Mon cœur à son passé renonce

15 RÉSUMÉ: Pour l’équipage et les passagers du Louqsor, l’escale à Malte est la bienvenue. Pierre et sa cousine Agnès sympathisent avec Félicité, la fille du marquis de Lassalle. Pour ces jeunes gens, la visite de La Valette en compagnie de l’ambassadeur et de son petit-fils est aussi l’occasion de faire plus ample connaissance. Mais c’est bientôt le moment de reprendre la mer en direction de l’Égypte. (Voir Veillées n^os 3448 et suivants.)

Dans la nuit, le vapeur essuya un grain aussi violent qu’inattendu. Au large des côtes libyennes, la mer grossit et le vent se mit à souffler du nord-ouest. Le capitaine, s’étant relevé précipitamment, assistait son officier de quart à la barre, il avait fait réduire la vitesse et donnait ses ordres au moyen d’un transmetteur au mécanicien en chef, depuis la passerelle de commandement. Des paquets d’eau de mer et de pluie se déversaient par à-coups sur le navire, qui malgré son tonnage tanguait dans la tempête.

Agnès, réveillée en sursaut, se redressa sur sa couchette, le cœur battant. Une peur incontrôlable la saisit. Ce déchaînement infernal où le ciel et la mer semblaient s’être ligués pour les anéantir terrorisait la jeune fille autrefois séparée brutalement de ses parents. Un long cri traversa les minces parois et se répercuta dans les autres cabines. Le comte de Cléry, qui avait compris, se précipita, suivi de Pierre. La chambre n’était pas verrouillée, heureusement.

Il prit sa nièce dans ses bras, caressant la tête de la jeune fille de sa large main.

– Ce n’est rien, mon petit, tout va bien, tout va bien…