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George Sand: Le défi d'une femme
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George Sand: Le défi d'une femme
Livre électronique145 pages2 heures

George Sand: Le défi d'une femme

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À propos de ce livre électronique

George Sand, écrivain avant tout.

On ne retient bien souvent de George Sand que des images simplistes : celle d'une femme dont la vie scandaleuse a défié l'ordre établi du XIXe siècle, ou bien celle de la «bonne dame de Nohant ». Mais George Sand est avant tout un écrivain : auteur de plus de quatre-vingts romans, elle a occupé pendant quarante ans la scène littéraire et artistique. Elle a aussi fréquenté les plus grands artistes de son temps, et s'est engagée, en 1848, en faveur de la République. Nom de plume d'Aurore Dupin, George Sand reste l'exemple d'une femme insoumise qui a consacré sa vie à sa passion d'écrire, d'aimer et à son désir immense d'être simplement libre.

Plongez dans la biographie d'Aurore Dupin, et découvrez le parcours d'une femme insoumise qui a consacré sa vie à sa passion d'écrire, d'aimer et à son désir immense d'être simplement libre.

EXTRAIT

« Beaucoup de gens à Paris et en province disent que ce n’est pas Madame d’Agoult qui est à Genève avec vous, mais moi. »
Madame d’Agoult, Marie de son prénom, accompagne Franz. George respecte cette femme intelligente et courageuse, qui a quitté son mari, ses enfants et sa position aristocratique par amour pour Liszt. Elle est ravie à l’idée de rencontrer la « belle comtesse aux cheveux blonds » qu’elle aime avant même de l’avoir vue, tant Franz lui en a parlé en bien. Pour sa part, Marie a hâte de faire la connaissance de George ; elle écrit, elle aussi, et publiera sous le pseudonyme de Daniel Stern.
Après un long périple, la famille Sand arrive en Suisse. Mais Franz et Marie ont quitté Genève et gagné Chamonix où ils attendent l’écrivain.
La bonne humeur règne tout au long de ce séjour à la montagne où le grand air, les excursions et l’amitié de Franz et de Marie réconfortent George. Mais ce que la jeune femme aura vu « de plus beau » à Chamonix, c’est sa fille :
« Tu ne peux te figurer l’aplomb et la fierté de cette beauté de huit ans, en liberté dans les montagnes, écrit-elle dans la dixième de ses Lettres d’un voyageur. […] La fraîcheur de Solange brave le hâle et le soleil. […] Rien ne [la] fatigue, ni le pas sec et forcé des mules, ni la course au clocher sur les pentes rapides et glissantes, ni les gradins de rochers qu’il faut escalader durant des heures entières. […] Au glacier des Bossons, elle m’a dit : “ Sois tranquille, mon George ; quand je serai reine, je te donnerai le Mont-Blanc. ” »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Diplômée en lettres modernes et en histoire de l'art, Séverine Forlani est documentaliste. Elle a travaillé au Ministère de la Culture et de la Communication, notamment au sein de la mission « 2004, année George Sand ». Actuellement, elle se consacre à la traduction de textes italiens. Séverine Forlani est aussi l'auteure, en collaboration avec José Féron Romano, de Lettres d'un écrivain à un adolescente (Hachette Jeunesse, 1995).


LangueFrançais
ÉditeurJasmin
Date de sortie6 juil. 2018
ISBN9782352844730
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    Aperçu du livre

    George Sand - Séverine Forlani

    Sand

    1

    Douleurs et joies de l’enfance

    On n’est pas seulement l’enfant de son père, on est aussi un peu, je crois, celui de sa mère.

    George Sand

    Aurore Dupin naît à Paris le 1er juillet 1804. Son père, Maurice Dupin, appartient à une famille aristocratique et compte parmi ses ancêtres des figures célèbres : un grand-père, le maréchal Maurice de Saxe, précoce et valeureux guerrier, qui s’est notamment illustré en 1745 à Fontenoy contre les troupes anglo-hollandaises, et un arrière-grand-père qui a été roi de Pologne. La mère d’Aurore, Sophie Delaborde, est, elle, une femme simple. Enfant de deux classes sociales, Aurore prend très tôt conscience de la profonde égalité des êtres humains : sa mère, fière de se sentir « peuple jusqu’au bout des ongles »*, vaut bien sûr autant que son père. Mais les préjugés demeurent tenaces et la Révolution a échoué à rapprocher ces deux mondes aux valeurs très différentes. Ainsi, quand Aurore de Saxe, la grand-mère paternelle de la petite Aurore, apprend que son fils unique a épousé une femme d’une classe sociale inférieure, une profiteuse à n’en pas douter, elle est déterminée à faire annuler le mariage. Elle envoie force lettres, consulte des avocats, tente bien des démarches. Mais rien n’aboutit et elle doit se résigner. Cette union lui apporte tout de même une consolation : son adorable petite-fille, qui, de plus, porte le même prénom qu’elle.

    S’ouvre alors une période de trêve au cours de laquelle la grand-mère accepte de recevoir Aurore et ses parents dans sa propriété de Nohant, dans le Berry. Quand la fillette y arrive pour la première fois, en 1808, elle est impressionnée par la taille imposante de la demeure. Pourtant Aurore revient d’Espagne, où son père a été aide de camp de Murat et là-bas, elle a habité un somptueux palais. Si Nohant n’a pas le même faste, il y règne un certain luxe qu’elle remarque tout de suite. Les murs des nombreuses pièces sont tendus de toile de Perse, les meubles datent du siècle précédent et le lit à baldaquin de sa grand-mère est orné d’épais rideaux et d’oreillers en quantité.

    Enfant illégitime, la grand-mère d’Aurore n’en est pas moins une aristocrate. Fille d’une comédienne et d’un maréchal, elle a été élevée au sein de la très respectable école de Saint-Cyr, institution créée par Madame de Maintenon afin d’assurer une éducation aux jeunes filles pauvres de la noblesse. Elle a épousé en secondes noces François Dupin de Francueil, de trente-deux ans son aîné, avec qui elle a eu un fils, Maurice, le père d’Aurore. À sa mort, son mari lui a laissé de quoi vivre dans l’aisance. C’est en 1793 qu’elle acquiert le domaine de Nohant et s’y installe.

    Cette « grande maison », elle la léguera à sa petite-fille qui l’habitera presque toute sa vie et en fera son « home nécessaire », son indispensable refuge contre les souffrances de la vie.

    Pour l’heure, les relations entre la mère et la grand-mère d’Aurore paraissent plutôt amicales. La famille s’est agrandie : depuis quelques mois, Aurore a un frère. Mais, né aveugle et de santé fragile, l’enfant meurt en bas-âge. Cette disparition jette une première ombre sur un bonheur enfin établi, et plonge les parents dans une profonde tristesse. Ne pouvant croire à un tel drame, ils vont jusqu’à déterrer le cercueil de leur fils pour vérifier s’il est réellement mort.

    Quelques jours après, montant le fougueux Leopardo qu’il a ramené d’Espagne, le père d’Aurore s’en va dîner chez des amis à La Châtre, ville voisine de Nohant. Sur le chemin du retour, lancé en plein galop, le cheval heurte un tas de pierres et rue violemment : son cavalier se brise le cou en tombant. Réveillée en pleine nuit et emmenée sur les lieux de l’accident la grand-mère d’Aurore est désespérée de voir mort son fils chéri. Avertie au matin, Sophie croit devenir folle : comment supporter cet autre malheur ? Aurore, qui n’a que quatre ans, ne comprend ni pourquoi sa mère pleure, ni pourquoi on l’oblige à porter des vêtements noirs qui l’effraient. Et quand on cherche à lui expliquer les raisons de cette tenue, elle s’étonne : « Mon papa est donc encore mort aujourd’hui ? »

    La douleur du deuil étouffe encore un temps l’aversion qui persistait malgré les apparences, entre Sophie et la grand-mère d’Aurore. Leur « antipathie naturelle » ne s’est assoupie que pour mieux se réveiller. Aurore va en subir les conséquences et devenir une véritable « pomme de discorde ». Pendant plusieurs mois, les deux femmes vont se disputer sa garde et son éducation. Cette lutte désespère la fillette qui craint surtout d’être séparée de sa mère. Mais sa grand-mère a un argument de poids : elle tient les cordons de la bourse et Sophie se retrouve maintenant dépendante d’elle. La grand-mère l’emporte donc et se voit confier l’enfant. Aurore semble inconsolable. Pour la calmer, on lui promet de l’emmener bientôt voir sa mère retournée vivre à Paris. Mais ses jeunes années vont être marquées par l’absence cruelle de cette mère adorée. Même les jouets offerts par la grand-mère, telle cette poupée « aux yeux brillants », vêtue « d’une robe de crêpe rose bordée d’une frange d’argent », n’atténueront pas sa peine.

    À partir de 1809, Aurore vit à Nohant avec sa grand-mère. Cette vieille dame l’impressionne beaucoup. Bien qu’elle ne mesure pas plus de « cinq pieds » de haut, elle lui paraît « très grande ». Et puis, avec « sa figure blanche et rosée, son air imposant son invariable costume composé d’une robe de soie brune à taille longue et à manches plates […], sa perruque blonde et crêpée en touffe sur le front son petit bonnet rond avec une cocarde de dentelle au milieu », elle est fort différente des personnes qu’Aurore a déjà rencontrées.

    La cohabitation se révèle difficile : Aurore de Saxe a des principes, et de l’ambition pour sa petite-fille. Celle-ci doit toujours se tenir droite, sous peine de se faire gronder, ou bien s’adresser à sa grand-mère à la troisième personne, et lui demander :

    « Ma bonne maman veut-elle bien me permettre d’aller au jardin ? »

    Mais surtout, sa grand-mère lui recommande de « s’amuser tranquillement », ce qui, pour Aurore, revient à être morte. Elle s’ennuie tant que, quand elle voit par la fenêtre un chien courir ou un oiseau voler de branche en branche, elle rêve qu’elle est ce chien ou cet oiseau, et est comme eux, libre de ses mouvements. Même quand elle sort, la fillette n’ose faire le moindre geste, tant elle craint de déplaire à sa « bonne maman » qui ne goûte pas du tout les exercices physiques.

    Comme promis, on se rend parfois à Paris où Aurore peut voir sa mère. Mais ces déplacements dans la capitale sont toujours des moments de crise et de tensions. Sa grand-mère répugne à ce qu’elle ait de véritables contacts avec Sophie qui, de son côté, dit sans gêne en présence d’Aurore tout le mal qu’elle pense de sa belle-mère.

    Lors de ces séjours parisiens, Aurore de Saxe retrouve ses amies. Ces fréquentations ne sont guère passionnantes pour une petite fille. Imbues de leur supériorité et restées coquettes, ces « vieilles comtesses » paraissent tout de même comiques aux yeux d’Aurore.

    L’une d’entre elles a « pour sa taille une prétention extraordinaire. » Si bien qu’elle persiste à porter son corset exagérément serré, et qu’elle a besoin, pour la sangler, de l’aide de deux femmes de chambre qui lui mettent leur genou dans la cambrure du dos. De plus, elle aime à se coiffer d’une perruque blonde, frisée comme une chevelure d’enfant qui, lui tenant affreusement chaud, la fait devenir toute rouge. Quand elle ne la supporte plus, elle l’ôte et reste avec un serre-tête noir qui lui donne des airs de « vieux curé. » Mais, à l’annonce de quelque visite, elle cherche fébrilement sa perruque, la retrouve toute froissée dans sa poche, et la pose « à l’envers ou sens devant derrière. »

    Même si elle y vit sans sa mère, la petite Aurore est contente de revenir à Nohant. La vie à la campagne lui plaît ; elle aime, et aimera tout au long de son existence, la nature et les animaux. La maison, aussi simple que vaste, et le jardin offrent un terrain de jeux extraordinaire où l’on peut se cacher et imaginer toutes sortes d’aventures.

    Aurore n’est pas seule à Nohant. Sa grand-mère ne la retient pas en permanence à ses côtés et la laisse souvent aller avec d’autres enfants, ces petits paysans des alentours avec lesquels elle s’entend bien et s’amuse. Et puis, il y a Hippolyte, son demi-frère, de cinq ans son aîné, fruit des premières amours de son père avec une jeune femme « attachée au service de la maison ». En véritable aristocrate la grand-mère d’Aurore n’a pas abandonné ce bâtard et s’occupe naturellement de lui depuis sa naissance.

    Aurore de Saxe tient à donner à sa petite-fille une éducation variée, éducation à laquelle elle participe activement. Mais, le plus souvent c’est Deschartres, fidèle serviteur de la famille, et ancien précepteur de son père, qui s’occupe d’elle. S’il est « fort savant, très sobre et follement courageux », ce Deschartres a toutefois « un caractère insupportable » et « un contentement de lui-même qui [va] jusqu’au délire. »

    Outre la lecture et l’écriture, Aurore apprend l’histoire, la géographie, la grammaire, le dessin, ainsi que la musique pour laquelle elle se révèle très douée, et qu’elle aime passionnément. Sa grand-mère fait office de professeur de musique, et joue régulièrement pour son plaisir. Aurore s’accroupit alors sous le clavecin et, subjuguée, se laisse bercer par le son qui l’envahit.

    Ces enseignements finissent par donner à la fillette l’habitude et le goût du travail au point qu’elle s’ennuie les jours où elle n’étudie pas. Elle lit aussi beaucoup, piochant dans la riche bibliothèque, se délecte de contes de fées, comme Le Petit Poucet ou Peau d’Âne, et de récits mythologiques.

    Son enfance à Nohant semble ainsi s’écouler doucement entre les jeux, les leçons et les lectures. Mais le temps n’efface pas les sentiments et sa mère lui manque, que l’on persiste à tenir éloignée et que l’on ne reçoit qu’à contrecœur.

    1818. Ses quatorze printemps n’empêchent pas Aurore de faire des caprices, de s’emporter facilement, et d’être une véritable « enfant terrible », « mettant la maison sens dessus dessous par des jeux échevelés. » Fatiguée par les ans et affaiblie par la maladie, sa grand-mère se fâche :

    « Ma fille, vous n’avez plus le sens commun, lui déclare-t-elle. Vous aviez de l’esprit et vous faites tout votre possible pour devenir ou pour paraître bête. Vous pourriez être agréable, et vous vous faites laide à plaisir. Votre teint est noirci, vos mains gercées, vos pieds vont se déformer dans les sabots.

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