À la fin du XIIIe siècle, le duché de Lituanie demeure la dernière contrée païenne d’Europe. Coincé entre les terres russes, l’Ordre teutonique et la Pologne, il parvient pendant plus d’un siècle à demeurer fidèle à ses dieux et indépendant, malgré un état de guerre quasi permanent. Il doit ce succès à la dynastie inaugurée par le duc Vytenis (né vers 1260, règne de 1295 à 1316) et surtout son frère Gediminas (né vers 1275, r. 1316 à 1341). Celui qui s’intitule « roi des Lituaniens » sans jamais avoir été couronné a dressé un programme ambitieux: développer la Lituanie, placée au centre des échanges commerciaux entre le monde russe et la chrétienté latine, l’étendre à l’est aux dépens des principautés russes, contrer à l’ouest les Teutoniques grâce au soutien du pape, tout en restant païen.
Les origines et la naissance de Gediminas restent encore obscures: on ne sait pas grand-chose du début de sa vie, et pendant longtemps sa parenté avec Vytenis – frère, fils, cousin, voire serviteur – a fait question. On ignore pareillement les circonstances de son accession au pouvoir en 1316: héritage ou assassinat, comme l’ont suggéré les siècle, la Lituanie monte en puissance et s’empare des territoires de Grodno et Novogrudok au sud de Vilnius. La principauté de Polotsk, avec les villes de Minsk et Vitebsk, tombe progressivement sous sa domination entre 1307 et 1318. Gediminas émerge vraiment de l’obscurité grâce à sa victoire sur l’Irpine, affluent du Dniepr, où il bat en 1321 une coalition rassemblant les villes de Kiev, Pereïaslav et Tchernigov. Gediminas en profite pour s’emparer d’une grande partie de l’Ukraine. Kiev est ainsi prise en 1323, qu’il confie à l’un de ses frères, sans toutefois l’annexer au grand-duché. Après l’avoir disputée à la Volhynie, le grandduc s’empare à partir de 1340 de la ville et du territoire de Brest (qui devient « Brest-Litovsk »: « Brest de Lituanie »).