Rosa Bonheur une artiste étonnante
Mars 1822. Au 29 rue Saint-Seurin à Bordeaux, Sophie Bonheur s’apprête à mettre au monde son premier enfant. Sophie a 25 ans. Elle est ravissante et heureuse.
Née de parents inconnus, près de Hambourg en Allemagne où vivait toute une communauté ayant fui la révolution, Sophie aurait pu mener une existence fort malheureuse si elle n’avait pas bénéficié de la protection d’un très riche commerçant, Jean-Baptiste Dublan de Lahet. De retour en France avec elle, ce protecteur a veillé à ce que Sophie ait une éducation de princesse : cours de littérature, cours de langues, maître à danser, à chanter, professeur de musique et bien sûr, un professeur de dessin : Raimond Bonheur.
Jeune homme au tempérament joyeux, il éblouit Sophie dès leur première entrevue. Il est aussi élégant que beau… Beau comme un ange avec ses boucles blondes encadrant un visage aux traits harmonieux, disent ceux qui le connaissent.
Aussi Sophie en tombe-t-elle follement amoureuse. En plus de son attrait physique, son jeune professeur rêve d’un monde de sérénité et d’humanité qui colle parfaitement à son nom. M. Dublan de Lahet rêve d’un meilleur parti pour sa protégée, mais Sophie, qu’il aime tendrement, semble tellement éprise de son beau professeur qu’il consent à leur union.
C’est ainsi que de l’amour de Sophie et Raimond, le 16 mars 1822, naît Marie-Rosalie – premier des quatre enfants qu’ils auront ensemble.
Les revenus des Bonheur sont modestes. Raimond donne des cours de dessin. Il est talentueux mais il lui manque ce plus qui fait des artistes des génies. De son côté, Sophie devient professeure de musique. Heureusement, le complément apporté par Jean-Baptiste Dublan de Lahet les aide.
Très tôt, à travers les promenades familiales des week-ends, à Quinsac au château Grimont propriété du protecteur de sa mère, la petite Rosa court la campagne avec les enfants de paysans.
Véritable garçon manqué, aussi vive qu’eux, elle se sent en symbiose avec la nature, les champs, les animaux qui y paissent. Elle les trouve magnifiques dans leur quotidien serein ; elle est fascinée par leur regard.
Quand, lors des séjours à la campagne, elle entre
