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Le Tueur de l'Olympe
Le Tueur de l'Olympe
Le Tueur de l'Olympe
Livre électronique344 pages4 heures

Le Tueur de l'Olympe

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À propos de ce livre électronique

Description

‘MEURTRES SOUS LE SOLEIL GREC’

Si cet été vous pensez voyager dans les majestueuses îles grecques baignées de soleil, pensez-y à deux fois. Un tueur sadique est en liberté.

LE TUEUR DE L’OLYMPE ...

Sur les îles pittoresques de la mer Egée, les cadavres s’accumulent rapidement. Des corps torturés, mutilés et étrangement reliés à la mythologie de la Grèce antique. Il est fait appel au Commissaire de la Police Hellénique COSTA PAPACOSTA pour aider la jeune crétoise, major de sa promotion, au langage fleuri et aimant les bons plats, l’inspectrice IOLI CARA, à résoudre leur cas le plus complexe à ce jour ; ceci tout en affrontant ses propres démons après la perte tragique de sa fille.

Le TUEUR DE L’OLYMPE, comme les tabloïds le surnomment, est un meurtrier rusé, sadique, au passé tourmenté. Un passé qui nous est révélé à travers l’histoire de sa mère à Dayton, U.S.A.

Les deux officiers arriveront-ils à arrêter à temps l’assassin ou le Tueur de l’Olympe aura-t-il sa revanche ?

Une mannequin avec ses bras cruellement tranchés ...

Des jumeaux décapités, leurs têtes utilisées pour représenter un soleil et une lune ...

Papacosta et Cara ont toujours une longueur de retard et ce jusqu’à la finale effarante !

LangueFrançais
ÉditeurBadPress
Date de sortie5 sept. 2021
ISBN9781667412474
Le Tueur de l'Olympe

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    Aperçu du livre

    Le Tueur de l'Olympe - Luke Christodoulou

    Numéro un de la série

    Les Mystères des Iles Grecques

    ––––––––

    LE TUEUR DE L’OLYMPE

    ––––––––

    Par Luke Christodoulou

    Traduit de l’anglais par Colette Vicario

    A ma femme Polina pour son amour, son soutien et sa patience.

    A ma fille Ioli. Merci de me rappeler de jouir pleinement de la vie.

    LE TUEUR DE L’OLYMPE

    « Quand l’aurore au voile de safran s’étendit sur la terre, Zeus lance-foudre réunit les dieux sur le plus haut sommet de l’Olympe aux innombrables cimes, leur parla et tous lui prêtèrent attention : « Ecoutez-moi, dieux et déesses, afin que je vous dise ce que mon cœur me dicte. Qu’aucun de vous n’ose me défier ... »

    Homère, l’Iliade, Chant VIII

    Chapitre 1

    Le brillant astre grec venait de sombrer dans la mer.

    Le coucher de soleil avait été magnifique. La manière dont la lumière jouait avec les vagues, enflammant les eaux de la baie de Vathy, était spectaculaire.

    « Un régal pour les yeux », pensait Stacy en flânant le long des petites embarcations colorées, toutes alignées, attendant l’arrivée de leurs patrons avant de partir pour une dernière pêche de nuit.

    Stacy réalisait que c’était la première fois qu’elle se retrouvait vraiment seule depuis la finalisation de son divorce, la semaine précédente chez elle à Los Angeles. Ses amies mondaines l’avaient persuadée de s’évader complètement et le lendemain même, elles étaient toutes en route pour l’île grecque de Rhodes.

    Tout était si calme et si paisible près du rocher où elle s’était assise pour admirer la pleine lune. Elle contemplait la silhouette immobile des bateaux qui sommeillaient contre le sombre horizon, avant de retirer ses chaussures à talons rouges de Manolo Blahnik et de descendre avec précaution jusqu’à la plage de sable doré où elle s’allongea, isolée par les rochers du reste du monde. Toute cette solitude lui paraissait quelque peu étrange après avoir été entourée de foules de tout âge et de toute sorte, seulement quelques jours auparavant à Faliraki, haut lieu de la vie nocturne de Rhodes. Après Rhodes, la bande s’était transférée sur l’île de Kos où elles continuèrent à faire la fête à fond. Elle sourit en se souvenant d’elles, toutes assises au comptoir du Jackson’s Beach Bar, prêtes à danser toute la nuit. Maintenant, elle savourait la sérénité offerte par l’île de Samos. Jennifer, Ginger et les autres filles avaient fait un excellent travail, la portant dans les îles grecques - « saut d’île en île » comme aimait le qualifier Ginger - pour l’aider à l’oublier. Lui. Elle se demandait ce que Le Dieu faisait en ce moment. C’était ainsi que les filles de son groupe l’avait surnommé.

    «  Hum ... un Dieu pour toutes sauf pour moi », pensa-t-elle. Certains sentiments persistaient au plus profond d’elle-même, mais elle ne pouvait plus supporter la souffrance de rester avec lui.

    « Sale traître », pensa-t-elle et elle ferma les yeux.

    « Belle nuit ! », une voix derrière elle interrompit sa rêverie.

    Surprise, elle poussa un petit cri et se levant d’un bond elle se tourna dans la direction d’où provenait la voix.

    « Je suis désolé. Je ne voulais pas vous faire peur », dit aussitôt le bel homme aux cheveux noirs ; la clarté de la lune, en dansant sur son visage, révélait ses brillants yeux verts.

    « Je ne m’effraie pas si facilement », répliqua-t-elle, essayant de reprendre sa respiration, « vous m’avez surprise, c’est tout. Depuis combien de temps êtes-vous ici ? »

    « Oh, je ne suis pas un harceleur », plaisanta-t-il, se moquant gentiment d’elle de sa voix suave et apaisante. « Je viens ici pour écrire ». Son visage s’éclaira alors qu’il sortait comme preuve un stylo Parker et un mince cahier rouge de son sac à dos.

    « Donc vous vivez ici ? »

    « Non, je n’y suis que depuis deux semaines. Je suis en vacances moi aussi. Seul », précisa-t-il. Il se présenta, « Tom Smith », en lui tendant sa main droite.

    « Stacy Anderson », répondit-elle. Sa main se coulait parfaitement dans la sienne. Cela lui sembla bizarre d’utiliser de nouveau son nom de jeune fille. Encore plus étrange le fait qu’elle se sentait totalement à l’aise avec cet homme qu’elle venait à peine de rencontrer. Ginger aurait été si fière de les voir assis côte à côte sur le sable, bavardant, alors que la mer Egée caressait leurs pieds.

    « Et qu’est-ce que vous écrivez ? »

    « Un thriller ! » annonça-t-il, prenant un ton inquiétant d’une voix grave. Ils éclatèrent de rire. Cela faisait un moment qu’elle n’avait ri de si bon cœur.

    « J’adore les thrillers », dit-elle, excitée et aguicheuse. Ce furent les dernières paroles que Stacy Anderson prononça. Quand le couteau atteint sa poitrine et pénétra jusqu’à son cœur, Stacy essaya de reprendre sa respiration pour crier, mais la main gauche de Tom couvrit aussitôt sa bouche. De sa main droite il leva de nouveau son couteau et la lame eut un reflet d’argent sous la clarté de la lune. Du sang coulait de son bord tranchant alors qu’il la poignardait avec une passion renouvelée et une évidente euphorie dans ses diaboliques yeux verts. Les sept coups furent tous frappés en plein cœur. Puis Tom se pencha vers elle et dégrafa son chemisier ensanglanté, prenant son temps, avant de porter son attention sur le bouton de son blue-jean.

    Il contempla sa superbe nudité, palpant délicatement ses seins refaits. Ils étaient parfaits, probablement le meilleur que l’argent puisse acheter.

    Puis, pris d’une fureur sauvage, il plongea son couteau entre les jambes de Stacy, l’enfonçant profondément en elle avant de trancher vicieusement sa chair vers le haut. Tom s’arrêta, satisfait de voir que la grenade tirée de son sac s’adaptait parfaitement. Il se leva, admirant son ouvrage. Puis il marcha vers le rivage et avec un sourire de contentement nagea vers le large.

    *****

    Chapitre 2

    8:47 et comme toujours ici en Grèce, j’étais en avance. Je ris à la pensée que New York m’avait rendu rapide. Apparemment mes années comme inspecteur de la Criminelle dans la Grosse Pomme avaient laissé des traces. Athènes aussi était une jungle, mais plus petite que la précédente. Juste une heure avant, j’avais reçu un coup de fil d’une des charmantes secrétaires de la Direction Générale de la Police.

    « Commissaire Costa Papacosta ? »

    « Oui ? »

    « Bonjour », dit-elle d’un ton morne, et elle poursuivit en m’informant que le directeur général avait demandé à me voir. Mon bureau, avenue Athinon, où se situait le Département des Enquêtes Criminelles, ne me verrait pas aujourd’hui. Je devais me rendre à la Direction à neuf heures précises.

    « A quel sujet ? » demandai-je, arrivant à interrompre son flot rapide de paroles. Nous les Grecs parlons vite, mais alors, cette nana remportait la palme ...

    « Soyez là à neuf heures. Bonne journée Commissaire », dit-elle et le téléphone se tut.

    Commissaire. Je ne m’étais pas encore habitué à être adressé comme Commissaire. Après avoir quitté la police de New York deux années auparavant, j’étais revenu dans ma patrie et avais rejoint les rangs de la police grecque, mais toujours en tant qu’Inspecteur de Police Costa Papacosta.

    Cela représentait quand même un pas en arrière par rapport à être inspecteur à New York, et la paie, croyez-le ou non, était encore pire, mais cela m’était égal. Je voulais partir. D’ailleurs la vie est moins chère ici qu’aux Etats-Unis et vous pouvez vraiment voir le soleil tous les jours.

    9:12 à l’horloge et j’étais encore assis dans le couloir d’entrée mal éclairé, au dernier étage de l’immense bâtiment grisâtre aux cent petites fenêtres qui était le siège principal de la Police Hellénique.

    Après quelques minutes, une jeune fille de haute taille, aux grands yeux bruns encadrés de lunettes de lecture strictes et noires, portant un tailleur ajusté et un sourire de façade, m’informa que le patron était maintenant prêt à me recevoir.

    « Il se préparait pendant tout ce temps ? » demandai-je, et je récoltai une expression mi-confuse, mi-irritée, prouvant qu’elle n’avait pas compris ma tentative de plaisanterie. Peut-être ce tailleur serré avait pressé tout humour hors de son corps pour ne laisser qu’une parfaite secrétaire de police.

    « Entrez », me dit-elle d’un ton froid et me montra la porte légèrement entr’ouverte.

    Le bureau était très vaste comparé au mien et seulement un peu moins grand que mon appartement de location crasseux de Ampelokipous. Il était décoré de tapis persans démodés et usés. Sur les murs étaient accrochés des portraits d’anciens présidents, de premiers ministres, de directeurs de la police retraités, de cartes de Grèce et de divers symboles de la police. Le bureau était en bois d’acacia épais et sombre et tout y était rangé selon une organisation militaire rigoureuse. Le seul élément vaguement chaleureux dans toute la pièce était un cadre coloré fait-main entourant la photo du patron, plus jeune, jouant avec ses deux garçons.

    « Asseyez-vous Costa. Nous devons parler. »

    Je sentis dans sa voix une anxiété que je n’avais jamais entendue. Après tout, c’est un homme capable de faire peur à Charon, le nocher des Enfers en personne ! Bon, du moins c’est ce que les officiers de police prétendaient en riant durant les très longues pauses café.

    « Bonjour. Quel est le problème, chef ? » demandai-je en m’asseyant doucement dans le fauteuil marron lui faisant face.

    « Vous regardez les nouvelles, Costa ? »

    « La plupart du temps ... oui », répondis-je, légèrement surpris, tout en me visualisant assis en caleçon sur mon canapé de cuir noir, un kebab dans une main et une bière froide Mythos dans l’autre, tuant le temps durant mes longues soirées solitaires devant la télé.

    « Que savez-vous du meurtre perpétré à La Canée il y a cinq jours ? » me demanda-t-il.

    « Un touriste américain. Quarantaine avancée. Multimillionnaire, PDG d’une grande entreprise pharmaceutique de Chicago. En vacances en Crète avec une jeune fille de vingt ans, plus ardente que l’été. Egalement américaine. Il a été retrouvé assassiné à quelques kilomètres de son hôtel, aux environs de La Canée. Il était complètement nu, attaché à un arbre, poignardé ... »

    « Poignardé ? Mais c’est peu dire ! Tout son ventre et toute sa tête étaient tranchés, ses entrailles répandues de partout ! », m’interrompit le chef, puis d’un ton plus calme il me demanda, « et que savez-vous du crime commis à Samos il y a trois jours ? »

    « De nouveau, une touriste américaine. Début de la trentaine. Une riche, et si je puis me permettre belle, femme blonde. La police l’a trouvée, nue sur la plage, aussi poignardée. » En même temps que ma réponse, je me rendais compte des similitudes, c’est pourquoi je ne fus pas choqué par les paroles suivantes de mon chef.

    « C’était le même tueur, Costa. »

    « Et sur quels faits pouvons-nous nous appuyer pour l’affirmer ? » demandai-je.

    « Ah, toujours le détective yankee ... », dit le patron en me souriant. « Tous les deux n’étaient plus mariés depuis une semaine. Une jeune inspectrice en Crète a fait le rapprochement. Vous voyez, la femme utilisait son nom de jeune fille. On a aussi reçu les résultats du labo ce matin, confirmant qu’ils avaient été tous les deux frappés par la même lame. Le nom de l’inspectrice est Ioli ; elle vous attend en Crète demain. »

    Maintenant ce qu’il m’annonçait me choquait.

    « Quoi ? Qu’est-ce que j’ai à voir dans tout çà ? »

    Le directeur me regarda dans les yeux et me parla d’un ton paternel comme à un fils devant comprendre que certaines choses dans la vie devaient être faites, qu’on le veuille ou non.

    « Vous étiez un inspecteur de la Criminelle. A New York. Vous avez déjà vu des saloperies tordues avant. »

    « Des saloperies tordues ? Monsieur, je ne ... »

    « Nous avons caché le détail des atrocités aux médias », admit-il et il prit une profonde respiration qui se termina en un long soupir.

    « La tête de l’homme était coupée en deux et son cerveau aussi était tranché en deux parties. »

    Il me fixa pour s’assurer que je lui portais toute mon attention et ajouta, « ce malade, ce bâtard, a même ouvert au couteau le vagin de la femme et niché une grenade à l’intérieur. »

    « Une quoi ? »

    « Vous m’avez bien entendu, Papacosta ! Nous sommes en juillet. Sur les îles il y a plus de touristes que d’autochtones. Les victimes étaient américaines et tous les témoins potentiels seront plutôt des touristes. Je vous veux pour ce cas. Fin de la discussion. Demandez les détails de votre vol à Eleni, dans le bureau à côté, et tenez-moi au courant. »

    Avant d’avoir pu ajouter une seule parole, je me retrouvai dans ma voiture, billet d’avion et dossiers de l’affaire sur le siège arrière de mon Audi A3 noire d’occasion, en route vers mon appartement pour préparer mes valises.

    *****

    Chapitre 3

    Le vol 308 d’Olympic Airlines atterrit à neuf heures du matin au petit aéroport de la seconde ville de Crète, La Canée. Je n’aime pas prendre l’avion car je suis plutôt grand, 6 foot ou   1,84 mètres pour la Grèce, mes épaules sont larges, et les espaces restreints que ces avions nomment sièges sont un cauchemar pour moi. Dieu merci, ce n’était pas un vol transatlantique mais un vol de 55 minutes de type : décollage - voulez-vous une boisson - tenez, quelques fruits secs rassis - atterrissage.

    Je pris mon sac trolley Samsonite noir et le tirant derrière moi, je sortis du bâtiment.

    Ioli Cara n’était pas comme je me l’imaginais. Ne vous méprenez pas, les grecques comptent parmi les plus belles femmes que j’aie vues dans ma vie, c’est juste qu’on trouve peu de filles canon travaillant sur des cas d’homicide.

    Elle était grande, presque autant que moi, et d’une minceur parfaite. Non pas celle excessive qui en moi éteint tout désir, mais celle athlétique, respirant la santé. Son nom lui rendait absolument justice. Ioli était une princesse mythologique et Cara veut dire noir en turc. Elle avait de longs cheveux noirs et brillants, une vraie pub pour shampoing, des yeux noirs pleins de séduction et une peau hâlée. Elle devait avoir au moins quinze ans de moins que moi, début de la trentaine. Comme elle avançait avec assurance dans son jean moulant, je voyais les hommes autour de moi se retourner pour la regarder, pensant probablement Τι μανάρι είναι αυτό’, pouvant être vaguement traduit par ‘Quelle belle poulette’.

    « Commissaire Papacosta ? »

    J’acquiesçai en souriant.

    « Ioli Cara. Je vous attendais. Mon auto est là-bas », me dit-elle en se tournant vers sa voiture.

    ‘No handshake ?’ pensai-je tout en murmurant « enchanté », et je la suivis, m’efforçant de ne pas rester les yeux fixés sur sa silhouette et paraître ainsi un vieux vicieux. Ayant posé mes bagages à l’arrière, je m’assis sur le siège passager de son Opel Corsa bleu marine. Ioli posa fermement ses mains sur le volant et me demanda, « Voulez-vous aller directement au Commissariat où préférez-vous passer d’abord par le B&B que nous vous avons réservé pour ... vous rafraîchir ? », observant mon visage non rasé, mes cheveux en désordre, mes yeux fatigués par le manque de sommeil et mon costume gris tout fripé.

    « Amenez-moi là où vous avez trouvé le corps. »

    « Direct au travail. Mon type d’homme », dit-elle en mettant ses lunettes de soleil D&G Madonna.

    La Canée était à un quart d’heure de route. Nous traversâmes la ville et nous dirigeâmes vers la plage et le luxueux hôtel cinq étoiles Atlantica Kalliston Resort and Spa.

    « C’est ici qu’Eric Blair séjournait. Son corps a été retrouvé à cinq minutes d’ici, sur ces collines. »

    « Alors, allons sur le lieu du crime. »

    Quelques instants après, ils se trouvèrent devant un énorme chêne au tronc puissant. Il n’y avait aucune habitation alentour et seule une route en terre y donnait accès. Vu que le meurtre avait été commis durant la nuit, le tueur devait avoir eu Eric pour lui tout seul.

    Je passai sous la bande du périmètre de sécurité, fis quelques pas en avant et m’arrêtai pour assimiler la scène. Mes yeux commencèrent par balayer la zone. Des taches de sang étaient répandues partout sur le sol et des éclaboussures dues au coup porté à la tête avaient comme peint une partie de l’arbre en rouge sombre. A part le sang, aucune autre évidence ne montrait qu’un délit avait été commis en ce lieu. Ioli observait patiemment, à quelques pas de moi, attentive à mes méthodes, ou du moins je l’espérais. Je fermais les yeux, reconstituant le cadre dans ma tête tout en essayant d’imaginer les mouvements du tueur. Il devait être fort pour soulever le corps de Blair et l’amener jusqu’au chêne. Avait-il donné un sédatif à la victime ou l’avait-il fait marcher jusqu’à l’arbre avant de l’attacher ?

    Je me tournai vers Ioli. « Alors Inspecteur Cara, vous êtes le premier officier à être arrivée sur la scène, expliquez-moi tout ce que vous aviez remarqué. Ne négligez aucun détail. Aucun détail n’est insignifiant quand il s’agit de meurtre. » Je n’avais pas eu l’intention de paraître aussi protocolaire.

    « Le corps a été trouvé jeudi de bon matin par un couple de personnes âgées qui allaient à la ferme. La pauvre vieille, traumatisée par le choc, a dû être hospitalisée toute une journée. Heureusement, son mari avait un portable et a trouvé le courage d’appeler la police. Je suis arrivée dix minutes plus tard. C’était quelque chose que je n‘avais jamais vu auparavant ... » Elle fit une pause pour contrôler ses émotions et commença à décrire ce qu’elle avait vu. Je restais là, enregistrant ses paroles et griffonnant les principaux faits sur mon petit carnet noir. Pour le moment je ne voulais pas l’interrompre par des questions. J’avais besoin de voir par ses yeux quelque chose auquel je n’avais pas assisté.

    « ... l’homme était complètement nu et ligoté au tronc du chêne par deux grosses cordes. L’une autour de ses jambes au niveau des genoux et l’autre autour de sa poitrine. »

    Elle s’approcha de moi et posa son index sur mon estomac. « Il était ouvert de là à là », dit-elle en déplaçant son doigt sur toute la largeur de ma panse à bière. « C’était révoltant. Ses intestins pendaient à l’extérieur. Des morceaux de ses entrailles étaient tombés sur la terre et fourmillaient déjà de mouches et de quelques vers. Mais le pire était sa tête. On aurait dit qu’elle avait reçu un coup de hache. Elle était entièrement tranchée et on pouvait voir le cerveau nettement coupé en deux. Si vous voulez mon avis sur ce tueur, il s’agit d’un putain de malade. »

    Elle se tut et me regarda pour voir ma réaction, et comme je restais impassible elle prit une légère inspiration en silence et continua.

    « On n’a rien trouvé d’autre. Et je dis bien rien. C’était vachement frustrant. Pas un seul cheveu, une seule empreinte digitale, même une seule trace de pas sur la terre. »

    Je regardai le sol et remarquai de nombreuses empreintes de pas tout autour. Ioli me précisa tout de suite que lorsqu’elle était arrivée toute la zone entre la route et l’arbre avait été passée au peigne fin. Les traces de chaussures appartenaient aux policiers et aux auxiliaires médicaux qui avaient emporté le corps.

    « Bien sûr j’ai pris des photos de tous les éléments et vérifié le terrain pour tout signe avant de les laisser s’approcher », poursuivit-elle ; puis, elle déclara qu’un officier étudiait la liste des voitures de location pour les touristes, mais pour le moment il n’avait rien trouvé de suspect.

    « Bon travail, Cara. Avez-vous parlé en personne à son amie ? » demandai-je.

    « Ouais, j’ai interrogé son amie », dit-elle.

    « Amie ? », répétai-je, en imitant le ton qu’elle avait pris et en levant les yeux au ciel comme elle l’avait fait.

    « Eh bien, pour être honnête, je ne l’appellerais pas comme çà ! »

    « Et comment la nommeriez-vous alors ? »

    « Sa pute ! Une salope, jeune et qui aurait été une grue si elle n’avait été aussi magnifique. Nettement avec lui pour son argent. Enfin ... cet homme n’était pas bien séduisant, il était encore marié il y a une semaine et il avait l’âge d’être son père. »

    C’est sûr que cette fille n’avait pas la langue dans sa poche. Je réalisai que, même si je venais juste de la rencontrer, j’aimais l’attitude de cette jeune femme. Nous les Grecs jurons beaucoup, mais ce n’avait jamais été mon cas. L’éducation de ma mère avait bien fonctionné. Chaque fois qu’un γαμώτο s’échappait de ma bouche d’adolescent, une bonne gifle de maman me remettait les idées à l’endroit, suivie de l’admonition pas besoin de grossièretés jeune homme. Je me souviens être assis sur les marches d’escalier de notre immeuble du quartier d’Astoria, expliquant à mon pote Jimmy les opinions de ma mère sur les jurons. Jimmy me regarda alors comme si je venais d’une autre planète. « Gamoto - fuck. It’s just a fucking word. It’s even in the fucking dictionary, if you don’t fucking like it, then fuck off »*, dit-il, et nous éclatâmes de rire tous les deux. Un type ce Jimmy. Lui aussi, comme la plupart des gamins de notre voisinage, était un fier rejeton d’immigrés grecs. Nous avions grandi ensemble et tous les deux nous avions rejoint les forces de l’ordre. Jimmy était maintenant un agent du FBI ;

    *Pouvant être traduit par : « Putain. C’est juste un putain de mot. C’est même dans le putain de dictionnaire, putain si çà ne te plaît pas barre-toi, putain. » - en sachant bien sûr que « fuck » veut dire « niquer ». - NDT

    « comme dans les films », annonçait fièrement sa mère Toula à tous ceux qu’elle rencontrait.

    « Son escort-girl, une Lizzie McAdam, de 21 ans, a déclaré qu’Eric s’était levé du lit le soir après l’amour, avait pris une douche, s’était habillé et avait dit qu’il allait faire un tour sur la plage pour fumer un cigare. C’était la dernière fois qu’elle l’avait vu. Elle s’était réveillée le lendemain matin et avait alors réalisé qu’il n’était jamais rentré. »

    Je parcourais les photographies de la scène du crime que Ioli m’avait remises lorsque nous étions descendus de sa voiture. J’observai la photo en gros plan de la main d’Eric et remarquai la teinte jaunâtre de ses doigts et de ses ongles. Clairement un fumeur. « Est-elle toujours ici ? » demandai-je.

    « Non, nous l’avons laissée partir après l’avoir interrogée. Les caméras de sécurité de l’hôtel les ont montrés entrant ensemble dans la chambre, puis Eric tout seul, en sortant quelques heures après. La suite était au dernier étage, elle n’aurait jamais pu quitter la chambre par le balcon. De toute façon, elle connaissait à peine cet homme, était trop menue pour avoir pu le porter et, pour être franche, nous l’avons tous trouvée d’une exaspérante stupidité. Elle n’aurait jamais pu planifier tout cela. Cependant comme rien, jamais, n’est impossible en ce monde, nous avons gardé ses coordonnées et vérifié qu’elle était bien rentrée à New York après son départ de la Grèce. La sœur d’Eric arrive aujourd’hui pour ramener le corps de son frère aux Etats-Unis demain. Espérons qu’elle soit d’une plus grande aide. »

    « Allons donc voir la dépouille avant d’interroger sa sœur. »

    *****

    Chapitre 4

    Alicia Robinson ne pouvait croire en sa bonne étoile. Sa victoire au concours de Miss Angleterre deux ans auparavant avait été son plus grand succès, mais ceci venait de peu en deuxième position. Elle était sur l’île de Chypre, profitant du soleil brûlant de la Méditerranée, brunissant sa pâlichonne peau blanche en compagnie des autres mannequins glamour, au bord de la piscine du prestigieux Columbia Beach Resort, dans la petite localité de Pissouri. Elles avaient mérité une bonne séance de bronzage après une matinée entière à poser en maillot de bain pour des photos sur la plage de Pissouri Bay.

    Le complexe hôtelier Columbia était situé sur le versant d’une colline verdoyante plongeant vers les eaux claires. De hauts palmiers et des jardins luxuriants l’entouraient et la vue était époustouflante. L’hôtel offrait tous les luxes imaginables et les filles, toutes jeunes et n’ayant jamais quitté leur foyer auparavant, avaient l’impression d’être traitées comme des princesses. Le soir, elles descendirent toutes ensemble après avoir passé des heures à se maquiller, se coiffer et se choisir une tenue. Elles se réunirent autour de la piscine et durent se confronter à un dîner buffet colossal. Toutes les tables étaient dressées à la perfection avec des assiettes en fine porcelaine et de précieux couverts

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