Le manoir aux korrigans
Vassar, mars 1966
En regagnant son appartement après sa journée de cours, Romy Andrieux trouva un télégramme. L’expéditeur était sa tante, Elsa. Le message était bref : Appelle-moi dès réception. Urgent. Love. Elsa. Romy ressortit de son appartement qu’elle partageait avec deux autres étudiantes et amies pour rejoindre une cabine téléphonique sur le campus de Vassar. Elsa décrocha aussitôt et lui dit :
– Ma chérie, Corrie est morte.
New York, début juillet 1968
Romy était assise dans sa chambre dans l’appartement d’Elsa chez qui elle habitait. Elle fixait la couverture d’un magazine de mode qui datait de deux ans. Un regard violet identique au sien qui semblait la fixer donnait vie au papier glacé.
Après ce rendez-vous qui avait duré une bonne heure ce matin chez maître Jennings, l’avocat de sa mère, Juliette Andrieux, la jeune fille était perdue dans ses pensées. Elle s’empara du magazine et relut la une : Le mannequin Corrie Gane est morte dans un accident d’avion à 42 ans.
Corrie Gane, beauté brune au corps de liane et au regard violet qui captivait tous ceux qui le croisaient. Elle avait fait le bonheur des photographes.
Corrie Gane s’appelait Juliette Andrieux dans le civil, c’était la mère de Romy. Romy avait bien sûr été éprouvée par l’annonce du décès de sa mère deux ans auparavant. Elle ne l’avait néanmoins pas pleurée comme aurait pleuré un enfant élevé par sa mère et proche d’elle. Elle s’était répété en boucle « Ma mère est morte », s’attendant à éprouver un grand chagrin mais ce qu’elle ressentait était indéfinissable. Il y avait comme une barrière entre ses sentiments et sa mère. Elle se sentait détachée.
Elsa lui avait proposé de rentrer quelques jours à New York si elle le désirait. Romy qui suivait un cursus de littérature et de philosophie à Vassar lui avait dit que des examens s’approchaient et qu’elle devait
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