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BLACK CAT CITY
BLACK CAT CITY
BLACK CAT CITY
Livre électronique284 pages4 heures

BLACK CAT CITY

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À propos de ce livre électronique

Samuel GUIGUI est magistrat et sa sœur Lydi mécanicienne dans l’aviation, ils sont nés dans une ville nommé BIZIVAL des moments très tragique fond partie de leurs histoire depuis qu’ils ont tout petit, tous deux n’avaient plus de nouvelles de leurs parents, jusqu’à la réception d’une lettre leur annonçant un problème qui les concernent. Franck à surprit une conversation entre des mafias qui veulent écouler de l’argent sale dans la ville ou il se trouve. Il est accusé d’avoir écouté à la porte, il se dit innocent. S’ils ne dit pas la vérité sur ce qu’il à entendu, lui et sa femme seront exécutés dans un bref délai. Cela se passe dans une ville ou mafia veulent prendre le pouvoir. Ils ont déjà investie près de 200,000 euros pour la naissance, ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. La lettre de Franck va surement compliquer leurs affaires. Pour les sortir de ce Guetta pant. Trois hommes courageux se dévouent à cette tâche, avec de nombreuses surprises qui ne va pas leurs facilités la tâche : le sergent Yonnes CONDE, les lieutenants Bob DIGY et Ralf BOUTY, tous de la police. Que vont-ils découvrir qui fait si peur et pourquoi cet endroit s’appelle-t-il BLACK CAT CITY ? Leur mission est de ramener les parents à PINTVILLE pour y être entendu par la justice.
LangueFrançais
Date de sortie19 mai 2014
ISBN9782312027890
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    BLACK CAT CITY - Pierre Periac

    cover.jpg

    Black Cat City

    Pierre Periac

    Black Cat City

    LES ÉDITIONS DU NET

    22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2014

    ISBN : 978-2-312-02789-0

    Chapitre 1

    Quand ils ont quitté BIZIVAL, leur province qui se trouve à six heures de vol de PINTVILLE, le jour était à peine levé et il ne faisait que sept degrés, pas de quoi vous donner la pêche ni le même le courage et encore moins l’envie de rester. Ils ne roulaient pas sur l’or, mais Franck GUIGUI a su rassurer sa famille en disant que tout irait bien, le tout c’était de rester ensemble. Ils ont habité pendant si longtemps au fin fond de la campagne à l’ouest du chef-lieu qu’ils ont fini par se décider à partir. Même le petit chemin de terre qu’ils avaient aménagé jusqu’à leur maison n’avait pas assez d’attrait pour d’éventuels visiteurs, il n’a pas souvent été emprunté. C’était un lieu sans vie disait souvent Syli. Ça avait même des allures de décor de films d’horreur quand les arbres décharnés par l’hiver agitaient leurs branches devant les façades des maisons abandonnées alentour. Ils se sentaient vraiment seuls et voyaient très peu de monde, excepté quelques voisins pas toujours agréables à regarder ni à entendre qui prenaient un malin plaisir à faire l’aller-retour devant chez eux en guise de promenade sans même les saluer au passage, allant jusqu’à les toiser d’un air méprisant, attitude injustifiée selon Franck qui connaissait depuis longtemps la rumeur qui courait sur sa femme. Il ne l’en aimait pas moins pour autant.

    Aux veillées mortuaires il n’y avait pas foule, les héritiers partis depuis longtemps ne revenaient pas se disputer le terrain et les quelques biens laissés par leur parent défunt et tout tombait dans l’oubli. Quand il faisait beau au printemps, le soleil teintait d’un vert majestueux les feuilles émergeant des bourgeons. A l’automne, le petit étang qui se trouvait à quelques mètres des habitations était recouvert de ces mêmes feuilles, mortes alors. Les familles les plus pauvres y emmenaient les enfants le dimanche pour leur faire prendre l’air et, pendant qu’ils jetaient des cailloux sur les grenouilles venant respirer à la surface, les parents finissaient le paquet de cigarettes déjà bien entamé de la veille. A l’époque, l’habitude était de n’ouvrir qu’un paquet par foyer, que ce soit pour un ou plusieurs fumeurs. Pour ne pas avoir à partager leur « trésor », ils se cachaient derrière les deux seuls arbres côte à côte qui servaient aussi de parapluie géant parfois. A qui pourrait s’étonner d’un tel comportement, il faut dire que vu leur petits moyens (la plupart ne roulait pas sur l’or) et la distance qui séparait le village du tabac le plus proche, personne n’allait s’acheter ses cigarettes tous les jours. Beaucoup ont voulu partir pour aller chercher une vie plus aisée et plus belle ailleurs mais pour la grande majorité le rêve est parti en fumée.

    Le spectacle quasi quotidien était assuré par les pitreries des voisins éméchés dans le meilleur des cas, voire par la femme d’un voisin proche qui engueulait son mari parce qu’il avait donné le dernier morceau de viande de la marmite au chien. Les pires habitaient un peu à l’écart des autres, c’était le couple GOSTY. Lui gros, gras, graisseux à souhait pesait dans les cent vingt kilos et sa moitié, du même tonneau, environ une centaine. Le soir, on pouvait les entendre de loin se disputer, ils faisaient la risée ou l’indignation de leurs concitoyens sans s’en rendre compte.

    Hé le bouseux, qu’est-ce t’as foutu avec la bouffe pour ce soir ?

    De quoi tu parles, femme ? Tu vas pas recommencer à me faire chier avec ta vieille bouffe, merde ! Y en a marre !

    Tu peux toujours causer, tu l’as bien dévorée ma vieille bouffe jusqu’à maintenant, gros tas ! Regarde-toi donc !

    Ben justement, c’est à cause de ta bouffe de merde que je suis comme ça !

    Ben voyons. Tu serais moins gras si tu te levais tous les matins pour aller bosser comme tout le monde ! Mais non, Môssieur a un handicap ! T’as même pas été foutu d’avoir une pension avec ton handicap, Môssieur l’abruti ! Alors maintenant, Môssieur le bouseux va bouger son cul pour aller chercher de quoi bouffer ou il y aura des couilles bouillies de verrat bien gras à midi demain !

    Les voisins ne manquaient pas une miette de ces disputes qui finissaient toujours par s’arranger. M. GOSTY trouvait toujours la solution pour contenter sa femme, laquelle était quotidiennement ivre, tout le monde le savait. Et puis chacun rentrait chez soi commentant la scène et le langage des deux protagonistes, espérant un autre épisode ou tout autre événement qui leur ferait passer le temps, si monotone dans cet endroit merdique.

    Les jours de pluie, c’était la catastrophe pour ceux qui n’avaient pas réparé leur toit pendant les beaux jours, faute de moyens bien souvent. Les plus aisés avaient fait appel à Franck et M. GOSTY qui, étant habiles de leurs mains, venaient accomplir de menus travaux dans la maison et effectuer certaines réparations à l’extérieur moyennant une somme le plus souvent laissée à la discrétion de la personne, les deux hommes sachant que la plupart de leurs voisins étaient fauchée.

    Même s’ils ont fait avec, même si, quand Samuel et Lidy étaient malades, le docteur ne se déplaçait pas toujours et que Syli concoctait des remèdes de grand-mère qui fonctionnaient bien la plupart du temps, ça leur avait suffi pour tenir le coup jusqu’à maintenant. Et aujourd’hui, lassés de végéter sur place, désireux d’aller voir si la vie était plus belle ailleurs et fermement décidés à tout faire pour qu’elle le soit, ils s’en allaient tenter leur chance à PINTVILLE.

    Syli GUIGUI est âgée de quarante-cinq ans et Franck, son mari, en a cinq de plus. Garçon plutôt mignon aux yeux noisette dans sa jeunesse, Franck est resté pas mal pour son âge et a conservé tout son charme. Il a toujours été très mince, il dit que c’est parce qu’il ne mangeait de gâteau qu’à son anniversaire et aux fêtes et qu’il n’a pas été gavé de sucreries et autres cochonneries bien chimiques comme les enfants de maintenant dont certains sont déjà obèses à moins de cinq ans.

    A dire vrai, il n’a jamais eu de cadeaux à ses anniversaires, bienheureux quand quelqu’un parmi ses proches, telle sa grand-mère Marcia qui n’oubliait jamais, pensait à le lui souhaiter. Elle le faisait en cachette, il n’avait jamais su pourquoi, et lui glissait une petite enveloppe avec un billet de cent euros à chaque fois qu’elle le pouvait. De peur que son père le lui prenne pour aller jouer ou boire, il le planquait dans une boîte derrière le frigo, si lourd et si vieux qu’on ne l’avait pas changé de place aussi loin qu’il s’en souvienne. A part elle, personne ne pensait à lui offrir de cadeaux à son anniversaire ni même à le lui souhaiter. Malgré tout, c’était un jour important pour lui et il était content que quelqu’un d’autre que sa mère y pensât. Il se contentait de son bisou maternel sur le front et d’un reste de gâteau qu’elle lui rapportait de son travail.

    Il n’a jamais été le beau garçon dont rêvait son père et a dû subir ses moqueries quotidiennes à propos de sa coiffure. Contrairement à d’autres grands ados de son âge qui adoptent des coupes de plus en plus courtes ou qui optent carrément pour la boule à zéro, il a longtemps gardé ses cheveux longs et a réussi à échapper aux poux et autres problèmes capillaires. Il n’a jamais eu non plus la carrure d’Arnold Schwarzenegger, malgré ses 1,80 m. Quand il pense à son père, il l’entend encore lui répéter qu’il n’était qu’un tas d’os que seule la peau tenait ensemble et se revoit, luttant pour rester stoïque sous le déluge d’insultes, serrant les poings derrière son dos et ravalant son chagrin pour que personne ne voie couler ses larmes. A dix-sept ans il est très dur d’entendre certains mots de la bouche de ses propres parents, il y avait des jours où il préférait se retirer pour ne pas avoir à subir ces humiliations à répétition.

    Son point fort, c’est qu’il était travailleur. Il passait la majeure partie de son temps dans le petit atelier de fortune qu’il s’était aménagé. Il n’avait pas d’amis avec lesquels se distraire, même pas un seul à qui confier ses joies, ses peines, ses secrets dont le plus important était qu’il souhaitait plus que tout pouvoir approcher Syli qu’il voyait passer de temps en temps près de chez lui. La mésentente entre ses parents était ce qui lui causait le plus de peine, il était persuadé que le jour où tout ceci se terminerait il resterait orphelin. C’était aussi un garçon soigné qui prenait soin de son apparence. En se préparant pour aller à l’école, il essayait de faire son maximum pour être le plus présentable possible. Difficile à faire quand on ne possède qu’une seule chemise et un seul pantalon dignes de ce nom et une vieille paire de chaussures qui devait lui faire l’année. Quand il faisait vraiment trop froid, il empruntait même le pull de sa mère qu’il enlevait bien avant d’arriver à l’école, de peur d’être surpris et charrié d’importance par ses camarades. Sa mère l’appelait affectueusement « la chochotte » pour le faire rager, tellement il était long à se préparer jusqu’à ce que le résultat lui plaise.

    Chaque matin, il attendait avec impatience que Syli passe devant chez lui. Elle ralentissait le pas pour qu’il puisse la rejoindre et qu’ils fassent route ensemble. A cette époque, elle avait pris quelques rondeurs qui n’étaient pas pour déplaire à Franck contrairement aux affreuses robes à fleurs sous lesquelles elle les cachait. Il n’avait malheureusement pas son mot à dire alors et, de toute façon, même son look qui laissait à désirer ne l’aurait empêché pour rien au monde d’être heureux de marcher à ses côtés. D’autres étaient tout aussi attirantes et mieux habillées mais elles ne lui adressaient la parole que par obligation. Heureusement, ils pouvaient compter l’un sur l’autre depuis leur plus jeune âge. Il débutait toujours la conversation en disant :

    Bonjour Syli, tu es belle ce matin.

    Ce matin seulement ? J’espère que tu veux rigoler. De toute façon, je sais que mes vêtements sont pas terribles, tu ne trouves pas ?

    Et alors ? Rassure-toi, regarde les miens ! On est bien assorti, non ?

    Dis donc, il faudrait que tu fasses un peu de sport pour prendre du muscle, je l’ai vu à la télé. Ma tante Mireille regarde beaucoup d’émissions sur la santé et le corps humain en général.

    Mon père me le dit aussi, il me le serine je devrais dire. Je sais bien que je suis pas le fils qu’il souhaitait avoir mais je ne peux pas m’empêcher d’être blessé de sa déception qu’il clame haut et fort chaque jour que Dieu fait et de toutes les manières qu’il peut trouver dans son cerveau d’alcoolique.

    Oh ! Je suis désolée, excuse-moi, je n’aurais pas dû t’en parler. C’est parce qu’il faudrait que je fasse quelque chose pour être moins ronde et j’ai pensé qu’on pourrait aller en salle ou courir ensemble.

    Tous deux se croyant oubliés de Dame Nature étaient déterminés à faire les efforts nécessaires pour améliorer leur physique pour commencer et leur situation par la suite. Et la vie leur donnera raison d’avoir cru à un avenir différent.

    Quand ils étaient gamins, ils ne se quittaient pratiquement jamais malgré les interdictions de Charlotte WEBEC née KACHI, la mère de Syli, qui ne supportait pas plus la présence du petit Franck chez elle que celle de sa propre fille, d’autant plus qu’elle voyait grandir avec lui le petit garçon qu’elle avait perdu. A l’école, les autres parents les prenaient souvent pour le frère et la sœur tellement ils étaient inséparables. Pendant la récréation, ils ne jouaient pas à colin-maillard ni aux autres jeux de cour, tout ça était déjà à des lieues de leurs distractions préférées et ils étaient déjà loin de ces occupations puériles. La seule fois de la journée où ils étaient obligés de se séparer, c’était au moment du coucher car Syli rentrait chez elle et Franck vivait chez sa grand-mère Marcia. Quelques années auparavant, ses parents avaient divorcé, aucun d’eux ne voulait s’occuper de lui. Plus tard, à la suite d’un drame familial, Syli était allée vivre chez sa tante Mireille, après s’être vu refuser l’entrée à l’orphelinat qui n’avait pas voulu d’elle à cause de la rumeur superstitieuse qui planait sur sa famille. Tous pensaient qu’elle portait la guigne, sauf sa tante et Franck.

    A leur majorité, Franck était devenu un homme qui avait pris de l’assurance et des muscles. Plus personne ne se moquait de lui mais le seul dont l’avis aurait compté n’était pas là. Quand ses parents avaient divorcé, il n’avait pas trop été affecté par le départ de son père avec lequel il ne s’entendait pas depuis longtemps et pourtant, c’est à lui qu’il aurait voulu montrer ses exploits. Sa grand-mère Marcia prenait soin de lui, lui apprenait le sens et la valeur de la vie, veillait à ce qu’il ne s’écarte pas du droit chemin. Elle lui disait souvent : « la vie ne te fera pas de cadeaux si tu n’es pas débrouillard. » Il cumulait les petits boulots pour les faire vivre tous les deux et s’acheter des vêtements selon ses goûts. Il se chargeait aussi de presque tout dans la maison, sa grand-mère n’ayant plus la force d’accomplir même les petites tâches quotidiennes. Chaque matin vers cinq heures il était prêt à partir pour une journée de dur labeur, zappant le petit-déjeuner au besoin même les jours d’hiver, au grand dam de sa grand-mère qui insistait toujours pour lui faire avaler quelque chose. Elle était fière du jeune homme qu’il était devenu et avait l’intention d’en faire son héritier. Elle regardait d’un bon œil sa relation naissante avec Syli qu’elle aimait bien et qu’elle aurait volontiers adoptée comme petite-fille par alliance. Aussi, le jour où il rentra tout sourire à la maison soupçonna-t-elle que ça avait un rapport avec la jeune fille mais il y avait autre chose.

    En effet, Franck venait d’être embauché comme bûcheron et il avait revu Syli quand elle était venue chercher du bois pour le revendre à des commerçants. Elle portait une belle robe à fleurs qui lui allait comme un gant, pas comme celles que lui achetait sa tante (elle avait du goût pour choisir ses vêtements comme sa grand-mère maternelle qui était une très belle femme avec beaucoup d’allure et de style) et avait attaché ses cheveux, ce qui révélait le charme de son visage éclairé par de magnifiques yeux verts. Elle ne portait jamais d’autres chaussures que les baskets offertes par sa tante Mireille, même si elles étaient bien vieilles et déparaient sa tenue, frisant la faute de goût. Dans cet accoutrement, si Syli était désirable, elle ne cherchait pas à l’être au contraire d’Annabelle, la fille sexy (qui le savait), du patron (qui le savait aussi), qui venait souvent aguicher les employés à l’heure du déjeuner. Dès qu’elle apparaissait, et en l’absence du papa bien sûr, les commentaires fusaient :

    Hé les gars ! Matez la gonzesse ! La voilà encore avec sa belle voiture à venir nous faire bisquer !

    Rien à foutre ! Moi, je me la ferais bien entre deux troncs ou derrière un stère juste pour lui montrer ce que c’est qu’un homme…

    Comme si c’est toi qu’elle attend ! Vous pouvez toujours rêver, une fille comme ça ce n’est pas pour nous, il faut avoir du fric et une belle maison pour l’avoir.

    Moi, j’ai une superbe maison et je gagne du fric !

    Arrête tes conneries ! T’arrives même pas à payer ton loyer !

    Hé Franck ! Au lieu de t’intéresser à l’autre, voilà ce qu’il te faut !

    Quelques années plus tard, Franck était toujours bûcheron pour la même société sous-traitante dans la fabrication de meubles et les affaires marchaient bien, du moins le croyait-il selon les apparences. Malheureusement, cela n’était que provisoire car des rumeurs circulaient à propos d’une baisse du chiffre d’affaires et de l’ouverture prochaine d’une usine de Placoplatre. Sans savoir que leur entreprise allait bientôt déposer le bilan, de nombreux employés avaient déjà rédigé et envoyé leur candidature pour postuler à la nouvelle boîte.

    En trois ans à couper du bois, Franck avait mis suffisamment d’argent de côté pour demander la main de Syli mais elle n’a pas dit oui tout de suite. Il y avait encore des zones d’ombre dans sa vie qu’elle devait comprendre et accepter. Elle ne se sentait ni belle ni attirante, mille questions se bousculaient dans sa tête et les réponses se faisaient attendre depuis trop longtemps. Même si sa tante l’avait souvent encouragée à faire sa vie, elle ne se voyait pas dans les bras d’un homme de peur d’avoir hérité de la folie de sa mère et de vivre la même chose que ses parents. Franck ne connaissait pas tout de son histoire. Comment réagirait-il s’il venait à découvrir son passé et le drame qui l’avait marquée de façon indélébile ? Comment lui dire toutes les atrocités que lui avait fait subir sa propre mère et l’ampleur du traumatisme ? Le même jour, Syli avait failli mourir et elle avait perdu sa mère, c’est une pente difficile à remonter. Malgré tout, c’était quand même sa mère et les mauvais traitements à répétition qu’elle lui avait infligés n’empêchaient pas Syli d’avoir parfois encore du mal à supporter son absence, d’autant plus que son père était mort quelques semaines après sa mère.

    Longtemps persuadée qu’elle finirait comme sa mère, elle s’était juré de ne pas se laisser prendre au piège de l’amour et le jour où elle avait succombé, elle était tombée sur un malotru avec une gueule d’ange qui était parti un beau jour, la laissant sans nouvelles. Elle avait appris par la suite qu’il l’avait quittée pour s’engager dans la marine marchande et n’en était que plus fermement décidée à prendre le temps de mieux connaître celui qui allait conquérir son cœur la prochaine fois. Au contraire de sa mère, tante Mireille aimait bien ce jeune Franck travailleur qui n’avait d’yeux que pour Syli et elle ne se privait pas de le lui dire. La jeune femme aussi aimait beaucoup Franck, même un peu plus que ça depuis l’enfance. Et puis, un jour, ils avaient enfin pu trouver le temps d’avoir une conversation tous les trois et tout s’était décidé. Ces deux là s’aimaient depuis leur plus jeune âge, il n’y avait rien à redire ni à faire, leur destin était tracé et ils allaient le vivre ensemble.

    Dès leur arrivée à PINTVILLE, ils ont trouvé que la vie était tout de même merveilleuse car pour eux, ce fut comme la terre promise, même s’ils n’avaient pas un sou en poche pour démarrer et que les premiers jours furent difficiles. Ils s’en sont fichu royalement car le climat qu’ils ont trouvé sur place est excellent et les a changés radicalement de BIZIVAL, les consolant largement des aléas de leur nouvelle vie, ça leur a plutôt donné très envie de rester le plus longtemps possible. Le chef de la famille n’a pas eu peur des petits boulots, il a remonté ses manches et s’est lancé dans la course à l’emploi, l’important c’est d’être bien, c’est depuis toujours son unique leitmotiv. Après avoir passé deux trois jours à arpenter les rues à la recherche d’un toit moins onéreux que leur hôtel, dont l’état expliquait peut-être l’absence d’étoile mais ne justifiait pas les tarifs abusifs, ils ont fini par rencontrer un certain Sam LEXA, éboueur de père en fils. Malgré leur situation plus que critique, Franck n’a pas voulu commencer dans ce genre de métier. Même s’il avait beaucoup de courage, il estimait mériter mieux de la vie pour lui et sa famille et souhaitait exercer une profession plus valorisante. Ils ont été hébergés dans une grange avec des animaux, ça avait un côté crèche de Bethléem, donnant un tour mystique à leurs débuts à PINTVILLE. Ce n’était pas le grand luxe mais c’était bien suffisant pour une nuit, vu que la météo annonçait de la pluie, c’était mieux que de rester dehors et ça a été plutôt drôle finalement. Dans la valise, Syli avait mis des pullovers, pensant trouver une température inférieure à 10, mais la bonne surprise de cette ville encore inconnue, c’est que ça n’arrive jamais. Le soleil fait très souvent l’honneur de sa présence à PINTVILLE et même à l’ombre, il fait 29 à 30 degrés presque tous les jours. Le soir, ça peut descendre jusqu’à 24° mais rarement moins, ce qui fait la douceur de vivre de cette ville.

    Syli est née dans une famille aisée. Son père Hector WEBEC et sa mère Charlotte avaient hérité d’un petit capital et d’une vieille maison dont personne ne voulait car on la croyait hantée depuis la mort d’une aïeule comtesse de son état, décédée en 1430 dans des circonstances restées mystérieuses. Hector avait un ami de longue date qui retapait les vieilles ruines pour une somme dérisoire, il n’avait pas hésité à faire appel à lui au moment opportun. Avant de rencontrer sa femme, il était bijoutier pour une grande marque. Il passait le plus clair de son temps dans l’atelier à réparer de belles pièces de joaillerie. Les pause-repas avec les copains, il ne connaissait pas, sa gamelle était toujours pleine de bonnes choses préparées par sa mère qui lui disait souvent : « ta réussite est au bout de tes doigts, mon fils. Fais travailler ta tête mais n’hésite pas à mettre la main à la pâte quand il le faut, même si c’est salissant, c’est comme ça que tu réussiras dans la vie, du moment que c’est pour la bonne cause ». Et puis un jour, le commercial du magasin avait eu un accident, une commande importante devait être livrée au plus vite. Il avait saisi sa chance sans tenir compte des réflexions acerbes des autres employés qui jalousaient son enthousiasme et sa jeunesse. Comme il n’avait pas de voiture, il avait enfourché son vélo mais n’avait pas pédalé assez vite pour échapper à la vieille blague éculée :

    Hé Hector ! Fais attention à la selle, elle est vicieuse ! Ce qui déclencha les rires idiots de ses collègues qui ne l’étaient pas moins.

    Après avoir perdu du temps à éviter les obstacles, voitures, trous, cailloux et même des jeunes qui lui avaient pris le colis pour jouer au ballon prisonnier, il avait fini par arriver devant cette immense maison fermée par une grosse porte en fer. Dès qu’il avait appuyé le doigt sur la sonnerie, la caméra de surveillance s’était braquée sur lui provoquant une panique irraisonnée mais bien réelle, au point que ses jambes flageolèrent. La voix dans l’interphone fut si douce qu’il avait pensé un instant à laisser la porte se refermer pour sonner une nouvelle fois mais il n’avait pas osé. En traversant le jardin qui menait à la maison, il avait inspecté chaque recoin de peur de voir débouler un gros berger allemand ou un autre chien de garde du même acabit, assoiffé de sang et mourant d’envie de ronger un voire plusieurs de ses os. La porte s’était ouverte alors qu’il n’avait

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