Le mariage de Paul
Paul était issu d’une riche famille de l’aristocratie de terre.
Pour les Granger de Loret, pendant des générations l’argent avait coulé à flots sans que les membres de la famille aient réellement à le gagner. Il leur suffisait de recueillir les fermages versés par leurs divers métayers. Ils le dépensaient sans compter, et là où il était de bon ton de se faire voir. Bien sûr, la famille possédait également une vaste demeure sur la côte normande où chaque été, oncles, cousins, frères et enfants se retrouvaient.
Toutes les familles peuplant les maisons dressées le long de la digue se connaissaient.
Les enfants passaient d’une propriété à l’autre, les parents se saluaient lors des promenades de fin d’après-midi et se recevaient selon le degré d’affinité, puis tout ce petit monde se retrouvait le dimanche, à la sortie de la messe.
Plusieurs générations s’étaient succédé sur la digue depuis que ce coin de Normandie était devenu à la mode.
Les grands-parents de Paul, Gabrielle et Jean Granger de Loret, avaient élevé leurs deux garçons, Philippe et Edouard, et leurs deux filles, Claire et Henriette, selon les valeurs des gens de terre. La plus importante de toutes les traditions : ne pas disperser le patrimoine.
A l’aîné des garçons revenait le patrimoine, à charge pour lui de verser des rentes mensuelles à vie au reste de sa fratrie, tout en faisant fructifier le capital.
Le père de Paul, Edouard Granger de Loret, jeune homme malingre de 23 ans, très dilettante, aurait donc dû passer son existence à vivre de ses rentes versées par son aîné Philippe, mais la guerre de 40 bouleversa la donne. Officier de réserve, Philippe fut appelé sous les drapeaux dès la déclaration de guerre pour être détaché auprès de l’état-major. Impétueux et désireux de servir son pays au combat, il obtint de rejoindre un régiment et fut fauché dès les premiers affrontements du côté des Ardennes. Pour Gabrielle, ce
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