L'étrange regard
Par Eve LYN J
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À propos de ce livre électronique
Eve Lyn J écrit pour sortir de l’oubli quelques anonymes au destin particulier.
Dans ce 1er roman, l’auteur porte un regard sur le XXe siècle qui, par ses guerres, a changé le destin des femmes.
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Aperçu du livre
L'étrange regard - Eve LYN J
978-2-312-00658-1
La bastide de Saint Rémy
Chaque soir, alors que la maison s’endormait, Marie s’installait sur la terrasse. Le rêve et l’évasion pouvaient commencer.
Marie, était assise dans sa méridienne, le regard fixé vers le fond du jardin, là où le tilleul majestueux laissait une ouverture sur le ruisseau. Cette modeste demeure au charme suranné surplombait le jardin aromatique qui s’étalait jusqu’au ruisseau en contrebas. Lorsque du fond du jardin on levait le regard, on pouvait découvrir un décor comme aurait aimé à le peindre Cézanne. Les grands ifs centenaires formaient un encadrement à la bastide ocre, perchée tout en haut de la butte avec, en fond, les Baux de Provence. Les persiennes de couleur bleu lavande ressemblaient à des gouttelettes tombées du ciel. Une impression de sérénité se dégageait de ce paysage aux formes géométriques harmonieuses.
Ces lieux étaient le berceau de la famille de Marie. Six générations s’étaient succédées, chacune apportant son empreinte, par la construction de murets de pierres sèches, par la plantation des oliviers, du vignoble ou des touches plus personnelles comme l’eucalyptus, la treille, la pergola. Mais personne n’avait osé transformer cette bastide, de peur de rompre l’harmonie qui s’en dégageait et d’en détruire son authenticité. En effet, dans cet arrière-pays, on était attaché à la terre et aux souvenirs. Sous le soleil de Provence, à l’abri de ces contreforts arides, les jours s’écoulaient paisiblement, même si l’existence avait souvent été difficile.
Marie allait sur ses soixante ans mais elle conservait toujours un réel dynamisme. Ses cheveux blancs rehaussés en chignon donnaient encore plus de profondeur à son magnifique regard bleu clair. Cet être frêle affichait une force intérieure et une sérénité que tout le monde au tour d’elle admirait et cherchait à imiter.
Malgré son âge et la lassitude qui l’envahissait, ce qui la poussait à continuer, c’était le souvenir de Yan Andrea. Apparaîtrait-il réellement un soir, près du tilleul au fond du jardin, comme elle l’espérait encore ? Tant d’années écoulées et pourtant elle gardait de lui, dans son cœur, dans son âme, cette flamme qui l’avait aidé à surmonter toutes ces dures années. Au fond d’elle-même elle savait bien qu’elle ne le reverrait plus mais elle préférait continuer à espérer. L’image qui l’habitait chaque soir, lorsque le soleil couchant disparaissait derrière la colline, était celle de la plage de Dinard.
Ce soir là d’août 1975, elle déroulait une nouvelle fois les faits marquants de sa vie et faisait, comme elle aimait à le dire, « son point d’étape » avant de décider ou non de poursuivre.
Partie I
Voyage à Dinard
Voyage à Dinard
Marie part pour la première fois de sa vie en vacances, ce mot magique qu’elle a souvent entendu prononcer à la radio mais auquel elle n’a jamais goûté. La destination de ce grand voyage est Dinard, sur la côte d’Emeraude, où sa vieille tante, la « Comtesse », l’a invitée.
Dans la famille de Marie, les femmes ont toujours eu un rôle essentiel, tant pour des raisons historiques que d’opportunité. Au dix-neuvième siècle déjà, deux d’entre elles, Euphrasie et Emilie, partirent découvrir l’Europe en diligence tandis que leur troisième sœur, Sophie, dirigeait le mas de Saint Rémy, berceau de la famille.
Sophie mit au monde trois enfants, Guillaume, Paul et une fille qui reçu le prénom d’Eugénie. La petite Eugénie partit sur les traces de ses tantes voyageuses dès ses dix huit ans. Guillaume et Paul moururent respectivement à vingt et vingt six ans dans les tranchées de Verdun. Paul laissa cependant derrière lui une enfant à naître.
Marie est venue au monde en janvier 1915, et n’a donc pas connu son père mobilisé dès les premiers jours de la grande guerre. Il est resté à jamais du côté de Verdun. L’enfance de cette petite fille s’écoula, entourée de l’amour de sa mère Adeline et de sa tante Eugénie. En effet, Adeline fut dans l’obligation, dès la naissance de sa fille, de se remettre aux travaux des champs et de veiller au devenir du domaine de Saint Rémy. Ces plantations d’oliviers et ce petit vignoble qui donnait un très bon cru devaient survivre à la folie de ce destin qui avait entraîné son époux et son beau-frère dans une aventure tragique. Elle avait un devoir envers son époux et sa fille.
Eugénie, sa belle sœur, qui avait déjà quitté le mas en 1912, pour aller gagner sa vie à Paris, décida de tout laisser tomber et vint seconder Adeline pendant toute la durée de la guerre. Elle s’occupa des travaux ménagers et de la gestion du domaine pendant qu’Adeline dirigeait les travaux agricoles. C’est ainsi que la petite Marie grandit, entourée de deux femmes, sa tante assurant une grande partie du rôle de mère.
La guerre finie et le deuil de ses deux frères fait, Eugénie décida de repartir pour Paris. Les derniers évènements venaient de la conforter dans l’idée que la vie était un bien si précieux qu’il fallait en profiter au plus vite, comme on en avait envie et ne s’attacher à rien. Sa belle-sœur Adeline était tout à fait capable de poursuivre, avec ses ouvriers, la tenue du domaine. Elle y mettrait toute son énergie puisque la petite Marie serait là, à côté d’elle, pour lui donner, à chaque instant, l’envie de poursuivre cette œuvre.
Eugénie épousa, quelques années plus tard, un aristocrate russe exilé en France. Elle l’avait rencontré dans un cercle d’artistes qu’elle fréquentait assidûment. Cette union lui procura une vie aisée au gré des palaces des grandes capitales européennes. Depuis cette époque, sa famille lui avait donné son surnom de « Comtesse » comme un signe de respect car, dans cette vieille famille de paysans, Eugénie était la seule qui avait osé bousculer les traditions, non seulement en changeant de classe sociale en épousant un aristocrate raffiné, mais aussi en consacrant sa vie à l’art. Elle avait tout d’abord appris la danse et le piano et s’était passionnée ensuite pour la sculpture. Grâce à son époux Igor, qui était un collectionneur reconnu et un mécène très respecté, elle avait vécu entourée d’artistes. A cette époque, elle avait délaissé la danse pour se consacrer à la philosophie. La diversité de ses rencontres lui permettait d’avoir un avis éclairé sur de nombreux sujets.
Eugénie n’avait jamais eu d’enfant car elle ne concevait pas la vie dans la durée. Elle ne pouvait pas transmettre la vie à un être puisqu’elle n’était pas sûre de pouvoir l’accompagner jusqu’à l’âge adulte. De plus, sa vie d’artiste était incompatible avec les règles qu’elle se serait imposée pour son éducation. Elle avait donc, de son plein gré, renoncé à être mère. Elle ne trouvait pas cette situation frustrante, car elle avait profité, avec la petite Marie, de liens qui s’apparentaient à des liens maternels. Avec sa belle-sœur Adeline, elles entretinrent d’ailleurs une correspondance régulière qui lui permit ainsi de voir grandir Marie, sa petite protégée.
Dès les quinze ans de Marie, celle-ci prit, avec grand plaisir, le relais des correspondances avec sa tante. A cette époque, Eugénie avait décidé de se retirer à Dinard, petite station balnéaire de la côte bretonne, qu’elle avait découverte avec Igor lors de leur voyage de noces à Deauville. Le bel Igor venait de disparaître en pleine force de l’âge et Eugénie avait encore plus besoin d’échanger avec sa nièce. Les deux femmes avaient le goût de l’écriture et elles le mettaient à profit à travers une correspondance régulière. Ces lettres comportaient toujours deux parties. La première était consacrée au récit des évènements que l’une et l’autre vivaient au quotidien et la seconde à des réflexions plus personnelles sur divers sujets d’actualité. Marie lui fit part de toutes ses expériences d’adolescente. La complicité entre les deux femmes permit à Marie de rapidement s’identifier à sa tante et d’en faire son modèle.
A vingt ans, Marie est une jeune fille mûre qui porte un regard lucide sur la vie qui l’entoure. Elle est également très cultivée par rapport aux jeunes campagnardes de son âge car elle dévore, chaque jour, les livres que sa tante lui procure.
En 1936, Marie annonce à Eugénie qu’elle va épouser Louis, un jeune garçon du village, avec qui elle partage toutes les réflexions que lui fournit sa tante dans chacun de ses courriers. Elle a bien réfléchi avant de prendre cette décision. Dans la campagne retirée dans laquelle elle vit, elle ne peut pas bousculer les traditions et s’afficher comme elle le voudrait avec son prétendant. De plus sa vie est écrite au mas de Saint Rémy car, par respect pour ce père qu’elle n’a pas connu, elle doit poursuivre l’œuvre de ses ancêtres.
Marie supplie sa tante de bien vouloir assister au mariage qui aura lieu le 24 août. En