’un des aspects les plus remarquables du règne de Gediminas est la constitution d’une religion d’État, structurée autour du culte du feu sacré, entretenu sans interruption. Neuf localités abritent des sites » et sont associées aux quatre divinités majeures: Perkunas, Andajus, Žvoruna et Teliavelis. Leur distribution dans l’espace recoupe celle des nouveaux centres de pouvoir politique, dont la capitale, Vilnius. Il entre peut-être dans cette politique une imitation de celle mise en vigueur par les Teutoniques dans la Prusse voisine, avec le réseau des commanderies, dirigées par un officier et associées à des centres urbains et des lieux de culte. Ainsi, le grand-duc oppose au Dieu des chrétiens, dominateur de l’espace, ses propres dieux, honorés dans des lieux placés au centre de son État et sur sa frontière la plus menacée. Cependant, la religion lituanienne n’est pas prosélyte. Si le pouvoir reste fermement aux mains des païens, ceux-ci se montrent tolérants envers les populations conquises, se contentant de les soustraire à l’influence du métropolite de Kiev, dont le siège est transféré à Moscou en 1326. Cette tolérance est un calcul politique: en laissant aux populations annexées la liberté de culte, Gediminas s’assure de leur fidélité. Ses fils continuent d’abord dans cette voie, mais les nécessités de basse politique finissent par faire basculer l’État dans le catholicisme. Après avoir promis en 1382 de se convertir pour obtenir le soutien des Teutoniques contre son cousin Vytautas, le grand-duc Jagiełło se fait baptiser (enfin) à Cracovie en 1386 afin d’épouser la princesse Jadwiga (Hedwige) et accéder ainsi au trône de Pologne. Rebaptisé Ladislas II Jagellon, le monarque fait basculer l’année suivante la Lituanie sous la tutelle religieuse de Rome.
LES DERNIERS FEUX DU PAGANISME EUROPÉEN
Feb 09, 2023
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