Mon cœur à son passé renonce
2 RÉSUMÉ : Après un séjour en Grèce, Renaud de Monfort, comte de Cléry, archéologue pour l’académie des Inscriptions et Belles Lettres, vient de rentrer sur ses terres, à La Pagode. Sa femme, Jeanne de Soulage, est morte quatorze ans plus tôt. Pierre, né de leur union, partage aujourd’hui avec son père ce goût pour les antiquités. Agnès de Saint-André, fille unique de sa sœur Aude, sauvée du naufrage où ses parents ont péri, vit à leur côté. Le comte de Cléry est son tuteur. De son périple dans le Péloponnèse, son oncle a rapporté une sculpture qui évoque sa femme disparue. En présence de la statue, Agnès ne peut cacher son trouble. (Voir Veillées no 3448.)
Touchée par l’émotion profonde de son oncle, Agnès n’osait parler. Elle ne pouvait détacher son regard de l’extraordinaire visage dont elle connaissait l’histoire depuis toujours. Ce furent les larmes qui, sans qu’elle puisse les refouler, l’obligèrent à détourner son regard. Son oncle et son cousin la contemplaient sans pouvoir prononcer le moindre mot.
– Pardonnez-moi, je ne m’attendais pas…
– C’est moi qui te demande pardon, j’aurais dû te parler de cette découverte. Au lieu de cela, je te mets face à elle sans ménagement. Je comprends ton émotion, s’excusa le comte. Et sur un ton plus enjoué:
– Je ne vous ai pas montré mes autres acquisitions. Tenez… ça, c’est pour mon adorable nièce.
Il exhuma d’un petit coffre un vase grec à deux anses, d’un galbe parfait, qu’il lui tendit.
– Et cela, pour toi, Pierre. C’est
