l’argent que vous voulez, ce n’est pas un problème !

    − Là, vous m’insultez chère enfant.

    − Je ne voulais pas, excusez-moi.

    − Donnez-moi vos coordonnées et je vais voir ce que je peux faire. »

    Il laissa les protagonistes du pot de départ à leurs agapes et rejoignit sa voiture avec un sourire narquois : des notables ! C’est ce qu’elle avait dit. Mais de façon évasive et d’un ton péremptoire qui ne souffrait aucune question complémentaire.

    Il n’était pas certain du tout que cette petite en sache aussi peu qu’elle le laissait paraître.

    Demain matin, il téléphonerait quand même à La Rochelle, sans trop d’espoir que les flics soient plus prolixes avec lui.

    Il enclencha « Rust in peace » de Megadeth et repartit vers la crèche.

    Entre une mise à la retraite et un notable disparu dans la nature, le titre paraissait approprié !

    *

    L’air sentait l’eau de javel agrémentée d’un désinfectant industriel.

    Le légiste resta quelques instants prostré, comme en admiration devant le corps puis il enfila sa tenue à usage unique, posa son masque anti projections sur le visage et l’ajusta soigneusement.

    Il fit de même avec sa charlotte puis chaussa ses gants anti coupures sous sa paire UU.

    Avec ses bottes en caoutchouc, il aurait pu passer pour un ramasseur de coquillages, les autres accessoires en moins, bien sûr !

    En face, l’Américain avait refusé de porter quoi que ce soit et avait envoyé balader copieusement le protocole en place.

    Ce que voyaient les deux hommes les rendait perplexes :

    Depuis le pubis, des arbres ou une forêt, stylisés en vert faisaient place à une sorte de chemin qui remontait vers le pectoral droit.

    La base de ce chemin, sorte de pyramide était évasée au-dessus des organes génitaux du mort pour remonter vers une colline en arrière plan, ou peut être une vallée ? nota mentalement l’Américain.

    Le soleil émergeait au-dessus de cette colline ou vallée.

    De l’autre côté, sur le pectoral gauche, ils pouvaient entrevoir la silhouette d’une panthère accompagnée d’un lion et d’un chien, du moins quelque chose qui ressemblait à un chien ou un canidé.

    Le visage était maquillé comme celui d’une statue antique.

    « Ça pourrait représenter n’importe quoi », souligna le légiste.

    − Je ne crois pas au « N’importe quoi » ajouta l’Américain, il doit y avoir une ­explication.

    − À vue de nez, ce type est mort vidé de son sang. Vous voyez cette trace d’aiguille sur le bras ? Et sans vouloir trop m’avancer… 

    − Mais un peu quand même, demanda Yankee.

    − Je pense que les peintures, appelez ça comme vous voulez, ont été diluées avec le sang de la victime. Il en a fallu beaucoup, beaucoup de sang. Le tueur s’est repris plusieurs fois, comme s’il effaçait et recommençait une toile. Il y a un arrière-plan au fusain ou du moins un pigment noir qui lui ressemble.

    − Et bien, nous savons au moins qu’il s’agit d’un artiste. Cherchez du côté de ce mélange.

    − Ça nous change des bourrins habituels. Je trouve cela assez excitant.

    − Oh toubib, ce n’est pas un adolescent cette fois-ci. Calmez vos ardeurs habituelles. »

    Ce brave légiste était homosexuel et savait rappeler qu’il préférait autopsier des corps plus jeunes : « toujours aussi drôle Yankee. Je vais faire analyser les pigments.

    − Ce type a peint une allégorie. Vous avez une idée de ce que ça représente ?

    − Que dalle. En tout cas c’est de la qualité pour avoir résisté à l’eau de mer.

    − Vous pensez qu’on pourrait retrouver le point de départ de son voyage ?

    − Oh Yankee, je suis légiste, pas hydrologue ou je ne sais quoi.

    − Ça je sais, le seul liquide que vous êtes capable d’analyser c’est du Ricard ou la moiteur d’un jeune éphèbe !

    − La perfidie liée à l’humour ne mène nulle part, et sachez que vous n’êtes pas mon genre l’Américain.

    − Dieu me préserve de le devenir un jour toubib, continuez… 

    − … Chez le cadavre frais, disais-je avant cette interruption saugrenue, de nombreux signes sont fréquemment retrouvés, et sont parfois considérés de façon abusive comme des marqueurs de la noyade, par exemple la cyanose des extrémités, une congestion en pèlerine, une congestion multi viscérale, des pétéchies sous-conjonctivales ou sous-cutanées, une peau ansérine, je continue ?

    − J’adore votre poésie toubib… 

    − Ça m’étonnerait ! Enfin, chez le cadavre putréfié, il n’existe en règle générale aucun élément d’observation permettant d’affirmer voire seulement d’évoquer la noyade vitale. Aux signes classiques de la putréfaction vont se surajouter un certain nombre de phénomènes comme la macération des téguments, un détachement cutané en gant ou en chaussette, et plus tardivement la transformation

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