Ardaya
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À propos de ce livre électronique
L’action se déroule à Montréal et dans les Laurentides. Qu’est-ce que cache Ardaya ? Qu’avait voulu transmettre Sumalee lors de ces dernières paroles ? Maguy trouvera-t-elle la clé du secret ?
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Aperçu du livre
Ardaya - Sylvie Arteon-Sarrade
Ardaya
Sylvie Arteon-Sarrade
Ardaya
LES ÉDITIONS DU NET
22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
Du même auteur
Recueil de poèmes paru aux Éditions du Net (octobre 2013)
Les miroirs de l’est paru aux Éditions du Net (janvier 2014)
Un instant de vie au Laos paru aux Éditions du Net (février 2015)
© Les Éditions du Net, 2016
ISBN : 978-2-312-04260-2
« L’inspiration est une grâce :
c’est la traduction infinie d’une émotion
profonde et souvent mystérieuse
qui surgit à un moment indéfini »
(Soliane)
L’inconnu
Montréal, juin 2002
La sonnerie du réveil retentit. Maguy s’étira longuement, c’était vendredi. La journée promettait d’être belle. Le soleil dardait déjà quelques-uns de ses rayons à travers les persiennes. En les ouvrant, Maguy vit que le sol était humide, il avait plu cette nuit. La température, en ce mois de juin, était remontée et l’hiver avec ses frimas avait pris fin. L’hiver avec son épais manteau blanc est tellement ancré dans les esprits, que la plupart des gens ont beaucoup de mal à imaginer ce pays sous le soleil.
Maguy écoutait la radio en se préparant. Elle prêta une oreille attentive lorsque la météo annonça une température de 23 °C à la mi-journée. Celle-ci précisa que l’été 2002 serait presque torride.
– Quel plaisir d’avoir ôté les tuques (bonnets de laine) et les manteaux se dit Maguy en enfilant un élégant tailleur.
Elle remonta ses cheveux en un joli chignon. Elle était prête pour sa journée de travail. Un dernier coup d’œil au miroir la mit de bonne humeur. Elle avait parfaitement réussi ce tailleur. Maguy confectionnait la plupart de ses vêtements. Elle avait des doigts d’or aux dires de ses amies. Elle fit un tour de clef à la porte lorsque le téléphone sonna.
– Bonjour Maguy, c’est moi. J’ai ma voiture qui refuse de démarrer. Peux-tu m’amener ce matin ?
– Bonjour Ariane, bien sûr, je descends.
– Très bien, j’arrive en bas de chez toi.
Ariane était une des journalistes qui travaillait dans le même groupe de presse que Maguy. Cette dernière était hôtesse d’accueil mais remplissait beaucoup d’autres tâches. Ce groupe de presse était important. Il réunissait plusieurs hebdomadaires et mensuels.
Maguy sortit de son immeuble. Elle enjamba quelques flaques d’eau. À peine était-elle arrivée à sa voiture qu’un véhicule l’éclaboussa.
– Quel goujat s’écria-t-elle.
Le conducteur bredouilla quelques excuses mais Maguy avait déjà tourné les talons. Elle remonta à toute vitesse chez elle. Par miracle, le tailleur n’avait rien mais elle devait changer de collants. Lorsqu’elle redescendit, Ariane l’attendait.
– Je viens d’être éclaboussée, j’ai dû remonter pour changer mes collants. La journée commence très fort on dirait lança-t-elle.
– Tu peux le dire reprit Ariane. Ma voiture n’a rien voulu savoir. Aujourd’hui, on boucle le journal, j’ai un travail fou.
Le trafic était dense mais ça roulait. Après un moment, au feu rouge, elles entendirent du bruit et un choc.
– Celui de derrière m’est rentré dedans. C’est le jour !
Maguy furieuse sort de la voiture. Ariane fait la même chose.
Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant que c’était l’individu qui l’avait éclaboussée.
– Ce n’est pas vrai, encore vous s’écria-t-elle. Vous ne pouvez pas faire attention. Et voilà, un phare cassé !
L’homme était consterné et balbutiait des excuses.
– Voici ma carte dit-il. Je prends les frais en charge. Je vous invite à prendre un café ?
– Quoi ? dit Maguy excédée. Je ne pense pas que mon patron apprécierait mon retard.
Ariane qui observait la scène, le regardait de haut en bas.
– Il est vraiment séduisant dit-elle à Maguy dans un souffle. Tu devrais accepter.
Elle regarda l’heure et décréta :
– Je termine à pieds, d’autant que le nouveau boss arrive ce matin.
– Ok répondit Maguy.
Des voitures klaxonnaient.
– Appelez-moi dit le conducteur, on gêne la circulation. Je compte sur vous. Quel est votre nom ?
Sans un mot ni un regard, Maguy reprit le volant.
– Quel toupet, on gêne, c’est lui oui qui gêne se dit-elle. Quel maladroit ce type !
Elle n’avait nullement l’intention de lui téléphoner. Il serait capable de lui renverser le café sur elle. Séduisant ou pas, c’était pareil. Elle demanderait à son frère de lui réparer le phare.
Elle mit la radio afin de se détendre le reste du trajet. Maguy se gara. Elle n’était pas toujours à son bureau. Elle s’occupait de monter les plis urgents apportés par les coursiers, dans les nombreux étages. Pour ce poste, il fallait être toujours souriante, disponible et aimable. Maguy arriva en temps et heure à son poste.
– Bonjour Maguy, tu as l’air remonté ce matin lui dit Marianne, une de ses collègues.
– Bonjour Marianne, c’est vrai.
Elle lui raconta sa mésaventure. Marianne était une des comptables qui travaillait dans un bureau à proximité de celui de Maguy. Cette dernière prit place derrière la réception. Le passage était important. Elle renseignait les gens qui avaient rendez-vous et parfois, elle les accompagnait car c’était une sorte de labyrinthe pour celui qui ne connaissait pas les lieux. Marianne se plaça devant elle et elles discutèrent un court instant. Elles furent interrompues par l’arrivée d’un coursier qui lui remit deux plis urgents. Elle s’empressa de les porter à leurs destinataires, en ayant soin de poser sur le comptoir la pancarte « s’adresser à la comptabilité ». C’est Marianne qui la remplaçait lorsqu’elle s’absentait dans les étages. Elle prit l’ascenseur car elle avait un assez long parcours entre les deux bureaux. Lorsqu’elle redescendit, elle fut pétrifiée.
– C’est un cauchemar se dit-elle. J’hallucine ou je deviens parano.
Le « goujat » se tenait devant la réception. Mais que faisait-il ici ? Il toucha les fleurs fraîches sur le comptoir. Le vase chancela, mais tint bon. L’inconnu s’éloigna et se dirigea vers le bureau de Marianne. Peu après, Maguy s’approcha de Marianne.
– Mais que se passe-t-il ? dit Marianne en levant les yeux. Tu es toute pâle.
– En fait, c’est lui. Oui, c’est lui qui m’a retardée tout à l’heure. Que vient-il faire ici ?
– Tu n’es pas au courant ? Tu vas être surprise. C’est lui le nouveau patron répondit Marianne.
– Quoi ? C’est une plaisanterie ? dit Maguy blême.
– Il a rendez-vous avec tous les rédacteurs en chef et les journalistes afin de se présenter. Et ensuite, il va être en réunion avec le chef de la compta.
– Il ne manquait plus que ça. Je vais disparaître sous mon bureau.
– Tu ne pourras pas l’éviter éternellement. Je sais qu’il va se déplacer pas mal. Il ne sera pas tous les jours dans les locaux.
– De toute façon, je n’ai rien à me reprocher, c’est lui le fautif, un point c’est tout.
Marianne sourit.
– Tiens, voici un café, ça va te remettre de tes émotions.
– Merci Marianne, je repars à mon poste.
Maguy était mal à l’aise. La journée avait mal commencé et cela empirait de plus en plus.
À midi, Ariane, la journaliste vint la chercher pour déjeuner.
En fait, au Canada on dit « dîner » pour le déjeuner et « souper » pour le dîner.
– J’ai peu de temps dit Ariane. On y va.
– Ok, je préviens Marianne.
– Marianne, je prends ma pause.
– Ok, bon appétit Maguy.
À peine étaient-elles installées dans le petit restaurant du coin que Maguy lança :
– Tu sais le goujat de ce matin, c’est le nouveau patron.
Maguy relata l’épisode de la matinée et sa stupeur lorsqu’elle le vit à la réception.
– Quelle coïncidence répondit Ariane en souriant. J’allais t’en parler.
Lorsqu’il est arrivé, je l’ai reconnu. J’ai failli pouffer de rire. Tu sais, il s’est présenté sans chichis, très simplement. Il est brillant et connaît bien notre boulot. Il est très intéressant et je te le répète, il est très séduisant. Tu t’es trompée sur le personnage, il est décontracté et sympa.
Maguy était interloquée.
– Il a demandé le listing sur tous les postes. Il va l’étudier cet après-midi afin de voir qui fait quoi et aussi pour mieux nous connaître.
– C’est pas la joie finit par dire Maguy.
– Tu ne pourras pas l’éviter. Un jour ou l’autre, il va t’apercevoir. Tu verras, tout ira bien.
Maguy ne dit mot. Elle avala un grand verre d’eau et reprit sa respiration.
– Heureusement c’est vendredi. Je vais me changer les idées ce week-end parvint-elle à dire.
– Tu vas voir Ardaya ? interrogea Ariane.
– Oui, auparavant je vais passer chez mon frère, à St Jérôme, c’est quasiment à côté. Nous avons à discuter de beaucoup de choses.
Ariane jeta un coup d’œil à sa montre.
– Il faut que j’y aille. Je suis surbookée, je ne sais pas à quelle heure je vais finir.
– Ok, bon week-end Ariane.
– À toi aussi, tchao.
Maguy sirota son café tranquillement.
– On verra bien se dit-elle, je ne vais pas me prendre la tête. Un jour à la fois et tout ira bien.
De retour à son bureau, Maguy fut accaparée par le travail et le passage incessant de personnes qu’elle devait diriger vers les différents étages.
À 18 heures, elle plia ses affaires. Par chance, elle ne revit pas « l’inconnu ». Le week-end commençait.
Maguy rentra chez elle. Elle se changea et partit faire du sport afin de s’aérer la tête. Elle aimait courir au parc Mont-Royal qui se trouvait à proximité de son appartement. Les parcs ne manquent pas ici. Ils sont au nombre de dix-neuf. Ce parc immense de 10km2, est le lieu idéal pour retrouver quiétude et paix de l’esprit. C’est l’un des plus grands espaces verts de la ville. Autour de ce « poumon » gravitent les quartiers centraux. Il est situé sur une colline ou petite montagne qui culmine à 234 mètres. C’est la raison pour laquelle, les citadins l’appellent « montagne ». En toute saison, il offre de nombreuses possibilités. En hiver, on y pratique le ski de fond, la luge, les raquettes. Le lac aux Castors se transforme en une grande patinoire. Maguy se mit à courir. Le parc était très fréquenté. Elle ressentit immédiatement un bien-être au milieu de ces arbres. Elle aimait se ressourcer à cet endroit. Lorsqu’elle arriva à mi-parcours, elle descendit le grand escalier de bois de 254 marches. Elle s’apprêtait à reprendre sa course lorsqu’elle vit se diriger vers elle « l’inconnu » et un des chefs de la rédaction. Les deux hommes discutaient et ne l’avaient pas encore vue. Elle prit un chemin de traverse et continua son parcours.
– C’est inouïe se dit-elle je ne peux pas faire un pas sans le croiser. Il me poursuit, ce n’est pas possible !
Elle monta jusqu’au belvédère Kondiaronk, le plus important. Il offre une vue plongeante et imprenable sur Montréal. En fait, il existe deux belvédères. Lorsqu’elle fit demi-tour, elle prit soin de regarder les chemins qu’elle empruntait. Pas « d’inconnu » en vue, la voie était libre.
– Quelle journée ! se dit-elle.
Elle n’était pas au bout de ses surprises. L’avenir lui en réserverait bien d’autres.
Après être sortie du parc, elle entendit crier son prénom.
– Maguy, Maguy.
Elle se retourna et vit son amie Cynthia.
– Comment vas-tu Cynthia ?
– Bien si on peut dire. Enfin, je suis tracassée. Figure-toi que je n’ai plus la salle pour le mariage.
Cynthia allait se marier à la fin de l’été. Elle avait choisi Maguy pour être son témoin. À cette occasion, Maguy s’était dessinée une jolie robe dans les tons bleu nuit. Elle avait d’ailleurs commencé à la confectionner.
– Quoi ? Et ils t’annoncent cela à deux mois du mariage ? reprit Maguy.
– Oui. Comme tu vois, il faut que je trouve un lieu au plus vite. Je pensais qu’en sortant de Montréal ça serait plus facile. Et bien, détrompe-toi, c’est le parcours du combattant. Il faut que je te laisse, j’ai rendez-vous pour l’essayage de ma robe.
Maguy réfléchit un instant puis lui dit :
– Ne panique pas, j’ai peut-être une idée. On se voit la semaine prochaine.
– D’accord répondit Cynthia. À bientôt.
Maguy sourit en elle-même. Non seulement elle pensait avoir la solution, mais l’idée qui lui avait traversé l’esprit pourrait être porteuse d’autres choses. Demain, elle verrait son frère, Daniel, et elle en discuterait avec lui.
De retour chez elle, elle lui téléphona. Elle lui indiqua qu’elle viendrait le lendemain.
– Tu mangeras avec nous ? demanda Daniel.
– Seulement le soir. Honorine prépare le repas et je sais que ça lui fait plaisir répondit-elle. Elle est si